44me Année. Samedi 29 Juin 1861. N0 4,564.
4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
ÉPnÉMÉRlDES.
27 juin 1697. Élection du prince de Conti
au trône de Pologne.
28 1519. Charles-Quint est élu em
pereur.
29 1440. Défaite des Milanais par les
Florentins Anghiari.
7FP.ES, 29 JUIN.
REVUE POLITIQUE.
UN ACTE DE DÉSESPOIR.
i>
LE PROPAGATEUR.
POUR LÀ TILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. POUR 3 MOIS.
Victor-Emmanuel a reçu le 21 de ce mois
l'Adresse des Romains demandanl leur annexion
l'Italie. Il y a re'pondn qu'il comprenait toute la
vivacité des voeux exprimés par les pétitionnaires,
qu'on ne pouvait pas comprendre l'Italie unie sans
la Vénétie et sans Rome, sa capitale naturelle; que,
quanta Rome, la question serait résolue avant peu
de temps, mais que, pour ce qui concerne la Véné
tie, il faudrait probablement l'enlever de haute
lutte et qu'enfin pour le succès de cette œuvre
périlleuse, il comptait sur le concours de toute la
nation italienne, conconrs qui, d'ailleurs, ne lui a
jamais fait défaut.
La France ne retirera ses troupes de Rome que
lorsque les intérêts qui les y ont ameoées seront
couverts par des garanties suffisantes. Ce sont
les termes dont se sert le Moniteur universel pour
annoncer la reconnaissance du nouveau royaume
d'itajie, par le gouvernement impérial. Le langage
audacieux du roi galant-homme est complètement
opposé b celui de l'organe officiel du gouvernement
français; il est opposé surtout b tout ce que l'on a
dit des conditions mises par la France b la recon
naissance du nouveau royaume. Ainsi,d'aprèscequi
a été affirmé par les journaux sémi-officiels de
Paris, la France a fait ses réserves quant aux faits
accomplis, et elle n'entend pas qu'il soit porté
atteiote au patrimoine de saint Pierre ni aux autres
parties des Etals de l'Eglise que l'annexion sardo-
garibaldienne n'a pas absorbés. Il parait que
Victor-Emmanuel est peu disposé b respecter ces
(Suite. Voir le Propagateur, n° 4,563.)
Serre-moi les maios, Xavier, dit Célestin en
s asseyant tout marche bien la machine est admi
rablement bieu montée; Dublin est a nous... Quel
déjeuner je viens de dévorer chez Grearaesh quels
*tns! quels domestiques charmants! Déjeune, dé
jeune b ton tour, mon ami; j'ai commandé notre
dîner pour sept heures...
Et le shérif? le shérif? dit Xavier en décou
pant un rumpsteak au jambon.
Le shérif a peur; il nous connaît, tout
Dublin nous connaît, Xavier; on sait que nous
sommes gens b mettre le fajt après la menace. La
police est embarrassée; elle cherche un expédient,
e"e ne trouve rien. Eo rentrant, j'ai rencontré un
monsieur qui m'a abordé poliment et m'a dit
Au nom de Dieu, capitaine, n'oubliez pas
de rentrer b cinq heures.
n Quel intérêt avez-vous b cela? lui ai-je
demandé.
Je sois Richard Sch wad, votre voisin.
o Ah! je comprends, lui ai je dit; eh bien
soyez tranquille, je serai sage; mais que Dublin
soit sage aussi!
conditions de son puissant allié, si réellement elles
lui ont été'imposées. On vient de le voir d'après
ce qu'il a dit b la députation romaine il lui faut
Roine et Venise; il y a plus, il est infiniment plus
pressé de posséder la Ville-Eternelle que Venise.
Le galant-homme est-il d'accord avec l'empereur
Napoléon eo parlant comme il l'a fait? Voilb ce
qu'il faudrait savoir. C'est pourquoi nous disons
qu'il serait convenable de connaître la portée véri
table des termes dans lesquels la reconnaissance du
royaume d'Italie a eu lieu par le gouvernement
français. Si Victor-Emmanuel pousse sa pointe
josqu'b Rome, s'il ordonne aux garibaldiens b sa
solde de s'emparer de cette ville et du reste des
Etats du Saint-Siège, la France rappellera-t-elle
ses troupes de la capitale du monde chrétien? Le
Piémont, en s'emparanl de Rome, aura l-il couvert,
par des garanties suffisantes, les intérêts qui ont
amené l'année française dans cette capitale? Il
serait bon de s'expliquer, surtout qu'il y a des
journauxparmi lesquels nous devons rauger
l'Indépendance, qui soutiennent que le gouver
nement français a prononcé la condamnation
implicite des pouvoirs temporels de l'Eglise.
Le départ de l'Impératrice d'Autriche causera
une péuible émotion dans tout l'empire, nous en
sommes convaincus, car chacun se plaît b faire
l'éloge des vertus de cette intéressante princesse.
S. M. ^-Impératrice d'-Atrtriche- est partie de
Laxenbourg le 22 pour Posseobofen, où elle a ses
parents, et de là, elle a fait voile le 24 pour Corfou,
doot le séjour lui a été ordonné par les médecins.
