2
ANGLETERRE.
FRANGE.
Comment, misérable! tu oses m accuser
d'avoir trahi mes devoirs! Tu sais bien que,
lorsque je suis partie en voyage, un voyage
qui a duré quatre ans, c'était dans un but
commercial. J'allais de ville en ville exposer
les dimensions gigantesques de ma taille. Je
cherchais gagner de l'argent pour Jaire ton
bonheur, ingrat!
L'avocat du mari. Mais pourquoi n'avez-
vous pas écrit, pendant ces longues quatre
années, celui qui avait le droit et le devoir de
connaître ou vous étiez?
Mm° Sterlesig balbutie une réponse inintel
ligible.
Le juge. Madame, vous accusez votre
mari d'adultère. Quelles sont vos preuves?
R. Mes preuves! mais j'en ai en abondance.
Sterlesig vit avec une femme perdue de moeurs.
Elle a un singulier goût, ajoute t ellechoisir
un amant aussi faible et aussi chétif Oh! je
voudrais la tenir un moment dans mes mains,
je lui ferais passer un mauvais quart d'heure.
Elle donne un violent coup de poing sur
une table, qui vole aussitôt en éclats.
Madame, modérez-vous, dit le juge, ou
autrement je serais obligé de vous faire expulser
de l'audience. Votre conduite est inconvenante.
La plaignante s'excuse en pleurantJe
suis bien malheureuse j'aime mon mari d'un
ardent amour, et il me trahit de la façon la
plus indigne. Monsieur le jugej'espère que
vous me ferez justice.
Mon père est fermier dans l'Ouest, il sera
très content de m'avoir auprès de lui. Je me
charge d'emmener d'ici et de fixer mon infidèle
mari avec moi.
Elle fait un mouvement vers M. Sterlesig
celui ci effrayé bondit vers la porte. Il est aussi
tôt arrêté et entouré par plusieurs policemen.
Madamedit le juge, ce que vous de
mandez est impossible je renvoie l'affaire a
une autre audience. En attendant que la cause
soit appelée de nouveau, il ordonne l'arresta
tion du mari et de celle de sa femme en qualité
de témoin.
Cette motion est occueillie par des cris
féroces poussés par Mm° Sterlesig.
NOUVELLES DIVERSES.
Uue tentative de meurtre vient d'être dirigée
contre Ja personne de M. C. Van Melderl, bourg
mestre de Zele, dit le Journal de Bruges. La nuit
dernière on a brisé plusieurs «lires a coups de pa«és
dans la chambre qu'occupait l'honorable bourg
mestre dans l'auberge de Fonlein, h Zele.
Toute la commune est en émoi. On ne sait quelle
cause attiibuer celte tentative homicide, qui s'était
déjà produite le a3 novembre dernier, ainsi que
nous l'avons rapporté vers cette date. M. Van
Meldert jouit de l'estime générale et l'on assure
qu'on ue lui connaît pas d'ennemis.
Le duc de Brabant, accompagné de MM.
Cattoir, Van Rode, ses officiers d'ordonnance, et de
M. docteur d'Udekem, est parti lundi a 9 heures
pour la France, avec le convoi de poste allant
a Paiis. Le comte de Flandre a conduit son auguste
fière la station du midi. On sait que le duc
de Brabant se rend Se ville.
On étudie en ce moment, h Anvers, l'em
placement d'un nouveau bassin destiné exclusive
ment recevoir les navires chargés de bois de
construction. On a vu par les rapports des cour
riers l'accroissement considérable des importations
de cet article, puisque, pendant l'année 1861, il
est entré dans le seul port d'Anvers 3^8 navires
chargés de bois, jaugeant ensemble 85,619 lon-
ueaus dont la valeur dépasse sept millions de
francs. Si l'on ajoutait h ce chiffre les arrivages
d'Osteude, de Gaod, Bruges, etc. on trouverait
probablement pour toute la Belgique que le seul
article des bois du Nord s'élève dix millions
importées par plus de 5oo navires.
