LA SŒUR DU COySCRIT.
44me Année. Mercredi 26 Décembre 1860. N° 4,511.
i
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
7 2 S 26 Décembre.
REVUE POLITIQUE.
La brillante question de la Vènèlie reste la
première l'ordre du jour, et la presse autri
chienne continue de combattre avec force la
proposition de rachat.
Voici ce qui ressemble fort un prélude
d'insurrection dans la Vénélie le gouverne
ment sarde a par un décret du 14 augmenté
de 5o p. c. le montant de la subvention accordée
aux déjenseurs de Venise en 1848-49, n
autorisé les émigrés vénitiens, qu'il est appa
remment dans l'impuissance de nourrir,
recourir la charité privée et ouvrir même
des loteries,
En Italie, les conclusions de la brochure
l'Empereur François-Joseph devant l'Europe sont
loin d'être également bien accueillies par tout
le (nonde tes journaux avancés tes repoussent,
et /'Uuilà lialiana, notamment, déclare ne pas
vouloir d'un marché qu'elle trouve immoral.
Home et Venise sont nous, dit-ellç, nous
devons les reprendre qui les a prises, et non
les acheter c'est là notre devoir,
La Gazelle de Vienne publie une circulaire
de M. de Schmerling dans laquelle le nouveau
ministre de empereur François-Joseph expli
que son système aux gouverneurs de l'empire.
Il déclare que sa mission de ministre d'Etat
est de mettre exécution de la manière la plus
complète les résolutions contenues dans le Ma
nifeste impérial du 20 octobre dernier.
Le ministre d'État rappelle que la volonté
de l'Empereur, relativement au libre exercice
des cultes, est que les droits politiques et civi
ques de chacun soient garantis contre tout
préjudice. En matière d'instruction, tous les
progrès possibles seront réalisés; quant la
presse, toute mesure préventive sera supprimée.
Pour ce qui regarde les nationalités, le ministre
dit que leur libre développement sera encou
ragé. M. de Schmerling ajoute que la justice
sera séparée de l'administration et que l'on
introduira la publicité des débats judiciaires
dans les affaires civiles. Les gouvernements
i.
Le deuil et la consternation re'gnaient dans une
ferme de Délémont, près de Lille. Un «ieillard
aveugle et débileassis sur un escabeau dans
l'àtre, où le feu s'éteiguait, pleurait silencieux et
morne. Une femme, jeune encore, jetait les hauts
cris, eu tenant serré sur son sein un jeune homme
d'une taille petite et frêle; puis, dans un coin de la
chambre, se tenait debout une jeuoe fille. Celle-là
ne pleurait pas; tuais, silencieuse et sombre, une
forte préoccupation se faisait remarquer sur sa
figure brut e; ses yeux grands et noirs, fixé sur le
tableau qu'elle a.ait devant elle, semblaient le
regarder sans le voir.
Demain... demain! je ne te reverrai plus!
disait la femme entre chaque sanglot.
Et moi, je n'entendrai plus ta voix, ajoutait
le vieillard.
Maudite conscription! murmura le jeune
tomme en serrant les puiugs et levant les veux
au ciel.
iSi2 est une malheureuse année pour nous,
dit la pauvre mère avec un redoublement de dou-
des provinces de la monarchie qui ont été sup
primés récemment seront rétablis.
M. de Schmerling a soin de faire remarquer
qu ilesll'interprète des volontés de l'Empereur,
en parlant comme il fait; d'où l'on peut conclure
que la plupart des correspondants, qui se sont
occupés des affaires d'Autriche, étaient mal
injormés en affrmant qu Empereur et ministre
ne tomberaient point d'accord, dès qu'il s'agi
rait de mettre exécution le programme
politique du nouveau conseiller de François-
Joseph.
Une correspondance de Francfort parle d'ac
tivés démarches qui seraient faites en ce mo
ment auprès de l'archiduc Etienne retiré
depuis dix ans dans son château des bords du
Rhin pour le déterminer reprendre les
fondions de palatin de Hongrie dont il s'est
démis en 1848. On espérait Vienne que la
présence de ce prince, qui a conservé toutes les
sympathies du parti constitutionnel, pourrait
calmer l'agitation actuelle des esprits et faire
entrer la Hongrie dans la pratique paisible des
libertés qui lui sont concédées.
La situation semble s'éclaircir en Hongrie
par la disposition où serait le cabinet de Vienne
de rendre celle contrée les institutions concé
dées en i848. C'est ce qui ressort d'une cor
respondance qui prétend que la vraie Hongrie
ne poursuit nullement sa séparation de l'empire,
mais seulement la conquête de libertés qui lui
sont chères. A Gran, les membres de la confé
rence, en buvant aux libertés politiques, ont
avant tout porté la santé de l'empereur Fran
çois Joseph, roi de Hongrie.
Des avis du Monténégro apprennent qu'une
collision sanglante a éclaté le 3o novembre
proximité de Spuz, entre les Turcs et les Mon
ténégrins, ta suite de contestations sur des
droits de pâturage.
