D'YPRES.
46me Année. Samedi 23 Août 1862. N° 4,684.
LE PROPAGATEUR
REVUE POLITIQUE.
Les correspondances et les journaux qui
viennent d'Italie semblent indiquer manifeste
ment que la mission officieuse ou spontanée
acceptée ou assumée par M. Pepoli Paris,
mission qui avait pour but d'amener l'éva
cuation de Rome par les troupes françaises, a
abouti l'échec le plus complet. Le négociateur
a acquis, assure l on, la pleine certitude d'un
insuccès, non seulement dans le présent, mais
dans l'avenir.
Une telle nouvelle n'a rien qui puisse étonner
personne. Lors même que Rome ne serait pas la
capitale du monde catholiqueelle serait encore,
dans le temps présent, un point stratégique
important. A ce dernier point de vue, la France
ne pourrait la quitter sans s'amoindrir, sans
perdre l'influence par laquelle elle contre
balance l'influence anglaise.
La comédie continue; la dernière scène jouée
se passait avant hier au sein du Sénat pié-
montais.
Le langage du président du Conseil, en de si
graves circonstances a de quoi confondrede
la part du ministère beaucoup plus encore
la confiance aveugle du Parlement. On décrète
Garibaldi de rébellion, et les baïonnettes pié -
monlaises s'abaissent pour te laisser parcourir
la Sicile plutôt en triomphateur qu'en sujet
révoltéOn fait grand bruit des mesures prises
pour s'opposer Cembarquement des volon
taires, mais tout porte croire que la flotte fera
comme l'armée, et qu elle ouvrira les rangs de
ses vaisseaux pour frayer une route aux che
mises rouses vers tes côtes de la Culabre. Ne
A
pouvant en imposer l insurrection par des
actes de vigueur, M. Raltazzicherche tromper
l'Europe et l'Italie par des paroles sonores et
vaines. Mieux que personne, il sait que la
Sicile appartient plus Garibaldi qu ad gou
vernement. Le héros de Farèse est entré en roi
Girgenti, Caltanisetla et Piazza tout le.
long de la route qui, du bois de Ficuzza, l'a
conduit Calane, il a ouvert les prisons aux
détenus politiques et aux prisonniers pour
dettes du reste, le récit suivant, extrait du
Popolo d'Italia, et fait par un officier de l'élat-
major de Garibaldi. sur l'ovation dont les
volontaires ont été l'objet Callaniselta, don
nera une idée exacte de la disposition véritable
des esprits.
Fous ne pouvez vous imaginer l'accueil
que. nous recevons dans tous les pays ici, il fut
vraiment flatteur. Les seigneurs de la ville,
suivis d'une grande foule de peuple, se pres
sèrent notre rencontre. A l'entrée de la ville
s élevait un arc-de triomphe avec des inscrip
tions magnifiques. Sur la grande place, il y en
avait encore un autre, sur lequel étaient gravées
les batailles de Garibaldi.
En traversant la ville pour nous rendre
l habitation qui nous était destinée, le peuple
nous pressait de tous côtés. Les dames encom
braient les fenêtres et nous saluaient avec des
mouchoirs, et en jetant des fleurs sur notre
chemin.
Lorsque nous f urnes arrivés notre demeure,
nous reçûmes la visite de toutes les autorités de
la villele préfet leur tête. Ce dernier pria
vivenient le général Garibaldi et tout son élat-
majorde se rendre dîner chez lui. Le commis
saire de guerre mil Indisposition de Garibaldi
l°ul ce qui se trouvait dans les magasins.
C'est l'enthousiasme du pays qu'il faut
attribuer cette déférence de tautorité. L'évêque
seul s'est enfuije crois qu'on ne manquera pas
de lui jouer un mauvais tour. La troupe,
comme d'habitude, s'est retirée. C'est vraiment
une comédie que l'on joue; mais je crois qu'elle
ne tardera pas se changer en tragédie.
Les nouvelles de Naptes et des provinces
méridionales ne sont guère rassurantes. L'atti
tude de la garde nationale inspire de sérieuses
inquiétudes, et tout J ait craindre, comme le fait
remarquer une lettre du Messager do Midi, que
si Garibaldi met le pied sur le continent, les
autorités ne seront plus maîtresses de contenir
C explosion. Il ne faut donc pas fonder grand
espoir sur celte assurance donnée par le chef du
cabinet que dans peu de jours, la Sicile sera
ramenée un état normal.
