45me Année. Mercredi 18 Septembre 1861. N° 4,587.
4 fr. pour 6 mois, 2 50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
ÉPHÉHÉRIDES.
15 sept. 1822. Incendie de la flèche de la
caihédrale de Rouen par la
foudre.
16 1669. Les Vénitien^ reprennent
Gândie aux Turcs.
17 1594. Les Juifs sorit expulsés de
France.
18 1345 Assassinat d'André de Hon
grie, roi de Naplesi
REVUE POLITIQUE.
JEAN ET JEANNETTE.
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr, 7-50 par
trois mois. pour 3 mois.
lauration du Roi, et il le prouve par les (ails et par
les témoignages les plus concluants. Il affirme
encore qu'aucune direciion n'a e'té imprimée de
Rome aux insurgés, qu'aucun secours ne leur aélé
prêié, S. M. Napolitaine ayant jugé qu'il ne lui
convenait pas de s'exposer ajouter aux amertumes
dont est abreuvé le Souverain- Pontife; mais il ne
permet pas d'en conclure que François II reste in
différent aux luttes si héroïquement soutenues par
ses sujets fidèles. Il déclare, au contraire, de la
manière la plus formelle, que son auguste Souve
rain, profondément touché et fier de tant de dé
vouement, n'attend qu'une occasion favorable pour
aller se mettre la tète des colonnes royalistes et
combartre avec elles.
Voici 0$ en est la sûreté publique dans les
«'provinces anuexées de Modène La sûreté
publique conriune a être négligée an delà de toute
expression. Dans le senl mandement (district) de
Miraodola, près de la frontière, du 2 au 3 août, on
a présenté au juge 90 plaintes pour vols et agrès-
sions; la police ne fait rien, ne voit rien, ne décou
vre rien. C'est peu encore non - seulement elle
laisse tout sans surveillance, mais elle concède des
permis de port d'armes h des individus qui ont été
poursuivis comme voleurs. Cela est extrait de la
Monarchia, journal non suspect, assurément.
Les enrôlements deviennent de plus en plus
impossibles dans les provinces annexées. O11 écrit
de Macerata au Lombardo <1 Pas on seul conscrit
n'a voulu se présenter dans la campagne; d'où s'est
produit ce fait singulier que le gouvernement, de
mandant 1,000 soldats, a recueilli 4,000 réfrac-
taires car les exemples de droit, les fils uniques,
les borgnes, les boiteuxetc., ne se sont pas même
rendus devant le conseil pour faire constater leurs
cas d'exemption. Ça été aoe défection absolue.
Un débat est engagé entre l'Espagne et le Pié
mont. Il s'agit desarchives des consulats napolitains
qui ont été remises aux agents consulaires du
cabinet de Madrid. M. Ricasoli les réclame; le
maréchal O'Donnell ne veut pas les rendre. I' est
iucoote^tab'emeot dans son droit puisque son gou
verbemenl n'a pas reconnu le royaume italien. On
dit que le ministre sarde, h Madrid, M. Tecco,
menace de demander ses passe-ports.
Le Roi des Pays-Sas a ouvert hier la session des
États-Généraux. S. M. s'occupe pen de politique
dans son discours d'ouverture, mois Elle annonce,
en revanche, la présentation d'un.grand nombre de
projets de lois d'intérêt matériel. Une convention a
été conclue avec la Belgique poor la question,
discotée depuis si longtemps, de la dérivation des
eaux de la Meuse.
Il a été tenu, on le sait, ces jours derniers, a
Munich, on Congrès des associations catholiques de
l'Allemagoe, on des résolutions ont été prises tant
l'égard de la situation qui est faite an Souverain-
Pontife par la révolution italienne, qu'à l'égard des
droits et des intérêts du catholicisme dans les Etals
allemands. L'assemblée s'est déclarée particulière
ment d'accord en tout avec les principes, con
victions et sentiments exprimés par le Saint-Père
lni - même dans ses circulaires et allocutions, ainsi
qne par l'épiscopal de tous les pays avec la pins
grande unanimité.
