ALLEMAGNE.
Cependant, malgré les prodiges d'héroïsme
et de dévouement des pompiersdes douaniers
des soldats et de tous les sauveteurs, les progrès
du feu continuaient. Le bureau des plans était
consumé; les archives, de bonne heure atteintes
devenaient leur tour la proie des flammes; la
toiture enfin livrait passage aux flammes, qui
s élevaient a une énorme hauteur.
A ce moment là, il pouvait être environ
minuit, tout l'horiton était en Jeu; la sinistre
lueur de l'incendie rougissait les cotes de Cenon-
la-Bastide et de Floirac. Peu peu, les poutres
carbonisées se sont rompues ou affaissées; la
toiture du centre et de la partie sud de ta mairie
s'est écroulée avec fracas; il n'est resté debout
que la hampe du drapeau, la cloche de l'horloge
et le paratonnerre.
C'est vers ce moment que le plancher du
second étage est tombé sur celui du premier
dans la partie où se trouve la salle des séances
du conseil municipal. Cette salle elle-même n'a
pu longtemps supporter le poids énorme qui la
surchargeait, elle s'est écroulée sur le grand
salon des réceptions dit salon de l'Empereur.
Le fracas a été épouvantable et la situation
profondément émouvante. Le brave capitaine
Billaud, du bataillon des pompiers; les coura
geux pompiers Smid, sergent; Cisac, caporal:
Loyer, Ripanchaud, Banquey, Durand, sa
peurs, etpeul être quelques autres, travaillaient
dans la salle du conseil municipal, où ils
étaient presque entourés par les flammes.
La chute du plancher les a entraînés au
milieu des décombres et les a précipités au
milieu des masses de débris qui encombraient
le salon de l'empereur, Heureusement, et grâce
a la protection évidente du Ciel, aucun d'eux
n'a été mortellement atteint;on a eu, au premier
moment, des craintes pour le brave capitaine
Billaud, dont la tête, nous a t on dit, a été
prise entre des pièces de bois, ou entre une
pièce de bois et le mur.
Un autre pompier aurait eu son casque
fortement contusionné; on parle auss de blessu
res auxquelles ces vaillants sauveteurs n'au
raient pas pu échapper, mais on ajoute qu'elles
ne seraient pas dangereuses. Du reste, cette
partie des détails attirera d'une manière spé
ciale toute notre attentionet nous aurons soin
d'y revenir.
Le bruit a couru que plusieurs individus,
pompiers ou autresauraient été ensevelis
sous les décombres; mais, jusqu'à ce moment, il
y a tout lieu de croire que ce bruit n'est pas
exact. On nous assure qu'on a fait l'appel
nominal des pompiers, et que personne n'a été
trouvé manquant; du reste, on va procéder au
déblaiement du salon de l'empereur, et nous
espérons bien qu'onn'y trouvera aucun cadavre.
On ne sait quelles causes attribuer cet
irréparable désastre. On ne sait pas non plus
au juste en quel endroit du Palais te feu
aurait pris.
Les uns parlent des greniers, les autres
d une des salles des archives; les autres veulent
que le bureau des travaux publies ail été
le premier foyer d'où le Jeu se serait élancé
quand nous aurons des renseignements plus
positifs, nous les ferons connaître.
La presque totalité des archives est brûlee;
elles étaient confiées un homme intelligent, M.
Detcheverryqui avait consacré toute sa vie
un travail détruit en quelques heures.
La perle des archives constitue un désastre
irréparable; rien au monde ne pourrait com
penser cette inappréciable perte.
A l'heure où nous mettons sous presse, la
cour et une partie du jardin de la mairie sont
encombrées de débris fumantsdes pompes y
fonctionnent encore.
L'extrait suivant de la Gironde complète ces
détails Les pertes matérielles s'élèvent,
présume-t on, de trois cent cinquante cinq
cent mille francs. Elles seront entièrement cou
vertes par les compagnies d'assurances.
La perte la plus sérieuse sans contredit,
perte irréparable, est celle de nos archives, qui
contenaient une histoire si précise de la Guienne
depuis plusieurs sièclee. Le registre de Bouillon,
recueil d'actes officiels remontant au quator
zième siècle et du plus grand intérêt pour notre
histoire locale; les registres de l'ancienne Jurade;
le portefeuille du célèbre architecte Louis, con-
tenani une foule de projets d'architecture les
lettres de rois, de prieurs et de personnages
célèbres que nous possédions, tout cela a disparu.
Lesoriginaux des lettres de Montaigne, publiées
par M. Detcheverrysont également brûlés.
Ajoutons que nos archives comptaient
parmi les plus riches de la province et se
trouvaient dans un parfait état d'ordre et
de conservation.
Sons ce titre: Vol la galanterie, le
Droit rapporte fait suivant La dame T... était
montée samedi en omnibus, place Cadet, et s'était
assise l'entrée de la voilure. Près d'elle vint se
placer un monsieur de l'extérieur le plus respecta
ble qui se montra son égard empressée et galant.
Elle finit même par être importunée de ses galan
teries, qui cependant ne dépassaient pas les limites
des convenances, et, apercevant une stalle vide au
fond de l'omnibus, elle alla sans affectation s'y
réfugier.
Grâce ce déplacement, la dame T... se
croyait débarrassée du fâcheux; mais au bout de
quelque temps, elle le revit b côté d'elle. Lors de
l'arrivée de plusieurs voyageurs dans le véhicule, il
s'étai: levé comme pour leur faire place et il était
venu occuper une stalle vacante près de la sienne.
Heureusement la dame T... était sur le point
d'arriver b sa destination. Devant la Porte-Saint-
Denis, elle fit arrêter et descendit.
