ANGLETERRE. témoins l'attestent, Mm° Goodrich le savait, et, la main sur la conscience, il eût fallu qu'elle fût bien philosophe pour en prendre volontiers son parti. Or, la jeune femme aimait son mari; c'est assez dire que sa jalousie tourna l'aigre, et que Mm' Hubbell ne jouit pas en pais de sa conquête. Un jour qu'elle descendait d'un omnibus b Franklin- bouse, l'épouse outragée l'accosta et la souffleta d'iroportaoce. L'affaire est venue au tribonal et Mm' Goodrich, qui a voulo présenter elle-même sa défense, a déployé tant d'éloquence, a si habil lement justifié sa colère, a montré tant d'esprit et de cœur, que bien que la conscieoce do juge ne lût pas complètement éclairée sur le fait de savoir si la jalousie de la belle Emily était fondée ou non, il a cru devoir user d'indulgence; il a appliqué la loi qui condamne l'agresseur, maisil a épargné l'épouse blessée dans ses sentiments les pins chers. Mm> Goodrich a été condamnée 5 dollars (a5 fr.) d'amende. promesse de mariage. inexécution. dommages intérêts. Le tribunal civil de Paris vient de rendre un jugement extrêmement important. Voici dans quelles circonstances M. Dupluvinage, qui est la tête d'un commerce important, eut la pensée, restant veuf avec trois enfants, de faire venir une nièce, Florine Devez. C'était une jeune ouvrière ayant vécu, Reims, de la vie de famille, et n'yant jamais quitté ses parents. Elle avait près de trente ans. Pleins de confiance en leur frère, les parents de Florine la laissèrent venir h Paris chez son oncle. Bientôt l'oncle s'éprit de sa nièce et promit de l'épouser. Grâce cette promesse, l'influence qu'elle lui donnait, jointe b celle de l'âge et de la situation, il obtint de la confiante Florine ce qu'elle aurait dû lui refuser. Bref, la nièce de M. Duplu- vinage devint mère. Florine se rendit b Reims auprès de son père et de sa mère, et là elle leur fit l'aveu de sa faute. Eo même temps M. Dupluviuage promit de réparer celte faute, et renouvela ses promesses. L'eofant avait déjà troisans lorsque Dupluvinage écrivit b Florine que le mariage était impossible; mais, en même temps, il promettait de ne pas laissersa nièce dans la peine; mais il oublia la promesse d'argent comme il avait oublié la pro messe de mariage il a laissé Ib Florine et son enfant, et a épousé depuis une veuve avec une riche dot. Ainsi abandonnée, Florine s'est adressée anx tribunaux, et a demandé 25,000 fr. de dommages- intérêts. Le tribunal, a statué en ces termes Attendu qu'il résulte des documents produits et des pièces émanées de Dupluvinage lui-même qu'ayant fait venir chez lui la demoiselle Devez, sa nièce, il est parvenu, b l'aide de l'influence que devait naturellement lui donner sa qualité d'oncle et d'une promesse de mariage dans laquelle celle- ci devait avoir confiance, b nouer avec elle des relations intimes qu'il a brisées pour contracter un mariage plus avantageux au point de vue de la fortune, encore bien que ces relations eussent eu pour la demoiselle Devez les conséquences les plus fâcheuses et les plus regrettables; Que par ces faits condamnables il a volontai rement causé b la demoiselle Devez, sa nièce, un préjudice dont il lui doit réparation, et pour l'appréciation duquel le tribunal a les éléments nécessaires; Par ces motifs, Condamne Dupluviuage b payer b la demoi selle Devez, b titre de dommages-iotérêls,la somme de 15,000 fr., ensembles les intérêts. 4 nécrologie. Nous apprenons que M. Victor Savart, membre de la Chambre des représentants, est mort samedi d* a la suite d'une couite maladie. Une dépêche annonce la inort du feld- maréchal prince Windiscbgraetz. Né en 1787» 'e prince Windischgraetz avait pris part toutes les luttes de l'Autriche contre Napoléon 1". C'est b Leipsick, b Troyes et b La Fère que sa brillante conduite le fit sortir de la foule des officiers. On n'a point oublié la lutte qu'il eut b soutenir en juin i84S b Prague et cette bataille de quatre jours qu'il livra au mois d'octobre de la même année contre les habitants de Vienoe. On se rappelle encore comment l'expérience militaire du prince Windischgraetz, son éclatante bravoure, sa répu tation conquise par une si longue suite d'efforts, tout viot échouer contre l'héroïsme obstiné des Hongrois. Vainqueur b Prague et b Vienne, le prince Windischgraetz ne pot pénétrer plus loin que Pesth-Bude, d'où il fut délogé par Goergey eo avril i84g. Cependant, comme le prince Win discbgraetz avait successivement reconquis pour les Hapsbourg les principales provinces en déçb de la Leitha, il se considérait comme un de ceux qui avaient sauvé l'Autriche en i846. Il l'avait en tout cas assez mal sauvée; le système que Wio- discbgraetz et ses amis firent prévaloir après leur triomphe a failli devenir aussi fatal b l'Autriche que les plus cruelles défaites. M. le comte de Nesselrode a succombé le 23 mars, l'âge de 82 ans. Il était chancelier de l'em pire de Russie. Parvenu aux postes les plus élevés de la diplomatie de son pays, il a signé la conven tion de Brescia, le traité des subsides avec l'Angle terre, celui de l'alliance de Tceplitz en 1813il a été plénipotentiaire au Congrès de Vienne, et auteur priucipal des traités d'Andrinople et d'Uukiar-Iskelessi qui avaient assuré b la Russie une influence dominante en Turquie. Il a joué pendant quarante ans le plus grand rôle dans les affaires de l'Europe. Il s'était retiré en i855. Sous le titre lugubre: un homme entebré vivant! les journaux écossais nous apportent la relation