La convocation de cette assemblée aura lieu pour
le courant de la semaine prochaine.
On avait dit que la Cbambte allait s'ajourner
jusqu'après les fêtes de Pâques, pour laisser au
Sénat le temps de trancher la question. Bien n'est
plus invraisemblable.
La Chambre des Représentants a un ordre du
jour très-chargé. Son intention doit être d'eu
diminuer l'importance autant que faire se pourra.
DÉPÈCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Marseille, mardi, 5 mars.
Les nouvelles de Rome, eu date du 2, annoncent
que le Roi et la Reine de Naples se préparent se
retirer en Bavière; ils ont vendu leurs voitures et
licencié leur maison. Le général Bosco ira en
Espagne.
Madrid, 6 mars.
Dans la séance du CoDgrès, M. Sagasta a inter
pellé le gouvernement au sujet de la question
italienne. Il a dit que la Reine n'était souveraine
que par la volonté nationale. Aussitôt la majorité a
crié spontanément: Uive la Reine! Une grande
agitation s'est manifestée dans la salle. Le gouver
nement a repoussé avec force la déclaration que
venait de faire' M. Sagasta, et celui-ci, après une
vive et longue agitation, a fini par expliquer ses
paroles en reconnaissant le droit de la Reine.
Berlin, mardi, 5 mars.
D'après différentes correspondances de Varsovie,
toutes d'accord entreelles,!e général russe Zabalkoy
qui a commandé le feu aurait été traduit devant un
conseil de guerrele ministre de la policeM.
Trepow aurait été destitué, et le prince Gortscha-
koff aurait reçu de Saint-Pétersbourg l'ordre de
faire l'enquête la plus sévère sur la conduite tenue
par les militaires.
Berlin, mardi, 5 mars.
On écrit des frontières polonaises aujourd'hui
mardi
Tous les maréchaux de la noblesse du royaume-
de Pologne ont donné leur démission. Tous les
Polonais au service de la Russie suivent leur
exemple.
FRANCE.
On écrit de Lille, le 2 mars
Notre ville a été épouvantée hier soir par un
sinistre qui a pris en quelques instants des propor
tions considérables.
Vers 5 heures et demie, le feu s'est déclaré dans
l'importante filature de lin de M. Dautremer, rue
Doudin 11. Il n'y avait en ce moment, aucune
lumière; il faut donc attribuer l'incendie un
frottement des aiguilles des peigneuses ou un
engorgement des roues. Quelle qu'en ait été la
cause, l'incendie fit de si rapides progrès que les
ouvriers occupés dans le bâtiment qui fait face la
rue Doudin, durent fuir précipitamment, empor
tant les habits les uns des autres.
Bientôt les flammes envahirent les cinq étages
du bâtiment qui ne présenta plus qu'un immense
brasier, projetant sur toute la ville une lueur sinistre
et jetant au loin une pluie d'étincelles qu'emportait
un violent vent du nord.
Aussitôt l'arrivée des pompiers, le feu fut atta
qué avec une grande vigueur; déjà on avait fait
évacuer les maisons voisines; les pompiers montés
sur les toits de ces maisons lancèrent des torrents
d'eau que de puissantes chaînes amenaient dans les
pompes, et on put, non-seulement préserver les
bâtiments voisins, mais encore la partie de la
manufacture couteuant les métiers filer.
La perte n'eu est pas moins considérable; elle
est çvaluée près de 5oo,ooo fr., et se compose
de tous les métiers servant aux préparations, des
peigneuses, et d'une forte quantité de marchandises
préparées et de matières brutes.
La perte est couverte par huit Compagnies
d'assurances, dont sept garantissent les métiers et
marchandises, et la huitième le bâtiment, propriété
de M. Defontaine, notaire.
La lettre suivaole a été adressée par l'Empereur
au prince Napoléon, l'occasion du discours pro
noncé par ce dernier au Sénat
Mon cher Napoléon,
Quoique je ne sois pas tout fait d'accord avec
toi sur tous les points, je tiens être le premier
te féliciter des sentiments si noblement patrioli—
ques que tu viens d'exprimer avec taDt d'élo-
quence et de l'immense succès oratoire que tu as
eu au Sénat.
Suivent quelques lignes de moindre intérêt.
Le roi Victor-Emmanuel n'a guère été moins
prompt que l'empereur Napoléon féliciter le
prince son gendre du succès qu'il vient d'obtenir
au Sénat. Voici quel serait, dit-on, le texte de
la dépêche adressée immédiatement par S. M.
Sarde au prince
Je viens de lire votre magnifique discours et je
vous en remercie au nom de l'Italie et au mien.
M. Mirés est de Douveau au secret; ce qui
n'implique pas nécessairement de nouvelles char
ges contre le prévenu, mais indique avec quel
degré de sévérité l'instruction se poursuit. De
nouvelles arrestations sont imminentes; on parle
aussi de démissions inévitables chez de hauts fonc
tionnaires. Il était aussi question aujourd'hui de
l'arrestation de la femme d'un employé supérieur
d'une de nos grandes administrations; mais ce fait
ne se rattacherait en aucune façon l'affaire Mirés.
On annonce aussi d'autre part que M. Collet—
Meygret, ancien directeur de la sûreté publique,
aurait donné sa démission de receveur-général.
On écrit de Paris, 1" mars, Y Universel
On me communique un assez piquant détail sur
un fait qui s'est passé tout récemment Jersey.
