2 DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES. Rome, 10 juin. L'Adresse que les évêques ont présentée au pape déplore l'oppression de l'Eglise par l'Italie. Elle déclare le pou voir temporel nécessaire k l'indépendance de la papauté. Elle approuve ce que le pape a fait pour défendre les droits dn saint-siège. Elle condamne les erreors condamnées par lui, et l'engage k persévéter dans sa ferme résistance. Varsovie, 10 juin. Aujourd'hui a eo lieu la première séance du conseil d'Etat. Saint Pétersbourg, 12 juin. Le Jour nal de Saint Pétersbourg publie un décret im périal qui nomme le grand? duc Constantin vice-roi de Pologne et M. YVieloposki chef do gouverne ment civil et vice-président du conseil d'Etat. ANGLETERRE. FRANCE. est arrivé second daos le prix appelé Shirley State». Un nouveau fPerther. Double suicide. Hier d'eux cercueils entraient ensemble dans l'église Bonne - Nouvelle. Ils étaieot suivis d'un homme paraissant eu proie k une profonde douleur et uoe foule considérable, dont on remarquait le recueillement et la tristesse. Voici un court récit des événements par suite desquels avait lien la double cérémonie funèbre La demoiselle Palmyre, modiste demeurant chez ses parents, était douée d'uo extérieur charmant auquel se joignait le plus aimable caractère. Aussi était elle très recherchée en mariage. Parmi les as pirants a sa main, elle avait distingué le siebr B..., courtier de commerce, qui éprouvait pour elle une vive passion. Quoique l'aimant beaucoup elle- même, elle crut cependant devoir, par respect filial, se rendre aux vœux de ses parents eo épousant le sieur D..., employé daus une maison de commerce, doot la position sociale leur semblait plus avanta geuse que celle de son rival. Le mariage fut célébré il y a quatre ans. Les sieurs B... et 0... étaient amis iotimes. Quoi que n'ayaot ensemble aucun rapport d'intérêt, ils ne cessèrent pas de se voir. L'amour mutuel de B... et de Palmyre devenue la dame D...ne s'était nullement affaibli, et. comme ils s'efforçaient de le comprimer, il s'augmentait en raison même de la violence qu'on lui faisait. Pour essayer de l'étein dre, B... prit le parti de se marier, il épousa une jeune femme possédant d'émioenfes qualités, et il fit tout soo possible pour l'aimer; mais il ne larda pas s'apercevoir que ce moyen héroïque était impuissant le guérir. Néanmoins, pendanr quatre années, ni B..., ni la dame D... ne manquèrent k leurs devoirs. Ce qu'ils eorent souffrir ne saurait s'exprimer, car D..., qui aimait véritablement son amil'attirait toujours chez lui, et, lorsqu'il voulait fuir, le contraignait k rester. Enfio, il y a quelques jours, rapprochés par une circonstance fortuite, les deux amants ne porent résister k la passion qui les entraînait l'un vers l'autre. A peine la faute était-elle commise, qu'ils en éprouvèrent le remords le plus cuisant. La jeune femme se jeta aux pieds de son mari dès qu'il fut rentré et lui dit en sanglotant Chassez-moi! tuez-moi.'Je suis maintenant indigne de vous! Et, comme il restait muet d'élonnement et de douleur, elle lui raconta ses lottes, ses souffrances, tout ce qu'il lui avait fallu de courage pour ne pas faillir plus tôt; elle lui fit comprendre que, domi née par un illégitime amour, elle n'avait jamais cessé d'avoir pour lui le respect, l'estime, l'atta chement, dont il était digne. Au lieu de maudir, le mari pleurait. B... arriva ao milieu de cette scène et fit une confession sem blable. D... les releva tous les deux et leur dit Vous êtes des cœnrs loyaux et bons; la fata lité seule vous a rendus coopables. J'ai lu dans le fond de votre pensée et j'y ai vu la sincérité. Pour quoi vous punirais je d'un entraînement auquel toutes vos forces morales n'ont pu résistei La pu nition est dans le regret que vous éprouvez. Pro niellez-moi de cesser de vous voir, et vous n'aurez rien perdu de mot. estime ni de mon affection. Ses deux infortunés amants s'empressèrent de faire le