Quelques instants après, la dame T... entrait
dans un magasin pour y acheter divers objets dont
elle avait besoin. Après avoir fait son choix, elle
chercha son porte-monnaie pour payer. Un cri de
surprise lui échappa. Le porte-monnaie était bien
dans sa poche, mais il était ouvert et vide. Elle
chercha si son contenu ne s'était pas répandu dans
la poche, mais elle ne trouva rien. Force lui fut de
reconnaître qu'elle venait d'être victime d'un vol
commis par le monsieor dont les galanteries loi
furent expliquées.
Profitant de l'ampleur qu'ont aojonrd'hui les
robes, il avait attiré Hne portion de celle de la
dame et avait pratiqué par dessous une incision qui
lui avait permis d'atteindre et de vider le porte-
monnaie renfermant de l'or et un billet de banque
de 5oo fr.
Une plainte a été déposée par la dame T..., qui
a donné d'une manière exacte le signalement de
l'habile voleur.
La doyenne des cantinières, dit une feuille
parisienne, a failli être tuée vendredi, rue de
Charenton. La veuve Huet, âgée de cent six ans,
ancieune cantinière ayaut fait les campagnes de la
république et du premier empire, revenait pédes-
trement d'une promenade b la campagne lorsqu'elle
a été renversée par une voiture du chemin de fer de
l'Ouest. Dans sa chute la veuve Huet a reçu
plusieurs contusions b la tête et aux épaules; trans
portée dans une pharmacie voisine, elle a reçu les
premiers soins d'un médecin.
On écrit de Dole, b la date du 11 join, b la
Sentinelle du Jura Nous sommes en fête
depuis dimanche; mais ces fêtes ont été attristées
mardi par un bien malheureux événement, arrivé
entre 9 et 10 heures du soir sur la place Napoléon,
où se tirait un feu d'artifice. Une fusée fulminante,
dont la charge était probablement trop forte, au
lieu d'éclater b on point quelconque de son ascen
sion, est venue tomber tout enflammée sur un
homme assis b quelques mètres des artificiers et mit
le feu b ses habits. Cet homme se prit alors b courir
pour éteindre les flammes qui l'enveloppaient;
mais plus il allait, plus le feu avait d'ardeur, si bien
que (es personnes éloignées crurent on instant que
ce spectacle de flammes ambulautes faisait partie
du programme.
Quand on eut réussi b débarrasser de ses
habits le pauvre incendié, son corps était couvert
de brûlures profondes.
On écrit de Madrid au Droit Une femme,
connue en Galice sous le nom de la Loba (la
Louve), était depuis longtemps la terreor de cette
province et des provinces voisines. Toujours b
cheval, b la tête d'un petit nombre de bandits, elle
dirigeait tous les vols et les assassinats qui se
commettaient dans cette partie de l'Espagne. Mal
heur aux voyageurs et aux muletiers qui se trou
vaient sur son passage! Tout individu ayant la
pensée de faire résistance était sûr d'être frappé de
mort, souvent même d'expier au milieu d'atroces
tortures ses trop légitimes protestations.
Josefa Perez, la Mafreita (c'est le nom de cette
femme), se livrait sur ses victimes b des actes d'une
férocité révoltante. Souvent elle a lutté contre la
force armée, et l'avantage a été presque constam
ment pour elle,enfia le mairedeSaint-Jacques-de-
Composlelle, qui était b la recherche d'un criminel,
a découvert la grotte servant de refuge b la Louve.
Elle a été arrêtée en même temps qu'uo de ses
complices.
UN COMMISSIONNAIRE INTELLIGENT.
Nous trouvons dans le journal l'Eté, qui se publie
a Ems, l'anecdote suivante: La princesse de
Neuwied habite un joli château tout près de cette
ville, et elle a fait noblement les honneurs de cette
résideoce d'été. Dernièrement, elle invita aux hon
neurs de son dîner le major Paris, qui commande
la place de Neuwied. Uoe fâcheuse et impérieuse
exigeance du service militaire est tout b coup
surveoue, et le major a écrit b la princesse une
lettre fort spirituelle et très-respectueuse pour
s'excuser. Le devoir passe avant le dîner. La
missive du major a été confiée b un gendarme.
t> Le major lui a dit Portez celte lettre a la
princesse de Neuwied, et, en revenant, apportez-
moi mon dîner.
Le gendarme a écoulé, s'est recueilli, et s'est
mis en devoir de remplir cette importante mission,
qui l'élevait presque au rang d'ambassadeur.
Tous les jours, le major dîne chez lui et se fait
apporter son dîner b l'hôtel de l'Ancre.
C'est la camérisie de la princesse qui a reçu le
gendarme; elle a fait attendre ce facteur d'occasion,
et, au bout de cinq minutes, elle lui a rendu cette
réponse verbale
Son Altesse regrette bien que le major Pâris
ne vienne pas dîner au château.
Oui, a répliqué le gendarme avec le ton
solennel d'un ambassadeur fidèle b sa consigne
oui, mais le major m'a ordonné impérieusement
de lui apporter son dîner.
La carriériste, un peu naïve aussi, a rapporté
fidèlement et sérieusement cette réponse b sa noble
maîtresse, qui, aussi spirituelle qu'intelligente, a
soupçonné ib-dessous un quiproquo de vaudeville,
et, sans se trahir par le moindre sourire, elle a
ordonné qu'un dîner splendide fût placé dans une
vaste corbeille et confié aux robustes épaules
du candide ambassadeur.
Le gendarme, glorieux d'une charge si
belle,*comme dit La Fontaine, est venu fièrement
la déposer sur la table du major.
Les dîners militaires de l'hôtel de l'Aucre sont