45me Année.
Mercredi 8 Janvier 1862.
No 4,619.
pour la tille 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7*50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2*75
pour 5 mois.
7 F B. 33 S 8 Janvier.
REVUE POLITIQUE.
Nous lisons dans une correspondance
de Paris du Journal de Bruxelles propos
de la réponse de l'Empereur au discours
que lui a adressé, le 1" janvier, Mgr
l'archevêque de Paris
LE PROPAGATEUR
Oo reçoit simultanément les lettres et journaux
de New-York du 18 décembre, des nouvelles
télégraphiques du 21 et des lettres de Londres
d'avant-hier.
Les nouvelles de New-York du 18 sont fort la
guerre. Mais nous savons déjk que du 18 au -io nne
modification profonde s'est faite dans la situation
de l'autre côté de l'Océan.
Les nouvelles du 31 corroborent celles do 30
qui ont produit en Angleterre nne si bonne im
pression dans le sens de la paix. Ce joor-lk lord
Lyons n'avait pas encore cru nécessaire de remettre
son ultimatum, quoiqu'il eût eu plusieurs confé
rences non-officielles avec M. Seward. A New-
Yotk, on persistait k croire k une solution pacifique.
Une correspondance de Londres contient l'ex
plication des pourparlers prolongés qui se suivent
k Washington et des dispositions conciliante; dans
lesquelles elles ont pu s'ouvrir. Il parait qu'avant
même le départ de VEuropa, qui emportait l'ulti
matum de la Grande-Bretagne, M. Adams, ministre
des Etats-Unis k Londres, a expédié k son gou
vernement un na.ire porteur de dépêches qui
exposaient au cabinet américain tous les dangers du
conflit soulevé par l'affaire du Trent.
Il y a d'abord celte année quelque chose de
significatif: le clergé de Paris u'a pas été invité
officiellement k se joindre k l'archevêque de Paris
pour porter ses hommages a l'Empereur. L'absten
tion a dooc été presque générale. L'archevêque de
Paris, qui avait dit la messe comme grand aumô
nier, s'est cependant présenté avec quelques mem
bres do clergé pour complimenter l'Empereur. Le
Moniteur ne publie pas son discours. Pourquoi
cela Ou donne de ce fait des explications diverses.
Selon les uns, l'archevêque, malgré son exces
sive modéraliou, aurait parlé avec une certaine
tristesse des attaques auxquelles la religion est en
butte, et il aurait fait une allusion détournée k la
suppression de la Société de Saint-Vincent de
Paul. Suivant les autres, il aurait dit un mot du
Pape et de la souveraineté temporelle. Quoi qu'il
en soit, son discours a déplu et oo l'a supprimé, de
sorte que nous n'avous que celui de l'Empereur qui
au fond contient une leçon assez désobligeante
entourée de paroles polies. Le clergé français si
éinioeut par sa piété et par ses vertus, qui sait
qu'il faut rendre Dieu ce qui est Dieu et
César ce qui est César, peut compter, donnez-
lui-en l'assurance, sur ma protection et sur ma vive
sympathie.
Pour ceux qui savent ce que parler veut dire,
cette phrase u'est pas difficile k expliquer. .Les
journaux officieux accuseot tous les jours le clergé
de manquer précisément de ce discernement qui
fait rendre k César ce qui est k César, comme
k Dieu ce qui est k Dieu. Ce ne sont pas seulement
les journaux officieux qui tiennent ce langage. M.
de Persigny l'a tenu dans sa circulaire contre
la Société de Saint-Vincent de Paol, M. Roulaud
l'a teou dans sa lettre k Mgr l'évêque de Nîmes et
dans sa circulaire sur les ordres religieux, accusés
de détournements de mineurs.
Oo a en ootre signifié, dit-on, au cardinal
Mathieu qu'il eût koe plusae présenter an château,
depuis le premier vote do sénatus-consulte. Eofio,
l'on se souvient du réquisitoire pleio d'inconve-
naoce prononcé contre Mgr l'évêque de Poitiers, k
l'occasion d'un misérable sur le compte duquel
l'émiuent prélat avait été trompé, réquisitoire
auquel il a si magnifiquement répondu ces derniers
jours. Dooc la phrase de l'Empereur signifie ceci
Les membres du clergé qui rendront k César ce
que César exige qu'oo lui rcode, et qui rendront k
Dieu ce que César permet qu'on rende a Dieu,
peuvent compter snr la protection de César.
Cette assurance n'a rien de bien rassurant voos
le voyez. Oo fait même, au sujet de cés paroles de
l'Empereo*, une remarque que je trouve beaucoup
trop juste pour ne pas vous la redire.
Quand -celte parole a été prononcée pour la
première fois, elle a été prononcée par le Christ qni
autorisait les Juifs k payer l'impôt k César en leur
montrant que U mùtinaîe éliil frappée k son effigie.