Ou lit dans une feuille de Cbarleroi plu—
sieuts fermiers ont emprunté pour leurs chevaux
les noms des bandits de Satubre-et-Meuse. Au
concours de dimanche, Rabet était un magnifique
étalon de 3 ans, qui a obtenu la première prime; le
Jeune Hubinon, un bel et bon cheval, appartenant
h M. A. Demaret, de Mellet; Pitcheun poulain
de 2 ans, appartenant M"10 veuve Durieux, de
Rêves; un poulain de 1861, présenté par M. Pètre,
de Gouy le Piéton, s'appelait le Petit-Thomas.
Le fameux Jud figurait aussi sous la forme d'un bel
étalon de 2 ans, appartenant M. Bailleux, de
Monceau-sur-Sambre.
A propos des travaux de construction du
chemin de fer de Namur Givet, l'Eclaireur uous
donne les reuseiguemeuts suivants: Ou sait que
le souterraio de Lustin a été allégué par les deux
extrémités. La jonction des ouvrages se fera dans
quelques jours. Les travailleurs ne sont plus qu'à la
distance de douze mètres, de sorte que cette œuvre
est sur le point d'être achevée.
Ou lit dans le Moniteur des Arts, du
8 mars Depuis euvirou dix ans, uue société
d'industriels exploite les artistes frauçais, belges,
hollandais et allemands. Cette société siège alter
nativement Londres, Amsterdam, Horobourg-
les-Bains, etc.
Les nombreuses victimes remuaient ciel et
terre pour découvrir les auteurs de ces rapts
artistiques, sans que leurs efforts aient été jusqu'ici
courouués de succès.
M. Jacques Lernau, artiste français, plus heu
reux que ses collègues, est enfin parvenu découvrir
qu'une de ses œuvres importantes se trouvait ainsi
revendue a vil prix, par un intermédiaire, M.
X..., un des amateurs distingués d'Anvers, qui
possède une collection choisie d'œuvres modernes.
M. Léman fut satisfait de savoir que son
tableau de prédilection se trouvait eu si bonnes
mains, mais ue crut pas moins avoir le droit de le
revendiquer, avec les formes les plus courtoises, au
propriétaire actuel. Celui-ci ne tenant s'en
dessaisir qu'à bon escient et contre de beaux
et bous écus, il eu surgira un procès qui intéressera
et les artistes et tous ceux qui s'occupent d'art,
quelque titre que ce soit.
L'ours, le chien et le loup vivent rarement
plus de vingt années; le renard vil quatorze ou seize
ans, le chat uue quinzaine d'années, l'écureuil vit
sept ou huit ans, le lapin vit sept ans environ,
l'éléphant vit jusqu'à quatre cents ans. Quand
Alexandre-le Grand vainquit Porus, roi de l'Inde,
il lui enleva un éléphaul qui avait combattu si
vaiilammeut que le roi l'appelait Ajax. Le conqué
rant en fil hommage au soleil et lui rendit la
liberté après l'avoir marqué de celte inscription
Alexandre, le fils de Jupiter, a dédié Ajax an
soleil, et 55o ans après cet éléphant vivait encore.
Des poulets ont vécu trente ans, des rhinocéros
vingt ans. On cite un cheval qui a vécu soixante
ans; mais ces animaux atteignent rarement vingt-
cinq ou Ireote ans. Des chameaux atteignent parfois -
cent tus.
Selon Cuvier, les baleioes vivent un millier
d'années; les marsoins vivent trente ans. Un aigle
est mort Vienne l'âge de cent quatre ans. Des
corbeaux atteignent fréquemment la centaine. Des
cygues ont vécu trois ceut soixante ans. Une toi tue
a vécu cent sept ans.
La grande question de permettre les maria
ges entre beaux frères et belles sœurs vient
d'être agitée de nouveau la Chambre des
communes d'Angleterre. Le bill qui autorise
ces mariage a passé une seconde lecture
mais, proportionnellement au petit nombre des
membres présents,il n'apasséqu'àune majorité
de sept votes. C'est là une des questions propos
desquelles il y a une complète divergence d'opi
nion entre les deux Chambres de la législature
britannique.