serment qu'on leur demandait. La manière dont leurs aveux avaient été reçus par le sieur D... augmenta leur douleur et leurs remords. Le hasard leur ayant ménagé une entrevue qu'ils n'avaient pas cherchée, ils se fiient part de l'étal de leur âme et s'accordèrent k penser que la mort était le seul remède aux maux qu'ils éprouvaient. Ils résolurent de se faire mourir ensemble et de mettre k exécu tion ce projet le lendemain, le sieur D... devant être absent de son domicile une grande partie de la journée. Après avoir fait leurs derniers préparatifs, ils écrivirent une longue lettre daos laquelle ils di saient eo substance u Notre amour est plus fort que toutes nos pro messes. Nous pourrions encore, malgré nous, faiblir, succomber; nous sommes déterminés k ne pas le faire. Non, nous ne conserverons pas une existence coupable. Par notre expiation, nous fe rons voir que la faute que nous avons commise ne doit pas être attribuée k notre volontémais k l'égarement d'une passion dont la violence était au-dessos de nos forces. Cette lettre touchante se terminait par une de mande de pardon, et les deux amants imploraient comme une grâce d'êne réunis dans le même tombeau. Lorsque le sienr D... rentra, un étrange et dou loureux spectacle s'offrit k lui. Au milieu de l'épaisse vapeur s'exhalant d'un fourneau portatif rempli de charbon, les deux amants, couchés tout habillés sur le lit, étaient étroitement enlacés. Ils avaient cessé de vivre. Lorsqu'on essaya de les séparer, lêurs bras détendus se rapprochèrent, et, par un étrange effet du hasard, la main de la jeune femme tomba dans celle de l'homme qu'elle avait aimé. Le sieur D... a respecté le dernier vœu des amants; il a voulu qu'ils eussent part ensemble aux prières de l'église et qu'an cimetière ils ne lussent pas séparés. Cet événement a causé daos le quartier où il s'est produit, la plos vive émotion. Il a eu aussi nn douloureux résultat. La dame B... aimait beaucoup son mari. En apprenant sa mort tragique, elle a donné des signes d'aliénation men tale. On espère cependaut que les soins affectueox dont elle est l'objet amèneront sa guérison. L'Adresse est signée par 21 cardinaux et 244 évêques. Le grand-duc Constantin et soo ad latu» sont attendus pour le mois de juillet. Le général Loders continuera a diriger les affaires du gouvernement, jusqu'après l'arrivée du grand -dur, Oo écrit de Liverpool, le 12 mai 1862: La misère ne fait que s'accroître dans les dis tricts manufacturierspar suite de la guerre d'Amérique. Sur 1,678 filatures employaot 349,316 ouvriers, 278 avec 67,861 ouvriers sout complètement arrêtées. Dans les antres, nn qnart seulement des ouvriers reçoit des salaires entiers, tous les autres ne travaillent que cinq, quatre, trois ou même deux jours seulement par semaine. I! eu résulte pour le montant général des salaires payés entre l'époqoe où toutes les filatures étaient en pleine activité, et la période de chômage ac tuelle, une différence en moins de 87,500 I. st. (2,187.500 fr.) par semaine, et cela dans une seule branche de l'industrie cotonnière. On peut mesurer par ces chiffres le degré de la misèie qui pèse sur In majeure partie desouviiers dans le comté de Laucastte, depuis plusieuis mois déjk. Les prix des colons n'ont, depuis un mois, subi que des fluctuations peu sensibles. Après avoir été Irès-fetroes pendant plusieuissrmaines, sous l'to- fluence d'une amélioration des martbés des Indes, qui avait ranimé nn peu la fabrication, ils ont de nouveau nn peu fléchi, et les transactions se sont bornées aux besoins immédiats. Plus le stock des qualités améticaines diminue, plus les qualités Surfile sont recherchées, et, a l'aide de nouvelles et ingénieuses machines, elles entrent chaque jour davantage dans la fabiication. Un choc très- grave a eu lien mardi sur le chemin de fer de Londres, Chatam et Douvres, près de la station de Cbalam.Un nain fort considérable partit de Sheetness, k neuf heures, était ternpli