C'était donc Dieu qui fesait la part de Gésar. Main
tenant, c'est César qui, par fes journaux écrits par
ses scribes officieux et par les circulaires officielles
de ses ministres, détermine ce qu'il est permis et ce
qu'il n'est pas permis au clergé de faire, qui ôte k
la Société de Saiot- Vincent de Paol, l'enseignement
gratuit des Frères de la doctrine chrétienne et qui
menace la liberté et l'existence des Ordres religieux
soupçonnées de prosélytisme. C'est donc César qni
fait la part de Dieu. La chose est uo peu différente,
on eu conviendra.
Il est dooc permis de dire qne l'Empereur qui,
en 1859,avait donnénn avertissement k l'Autriche,
donne en 1863 un avertissement au clergé.
Les nouvelles qui dous arrivent de Rome sont
bien offiigeantes ponr les catholiques. Le nouvel
ambassadeur français, M. de Lavalette, laisse percer
daos ses relations avec le monde officiel romain une
aigreur et une rudesse qni sembleot être le prélnde
d'uue mesure plus grave, le retrait de Rome des
troupes françaises. M. de Lavalette ne veut plus
enteodre parler do gouvernement temporel, et il
taxe d'imbéciles ceux qui veolent le défendre.
Ponce Pilate entrerait-il dooc définitivement en
scène pour renouveler l'œuvre de perfidie de son
prédécesseur, œuvre que 18 siècles ont flétrie?
Patrie.)
NÉCROLOGIE.
M. Honoré Dofaox, notaire k Courtrai, est
décédé samedi dans la nnit, k la suite d'nne courte
maladie.
Le nombre des décès daDs le clergé, en 1861,
est de 157 ecclésiastiques, ainsi répartis par diocèse:
Matines, 34; Bruges, u4; Gaod, 23; Liège, 37;
Namur, 16; Tournai, i3. Total, Ô7.
Nota. Le calendrier liturgique de Gand et
Bruges qui furent réunis depuis 1800 jusqu'en
i834, et formèrent deux diocèses, donne la liste
des ecclésiastiqoes décédés, dans l'éteodne de ce
territoire, de 1800 k 1860; leor nombre est de
2,5t4, ce qui donne presque nne moyenne de 4s,
c'est-k-dire moindre que le chiffre actnel.
Une des victimes de la bande d'Entre-
Sambre-et-Meuse, M"" veuve Henricot, vient de
mourir k Tborembais-lez-Béguines. La maison
précédemment occupée par M"" Henricot,k Corroy-
le-Château, fut, on le sait, attaqoée nuitamment,
par les volenrs de la bande, le 5 octobre >858.
Depuis celte époqoe, Mm* HenricoV habitait la
ferme de Coquiamont, tenne par son gendre,
k Thorembais-lez-Béguines. Sa santé se ressentit
toujours de l'émotion et de la secousse qu'elle avait
éprouvées dans la nuit du 5 octobre.
NOUVELLES DIVERSES.
Ces jours derniersd'après ce qn'on nons
apprend, une personne a été arrêtée sur la cbaossée
d'Ypres k Vlamertinghe par on iodivido qni loi a
demandé la bourse on la vie.' Les détails nons
maoquent.
Dimanche dT, nn vol d'argent a été commis
aa cabaret VOurs k Messines.
Le i"janvier,un incendies éclatéen la maison
do sieor Fr. Six, cabaretier et marchand de lin k
Bas-Wamêton. Le feu a pris an grenier où se
trouvait déposé nne certaine quantité de lin brut.
Les dégâts sont évalués k 7,000 francs. Le tout
était assuré.
On écrit d'Ostende, 5 janvier
Un gamio d'environ 11 ans, nommé Pierre
Dreesen, en jouant hier vers midi sur la glace des
fossés de nos remparts, est tombé dans l'eao et s'est
noyé. Son corps a été retiré nne heure après.
Dimanche, le oommé Ch. Beernaert, âgé de
63 ans, cordonnier k Athse trouvait daos la
station de Mouscron et avait déjk pus uo conpoo
pout Roubaix, lorsque tont k coup il s'affaise sur
lui-même et tombe raide mort. Le malheureux
avait succombé k une attaque d'apoplexie fou
droyante.
Le Douveau nonce apostolique k Bruxelles,
Mgr Ledocbowski a fait ses visites d'étiquette
d'usage. Son Exc. sera reçue par le Roi, pour
la remise de ses lettres de créance, aussitôt le retour
de S. M. k Bruxelles.
Nous extrayoos ce qui suit d'une corres
pondance adressée de Bruxelles k nne feuille
ministérielle, sous la date du 5 On a reçu hier
au palais la nouvelle que le Roi est souffrant eo
Angleterre, des suites d'uu froid contracté pendant
la traversée. Ce fait, commenté et grossi par la
rumeur publiqae, a produit en ville une émotion
qui prouve tout l'intérêt qu'inspire la précieuse
santé de S. M. Mais il résulte de renseignements
positifs, que le Roi n'est pas atteint d'une indis
position grave, et qoe tout se borne b un rhume qui
exige des soins.
On lit dans la même correspondance: M.'le
lieutenant-colonel pensionné Hayeza paru devant
la cour militaire qui a procédé k son interrogatoire.
Son altitude devant ce tribunal a produit, paraît-
il, l'jpupressiou la plus favorable sur ses juges.