45me Année.
N° 4,637.
BUREAU
PRIX D'ABONNEMENT
ïprcsj roc de Lille, fO>
ÉUITIO.V
Mercredi et Samedi.
LE PROPAGATEUR.
Pour lfpreo S fr. par an.
Pour le Dehors i X fr. 5» e>
par an.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
La discussion générale de l'Adiesse a été close
dans la séance de samedi dr au Corps législatif. La
séance s'est on «erte et s'est terminée par on incident.
An début de la séance, M. Schneider a lu un décret
de l'empereur qui retire le projet de loi relatif au
général de divisiou comte de Palikao. A la fin
de la séance, des explications assez «i«es ont été
échangées sur un fait personnel entre M. Picard,
d'une part, et, de l'autre, MM. Billault et Barocbe.
A l'esceptioo de NI. Guyard Delalain, la plupart
des députés qui ont parlé n'ont touché qu'en
passant et en termes assez peu précis, ia question
romaine. Tout eu partant d'un autre point de vue
que M. Rolb Bernard et en se préoccupant plus de
la situation du gouvernement français que de celle
du pape, M. Guyard Delalain a abouti peu près
h la même conclusion que M. Kolh-Bernard, le
maintien do pouvoir temporel dans les limites
territoriales où l'ont réduit les événements.
La discussion a roulé, dans la séance du Corps
législatif d'avant hier, sur les lois de sûreté générale.
Eo tépoDse a M. Darimon, qui exprimait le regret
que ces lois fussent maintenues, M. Baroche a dit
qu'elles étaient déj!< tombées, quant plusieurs
dispositions, tuais que les autres devaient être
conservées jusqu'en 1865.
Le gouvernement anglais vient de constater de
nouveau le dissentiment qui existe entre lui, la
France et l'Espagne dans la question mexicaine.
Répondant avant-hier h une interpellation dans la
Chambre des communes, M. Layard a déclaré que
l'Angleterre ne voulait pas exercer d'influence sur
le gouvernement futur du Mexique.
Des résolutions d'une incontestable gravité ont
'été pi ises avant-hier par les comités du provediniento
réunis k Gênes. Après avoir nommé Garibaldi pré
sident général, ils l'ont chargé de réclamer du
gouvernement le rappel de Mazzini; puis, procla
mant le principe du suffrage universel, ils ont
décidé d'adresser au gouvernement une pétition
dans ce sens.
Il paraît complètement certain, d'après l'Opi
nion nationale, que Garibaldi sera envoyé pro
chainement dans les provinces méridionales de la
Péuiusule, afin d'y réorganiser les quatre divisions
de volontaires, dont il compléterait les cadres
s l'aide de nouvelles recruCS.
La commission de la navigation, qui se trouve
placée sous la présidence du général Bixio, a été
s mandée 'a Turin, près du ministère, afin de l'assis
ter de ses conseils. Le général lui-même, qui
se trouvait k Milan, est parti subitement de cette
il le, appelé 'a Turin par une dépêche télégraphi
que.
On assure enfin que le voyage de Victor-
Emmanuel h Naples peut être regardé comme
très-prochain. Le roi s'y rendrait accompagué par
Garibaldi.
La discussion du ministère prussien est annoncée
aujourd'hui d'une manière positive.
Une dépêche télégraphique de Berlin annonce
la dissolution de la Chambre des députés de Prusse.
En Grèce, l'insurrection traite de puissance
puissance avec le gouvernement tégulier. En même
temps qu'ils repoussaient l'amnistie qui leur a été
offerte et qu'ils se fortifiaient pins solidement
Nauplie, les insurgés oui adressé un mémoire aux
envoyés de Russie, d'Angleterre et de France.
Ce mouvement, dont il n'est plus possible de dis
simuler la gravité, a produit dans les îles Ionieu-
nes un effet moral qu'on pouvait aisément prévoir.
Les aspùalious des hpbilanls y sont trop anciennes,
et leurs désirs d'indépendance trop unanimes, pour
que le contre-coup des événements de Nauplie n'y
ail pas déjb été ressenti. A Corfon, dans une
des séances récentes du Parlement, le président
Livada, prenant hardiment l'initiative, a invité les
députés k exprimer leurs vœux pour l'union des
îles Ioniennes avec la Grèce. On croit que l'assem
blée tout entière se prononcera dans ce sens.
Les dépêches de Grèce annoncent que les
insurgés de Nauplie continuent d'organiser leur
défense, et, k chaque sortie, battent les troupes
royales.
Ces i,âooo hommes possèdent 48 pièces de
canon, du matériel et des vivres eu abondance,
taudis que les assiégeants manquent de tout.
On nous communique nue lettte particulière
d'apiès laquelle deux Bavarois, arrivés de Grèce
Naples, auraient racoulé qu'ils avaient échappé k
uu massacre dont les insurgés menaçaient les AI le - -
maints résidant Nauplie. Même eu tenaut compte
des exagérations de ia peur, tout indique que la
situation devieul de plus en plus grave pour le
gouvernement du roi Othon.
Le Sénat a voté le budget de la guerre h
l'uuauiiuité des membies présents moius une voix
et deux absteuiions. Presque toute la discossiou qui
a ptécédé ce vote a eu lieu entre M. Forgeur, M.
le miuistre de la justice et M. le ministre de la
guerre; elle a porté sur l'iociden! de la fouderie de
canons de Liège.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
COUPS PORTÉS PAR UNE MERE A SON ENFANT.
