45me Année. Samedi 21 Septembre 1861. N° 4,588.
ÉPHÉMÉR1DES.
19 septembre 1356. Le roi Jean est fait
prisonnier la bataille
de Poitiers.
20 1792. Bataille de Valmy.
21 1558. Mort de Charles Quint
dans un monastère.
B. 23 9 21 Septembre.
REVUE POLITIQUE.
JEAN ET JEANNETTE.
i i
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour
trois mois.
Les journaux officieux de Paris nous apprennent
aujourd'hui que l'empereur Napoléon ne rentrera
dans !a capitale de son empire que le 3o de ce mois;
ils nous apprennent également que l'entrevue du
roi de Prusse et de l'Empereur aura lieu décidément
h Compiègne, le 6 octobre.
Des dépêches de Rome, adressées aux journaux
parisiens, annoncent qu'un service comouémoratif a
été célébré dans la Ville-Éternelle, l'occasion de
l'anniversaire de l'affaire de Castelfidardo; Mgr de
Mérode, plusieurs cardioaux et les états-majors des
deux armées y ont assisté.
Le Moniteur universel publie la version de
Vltalia sur l'attitude des Florentins pendant le
séjour de Victor- Emmanuel en Toscane. On ne dit
plus que toute la population s'est portée en masse
dans les rues où passait le cortège, mais seuleineut
que la foule était immense. C'est uue nuance
qu'il est bon d'enregistrer. Le Moniteur rapporte,
toujours d'après Vltalia, le journal ministériel, que
Mme Piccolornini a chanté l'hymne la Croix de
Savoie au milieu del'eotbousiasmegéuétal. Nous
ne conoaissotis pas cette chanson, mais nous pen
sons qu'elle doit se terminer par un couplet répété
eu chœur, et figurant le peuple savoisien, .que
Victor-Emmanuel a perdu la Croix de Savoie,
que la France la possède, et que les Savoisiens ont
manifesté, avec un empressement significatif, le
bonheur qu'ils ont éprouvé de se séparer du
roi galant homme. Nous ne savons pas sur quelle
musique M"1' Piccolornini a roucoulé cela, mais
ii.
la fuite.
Ce qu'on vient de lire, se passait h l'époque où
le malheureux Louis XVI venait de porter sa tête
sur l'échafaud, victime des sanguinaires utopies des
monstres qui gouvernaient la France. Les atroces
vengeances, les cruelles persécutions qui avaient
suivi la mort du roi répandaient sur tout le.pays un
tel esprit de terreur, que le mécontentement géné
ral, poussé son dernier paroxysme, osait k peine
s'exprimer par de légitimes rébellious.
Des monstres altérés de sang aggravaient chaque
jour leurs torts aux yeux des Français; mais se
croyant d'autant plus affermis en pouvoir qu'ils
venaient d'obtenir des succès en Vendée, ils re
doublaient leurs cruautés, et leur soif sanguinaire
semblait insatiable.
Une foule de citoyens, frappés d'arrêt de mort,
ou simplement mécontents s'étaient retirés
l'étranger; d'autres, qui n'avaient point voulu
quitter le royaume, agissaient plus efficacement
en faveur de leur pays; dans leurs correspon
dances avec les princes proscrits ils tramaient
sourdement uue vaste conspiration dont le marquis
bien certainement tel doit être le sens de la strophe
finale de l'hymne la Croix de Savoie, n
Uue correspondance florentine du Journal,des
Débats nous apprend que, dans une audience
accordée par le roi galant homme a la municipalité
de la capitale de Toscane S. M. garibaldo-piéroon-
taise a exprimé l'espoir que Naples finirait par
comprendre les avantages de l'unité, Quant
Rome, il ne veut pas trancher la question par la
violeuce; il espère la tésoudre par l'influence
du temps et de la raison.
Si telles sont les expressions dont s'est servi
Victor-Emmanuel, il est impossible d'en mécon
naître l'importance, Elles renfetmeraieut par
rapport Naples, un aveu bien fait pour imposer le
silence k ces journaux qui persistent, malgré l'évi
dence des faits, k nier la résistance des Napolitains
et qui prennent plaisir k vilipender les brigands.
Le roi galant-homme est donc obligé de confesser
lui-même que Naples ne comprend pas les
avantages de l'unité; en d'autres termes qu'elle
ne veut pas de la domination piémontaise. Il
espère que Naples finira par apprécier ces bien
faits; donc Naples en est encore loin, si loin même
que Vespérance du Roi pourra bien ne jamais se
réaliser.
En ce qui concerne Rome, la déclaration royale,
toujours d'après le correspondant en question, ne
seiait pas moins caractéristique. Elle impliquerait
un regret des réceutes incursions piémontaises sur
le territoire romain, et contiendrait une assurance
formelle pour l'avenir. Victor-Emmanuel aurait
affirmé ne pas vouloir trancher la question romaine
u par la violence. Il espère la résoudre par
l'influence du temps et de la raison.
