45me Année.
Mercredi 18 Juin 1862.
No 4,665.
PRIX ^'ABONNEMENT
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
BULLETIN HE LA SANTÉ DU ROI.
801 SlTff!
opp
BUREAU
l'pres, rue de 1.111e,
ÉDITION l
Mercredi et Samedi.
LE PROPAGATEUR.
Pour Yprea fr. par an.
Pour le Dehors i I fr. c'
par an.
En France, les affaires du Mexique absorbent
toutes les préoccupations. Depuis que Ie Moniteur
universel est venu faire part b l'opinion publique
de l'échec qu'ont subi fes troupes françaises, toute
autre question est reléguée au second plan. On
croirait, b «oir les journaux français, que le 9 juin
il ne s'est point passé h Borne un événement im
portant et qu'il n'y a pas lies de s'occoper des
documents romains qui viennent d'être livrés b la
publicité, tant est générale et profonde l'émotion
résultant de la note du Moniteur.
En ce moment, le gouvernement français et ses
organes essaient d'apaiser celte émotion; on cher
che b atténuer les faits, b représenter l'expédition
au Mexique comme n'ayant rencontré quNio ob
stacle fortuit; En même temps, on s'attache a con^
vaincre le public qu'il ne s'agit d'envoyer qu'un
renfort de 5,000 hommes. C'est dans cet ordre
d'idées que le gouvernement, en proposant au
budjel un article additionnel pour les frais nou
veaux de l'expédition au Mexique, se borne b de
mander quinze millions, chiffre fort important sans
doute, mais qui ne saurait évidemment suffire anx
besoins créés par une situation très-difficile.
La victoire des fédéraux devant Ricbruond pa
rait d'après des correspondances de New-York,
avoir un caractère décisif, et trancher le sort de
Richmond. La marche rapide du général Frémont,
qui b occupé Strasburg, dans la vallée de Sbenan-
doah, ferme probablement la retraite aux troupes
confédérées, qui se sont aventurées dans leurs atta
ques contre le général Banks. La fin du conflit en
Virginie ne peut donc être éloignée. Les apparen
ces ne semblent pas plus favorables aux rebelles
dans la vallée du Mississipi. Ils ont abandonné
Corioth etaux dernières nouvelles, on ignorait
entièrement de quel côté ils s'étaient dirigés.
Le Journal de Saint-Pétersbourg annonce
officiellement la nomination du grand - duc Con
stantin au poste de lieutenant - gouverneur de
Pologne. Le général Luders conservera ses fonc
tions jusqu'b l'arrivée do grand-duc, qui aurait
sons ses ordres, comme chef du gouvernement
civil, le comte Wielopolski.
Malgré les paroles récemment prononcées par le
roi, on croit toujours, b Berlin, que M. de BernslorfT
n'attend, ponr se retirer du cabinet, que le règle
ment des affaires de la Hesse-Electorale et du
traité de commerce avec la France. Nous croyons
pouvoir assurer néanmoins, dit le Temps, que le
nom de M. Bismarck - Scbœuhaosen actuellement
ambassadeur b Paris, n'a aucune part dans les com
binaisons qui peuvent être projetées.
Hier matin le Moniteur a publié le bulletin
rassurant que voici
Château royal de Laeken, le 17 juin,
9 heures du matiu.
L'amélioiation du Roi se maintient.
Dr KOEPL. D* WIMMER.
Si la situation du Roi continue dans ces condi
tions, il n'y aura plus de bulleliu que tous les deux
jours.
CONSISTOIRE DE ROME, DU 9 JUIN.
On lit dans le Journal de Rome
Le 9 juin, Sa Sainteté Pie IX a tenu uo consis
toire auquel, outre leurs Em. Rév. les cardinaux de
la sainte Eglise romaine, ont assisté les patriarches,
primats,archevêquesetévêquesréuuisb Rome pour
la cauouisatiou solennelle des mattyrs du Japoo et
de Michel de Sanctis. Sa Sainteté a prononcé
l'allocution suivante
Vénérables frères,
J'ilG
Nous avoos été pénétrés d'une joie profonde
lorsque dous avons pu hier, avec l'aide de Dieo,
décerner les honneurs et le culte des saints b vingt-
sept intrépides héros de notrè divine religion, et
cela en vous possédant b nos côtés, vous qui, doués
d'une si haute piété et de tant de vertus, appelés b
partager notre sollicitude au milieu de temps si
douloureuxcombattant vaillamment pour la
maison d'Israëlêtes pour noos une consolation et
un appui souverains.
Plût b Dieu qoe, pendant que nous sommes
inondés de cette joie, aucune cause de chagrin et
de deuil oe vînt nous contrister ailleurs! En effet,
nous ne pouvons pas ne pas être accablés de dou
leur et d'augoises, lorsque nous voyons les dom
mages et les maux si tristes et b jamais déplorables
dont l'Église catholique et la société civile elle—
mêmesoot misérablement tourmentées et opprimées
au grand détriment des âmes.
Vous connaissez en effet, vénérables frères,
cette guerre implacable déclarée an catholicisme
tout entier par ces mêmes hommes qui, ennemis de
la croix de Jésus Christ, impatients de la sainte
doctrine, unis entre eux par une coupable alliance,
ignorent tout, blasphèment tout, et entreprennent
d'ébranler les fondements de la société humaioe,
bieo plus, de la renverser de fond eu comble, si
cela était possible; de pervertir les esprits et
les cœurs, de les remplir des plus pernicieuses
erreurs, et de les arracher b la religion catholique.
