44me Année.
Samedi 15 Décembre 1860.
No 4,508.
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par aï»,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
7r 2 S 15 Décembre.
Nous avons vu avec satisfaction essayer ici une
boucherie économique; nous apprenons avec peine
qu'elle n'est pas assez fréquentée pour se maintenir.
A cette occasion, oous dirons un mot de l'établis
sement d'uoe boucherie ou d'une boucherie écono
mique dans une petite ville, et notamment dans la
nôtre.
Par le temps qui conrt, les intentions droites et
loyales, le dévouement sincère et actif, rencontrent
les nombreux obstacles que suscite la coalition de
tous les intérêts égoïstes, soit matériels, soit admi
nistratifs, soit politiques. Mais le véiitable philau-
thrope, l'horatue charitable, ne s'en inquiète point
il se met l'œuvre, et s'il ne réussit pas, le témoi
gnage de sa conscience le dédommage amplement
de ses efforts, et lui procure un bonheur pur que ne
goûtent pas ses détracteurs triomphants.
Or, c'est plus particulièrement dans les petites
villes que les difficultés s'accumulent et prennent
nue insurmontable iuteosité. El notre ville se dis
tingue peut-être eotre toutes par la ténacité des
opinions qui s'y croisent et des intérêts qui s'y
enchevêtrent. Les boutiquiers constituent le gros
de cette majorité électorale qui est la dévotion
des administrateurs de la Commune. De là cette
conséquence le prix de revient diminue, les
droits d'octroi sont supprimés, et le prix de vente
ne baisse pas. Le monopole se substitue audacieuse-
ment "a la concurrence. Vous voulez combattre le
monopole, cet odieux privilège, cet abus cfun
autre âge, vous voulez le combattre dans l'intérêt
général, dans l'intérêt des classes les moins aisées;
vous voulez établir une boucherie économique,
une boulangerie économique; ah! prenez y garde,
vous touchez aux chets et féaux électeurs de nos
seigneurs et maîtres!
Disons franchement, toutefois, que la boucherie
économique nous semble s'être condamnée l'im
puissance par cela seul qu'elle ne s'est pas consti
tuée d'une manière complète. Ne vendre que do
bœuf, c'est tout bonnement fermer la porte tous
ceux qui consomment du veau et du mouton. Nous
savons bien que les boucheries économiques ne se
créent pas pour les riches, mais elles doivent leur
être ouvertes on aime tant h faire comme les
autres, suivre ceux que nous croyons au-dessus
de nous. Quant aux pauvres, ils ne sauraient mal
heureusement se procurer de la viande, même aux
plus bas prix. La clientèle de la boucherie écono
mique se réduit donc forcément au centre gauche
de l'hémicycle social, c'est-à-dire, ces classes
trafiquantes qui sont enchaînées par des obligations
réciproques. Qu'importe un boutiquier d'être
plus ou moins pincé par un confrère, il se réserve
de lui rendre la pareille celui qui vend des épice
ries un boucher aimera mieux lui donner un
franc cinquante pour un kilogramme de viande que
de l'obtenir'a la boucherie économique moyennant
un frauc vingt-cinq ou moins encore.
Puis il faut faire la part de l'amour-propre. Le
petit rentier qui ne mange que du bœuf ne veut pas
que sa manière de vivre soit connue do public, et
se rendre a la boucherie économique c'est publjer
que l'on s'abstient de moutou et de veau.
L'appel aux classes aisées par la vente des trois
espèces de viande pouvait seul donner la bou
cherie économique des chances de durée. D'abord,
en ce que le coocours des riches doit constituer
l'une des ressources les plus lucratives pour une
semblable institution ensuite, en ce que l'indé
pendance des classes aisées les met au-dessus des
susceptibilités de tout faux amour-propre et au-
dessus des petites colères de messieurs les bouchers
et de mesdames les bouchères; leur exemple eut été
suivi, parce qu'il aurait sauvé l'amour-propre mal
entendu des classes intermédiaires.
Nous désirons que ces observations soient ac
cueillies comme un bienveillant conseilet nous
exprimons le vœu que l'homme qui a eu le cou
rage d'entreprendre l'œuvreait la persévérance
d'y apporter des améliorations utiles, moins qu'il
ne soit démontré toute évidence que les habitants
de la ville d'Ypres veulent de gaieté de cœur se
laisser exploiter par le plus odieux des monopoles,
celui qui s'exerce sur la partie la plus substantiel le
de la nourriture humaine
Le Séoat devait se réunir le 12 de ce mois. A
trois heures, l'appel nomiual a permis de constater
que l'Assemblée n'était pas en nombre pour
délibérer.
Les pétitions, demandant le cours légal de la
monnaie d'or française, continuent a affluer la
Chambre. Lors de notre dernière éoumération de
ces documents, laquelle s'arrêtait la séance du 4
courant, le nombre des pétitions rédigées dans
ce sens et arrivées au Parlement depuis le i3
novembre, s'élevait a 52. Depuis et jusqu'à la
séance du 12. il en est parvenu encore 54.