Les deux Chambres au couseil de l'Empire ont
voté, avec un respectueux empressement, une
Adresse b S. M. I., afin de lui témoigner la pénible
émotion que leur a causée la nouvelle de l'aggra
vation du mal dont souffre la jeune et illustre
souveraine, l'auguste compagne de Françdis-Joseph.
L'empereur du Maroc a publié une proclamation
pour annoncer qu'il est décidé b exécuter les traités
avec l'Espagne.
M. Richard m'a répondu de la sagesse de Dublin.
Parbleu! s'écria Xavier, si Dublin nous
vexe, nous l'enverrons promener dans la lune.
Oh! il lésait bien. Vraiment, je suis en
chanté de la vie qui s'ouvre devant nous. J'ai cent
projets dans la tête... D'abord, je vais demander en
mariage la fille de Richard Schwab, notre voisin.
Ah! mon Dieu, Célestin!...
Et je te marie, toi aussi, du même coup; je te
donne la fille de M. Greamesh une rousse char
mante qui a douze mille livres de dotcent mille
écusl...
Mais que nous importe la dot, Célestin?
nous sommes emprisonnés ici pour toute la vie;
comment jouir d'uoe dot?
Eh! qui connaît l'avenir? Prenons toujours
la dot si elle se présente. Demain je demande miss
Schwab pour moi, et miss Greamesh pour loi...
Et si l'on nous refuse?...
Nous sautons... c'est la réponse b tout... Nous
ne sauterons qu'une fois... Demain je me fais meu
bler deux chambres uupjiales par le premier tapis
sier de Dublin. Noos aurons deux noces superbes.
jl. Où donc?
Où? chez Greamesh; dans des salons magni
fiques. Toi tu passeras le premier, moi le second;
il faut toujours que l'un de nous deux garde ce
volcan. Nous invitons b nos noces toute la haute
Une grande manifestation a en lieu b Bucharest,
b l'occasion de l'anniversaire du mouvement de
i848 pour réclamer l'union définitive et com
plète des Principautés sous le prince actuel. Plus de
4o,ooopersonnesontpris partbcetfe démonstration.
Le Moniteur universel annooce que les minis
tres et les hauts dignitaires de la Porte Ottomane
ont prêté serment au nouveau Sultan il ajonte que
la tranquillité la plus complète D'à pas cessé de
régner b Constantinople.
Abdul-Medjid, qui a succombé le 25 juin, b
neof heures du matin, a été inhumé le même jour,
dans une mosquée,avant le coucher du soleil, selon
la coutume turque. Ce souverain avait voulu assis
ter, le 19, aux cérémonies de la fête do Baïram et
était rentré épuisé dans son palais; depuis il avait
perdu la parole et son état n'avait plus laissé aucun
espoir.
Abdul-Azis, frère du Sultan défunt,a été immé
diatement reconnu comme souverain de l'empire
ottoman,en vertude la loi musulmane qui constitue
héritier du trône, non le fils aîné du monarque,
mais le membre le plus âgé de la famille impériale.
Le nouveau Sultan est né le 9 février i83o; il
est par conséquent âgé de trenie et un ans. Son
successeur désigné est Mehemmed-Mouradfils
aîné d'Abdul-Medjid, actuellement âgé de 21 ans.
Né en avril 1823, Abdul-Medjid avait succédé
b son père, le célèbre Mahmoudle 1" juillet
i83g. Il avait essayé de poursuivre l'œuvre de
réformes commencée par l'énergique vainqueur
des Janissaires, et l'acte de Gulhanè ainsi que le
hatti-humayoun de i856, attestent la pente libé
rale et conciliatrice de sa nature; mais il était d'un
caractère trop faible pour réaliser de pareils des
seins, et dans des circonstances qui auraient voulu
pour son pays la forte main d'un Soliman, il D'à
été qu'un de ces princes énervés et impuissants qui
précipitent la chute des empires.
Quelle politique suivra le nouveau Sultan?
Quelles conséquences l'événement considérable
société de Dublin; nous dansons jusqu'au jour;
nous dévorons dans un festin et dans un bal cent
mille francs.
Et qoi payera?
Parbleu! Schwab et Greamesh, nos beaux -
pères, payeront.
C'est juste, Célestin; mais après, comment
tout cela finira—t-il
Ah! qui sait? Cela ne finira peut-être pas.
Il n'est pas nécessaire que cela finisse. Cela com
mencera tous les jours... j'ai même le projet de me
faire nommer maire de Dublin, et toi préfet du
département de l'Irlande. En attendant de donner
on essor fabuleux b notre ambition, commençons
par les choses aisées; marions-nous lorsque nous
aurons des enfants, nous les établirons avantageu
sement dans les trois royaumes.
Cette conversation fut interrompue par un fracas
tumultueux de musique anglaise qui remplissait
Sackviile Street. Célestin ouvrit et ferma la porte,
toujours avec les précautions d'usage, et descendit
dans la rue, où il ne manqua pas de rencontrer soo
voisin Richard qui semblait attaché a tous ses
mouvements.
Qu'est-ce que cela? demanda virement
Célestin b M. Schwab.
C'est le festival de Dublin qui passe ré
pondit poliment M. Richard.