Le discours prononcé par le prince Couza
l'ouverture de l'assemblée élective de Valachie
contient de sages exhortations et nous sommes
heureux, pour le peuple moldo vainque, d'y
trouver la phrase suivante Soyons énergi
ques, a dit le prince Couza; fortifions notre
pays, inspirons de la confiance en Europe, et
leur; au mois de janvier, mon frère est mort, mon
frère qui, maintenant que tu t'eu vas, aurait pute
remplacer dans les soins de la ferme; au mois de
février, une de mes vaches, eu sautant un fossé, se
casse la jambe; au mois de mars, la gelée; au mois
d'avril, la grêle achève ce que la gelée avait épar
gné; et ce mois ci, ce mois de mai, où toi et ta
sœur vous êtes nés, la conscription arrive, tu lires
un mauvais numéro, et il faut que lu t'en ailles!...
où? Bon Dieu! la guerre! le faire casser un bras,
une jambe, te faire tuer peut- être
Tout le monde n'en meurt pas, mère, ré
pondit le jeune homme affectant une insouciance
que sa pâleur et le tremblement de ses lèvres
démentaient.
Oui, mais bieu peu en reviennent, Jacques,
répliqua la femme en étreignant plus fortement
son fils.
Je serai peut-être de ce nombre,mère, répon
dit J.n q 'ies... Voyons, calmez- vous, du courage
Uu courage! ah je n'en ai plus, fils; en t'en
allant tu emportes ma vie ton père reste sans
soutien, ta sœur sans protecteur; Madeleine, cette
pauvre Madeleine, perd un mari... Du courage!
ah! du courage, ce serait de la cruauté quand un
enfant nous quitte
Mais il vous reste une fille, Virginie, ajouta
l'avenir se chargera de la réalisation de tous
nos vœux et de nos besoins légitimes
Lord Palmerston a prononcé un discours
jeudi Romsey, l'occasion de l'assemblée
annuelle de la société d'encouragement des
laboureurs. Le premier ministre a bu L'armée,
la marine et aux volontaires il a glorifié
l'expédition de Chine et ses brillants résultats;
puis, exaltant le patriotisme des volontaires, il
a exprimé la conviction que si la France mena
çait jamais la Grande-Bretagne d'une inva
sion, plus de 4oo,ooo hommes s'armeraient
spontanément pour la défense des libertés et de
l'indépendance du pays.
Dans sa dernière séance, la Diète germani
que s'est occupée d'affaires militaires. On a
renvoyé aux commissions les propositions re
latives l'organisation de l'armée fédérale et
lay création d'une cour de justice fédérale,
propositions qui, on se le rappelle, émanent de
la Saxe.
Il n'y avait rien de nouveau devant Gaè'te
la date du 2o. On pensait que, par suite du
mauvais temps et des neiges qui tombent ordi
nairement en abondance dans la Terre de
Labour a cette époque de l'année, il ne serait
entrepris, de part et d'autre, aucune opération
sérieuse pendant pep près un mois.
Les dernières dépêches reçues de Paris n'ont
pas modifié les instructions données l'escadre
française, qui conserve son mouillage devant
Gaëte.
Les dernières nouvelles de Naples nous ap
prennent que le roi Victor Emmanuel devait
quitter cette ville au plus tard dans les premiers
jours du mois de janvier prochain. On pense
que M. Farini retournera aussi a Turin vers
cette époque.
Un revirement semble s'opérer dans les dis
positions des puissances l'égard de François
11. Il y a quelques jours peine, le jeune et
courageux monarque paraissait abandonné de
tous, la flotte française était la veille de se
retirer des eaux de Gaëte, et la liberté d'action
laissée la marine sarde devait amener la
chute prochaine de la place. Le 23, s'il faut en
croire des informations dont l'ensemble n'est
pas sans valeur, tout aurait changé. L'escadre
Jacques en tendant inutilement une main sa
sœur, qui restait toujours immobile et muette...
Virginie! certes, j'aime bien Virginie, disait
la mère; hier encore, je croyais que je l'aimais
autant que toi, mais aujourd'hui, ah! aujourd'hui,
il me semble que c'est loi que j'aime le mieux.
Parce que c'est moi que vous perdez ma
mère... Mais ne troublons pas par d'inutiles lamen
tations le peu de temps qu'il dous reste être
encore ensemble... Demain, au point du jour, il
me faut partir pour Lille rejoindre les camarades.
Je vous promets de vous donner souvent de mes
nouvelles... aussi souvent que je le pourrai... Vous,
de votre côté... vous ne m'en laisserez pas chômer.
Virginie m'écrira... n'est-il pas vrai, Virginie? dit
Jacques en allant elle... Parle-moi doue, Virginie
réponds-moi donc! est-ce que tu m'en veux,
sœur? Est-ce que ce que vient de dire notre mère
t'a fâchée?
Virginie secoua tristement la tête sans répondre.
Alors, pourquoi ne parles-tu pas, ne me dis-
tu rien, et restes-tu froide et boudeuse au monteur
de mon départ?... Puis, se penchant l'oreille de sa
sœur, il ajouta Je te charge de faire mes adieux
Madeleine... Dis-lui que je reviendrai... qu'elle
m'attende... Pleurez-moi quelquefois ensemble...
Vous serez plusieurs vous désoler, ça copsole...