Ces perfides artisans de fraudes, ces fabrica-
teurs de mensonges ne cesseut pas de faire sortir des
ténèbres lesmoristrneoses erreurs des anciens temps,
déjà tant de fois téfulées et vaiucues par les plus
sévères jugements de l'Église; de les exagérer en
les revêlant de formes et de paroles nouvelles et
fallacieuses et de ies propager partout et de toute
manière.
Avec cet art détestable et vraiment satanique,
ils souillent et pervertissent tonte science, ils ré
pandent pour la perte des âmes un poison mortel,
ils favorisent uoe licence effrénée et les plus mau
vaises passions; ils bouleversent l'ordre religieux
et social; ils s'efforcent de détruire toute idée de
justiee, de vérité, de droit, d'honneur et de reli
gion, et ils tournent eo dérision, iosulteot et mé
prisent la doctiiue des saiots préceptes du Christ.
L'esprit se refuse et reculed'horreur b toucher,
même légèrementles principales de ces erreurs
pestilentielles, par lesquelles ces hommes dans nos
temps malheureux troublent toutes les choses
divines et humaines.
Personne de vous n'ignore, vénérables frères,
que ces hommes détruisent complètement la cohésion
nécessaire qui, par la volonté de Dieu, unit l'ordre
naturel et l'ordre surnaturel, et qu'eo même temps
ils changent, renversent et abolissent le caractère
propre, véritable, légitime de la Révélation divine,
l'autorité, la constitution et la puissance de l'Église.
Et ils eD arrivent b cette témérité d'opinion, qu'ils
ne craigiieut point de nier audacieuseiuenl toute
vérité, toute loi, toute puissance, toot droit d'ori
gine divine; ils n'oot pas honte d'affirmer que la
science de la philosophie et de la morale, aiusi que
les lois civiles, peuvent et doivent oe pas relever
dé la révélation et décliner l'autorité de l'Eglise;
que'l'Église n'est pas one société véritable et par
faite, pleinement libre, et qu'elle ne peut pas
S'appuyer sur lés droits propres et permanents que
lui a conférés son divin fondateur; mais qu'il ap
partient b ta puissance civile de définir quels sont
les drtfits dé l'Église et dans quelles limites elle
peot les exercer.
De 1b ils concluent b tort que la puissance
civile peut s'immiscer aux choses qui appartien
nent b la1 religion, aux mœors et au gouvernement
spirituel, et même empêcher que les prélats et les
peuples fidèles communiquent librement et mutuel
lement avec le Pontife romain, divinement établi
le pasteur suprême de toute l'Eglise; et cela afin de
dissoudre cette nécessaire et très-étroite onion qui,
par l'institution divine de Notre Seigneur lui-même,
doit exister entre les membres mystiques du corps
du Christ et son chef vénérable. Ils oe craignent
pas non plus de proclamer avec rose et fausseté,
devaut la multitude, qoe les ministres de l'Église
et le Pontife romaio doivent être exclos de tous
droits et de toote puissance temporelle.
Eu outre, ils u'hésiteot pas dans leur extrême
impudence, b affirmer que noo-seulemeot la révé
lation divioe ne sert b rien, mais qu'elle nuit b la
perfection de l'homme, qu'elle est elle-même im
parfaite et par cooséquent soumise b un progrès
continu et indéfini, qui doit répondre au progrès
de la raison humaine.
Aussi osent-ils prétendre que les prophéties et
les miracles exposés et racontés daos les livres sacrés
sont des fables de poëtes; que les saints mystères de
notre foi sont le résultat d'investigations philoso
phiques; que les livres divins de l'Ancien et Non-
veau Testament ne contiennent qoe des mythes, et
que, ce qui est horrible b dire, notre Seigneur
Jésus-Christ est une fiction mythique.
En conséquence, ces turbulents adeptes de
dogmes pervers soutiennent que les lois morales
n'ont pas besoin de sanction divine; qu'il o'est
point nécessaire que les lois humaioes se confor
ment au droit naturel ou reçoivent de Dieu la
force obligatoire, et ils affirment qoe la loi divine
n'existe pas.
De plus, ils nient toute action de Dieu sur le
monde et sur les hommes, et ils avancent témérai
rement que la raison humaine, sans aucun respect
de Dieo, est l'unique arbitre du vrai et du faux, du
bien et du mal; qu'elle est b elle-même sa loi, et
qu'elle suffit par ses forces naturelles poor procurer
le bien des hommes et des peuples. Tandis qu'ils
font malicieusement dériver toutes les vérités de
religion de la force native de la raisoD humaine, ils
accordent b chaque homme uoe sorte de droit pri
mordial par lequel il peut librement penser et par
ler de religion, et rendre b Dieo l'honneur et le
coite qu'il trouve le meilleur selon son caprice.
Or, ils en vienoeut b ce degré d'impiété et
d'impudence, qu'ils atlaqueot le ciel et s'efforcent
d'éliminer Dieu lui même. En effet, dans une mé
chanceté qui n'a d'égale que leur sottise, ils ne
craignent pas d'affirmer que la divinité supiême,
pleine de sagesse et de providence, n'est pas dis
tincte de l'uuiversalilé des choses, que Dieu est la
même chose que la nature, sujet comme elle aux
changements,que Dieu se confond avec l'homme et