C'est daus cette île, comme vous savez, que Victor
Hugo s'est retiré. L'autre semaine, un des réfugiés
politiques français qui habitent ce petit coin de
terre vint mourir. C'était un des plus ardents
adeptes de la démocratie avancée, fort connu pour
l'exaltation de ses opinions, et qui expiait depuis
dix ans dans l'exil la peine d'avoir protesté éoer-
giquement contre le coup d'Etat napoléonien de
18 51
Victor Hugo voulut honorer ses funérailles de sa
présence, et il prononça sur sa tombe un discours
où étaient pompeusement célébrés le patriotisme,
le dévouement et toutes les vertus du défunt.
Après la cérémonie funèbre, comme le mort
n'avait point de famille et ne laissait aucun héritier
connu, quelques-uns de ses amis, le poëte des
Orientales en tête, se rendirent son domicile
pour recueillir quelques indications sur la situation
de leur malheureux compagnon, et pour régler ses
affaires s'il y avait lieu. A peine avaient-ils jeté
les yeux sur ses papiers qu'ils reculaient avec
stupéfaction! Le frère exilé était un mouchard,
grassement payé pour renseigner le gouvernement
français sur les faits et gestesdesréfugiés de Jersey
ITALIE.
On écrit de Turin, 4 mars, b la Patrie
Depuis quelques jours ou délibérait, au ministère
de la guerre, sur la question de la démoliliou de
Gaëte. Cette place forte est bien moins nécessaire
la défense que Capoue qui est l'avant-garde de
Naples. Gaëte, placée en dehors des routes straté
giques, ne pouvait être qu'un refuge pour un sou
verain dont la capitale maritime était la merci de
la première des grandes puissances maritimes qui y
enverrait ses flottes. L'unité de la Péuiosule a
changé ces conditions-là.
La Gazelta militare vient d'annoncer que le
ministère a décidé la destruction des fortifications
de Gaëte et le désarmement de l'île de, Piauosa
peut-être veut-on drre l'île de Ponza.
Vous savez que la plus grande irritation règne
Messine entre les généraux des assiégeants et des
assiégés. Fergola veut s'ensevelir sous les ruines de
la citadelle.
Cette forteresse, construite où mise sur le pied
où elle se trouve par Vauban, valut la France,
lors de la paix de Nimègue, la Franche-Comté,
qu'elle reçut en échange. Elle est au milieu de la
mer et n'est attaquable que par l'isthme, que com
mande le fort de San-Salvador.
Les forts qui la dominent sont sur les hauteurs
de Messine. C'est par là qu'on peut la canonner
efficacement, mais la défense sera fatale la ville.
De là cet échange de notes exaspérées entre
Cialdioi et Fergola. Cialdini a déclaré, dit-on, que
chaque habitant qui périra sera vengé par la mort
d'un officier de la citadelle. Quant Fergola, qui
refuse de reconnaître les conditions de la capitu
lation de Gaëte, il sera passé par les armes.
On écrit de Rome, 1" mars
Hier, la Chambre a présenté quelque intérêt. Il
s'agissait de l'élection du grand traître, de Liborio
Romaoo. Le bureau en proposait l'annulation, mais
le parti ministériel, qui doit beaucoup cet homme,
s'était rangé en bataille pour repousser l'attaque.
M. Liborio se tenait dans un des bureaux de la
Chambre, tandis que son nom retentissait sous les
voûtes sombres du palais de bois turinois. M.
Buoocoinpagni fut le défenseur le plus chaleureux
du traître de Naples, et son élection fut validée
une lrès-faible majorité. M. Dumas, heureusement
brouillé avec le Judas moderne, en a fait un portrait
que j'achèverai eu peu de mots mon tour.
C'est unhomme détaillé moyenne,brun,aveedes
yeux demi-voilés par de Joogs sourcils, mais d'un
regard indéfinissable. A Naples, on lui donnait le
surnom de vipère galante. En effet, c'est le dard
du serpent qui éclate dans ses yeux. Il a ce sourire
sardonique et emprunté qui caractérise le comte de
Cavour, moins ses fines lèvres. L'âme de Liborio
Romaoo se dessine dans l'ensemble de sa figure
basanée, moresque, trapue,avec un développement
singulier de la tête. Au premier abord, il vous fait
l'effet d'un rustre bien riche. En le regardant deux
fois, vous y découvrez les signes ineffaçables de ce
qu'il est. A la Chambre même, où il compte tant
d'amis et de complices, il n'obtient pas les succès
que peut-être il espérait, grâce ses services
éminents.
D'après un journal du soir, 00 s'attend,
Rome, une protestation du Pape qui paraîtra
aussitôt après le décret qui accorde Victor-
Ernmnnuel et ses successeurs le litre de Roi
d'Italie. Italia
Le Pungolo évalue 20 millions de francs
les dépenses occasionnées au Piémont par le siège
et le bombardement de Gaëte. Ce sont naturelle
ment les Napolitains qui payeront les frais de la
guerre.
On écrit de Naples
Voici sur Messine un point curieux et sur
lequel j'appelle toute votre attention. Les assié
geants peuvent attaquer la citadelle sans maltraiter
la ville. Mais le général Fergola n'a qu'un moyen
de se défendre, la menace du bombardement. En
brûlant Messine,ilnesesauverapas,maisi!est perdu
s'il promet de la ménager, position fort embarras
sante. Et voici qui l'aggrave encore: les consuls
étrangers protestent contre le bombardement; on
prétend même que l'Angleterre menace de prêter
main forte aux Piéraontais si M. Fergola tire sur la
ville. L'Angleterre, il est vrai, laisser brûler
Gaëte; mais, commercialement, c'était nn petit
malheur, tandis que la destruction de Messine
ruinerait d'innombrables négociants, parmi lesquels
beaucoup d'Anglais.
PRUSSE.
On écrit de Berlin, 5 mars, Y Ami de la
Religion
Les informations sur les troubles de Varsovie
abondent. Ces troubles ne doivent être considérés
v ni comme uue insurrection avortée, ni comme le