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45me Année. Samedi 17 Mai 1862. N° 4,656.
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I pi JK P^® JB I I Pour Ypres
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
Hier ont eu lieu avec grande pompe
l'église de S'-Marlin les obsèques de feu
Mr Legraverand. Toutes les autorités civiles
et militaires, la Société des anciens Frères
d'Armes de l'Empire, les arcbers de S'-Sé-
bastien ert costume et d'autres notabilités
avaient voulu témoigner par leur présence
de la part que la ville d'Ypres prend la
perle qu'elle vient de faire.
Les honneurs militaires ont été rendus
au défunt en sa qualité de chevalier de
l'Ordre de Léopold par un peloton d'infan
terie et un détachement des Sapeurs-
Pompiers. Le corps a été porté jusqu'au
cimetière par des sous officiers de la gar-
nison. Les coins du poêle étaient tenus
par MM. Vande Casleele, vice-président de
la Société des Frères d'Armes, De Codt
vice chef-homme de la Société Royale de
S'-Sébastien Vanalleynes et Vanheule
conseillers communaux.
Lorsque le cortège fut arrivé au champ
du repos, Monsieur le capitaine pensionné
De Brabant prononça au nom des Frères
d'Armes de l'Empire le discours suivant
Messieurs,
Nous venons rendre un dernier hommage
au digne et respectable vieillard qui vient
d'être descendu dans cette tombe.
11 serait superflu de faire ressortir les
services rendus par Mr Legraverand dans
sa longue et noble carrière civile; je n'ai
vous parler que de la part qu'il a prise
la vie militaire. Nommé capitaine de la
garde nationale il sut toujours se conci
lier l'estime et la considération de ses
chefs, de ses collègues et de ses subordonnés.
11 fut l'un des fondateurs de la Société
des anciens Frères d'Armes de l'Empire,
et ne cessa de se montrer zélé, dévoué et
bienveillant pour tous. La Société perd en
lui r une de ses premières colonnes nos
vifs et bien sincères regrets le suivront
dans la tombe. Qu'il repose en paix et que
le Ciel lui accorde les félicités promises
l'homme de bien. Adieu Legraverand
adieu notre cher président. Adieu.
Après ce discours Monsieur Bruyneel,
avocat près la cour d'appel de Gand et
ami du défunt s'exprima en ces termes
Permettez moi, Messieurs, de payer
mon tour un faible tribut la mémoire de
l'boinme de bien que la ville d'Ypres vient
de perdre. Les sentiments de bienveillance
que le défunt m'a toujours témoignés, et
les relations de bonne amitié qui m'unis
sent aux membres de sa famillem'excu
seront auprès de voussi je viensmoi
étranger, porter la parole en celle triste
cérémonie.
Monsieur Martin-Corneille Legraverand
naquit Ypres le 20 mai 1775. Son éduca
tion terminée, les circonstances du temps
le forcèrent prendre les armes. Enrôlé
dans la garde nationale mobilisée, il
assista en qualité de député de la ville
d'Ypres au couronnement de l'empereur
Napoléon en 1804.
Le 20 brumaire an XIV, il reçut le bre
vet de sous lieutenant de la garde nationale
d'élite en activité du département de la
Lys. Promu successivement aux grades de
lieutenant et de capitaine, il eût pu aspirer
entrer dans la garde impériale avec le
grade qu'il occupait; mais il préféra reve
nir dans sa ville natale.
En 1814, il fut nommé receveur de l'en
registrement et le 24 février 1820. conser
vateur des hypothèques Ypres. Il occupa
ce poste important jusqu'en 1849, époque
laquelle il sollicita, raison de son grand
âge, d'être admis faire valoir ses droits
la retraite.
Pendant ce long espace de tempsLe
graverand ne négligea aucune occasion
d'être utile ses concitoyens. Capitaine
de la scliuttery sous le régime hollandais,
y pp pp pp m pp H H| H p p pp PRIX D'ABONNEMENT
REVEE POLITIQUE.
La prise de la Nouvelle Orléans demeure le
sujet principal des dépêches d'Amérique. On
assure aujourd'hui que le commandant des
jorces fédérales a demandé la reddition sans
conditions. Si cela est vrai, les réserves n'avaient
aucun objet, et la ville est purement et simple
ment tombée en la possession des fédéraux.
Un journal important, le New York Herald,
assure qu'après la visite de M. Mercier
Richmond. les membres du gouvernement fédé
ral et du corps diplomatique ont discuté, dans
une conférence tenue Washington, l'oppor
tunité d'un armistice. Nous avons peine croire
que le Nord songe en ce moment a accorder un
armistice, dont le Sud seul recueillerait le profit.
Le Nord n'a plus qu'à frapper un grand coup.
Ni la résolution, ni la force ne lui font défaut t
il doit donc fuir toutes les temporisations qui
pourraient ouvrir une porte aux négociations
diplomatiques.
D'après les nouvelles de Madrid qui se
rattachent la question mexicaine, le général
Prim aurait donné sa démission. On signale
une longue entrevue du maréchal O'Donnell
avec MBarrot, ambassadeur français, rela
tivement au Mexique. Jlexisle peut être quelque
rapport entre cetlecon/érence etiémotion causée
Madrid par un article du Times qui exprime
le vœu que le Mexique devienne une colonie
française.
