44me Année.
Mercredi 26 Septembre 1860.
No 4,485.
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
TFF.SS, 26 Septembre.
REVUE POLITIQUE.
M. Granier de Cassagnac publie aujourd'hui
dans le Pays, sous le litre de Rome el la Papauté,
un article où se trouvent des déclarations d'une
grande importancesi l'on peut croire leur
sincérité. Il affirme qu'aux yeux du gouverne
ment français, le Saint Père ne saurait être
Pontife sans être souverain; que jusqu'à la
sanction de l'Europepart la cession de la
Lombardie, tout, en Italie, est provisoire; que
l'Italie unitaire n'est qu'un rêve, et que Rome
ne deviendra jamais la capitale d'un royaume
chimérique, mais que Europe n'en fera que
ce qu'elle est Le siège de l'Eglise el la capitale
de la catholicité. Le Saint Père, dit M. Gra
nier de Cassagnac dont les soldats français
garantissent Rome la sécurité peut donc y
attendre avec confiance que l'Europe règle les
affaires italiennes.
Le général comte de Goyon aussitôt son
arrivée Rome, a publié un ordre du jour dans
lequel il a annoncé de nouveau qu'il était ré
solu, suivant les ordres qu'il en avait reçus de
son gouvernement, défendre le Pape.
Depuis l'agression dirigée contre les États
pontificaux, depuis la rupture entre M. de
Cavour et Garibaldi, l'opinion en Europe s'est
singulièrement détachée de l'Italie. Le mouve
ment est visible dans les journaux français
les injures de Garibaldi aux vendeurs de la
Savoie, les projets qu'il affiche contre Rome,
les vanteries de Cia/dini vainqueur de
Lamoricière, irritent singulièrement l'amour-
propre français. Il n'y a guère que le Siècle qui
reste absolument et quand même aussi garibal
dien qu autrefois. L'article du Pays, dont nous
venons de parler, semble une satisfaction don
née ce mouvement de l'opinion en France.
Dans le reste de l'Europe, un mouvement
analogue se fait sentir. En Angleterre même,
l'opinion si favorable jusqu'à présent la
HISTOIRE DE THEODELINDE,
reine de lombardie.
Les Lombards, peuples originaires des provinces
occidentales de la Genuauie s'étaieot depuis peu
emparés du nord de l'Italie. Pa.ie était leur capitale
et la résidence de leurs rois. Seuls de tons les peu
ples de l'Europe, les Lombards n'avaient point reçu
les lumières du christianisme; et leur culte consis
tait dans une sorte d'idolâtrie qui outrageait la
divinité.
Les mœurs de ces cooquérants étaient encore
grossières el barbares; et autant on admirait le
courage des Lombardsautant on détestait leur
férocité et les pratiques superstitieusesde leur culte
honteux.
Cependant, après de nombreuses révolutions,
ils venaient de placer sur le trône un jeune prince,
doué des plus brillantes qualités, et qui se faisait
principalement remarquer par sa force et par sa
bravoure. C'était Autharis.
Le jeune monarque voyait avec douleur l'état
inculte des hommes qu'il était appelé b gouverner.
Au-dessus du commun des rois il pensait que la
civilisation fait seule la gloire des empires; et que
cause italiennesemble singulièrement modi
fiée et l'on peutdit un correspondant de la
Presse, entrevoir le moment où l'Angleterre
croirait ne plus avoir de raisons suffisantes
opposer la politique d'intervention.
L'insertion de la lettre de Garibaldi M.
Brusco, dans le journal officiel de Naples, a
déterminé une crise ministérielle qui, apaisée
un moment, nen a pas moins fini par éclater. Le
télégraphe nous apprend que le cabinet a donné
sa démission, et que M. Conforti est chargé de
la formation d'un nouveau ministère.
M. Mazzini est arrivé Naples en Sicile,
l'influence mazzinienne s'accuse de plus en
plus. M. Mordini nommé pro - dictateur de
Palerme, n'occupe, dit-on, ce poste que pro
visoirement et doit le céder M. Shffil'un
des collègues de M. Mazzini dans le gouver
nement de la république romaine.
L'hostilité entre le cabinet sarde et Garibaldi
se fait sentir dans les dernières dépêches de
Turin. Une rencontre disent ces dépêches a
eu lieu près de Capoue entre des volontaires
de Garibaldi el la cavalerie napolitaine, qui a
fait prisonniers plusieurs garibaldiens.
Certes, il n'était pas dans tes habitudes du
télégraphe sarde d'annoncer un avantage des
troupes royales napolitaines. Fraie ou fausse,
cette nouvelle est un curieux symptôme.
D'après les informations qui nous arrivent,
le gouvernement piémuntais paraîtrait disposé
envoyer des troupes en Sicile, comme il en a
déjà envoyé Naples. .Cet envoi de troupes
aurait principalement pour objet dit-on de
rétablir un peu d'ordre dans un pays où sem
ble régner Une complète anarchie.