d'augoisseS suprêmes endorées par on jeune Anglais qui, atteint d'une affection léthargi que, avait été plougé vivant dans la tombe, puis arraché b la terre et transporté dausun amphithéâ tre pour y être soumis b des opérations anatomi- ques. Le jeune homme, sauvé miraculeusement, a écrit lui même ie jourual de sa mort. Voici cette page saisissante A la suite de fatigues longtemps soutenues, je fus atteint d'une fièvre nerveuse qui épuisa rapi dement le reste de mes forces. Chose étrange! il me semblait que la vie, qui abondonnait peu b peu mon corps, se réfugiait tout entière dans mes facultés morales. Réduit au dernier degré de l'atonie physique, jamais je n'avais éprouvé plus de force, ou même d'exaltation morale. Le moment de la crise définitive arriva; je me seutiscomme emporté dans un tourbillon lumineux, au milieu duquel flottaient les figures les plus fantastiques; et tandis que mon corps était agité de frissonnements couvulstfs, b mes oreilles reten tissaient les éclats et les sifflements d'une affreuse tempête. Je me cramponnais de toutes mes forces b la vie qui paraissait vouloir m'échapper, lorsque enfin mes sensations devinrent si confuses, que je m'abaodoouai malgré moi b cet état qui n'était pas sans douceur, et je perdis bientôt tout sentiment de l'existence. Je ne sais combien de temps j'étais demeuré ainsi, quand tout b coup je me réveillai dans un calme presque extatique mon corps étais parcouru par une foule de sensations voluptueuses, et mes sens, ainsi que moD intelligence, m'étaient complètement reodus. Eo ce moment, le médecin s'étant approché de mon lit, laissa échapper ces mots Tout est fini! puis il recouvrit ma figure d'un drap et met oreilles furent frappées par les sanglots de ma famille éplorée. Alors je voulus parler, faire uu mouvement; je seulis avec horreur que ma langue était fixée b mon palais, et que mes membres, qui percevaient par faitement le contact des couvertures qui m'enve loppaient, enlacés par d'in isibles liens,se refusaient b exécuter le moindre mouvement. Le lendemain, on ensevelit mon corps, et du rant trois jours entiers je restai exposé pendant que les amis de ma famille venaient faire leur visite de condoléauce. J'eoteodais et je comprenais toot ce qui se passait autour de moiet, de minute en minute j'espérais vainement que le charme fatal qui pesait sur moi allait être brisé. Le matin du quatrième jour, je fus remis aux mains des eusevelisseurs, qui me traitèrent avec la plus grande brutalité; et lorsque l'un d'eux, pour me faire entrer dans une bière trop étroite, poussa de son genoux ma poitrine, j'éprouvai une si cruelle torture que j'eus l'espoir un instant que la possi bilité d'exprimer ma souffrance m'ai lait être rendue. La bière fut recouverte, et j'entendis bientôt le grincement des clous qui s'enfonçaieut lentement dans le bois. Il me serait impossible de trouver les termes pour exprimer ce que mon âme contenait alors de terreur et de désespoir. Chaque coup vi brait douloureusement dans ma têtecomme on glas funèbre m'aononçant le destin qui m'était réservé. Eocore si j'avais pu crier! si, même sans espoir d'être entendu, j'avais pu pousser quelques gémis sements! mais non tandis que ma poitrine et mes épaoles étaient écrasées dans un étroit espace; tan dis que je sentais ma tête et mes membres meurtris et déchirés par le dur contact et par les aspérités de la bière, il me fallait rester immobile et sans voix. Je n'aurais jamais cru que, sans se briser, un cœur pût être labouré par d'aussi épouvantables angoisses. Bientôt on me souleva, on me déposa sur le char fuuèbre qui se mit eo marche, et on arriva an cimetière. En ce moment, je voulus tenter un der nier effort; mais ce fut toujours en vain. Je me sentis balancer au-dessus de la tombe qui allait m'engloutir, et, tandis qu'on me descendait lente ment, je distinguais le bruit que faisait le cercueil eo froissaut les quatre murailles de terre. a Quand je fus parvenu au fond de la fosse, j'entendis la voix grave et solennelle d'un ami: il m'adressait on tendre adieu qui parvint jusqu'à moi, comme un dernier écho des bruits de la terre, et bientôt un fracas épouvantable qui s'éteignit peu b peu comme les roulements lointains du ton nerre m'annonça que ma tombe venait d'être comblée. Tout était donc fini! J'étais pour toujours sé paré des vivants! Comment oe suis je point mort en cet instant terribleI Je ne sais combien de temps je restai'ainsi. J'avais espéré que mes angoisses ne seraient pas de longue durée et qu'une ptomple asphyxie éteindrait et mes sensations et mon existence. Je m'étais encore trompé. Jene pouvais faire aucun mouvement, mon cœur ne battait pas, ma poitrine n'était soulevée par aucuoe aspiration, et pourtant je souffrais; je vivais, car mon intelligence et ma mémoire n'avaient rien perdu de leur énergie. Cependant mes tristes pensées furent inter rompues par un bruit lointain qui d'abord me plongea dans une auxiété dont je ne pouvais me rendre compte. Le bruit se rapprocha insensible ment et je sentis mon cercueil arraché des entrail les de la terre. On l'ouvrit, et je perçus l'impres sion d on froid pénétrant, impression qui me parut pourtant délicieuse, illuminée qu'elle était par un rayon d'espérance. On me transporta longtemps, puis on me laissa lourdement tomber sur un marbre humide et glacé. Alors j'entendis autour de moi une multitude

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Le Propagateur (1818-1871) | 1862 | | pagina 2