Des désordres assez graves ont eu lieu sur
divers points dans le Portugal.
D'une note publiée par la Gazelle de Casse!,
il résulte que l'électeur s'obstine refuser toutes
tes concessions qui lui sont demandées par
la Prusse et par VAutriche II refuse même de
faire droit l'invitation de relarder les élec -
lions, qui lui a été faite par la Diète.
Les dépêches de Raguse continuent h nous
porter la note des combats, sièges et coups de
main que Mucalovich et les insurgés de i Her
zégovine tentent contre les Turcs. Cela dure
déjà depuis plus d'un an, sans que ni les
Turcs ni les insurgés avancent beaucoup. On
pille, on brûle, on massacre tantôt au nom du
Coran, tantôt au nom de l'Evangile voilà le
plus clair de cette Iliade. Mais il est un fait
digne de remarque, qui domine et caractérise
ce monotone échange de coups d'épée sans but
et celte guerre obscure de montagnes sans
résultats possibles c'est que les Monténégrins
ne cessent point de faire des incursions sur le
territoire turc, pour y ranimer l'insurrection
quand elle languittandis que les Turcs,
retenus par des traités que leurs adversaires ne
respectent guère, s'interdisent de franchir la
frontière du Monténégro et d'aller éteindre dans
son foyer l'incendie qui ravage leur propre
territoire.
r* v-î-t sr—
Le Saturday Reviecv, feuille hebdomadaire de
Londres qui occupe une place importante dans la
presse britannique, consacre au Roi Le'opold un
hommage que la presse belge reproduira avec un
orgueil uational bien légitime. Voici en quels termes
le Saturday Review s'exprime
L'aoxiéié générale occasionnée par toute l'Europe
par la maladie du roi Léopold peut servir II nous
rappeler la place très-remarquable que ce monar
que a occupée dans le système politique du monde
occidental. L importance attachée celte existence
ue s'explique pas exclusivement par les qualités
personnelles du prince lui-même.
A la lete du Benjamin des royaumes européens,
il a pesé aussi puissamment dans les conseils du
monde que le plus puissant des souverains de son
temps et sa mort, lorsque l'heure en sonnera, sera
la perle d'une garantie considérable d'ordre et de
paix.
L'émotion qui agite en ce moment tous les an
ciens des potismes du continent démontre que
l'importoriité des faits a imposé aux souverains et
aux cours la conviction de cette vérité, que les rois
constitutionnels qui agissent loyalement avec leors
sujets peuvent jouir des joies réelles du pouvoir
aussi bien que les autocrates, et qu'ils peuvent, en
outre, jouir des joies de la sécurité. Si la Belgique,
qui, sa constiiutiod eu royaume séparé, était
regardée par les hommes d'Etat comme la proie
certaine de la France, court un danger bien moin
dre d'être absorbée que la Prosse rhénane, c'est une
circonstance due principalement ii la ferme loyauté
avec laquelle le roi Léopold a tenu les promesses
qu'il a faites lorsqu'il a accepté la couronne.
Chacun voit le résultat et sa cause. La sécurité
de la Belgique repose dans tme absence absoloe de
toot prétexte d'agression. Si le roi Léopold s'était
conduit comme l'a fait lesouveraio dont la position
ressemble le plus fe la sienne, et si la Belgique avait
été gouvernée comme la Grèce, la question belge
serait maintenant le grand danger et le grand em
barras du jour.
Si ces difficultés n'existent pas, nous le devons
au fait que It-Roi Léopold est beaucoup plus habile
et plus sage que le roi Othon.
La loyauté du Roi des Belges envers sou peuple
a été dictée par uu bon sent tellement frappant
qu'il ressemble presque s du génie. Il a donne eu
maintes occasiousdes preuves de celte haute qualité
Les rares périodes de crise qui oui travetsé la courte
histoire de l'Etat belge ont trouvé uuifoiuiéiueut le
Roi k la bautear de la difficulté.
Quand la république frauçaise a proclamée,
tt que le ministre de t'iulérieur de Frauce organi
sait secrètement une invasion de ses territoires,
l'énergie avec laquelle le gouvernement du Roi
Léopold a repoussé l'attaque n'a pas été moins
remarquable que le tact avec lequel il évita de faire
naître inutilement des griefs offensants par ses
remontrances.
Qaand l'empire surgit, il parut d'abord menacer
h la fois la Belgique et son Roi. Et cependant le roi
Léopold n'a pas seulement conjuré et écarté le
danger, mais il a réussi a obtenir sur l'esprit de
l'empereur des Français autant d'influence qu'eu
peut exercer aucun homme vivant.
Le conflit entre Napoléon et l'Autriche, dont le
Roi des Belges s'est intimement occupé, n'était pas
de nature être évité par des conseils ou de la
diploaratie; mais plusieurs mésintelligences subsé
quentes ont été, dit on, arrangées par son inter
vention et bien des difficultés qui ont temporai
rement troublé les relattous amicales eotre l'An
gleterre et ce pays ont été, croit-on, également
résolues par sa médiation toujours ptête.