Le Congrès a été clos le 11 dans la soirée, après
qne le oonce du Saint-Siège auprès de la cour de
Bavière, Mgr. Chigi, eut béni l'assemblée au nom
du Saint- Père. Plus de 1,200 membres et environ
9,000 auditeurs ont assisté la dernière séance
dans le palais de cristal de Munich.
Un comité s'est organisé Cobourg, afin de re
cueillir des dons patriotiques pour la création de la
flotte allemande. Le prince de Saxe-Cobonrg a
donné sa pleine approbation ce comité et loi a
adressé une lettre dans laquelle S. A. applaudit
la pensée de placer ces dons patriotiques sous la
garde de la couronne de Prusse.
Le Moniteur publie un tableau comparé du
commerce extérieur de la Belgique, pendant les
trois dernières années, dont voici les chiffres
principaux
Notre importation a été (commerce général, y
compris les marchandises étrangères), savoir
En 1358. fr. 750,759,000
En 1859. 797,289,000
En 1860. 854,070,000
L'augmentation de 1860 sur i85g est de 7 p. c.
18 Septembre.
.rv.i*Y.
On avait parlé d'un ultimatum qne M. Ricasoli
se préparait envoyer auSaint-Père. Tant d'audace
ne nous aurait pas précisément étonués de la part
da ministre qui avait pris le soin de dresser contre
le Saint-Siège cet acte d'accusation contre lequel
ont témoigné tous les représentants des puissances
Rome. Il paraît cependant que non-seulement
Yultimatum n'a pas été lancé, mais qu'il devieut
probable même qu'il ne le sera pas de sitôt.
Ainsi s'exprime, d'après des informations nou
velles, Y Indépendance elle-même, qui avait la
première parlé de la démarche insensée du chef du
cabinet de Turin.
L'échec honteux qu'a valu son auteur la cir
culaire du 24,août était bien propre, en effet,
calmer les impatiences du ministre piémontais. En
outre, l'attitude plus résolue de la France Rome,
et peut-être aussi le ferme langage du représentant
français Turin, oot dû donner réfléchir M.
Ricasoli.
Le gouvernement français a pu estimer que le
moment était venu de rappeler enfin au Piémont
qu'après tont, et malgré ses annexions iniques et
peu solides, il n'est que le Piémont.
Le ministre de S. M. le roi des Deux Siciles a
fait la dépêche-circulaire de M. Ricasoli une
réponse aussi digne que ferme. Le conseiller dè
François II affirme que l'insurrection du royaume
de Naples a pour but la délivrance de la patrie, le
rétablissement de l'indépendance nationale, la res-
l'étranger.
A la fin d'une chaude journée du mois d'août 1793, uu
pauvre orphelin de la Bretagne venait de rassembler près
de lui uue trentaine de chèvres, dont la garde lui était
confiée, et se disposait faire son repas du soir. Assis sur
un roc couvert de bruyères, il pouvait voir couler la Loire
dans une vaste et fertile vallée, tandis que, derrière lui,
s'élevait une colline qui, vers le nord, terminait la plaine.
«Jean Renac, néanmoinss'occupait peu d'admirer oe beau
spectacle, car il lui était de\(enu par trop familier; depuis
1 âge de neuf ans, et il eu comptait quinze alors, l'enfant
conduisait ses bêtes dans les meilleurs pâturages des mon
tagnes et du vallon; il n'existait pas un ruisseau, pas un
seutier tracé travers les rocs qui ne lui fût counu, et le
seul point de la vallée sur lequel ses yeux se fixaient
souvent encore avec intérêt, c'était le toit de la ferme où
d était né, et où, chaque soir, il retrouvait bon souper,
bon gîte et le reste.