de voyageurs qui allaient visiter le Palais de Cristal. A Chatam on y adjoignit d'autres voitures et l'on jugea nécessaire d'attacher nue antre locomotive, Oo filen conséquencereculer le train dans le tunnel de Cbataas- Htll. C'est alors que, par suite d'on signal mal compris, un fort train d'excursion parti de Doovres y pénétra k tonte vitesse. Plus de vingt personnes ont été grièvement blessées, mais heureusement personne n'a été tué. On lit dans le Courrier du Havre Di- manche matin,k la marée, est sorti du port le trois- mâts anglais Colorado, capitaine Haws, se rendant k Québec, et dont le voyage a été marqué, dès sa sortie, par divers incidents fâcheux. En effet, le Colorado n'était pas plutôt en rade qu'un matelot nommé Peterson tombait de la grande vergue sur le pont et se cassait nn bras. Relevé quelques in stants après, il a été ramené k terre par le canot de la patacbe des dooanes, et transporté k l'hospice. Eo outre, une rixe a eu lieu k bord du Colo rado entre l'équipage et le lieutenant qui, s'armant d'un revolver, menaça de s'en servir, menace k la quelle no des matelots répondit eo découvrant sa poitrine et disant a Fais feu si to l'oses! Le capitaine et le second ont eo toutes les peines do monde k calmer l'équipage et s désarmer le lieute nant. Un jeune homme de vingt ansnommé Roudettailleur d'habits dans la commune de Tonrtrès (Lot-et-Garonne), épousa, il y a quelques mois, une jeune fille de dix-sept ans, nommée Marie Camus. Les légèretés de la jenne femme ayant éveillé les soopçons dn mari, celui-ci usa d'un procédé qui ne vieillit pas il prétexta nne absence et rentra dans la nuit du 4 juin, armé d'un fusil k deux coops. En franchissant le senil de sa chambre, il voit k la clarté de la lone denx personnes se dresser sur son lit. Il fait feu sur l'homme d'abord et sur la femme ensuite. Le premier, atteiut sous le menton, roeort immédiatement. La femme, frappée k peu près au même endroit, a néanmoins la force de se lever et d'appeler ses parents. Elle a vécu cinq heures encore. L'homme qoi a succombé se nom mait David; il était célibataire et cultivateur daus la commune de Toortrès. Après ce double meurtre, dit le Journal de Lot-et-Garonne. Roudet s'est rendu au bourg de Toortrès, où il s'est constitué prisonnier. Dimanche dernier, vers cinq heures, les voyageurs qui se trouvaient dans l'omnibus par courant l'itinéraire de la Maisoo - Blanche k la Pointe-Saint- Eustache, ont été témoins de l'arres tation d'une voleuse qui, poor ne pas éveiller les soupçonsavait eu recours k no singulier strata gème. Une dame parfaitement mise était montée dans la voiture k son point de départ. Elle affectait de laisser ses bras eu croix sor sa robe, ses mains étaient parfaitement gantées. Un mouvement très-rapide, produit par une main qui n'appartenait point aux deux bras pendants, attira subitement l'attention d'un monsieur qui se trouvait placé au fond de l'omnibus. Il crut remarquer que les deux bia9 immobiles n'étaient qu'uu trompe l'œil ils étaient en caoutchouc, comme on a pu s'en con vaincre quelques instants après, taodis que les deux bras naturels, qui étaient cachés sous la robe, en sortaient de temps en temps, par une large fente, pour s'exercer aux dépens des voyageurs assis k côté de la belle dame. Dans ce trajet, une grosse femme donna au con ducteur.le signal d'anêt. Le monsieur profita de ce moment pour déooncer la voleose. Pardon, madame, dit-il celle qui s'apprêtait k descendre, ne vous manque-r-il pas quelque chose, n'avez vous rien perdu? Mais, non, monsieur. Eh bien, regardez dans votre poche de gauebe. Bonté du ciel! s'écria la femme, mon porte monnaie m'a été enlevé. Et vous, moDsienr, continua l'observateur en s'adressant au voisin assis k gauebe de la dame gantée, ne vous manque t- il rien aussi? Le voyageur se fouilla, trouva bien son porte- monnaie, mais sa montre avait dispaïu.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1862 | | pagina 2