temps, les exécuteurs de Grenoble et de Dijon recevaient l'ordre de prêter main-forte b l'exécu teur de Lyon. Vendredi soir, a la lueur des torcbes, l'échafaud a été dressé sur la place de Montluel au milieu d'une affluence énorme qui grossissait de minute en minute; toutes les communes d'alentour y avaient envoyé leur contingent. Les fenêtres de la place avaient été louées b des prix fabuleux, et les cabaretiers s'étaient pourvus abondamment de comestibles. PendaDt qu'b Montluel on faisait ces préparatifs, voici ce qui se passait b Bourg. A quatre heures du soir, Dumollard était averti par le directeur de la prison. Je m'y attendais, a-t-il répondu. Autorisé b voir sa femme, il s'est réconcilié avec elle et ils ont soupé eosemble. A dix heures a eu lieu le départ. Partout sur la route une foule considérable assistait au passaga du condamné. Vers quatre heures du matin, le funèbre cortège est arrivé b Montluel. A toutes les questions qui lui ont été faites par le magistrat chargé de recueillir ses aveux. Dumol lard a répondu a Je paie pour autrui. Je suis innocent. M. l'abbé Carrel, curé de Montluel, et M. l'abbé Béroud aumônier des prisons ont accompagé b pied Dumollard jusqu'b l'échafaud où il monté avec calme et impassibilité. L'exécution a eu lieu b six heures. Un escadron de lanciers et deux compagnies de ligne maintenaient l'ordre dans la foule qui se pressait sur le lieu du supplice, et qu'on peut évaluer b huit mille personnes. Da ns la nuit du 3 au 4 mars, dit une feuille parisienne, un loup a fait son apparition dans la commune de Bacquepuis (Eure). Après avoir escaladé un petit mur qui sert de clôture b la cour du sieur Pestel, cultivateur, cet animal a pénétré dans la bergerie en sautant par une fenêite; Ib il s'est rué sur les montons et en a fait un carnage qui aurait fini par la destruction totale du troopeau, si le berger, réveillé par le bruit, n'était intervenu. Quel ne fut pas l'étonnement de celoi-ci, lorsqo'en entrant dans la bergerie il eu vit sortir le loup qui, la gueule ensanglantée passa comme un trait b côté de lui Ce ne fut qu'au bout de quelques instants que, revenu de sa stupeur, il sougea b éveiller son maîne et qu'on put se rendre compte de l'œuvre d'égorgeroent accomplie par le loup. Quarante- trois moutons gisaient sur le sol de la bergerie; ils étaieot d'ailleurs intacts, et cette circonstance fait présumer que la bête féroce n'était entrée que depuis peu de temps dans la bergerie quand l'arrivée du berger l'a forcée a Déguerpir. Une dame vêtue d'une robe de soie garnie de riches fourrures et dont la toileite était d'une remarquable élégance, dit une feuille parisienne, se trouvait dimanche, vers quatre heures de l'après- midi, dans un omnibus qui s'avançait dans la direction de la place Gadet. Près de cette dame était assise une jeune bonne en tablier blanc, b l'air naïf et candide, que sa sœur venait, quelques instants auparavantd'accompagner jusqu'b la voiture. Bientôt le conducteur, s'adressant b la jeune fille, l'invita b lui passer le prix de sa place; mais celle-ci, en fouillant dans sa poche, s'aperçut avec surprise et chagrin que son porte-monnaie n'y était plus. Je l'avais cependant tout b l'heure! dit- elle en laissant s'échapper une larme, et ma sœur m'a donné vingt-deux francs que je viens d'y mettre il n'y a que quelques minutes. Ne craignez rien, mademoiselle, lui dit un jeune homme qui avait vu tout ce qui s'était passé, votre porte-monnaie va vous être reudu. Et, sans perdre un seul des mouvements de la dame b la brillante toilette, il la liai sous son regard observateur jusqu'b la place Cadet, où il la signala aux sergents de ville. Le fait était vrai et la dame, trouvée nantie du porte monnaie dérobé, fut mise sur le champ en état d'arrestation. La petite ville de La Calle, ordinairement si calme dit le Moniteur de l'Algérie, a été vi»e- meut impressionnée par un crime qui dénote chez son auteur uue violence poussée au dernier paro- xisme de la fureur. Le nommé Grillo Luigi corailleur napolitain, b la suite d'une querelle de ménage suscitée sans doute par un sentiment de jalousie, s'est précipité sur sa femme, au moment où elle fuyait pour échapper b ses menaces, et l'a frappée de douze coups de couteau, dont onze dans le dos, et le douzième dans le côté gauche, où il a pénétré jusque dans la région du cœur, La malheureuse a pu se faire traîner jusqu'à l'hôpital pour y rendre le dernier soupir. L'assassio a été arrêté par ta gendarmerie quel ques instants après la' perpétration de soo crime, et au moment même où il faisait ses préparatifs pour preudre la fuite. Il a été immédiatement mis b b la disposition de l'autorité civile. VOLS AU RENDEZ-MOI. DEUX ARRESTA TIONS. Une filouterie qui se commet fréquem ment b Paris est celle dite au rendez moi. Elle s'exécute de plusieurs façons. Certains filous se sauvent avec la monnaie qu'ils ont reçue pour une pièce qu'ils n'ont pas donnée; d'autres prétendent avoir reçu moins que leur compte; d'autres profitent de ce que le marchand est occupé, pour reprendre sur le comptoir et la pièce changée et la monnaie. Tous choisissent, pour opérer,-le momeot de la vente, alors que l'attention du commerçant et de ses commis est fortement occupée. Quelques chevaliers d'industrie agissent de la manière suivante. Après avoir fait sur une pièce de monnaie uue marque particulière, ils vont dans une boutique, acbèteut un