Diverses opinions ont circulé sur la proba
bilité de la présence l'entrevue de Varsovie
des ministres des différentes cours. Tout ce
qu'on sait aujourd'hui c'est que les ministres
de Russie, de Prusse et d'Autriche, accompa
gneraient leurs souverains.
Une lettre de Vienne conteste que l'empereur
d'Autriche ait reçu de l'empereur de Russie
l'histoire ne place parmi les grands princes que
ceux qui ont éclairé leur peuple et leur siècle, et
qui ont bâté les progrès des arts et de la morale.
Autharis, pein» parvenu b sa vingtième année,
faisait l'admiration générale par ses vertus autant
que par la mâle beauté de ses traits. Pour consoli
der la puissance suprême entre ses mains, les ducs
lombards, qui a*»ient placé le jeune prince sur le
trône, obtinrent pour lui en mariage Théodelinde,
fille de Garibald roi de Saxe. Partout on vantait
les modestes vertus et la beauté de cette jeune
princesse. Théodelinde semblait n'être près du
trône de son père que pour répandre des bienfaits
elle ne croyait point posséder ce qu'elle ne pouvait
donner aux malheureux. La religion chrétienne
dans laquelle elle avait été élevée, lui avait ensei
gné ces hauts principes de tno-ale qui nous font
regarder tous les hommes comme nos frères. La
fille du roi de Saxe avait déjà la douce célébrité
que donne la pratique constante des bienfaisantes
vertus.
Tous ces talents, qui sont l'ornement de la
société, étaient cultivés avec un égal succès par la
belle Théodelinde; et personne ne la surpassait
dans l'art de tirer de la lyre des sons harmonieux
destinés accompagner ceux de la voix.
une lettre autographe par laquelle il était in
vité se rendre Varsovie. L'entrevue a été
décidée et réglée par la voie ordinaire des rela
tions diplomatiques. Elle dément également ce
qui a été dit par la Gazette nationale d'une ré
ponse faite par M. le baron de Bach, ambassa
deur d'Autriche Rome, pour justifier la non-
intervention de son gouvernement dans les
affaires pontificales par altitude analogue
observée par les États italiens dans la derniere
guerre.
Le Morning- Post consacre l'article suivant
l'examen de la situation politique de notre pays."
La Belgique, dit-il, a tout droit faire son propre
éloge; et les manifestations de Courtrai dénoncent
h la fois clairement son progrès commercial et sa
satisfaction politique. Il est sorprenant de jeter un
coup d'œil sur l'histoire de ce petit Etat pendant les
vingt-neuf dernières années et de signaler le
développement presque invariable de son peuple
en richesse et eu bon sens pratique, pendaut que
son attachement croissant sa Constitution est le
résultat des avantages qu'il a recueillis par son
influence. Tout en tenant compte de l'heureuse
iuflueoce du gouvernement parlementaire qui a
régné depuis l'établissement de l'iudépendari<ce
nationale et delà baserelalivemeot considérable sur
laquelle repose la représentation, on ne peut
mettre eu doute que la plus grande partie de la
prospérité que possède aujourd'hui la Belgiqnejdoit
être attribuée la prudence et la modération de
Léopold et b la sage administration laquelle on
peut le regarder comme ayant pris une part éten
due. Peut-être n'y a-t-il pas un souverain en
Europe plus populaire parmi ses sujets.
11 ne manquait pas d'hommes politiques, il y
a trente ans, et même vingt ans, pour nous déclarer
quel'indépendance de la Belgique était une chimère,
et que l'insignifiance numérique de son territoire et
de sa population l'empêcherait de maintenir sou
terrain au milieu des mouvements de l'Europe
Le roi des Lombards savait apprécier tant de
perfections: il sentait combien l'exemple d'une
princesse aussi accomplie devait influer sur les
mœurs des peuples qu'il était appelé gouverner.
Il savait que c'est aux femmes qu'il .appartient
principalement de bâter les progrès de la civilisa
tion et de faire naître cette aménité,cette élégance
dans les manières, cette délicatesse dans les entre
tiens qui sont le charme de la société. Autbaris
attendait les plus grands bieos de son mariage
avec Théodelinde.
Toutefois, il craignait que la flatterie et l'exagé
ration, qui sont toujours si près du trône, n'eussent
embelli le portrait de cette jeune princesse. Les
puissants de la terre sont peints avec des traits
d'autant plus faux d'autant plus exagérés, que
leur élévation est plus grande, et que leurs richesses
semblent devoir payer plus chèrement le men
songe. Autharis craignait que la réalité ne fût loin
de répondre h l'image de tant de perfections.
Mais déjà on avait fait la plupart des négocia
tions pour le mariage; l'on était sur le point d'en
voyer des ambassadeurs pour en signer les condi
tions et pour conduire Théodelinde la cour de
Pasie.
Parmi les envoyés qui se disposaient 'a partir