Trente- deux fois successivement, la Chambre
des communes s'est déclarée en faveur d'une
modification de la loi dans ce sens, mais chaque
fois qu'elle a transmis le bill la Chambre
haute, les pairs l'ont rejeté. Généralement,
quand de pareils conflits s'élèvent et que les
Communes persistent saisir la Chambre des
lords de la question, les pairs ont pour principe
de céder mais dans la question du mariage
entre beaux frères et belles sœurs comme dans
celle de l'abolition des taxes ecclésiastiques, la
Chambre haute semble décidée demeurer aussi
inflexible repousser les bills que les Com
munes les voter. Le concert législatif ne paraît
donc pas prêt s'établir. Il faut ajouter, d'ail
leurs, que toute la haute société britannique
soutient énergiquement les lords dans leur
opposition.
EXÉCUTION DE DDHOLLSBD.
Depuis l'arrêt de la cour d'assises de Bourg, qui
l'a condamné la peine de mort, Dumollard, dans
sa prison, a constamment gardé le silence le plus
absolu sor les circonstances de sa vie. De jour en
jour il se montrait plus concentré, plus impénétra
ble. A toutes les questions de ses co-détenus, ses
réponses étaient brèves, laconiques jamais elles ne
révélaient la tristesse, la mélancolie ou l'appréhen
sion du dénoûment fatal.
Dumollard ramenait constamment la conversa
tion sur sa vigne, son champ, sou mobilier. Ces
pensées et la satisfaction d'un appétit brutal le
dominaient tout entier. S'il parlait de sou affaire,
c'était pour reproduire le système de défeuse qu'il
a donné devant la cour d'assises. A plusieurs re
prises, un mouvement de haine et de rage contre
Marie Pichon lui a échappé.
M. l'abbé Béroud, vicaire de l'église paroissiale
de Bourg et aumônier des prisons est venu lui
apporter les exhortations et les consolations de la
religioo. Dumollard parait y être resté insensible.
Tous les jours, le condamné descendait dans la
cour, avec le même calme, l'heure de la récréa
tion. Pour que ses chaînes traînant terre ne le
blessassent pas, il avait obtenu de les suspendre
l'aide d'une ficelle qu'il attachait au booton de son
pantalon.
Le 20 février, un de ses camarades de chambre
le berçait de l'espoir de la cassation de son arrêt et
de sa délivrance prochaine, Alors, M. Dumollard,
vous n'aurez plus votre bijouterie aux pieds, a lui
disait-il en termes d'argot. Mais Dumollard de
répondre: Oui, dans vingt jours, cela en fera
quarante depuis ma condamnation j'aurai le cou
coapé ou je serai libre; mais, j'aime mieux mourir
que d'être envoyé Cayeune ou seulement con-
damné la prison...
De sa femme le condamné ne s'entretenait pres
que jamais. On assure, néanmoins, qu'il eut un
éclair d'abandon ou de sensibilité son égard le
24 février, sur les neuf heures du matin, quand il
reçut la nouvelle que le parquet avait mis sa
disposition une petitesommesur celle provenant de
la vente de son bétail. Il y en aura bien la moitié
pour ma femme, dit-il la personne qui lui
transmetait cette nouvelle.
Quant la femme Dumollard, elle manifestait,
voir son mari, une vive répulsion. J'irai auprès
de lui, si on me l'ordonne, répondait-elle; mais
qu'on m'épargne cette aggravation de peine.
Un des jours de la semaine dernière, Dumollard
reçut la visite de l'évêque de Bellay, dans une
chambre isolée. Rien n'a transpiré au dehors de
cette entrevue.
Tous les jours, des lettres arrivaient de Paris,
de l'Angleterre, de la Suisse, de l'Allemagne;
elles avaient pour objet d'exhorter le condamné,
par tout ce qu'il y a de plus sacré, entrer dan la
voie du repentir et de l'aven de son crime.
Hier, M. D... a demandé voir Dumollard pour
mouler sa tête. On dit que le condamné y a con
senti. Jeudi dernier, la volumineuse procédure de
l'affaire est arrivée au parquet de la cour de Lyon
avec l'ordre de faire exécuter l'arrêt le samedi 8
mars. Aussitôt des dépêches télégraphiques ont été
expédiées au parquet de Bourg, et au juge de paix
de Mon'.lttel qui a été spécialement requis de re
cevoir les déclarations du condamné. En même