Jean s'était donc étendu .sur le tapis verdoyant dont la
solitude de ce lieu lui laissait l'entière jouissance. Il avait
Rré Je sou sac un énorme morceau de pain dans lequel il
s apprêtait mordre, lorsqu'il fut soudainement surpris
d'apercevoir ses côtés un homme de quarante ans au
plus, de haute taille, d'uue belle figure, mais pâle et dé^
fait. 11 ne se traînait qu'à graud'peine, eu s'appuyant
contre les rochers.
- Mou petit ami, dit l'étranger au jeune pâtre, en lui
présentant quelques sous, voulez-vous me vendre votre
pain
Mon pain! répondit Jean qui partit d'un gros rire;
j'irais douo me coucher sans souper? 11 y a six heures que
je n'ai mangé.
p. Et moi soixante! repris l'inconnu, d'une voix si faible
qu'on l'entendait peine.
Tout en disant cela, il se laissa tomber plutôt qu'il ne
s'assit auprès du jeune garçon.
Soixante heures sans manger! s'éoria Jean; prenez,
prenez tout, je vous le doune pour rien.
La moitié seulement...
Non, gardez tout. 11 faudra bien qu'on m'en rende
la ferme. La vieille Reine, après tout, ne nous compte
pas trop les morceaux, et puis, d'ailleurs, j'irai trouver la
jolie petite Jeauuette; elle est si bonne. Jeannette! Je ne
lui aurai pas plus tôt conté que j'ai rencontré uu beau
monsieur, qui n'avait pas maugé depuis...
L'inconnu qui dévorait le morceau de pain avec une
avidité dont il n'était pas le maître, fit cependant taire un
moment son appétit pour interrompre Jean, en le suppliant
de ne parler personne de leur rencontre.
Il m'est impossible maintenant, ajouta-t-ilde vous
expliquer pourquoi je vous fais cette prière; qu'il vous
suffise de savoir que la moindre indiscrétion de votre part
m'exposerait aux plus grands dangers. Après m'avoir sauvé
la vie, mon cher enfant, vous ne voudrez pas me la faire
perdre.
Que tous les saints m'en préservent! s'écria Jean; je
ne dirai rien, soyez tranquille. Je continuerai de vous
rendre service jusqu'au bout; comptez sur ma discrétion.
l/étrauger, surpris d'entendre un enfant exprimer de si
nobles sentiments avec tant de simplicité, pressa la main
du jeune pâtre. Dans ses yeux se peignait la plus vive
reconnaissance,
Maintenant que vous avez tout mangé, comment vous
trouvez-vous
Sur la réponse de l'inconnu, que sa plus grande souf
france était une soif dévorante, le jeune garçon tira de
son sac uue écnelle qu'en deux sauts il alla remplir au
bassin d'une fontaine naturelle alimentée par les sources
voisines.
Nous buvons la même eau la ferme, dit Jean, et
je crois qu'il n'y en a pas de meilleure en Bretagne.
Où donc demeurez-vous.
A la ferme de Rougé, répondit Jean, ferme que
Nicolas Caradeo tient bail.
Caradec! dit l'inconnu d'uu air sombre; est-il votre
père
Nicolas Caradec! le plus riche fermier de la contrée!
Le plus riche fermier de Bretagne pourrait avoir un
fils.
Sans doute repartit le jeune pâtré en souriant d'un
certain air spirituel qui distinguait particulièrement sa jolie
figure, sans doute; mais il ne lui ferait pas garder les
chèvres, et, la vérité, je ne les garderai pas longtemps
moi-même. J'ai de bonnes promesses pour le printemps
prochain. Tous les jours, je deviens plus grand et plus
fort. Dieu aidant, je pourrai finir par remplacer mon pauvre
père qui, jusqu'à sa mort, conduisait tous les ans plus de
trois ceuts bêtes cornes sur les marchés pour les vendre
au profit de Nicolas Caradeo, bien entendu, et sans lui
faire tort d'uu écu, tout le monde le sait. J'aime mieux
ce parti-là que de me faire soldat quand j'aurai la taille»
comme le conseillait deruiêiemcnt le sergent bleu.'