objet de peu de valeur, payent aveo la pièce marquée, sur laquelle ils se font rendre, puis se retirent tranquillement. Peu de temps après, au moment où la boutique est encombrée d'acheteurs, arrive un compère de l'aventurier. Il achète aussi quelque menue mar chandise et, 6ans avoir payé, il réclame sa monnaie. Le marchand déclare n'avoir rien reçu; mais le complice insiste et affirme avoir donné une pièce dont il signale la maïque. C'est calle qui a été remise dix minutes auparavant par son acolyte. Le marchand regarde dans son comptoir tt y trouve la pièce marquée. Confondu, il rend le monnaie b l'adroit filou, auquel quelquefois même il s'em presse d'adresser des excuses. Toujours confiaot, le commerce offre h cette catégorie spéciale de voleurs des facilités con tinuelles et éprouve ainsi chaque année des pertes considérables. D'une habileté sans égale dans ce genre de filouterie, le nommé F... et la femme D... l'avaient pratiquée ensemble pendant trois ans dans Paris, avec un succès qui leur avait valu des sommes importantes. Pour dépister la police par laquelle ils se savaient recherchés, ils allèrent se cacher b Boulogne. Mais bientôt ils se lassèrent d'y rester inaclifs et ne purent résister b l'envie d'exercer leur adresse dans la commuue. Informé que depuis quelque temps de nombreux vols au rendez-moi s'y commettaient, le commis saire fit exercer one surveillance attentive sur les individus dont on lui avait donné les signalements. Ils ne tardèrent pas b être arrêtés, et les charges qui s'élevèrent de tous côtés contre eux ne laissèrent aucun doute sur leur genre d'industrie. A la suite de leur interrogatoire, F... et sa complice ont été envoyés b la préfecture et écroués au dépôt. PRUSSE. On lit dans le Publiciste de Berlin Plus de doute que depuis quelque temps il ne se fasse b Berlin des préparatifs militaires extraor dinaires. Nous ne voulons parler ni du télégraphe établi entre le palais et les casernes, ni de la trans formation en caserne de la fonderie, où l'on a transféré une compagnie de la garnison de Spandau, quoique cette mesure vous donne presque irrésisti blement la peosée qu'on a eu l'intention de protéger la personne et la demeure du roi. Mais on remarque d'autres circonstances qui ont un côté grave. Ainsi nous avons déjà annoncé que l'on reprenait dans les casernes l'usage de tenir toujours prête une caisse de cartouches. Et il ne s'agit point de cartou ches pour les exercices de tir, car le sous-officier de service est tenu de porter toujours sur lui la clef de celte caisse, sous peine de six semaioes d'arrêts. En outre, depuis quelques jours, les caissons des canons sont remplis de munitions, et l'on a pris, pour les atteler plus court, des dispositions qui paraissent tendre b faciliter l'emploi de l'artillerie sur un terraio coupé. Le maréchal de Wrangel, comman dant dans les marches, a inspecté les caissons ainsi garnis. Enfin nous apprenons que dans plusieurs casernes est déposé un ordre cacheté, confié b la garde du sous-officier de service et destiné b être remis au commandant, pour qu'il l'ouvre, soit sur ordre télégraphique, soit dès qu'un danger mena cerait de la rue. Le peuple d'aujourd'hui est autre que celui d'il y a quatorze ans. Il a fait de graves et tristes expérieuces. Sa conscience politique et son idée da droit se sont assez développées pour qu'il sache bien que par un soulèvement violent contre un pouvoir militaire organisé il ne peut que succom ber, et jamais acquérir un droit durable. Même eu présence d'un coup d'Etat, qui d'ailleurs n'est pas b redouter en Prusse, il n'y aurait pas b songer b un mouvement révolutionnaire. On s'efforcerait de relever le droit atteint, mais cela par une voie pacifique, par la constance et par des actes sérieux, pourquoi donc alors de pareilles mesures, qui doivent inquiéter tiès vivemeut les esprits? Le Journal de Francfort raconte'l'anecdote suivante Le dernier bal de l'Opéra a Berlin a valu un couple proviucial un mécompte des plus désagréables. Un monsieur et nne dame d'un âge assez mûr, venus tout exprès b Berlin pour prendre part aux divcitissements si vantés du bal de l'Opéra, étaient descendus b l'hôtel de France. Vers six heures du soir, notre couple dioait copieusement, et b heures précises une voiture les conduisait au bal. Comme il arrive en pareil cas, un encombrement de voitures força le cocher b faire halle b proximité du théâtre, et il se ptssa bien une demi-heure avant que son tour vint d'avancer. Enfin la voiture se met en branle et s'arrête devant l'Opéra. Un domestique en livrée se hâte d'ouvrir la portière de la voiture, mais court en même temps ouvrir les portières de plusieurs autres voitures. Quelques minutes plus tard, le même domestique revient et referme la portière de la première voiture. Le cocher, qui était resté sur soo siège, reçoit l'ordre de s'éloigner et ramène la voiture sous un hangar de l'hôtel de France. Vers une heure de la nuit, des éclats de voix furieux retentissent sons ce hangar. L'hôtelier et ses domestiques accourent et voient devant eux, livide de colère, le monsieur venu de provioce, dont l'indignation ne connaît point de bornes. Les explications qui suivent permettent enfin deconnaître la vérité. Le couple provincial, habitué b faire on somme après ses repas, s'était endormi

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Le Propagateur (1818-1871) | 1862 | | pagina 3