Sous ce titre, on lit dans le Droit Encore une
mère qui bat son enfant, qui non seulement la
frappe cruellement elle même, mais qui la fait
frapper par l'homme de peine qu elle emploie
dans son atelier. La femme Faraguel est sépa
rée de son mari. Pourquoi? Le mari a t il eu
tous tes torts comme elle le dit nous ne le
savons mais si elle n'a pas failli celle épo
que, elle n'a pas toujours été aussi pure. Elle
reçoit, où au moins elle recevait journellement
chez elleil y a six mois encoreun certain M.
Isidore; elle l'avoue avec une franchise qui con
state chez elle l'oubli des plus simples conve
nance.
La jeune Rose a quatorze ans et demi, et sa
mère, qui a pour elle même une chambre élé
gamment meublée la fait coucher sur des
matelas posés sur le sol d'une cuisine humide,
La femme Faraguel l'avoue et l'explique
ainsi Je la mets dans la cuisine, dit elle,
cause de mes relations avec M. Isidore. Irrita
ble au dernier points'emportant sur le plus
léger prétexte, ne pouvant pardonner ni la
nonchalance, ni indiscrétion, eljf^ battait cha
que jour son enjanl qui quoique âgée de qua
torze ans et demi, est petite, délicate et paraît
plus jeune de trois ou quatre ans. Ces scènes se
renouvelaient quatre et cinq Jois par jour; dès
qu une tache donnée n était pas faite. Rose était
privée de nourriture et recevait vingt coups de
templet. Le templel est une règle en bois assez
longue et d'une grosseur qui en juit un instru
ment dangereux.
La prévenue faisait plus, elle ne permettait
sa fille et une jeune apprentie de se coucher
qu'à dix heures et demie et, disent ces enfants,
les faisait relever minuit pour travailler.
Lui résistait onquelque cause accidentelle
venait elle exciter sa colère, elle Jrappait l'en
fant sur la tête avec le manche du martinet, et
une fois les coups résonnaient si fort que, sui
vant l'expression d'un témoinelle avait l'air
de frapper sur une tête de mort.
Enfin, quand elle s'absentait, elle déléguait
son pouvoir son homme de peine, le prévenu
Dervais, âgé de vingt six ans, et lui disait de
la fouetter chaque fois qu'elle n'aurait pas fait
sa tache. Dervais ne manquait pas cette
étrange mission; lui, homme de vingt six ans,
il relevait les vêtements de cette jeune fille de
quatorze ans et demi, et la frappait au point de
se plaindre, après la seconde séance, d'en avoir
mal la main. Aussi, la troisième fois, se
servait il du manche du martinet.
C'est Dervais lui même qui a dit le premier
qu'il avait été autorisé par la mère et un té
moin en effet dit qu'en sortant la femme Fara
guel lui disait, en parlant de sa fille et de la
jeune apprentie Armandine Si tes deux rosses
n'ont pas Jait leur lâche elles auront vingt
coups de templet.
Un témoin ajoute que dans certains moments
elle avait l'air d'une furie
La jeune Rose souffre d'une maladie du
cuir chevelu, et l'on comprend l'effet que de
vaient produire les coups. Le sang jaillissait
chaque instant.
La prévenue se plaint beaucoup de sa fille,
qui n'a peut être pas un bon caractère, mais en
même temps elle pleure abondamment, et re
connaît que la paresse ou même la mauvaise
volonté d'un enfant ne peuvent justifier de
pareils emportements. Quant Dervais, il ne.
parait pas briller par l'inlelettigence. et ne com
prend peut être pas la gravité de son action.
Le tribunal condamne la femme Faraguel
quatre mois, et Dervais un mois de prison.
On écrit de Neu>- York, le j8 février 1862
Il y a quelques jours, il se passait une scène
assez eu rieuse devant le juge de police Touneley.
Un petit homme aux apparences craintives et
faiblesle sieur (Valler Sterlesigétait accusé
par sa femme d'adultère et d'abandon. Mm'
Sterlesig est taillée sur un patron bien différent
de celui de son mari elle est énorme elle a six
pieds huit pouces, mesure anglaise.
Après avoir jeté un regard dédaigneux et
méprisant sur son chétif épouxelle dépose sa
plainte Sa voix forte et mâle est Iunisson de
sa monstrueuse personne. Le juge, en entendant
ce bruit étourdissant, prie Mm° Sterlesig de par
ler plus bas. Mais il est impossible celle ci de
baisser le Ion de sa voix un diapason suppor
table. Elle raconte ses infortunes et sa
gesticulation animée donne son récit quelque
chose d'éminemment comique. Elle menace
plusieurs reprises de son poing puissant son in
fidèle mari, qui tremble, a cette vue. de tous ses
membrescomme si de cruels souvenirs reve
naient tout coup sa mémoire. Mmr Sterlesig
est, d'après ce qu'elle dit. une femme très-
vertueuse. Elle est un modèle de douceur et de
bonté. Jamaisdit elleje n'ai battu mon
mari, et cependant j'ai la force de le corriger;
et il m'a donné bien souvent, trop souvent l'oc
casion de le faire. C'est ainsi qu'elle termine sa
déposition contre M. Sterlesig.
n Ce dernier a fait un récit qui diffère en
tièrement de celui qui précède. Il n'a jamais
abandonné sa femme, mais c'est elle qui. au
mépris de ses devoirs, a abandonné le malheu
reux dont elle porte le nom.
A peine a t il prononcé ces paroles, qu'un
cri épouvantable retentit on dirait des rugis
sements d'une louve. L'auditoire est comme
effrayé. M. Sterlesig tremble plus que jamais.