Le royal usurpateur doit savoir qoe le temps
amènera les justices réparatrices de Dieu avec
les flétrissures vengeresses de l'histoire, et que dès
maintenant la raison,comme la conscience,s'indigne
des moyens honteux employés par les envahisseurs
des possessions du Saint-Siège.
En Pologne, les élections pour les conseils
de la Rouairie tenait tous les fils. Sous un prétexte
plausible, l'Angleterre venait d'armer une nom
breuse flotte, qu'elle tenait prête k diriger vers la
Bretagne.
Parmi les hommes de confiance envoyés en
Bretagne par les princes exilés, se trouvait le comte
de la Bouiilerie seigneur qui, ayant épousé une
jeune héritière de Bretagne, avait déjà plus d'une
fois séjourné quelques mois consécutifs dans la
famille de sa femme; il connaissait la plupart des
nobles de la province. Il partit donc chargé d'une
mission aussi importante que dangereuse et de
plusieurs lettres pour les chefs du parti royaliste.
Le comte se rendit d'abord chez son beau frère, un
des plus ardents ennemis du pouvoir révolution
naire qui, jusque là néanmoins, avait échappé k la
surveillance des agents du pouvoir, eu affeclaut de
vivre inactif et retiré dans son château. Mais soit
que l'arrivée du comte de la Bouiilerie eût éveillé
les soupçons, soit qu'on eût saisi quelques preuves
des liaisons qu'entretenait le comte avec l'Angle
terre, l'ordre d'investir le château et d'arrêter tous
ceux qui s'y trouvaient fut donné. Par le plus
heureux hasard quand cet ordre s'exécuta le
comte se trouvait k sa fenêtre, où précisément il
lisait une lettre par laquelle un ami l'avertissait de
quitter proinptetueul la Bretagne, s'il voulait éviter
fr. 7-50 par
6 mois, 2-75
pour 3 mois.
municipaux et les conseils d'arrondissement, qui se
feront dans tout le royaume, du a3 septembre au
10 octobre, donnent lieu k une divergence au sein
du parti uatiooal. Un grand nombre se prononcent
pour l'abstention, dans la crainte qoe leur partici
pation au vote ne soit considérée comme une
acceptation de demi-réformes, tandis que la nation
a déclaré qu'elle voulait son indépendance com
plète et sans transactions possibles. D'autres, qui
sont en majorité, refusent de reconnaître dans
la création des conseils municipaux une réforme
politique et soutiennent que les Polonais doivent se
servir de cette institution pour arriver k leur but.
Ces derniers ont publié une proclamation dans
laquelle ils font un devoir k tout bon citoyen
de prendre part au vote, et d'élire des hommes
intelligents, énergiques et courageux.
Le conseil fédéral de Suisse vient de publier une
circulaire concernant les déserteurs italiens, pour
recommander aux autorités la plus grande réserve
en ces sortes d'affaires, afin de ne donner prise
k aucun reproche fondé de la part du Piémont.
La Chambre des députés de Wurtemberg a
adopté, le 17, par 80 voix contre une, la loi sur
l'égalité des juifs et des difféieutes confessions
chrétiennes devant la loi. Elle a été saisie d'un
projet de loi sur la situation de l'Église catholique.
Les premières opérations des Turcs sur les
frontières du Monténégro ont déjà été marquées^
par des massacres de femmes et de vieillards.
La note suivante, qui offie un intérêt tout
particulier pour les Belges qui voyagent en France,
nous est apportée par le Pays:
Un journal étranger prétend que des sujets
hollandais ou belges admis k voyager eu F'rauce
sans passeport, depuis que la suppression du passe
port est décidée, auraient rencontré des difficultés
k la frontière ou dans leur voyage.
Au moment de la suppression du passeport
entre la France, la Belgique et les Pays-8as, des
instructions ont été données pour que la mesure fût
qu'on se saisît de sa personne. Apercevant les
soldats dans la première cour, il courut aux écuries,
en tira un des chevaux quipar précaution se
trouvaient toujours sellés, et, piquant des deux, il
traversa le parc et put gagner prestement la cam
pagne.
Le comte fit plus de six lieues au galop sans
s'arrêter, bien sûr du sort qui l'attendait s'il se
laissait prendre, k cause des papiers dont il était
porteur et qu'il n'osait détruire qu'à la dernière
extrémité. Son projet était de gagner l'Angleterre.
11 avait franchi les landes marécageuses qui condui
sent an bord de la mer, lorsque son cbeval s'abattit
sous lui et resta sur la plage presque mort de
fatigue. Le comte se vit obligé de continuer sa
route k pied. Accablé par la lassitude et la faim
il espérai: atteindre un village qu'il apercevait
peu de distance; mais sur le point de s'y engager,
il en vit distinctement sortir un petit peloton de
soldats qui semblait se diriger vers lui. Sachant
quelle sévère police on exerçait alors, il n'hésita
pas k quitter le chemin qu'il suivait pour preodre
un petit sentier qui conduisait vers des rochers
assez escarpés.
La nuit n'ayant pas tardé k venir, le comte
s'égara. Après avoir suivi divers sentiers pendant
plusieurs beuies, il se retrouva au point d'où il