Ceot et six pétitions, revêtues d'innombrables
signatures, réclament donc contre lesystème minis
tériel, qui nuit au commerce du pays pour favoriser
ta Banque Nationale et quelques agioteurs.
La Chambre va s'occuper d'une question qui
intéresse un haut point le pays tout entier l'or'
français aura-l-il, oui ou non, cours légal en
Belgique?
La question est très-grave; le commerce et l'in
dustrie seroot-ils exonérés ou bien continueront-ils
encore pendant un temps indéterminé supporter
uoe gêne et des pertes de tous les jours, comme ils
en ont subi surtout depuis deux ans que l'or français
fait dans la circulation les neuf dixièmes du mou
vement monétaire?
Malgré la masse des pétilious qui a été envoyé
la Chambre, il ne faut point que les intéressés se
refroidissent, surtout en présence de la protestation
du représentant d'Anvers que les pétitions pieu-
vent la Chambre, elle verra que la position n'est
pas tenable et qu'elle devra, comme la Suisse, si
prudente et si sage, admettre en Belgique l'or
français pour sa valeur nominale.
On lit dans VAmi de l'Ordre, de Naranr
Il paraît que l'affaire de la fondation Jacquet
va revenir devant le tribunal de notre ville. La
question est de savoir si la commission des hospices*
peut recueillir le bénéfice d'une disposition testa
mentaire où son uom n'est pas écrit. Nous uous
sommes occupés plusieurs reprises de cette affaire.
Ce qui arrive, nous l'avons prédit dès le commen
cement. M. Jacquet a laissé trois cent mille francs
pour fonder un établissement hospitalier spécial,
avec «ne administration particulière. C'est sa pre
mière disposition. Il prévoit ensuite le cas d'insuffi
sance de fonds ou de tout autre empêchement et
alors il attribue le legs l'hospice d'Harscamp.
Enfin, il substitoe sa famille pour le cas où ses
volontés ne pourraient pas être exécutées par
l'hospice d'Harscamp.
C'est dans de telles circonstances testamentaires
qu'un arrêté attribue les deux tieis de la succession
la commission des hospices, nou prévue par le
testateuret l'autre tiers la famille, substituée
pour la totalité dans le cas de noo-exécution des
volontés principales. Il paraît que la famille n'ac
cepte pas le partage. De là le procès qui va
s'engager.
a Ce sont, comme on le voit, les mêmes condi
tions que celles de la cause qui vient de provoquer
un ariêl de la cour de cassation.
n Ainsi les pauvres sont encore nue fois meoacés
de perdre le bénéfice d'un legs considérable. Mais
périssent les colonies plutôt qu'un principe! Le
principe c'est qu'il u'y ait pas d'administration
particulière de charité. Système aveugle, fatal
entêtement, a
CHRONIQUE RELIGIEUSE.
Nous extrayons des Annales ecclésiastiques du
R. P. Charles, de Saint-Louis-de-Gonzague, les
détails suivants
Le nombre de tous les évêcbés d'Europe s'élève
actuellement 602, se répartissant selon les pays,
comme suit l'Allemagne, 45; l'Italie, 262; la
France, 81; l'Autriche, 58, non compris les 20
diocèses allemands; l'Espagne, 52; l'Angleterre, 44
(dont i3 en Angleterre, 5 en Écosse et 28 en Ir
lande); le Portugal, 24; la Pologne, 10 (1100 com
pris 5 appartenant la Galicie); la Russie, 9; la
Hollande, 6; la Belgique, 6; la Suisse, 5; la Grèce,
4; les États Scandinaves, 2; le Danemark, 1; l'Al
lemagne du Nord, 1.
Comme d'après les derniers calculs on compte
sur les 2/5 millions d'habitaots d'Europe, i46
millions de catholiques, il viendrait sur chaque
diocèse en moyenne 242 raille 524 fidèles, tandis
qu'il existe en réalité sous ce rapport la plus grande
diversité numérique. Quelle différence en effet
entre le diocèse de Breslau avec plus de 1 million
et demi de catholiques et le vicariat apostolique
de Norwége et des régions polaires, lequel compte
peut-être 5oo fidèles 1
Dans le nombre total de 602 diocèses, il en est
11 dont la population catholique dépasse un mil
lion ce sout les diocèses de Breslauqui a
1,595,387 habitants; Prague, 1,484,481; Paris,
1,393,96.3; Olrnùtz 1,572,017; Cologne,
i,26i,446; Kœniggratz, i,25o,o47; Cambrai,
1,168,285 Lyon, 1,147,333 Malines,
1,156,992; Milan, 1,062,200; Leitmeritz,
1,069,964; 44 diocèses comptent entre 5oo,ooo et
1,000,000 de fidèles, tandis que les autres vont en
diminuant jusqu'au-dessous de 10 mille fidèles.
Celte dernière catégorie ne comprend que i3
diocèses. Il y a daus ce nombre d'évêcbés, 100
sièges métropolitains.