Une seconde dépêche, reçue par la voie de
Marseille, signale, il est vrai, le passage con
tinuel Messine de troupes dirigées sur Calane,
mais elle ajoute que ces forces, maintenant
considérables, se tiennent quelque distance de
la villeafin d'éviter un conflit avec les gari
baldiens.
Après avoir volé par 29 voix cooire 6 et 5
absienlious le iraiiéde commerce avec l'Angleterre,
le Sénat a terminé l'importante discussion relative
aux cimetières. De même qu'à la Chambre, ou était
d'accord sur la solution a donner provisonemeut
au débat; le renvoi de la pétition des marguitliers
d'Uccle b M. le miuistre de la justice a été unani
mement adopté. Il a été entendu que le gouverne
ment ferait une euquête générale sur le régime des
inhumations. Ce sont MM. Forgeur, le ministre des
finances, M. Matou et le baron d'Auethan qui ont
pris la parole dans celte séance par laquelle le
Sénat a fini sa sessiou.
actes officiels.
Le Moniteur publie la loi qui accorde au
gouvetnemeut des crédits de 11,710,000 fr. pour
l'exécution de travaux publics et qui l'autorise b
intervenir dans les dépenses de construction d'un
canal b grande section forniaul jonction de la Lys
It l'Yperlée.
Uo subside de 80,000 fr. est accordé l'ad
ministration communale de Ronlers, pour l'établis
sement de réservoirs d'eau destinés b alimenter les
établissements industriels de cette ville.
Le Moniteur publie un arrêté du 21 août
qui déclare close la session législative 1861-1862.
chronique judiciaire.
Le tribunal correctionnel de Bruxelles s'est
occupé mercredi de l'affaire d'attentat aux moeurs,
avec violeoce, intentée au docteur Crommelinck,
Bruxelles, prévenu de tentative de viol sur une
bonne d'enfant âgée de 19 ans. Les débats qui ont
eu lieu b huis-clos, ne sont pas terminés. Ils sont
continués b vendredi. Après l'audition des témoios,
le miuistère public a commencé son réquisitoire
pour soutenir la prévention.
nouvelles diverses.
On nous écrit de Poperiogbe, le 22 c'
Le piix du houblon de la récolte de 1861 est
de fr. 100 les 5o kilogrammes; plusieurs parties
de la récolte encore sur pied, ont été vendues de fr.
80 b fr. 85 les 5o kilogrammes.
Plusieurs journaux annoncent que les élec
teurs catholiques de l'arrondissement d'Eer.loo se
proposent d'offur M. T"K.int-de Naeyer la can
didature au siège deveno vacant au Séoal par la
mort de M. de Block.
On annonce pour dimanche prochain la
publication du premier numéro d'un journal heb
domadaire dans lequel M. Coomans se propose de
soutenir la thèse de la réduction des dépenses mi
litaires. Ce journal serait intitulé la Paix.
Le duc, la duchesse de Srabant et le comte
de Flandre se reodronl prochainement au camp de
Beverloopour assister aux grandes manœuvres
militaires.
Des miliciens des classes de 1859 et 1860
continuent rentrer eo grand nombre dans leurs
foyers en congé illimité.
Les directeurs de la Banque d'Angleterre
donnent avis qu'il est récemment venu b leur
connaissance que do papier fabriqué pour leurs
billets a été dérobé dans la fabrique; et ils désireot
prévenir tous les banquiers, changeurs et antres
personnes pour qu'en recevant des billets de la
Banque d'Angleterre, ils ue se contentent pas seu
lement de l'authenticité apparente du papier, mais
examinent aussi avec un redoublement de soin
l'impression et que dans tons les cas, pour leur
propre sécurité ils connaissent et conservent les
noms des personnes qui leur remettront des billets
de la Banque. [Moniteur.)
Au moment où le traité anglo belge est voté
par la Chambre, il u'est pas sans intéiêt de con
naître le chiffre des importations anglaises en
Belgique en ce qui concerne quelques produits.
Pendant les six premiers mois de i'année 1862,
l'Angleterre a importé en Belgique 927,770 kilos
de foutes; 161,784 kif. de fil de fer; 5oo,64t kilo,
fers en narres; 5,563 k. fonte ouvrée; 632,087 k.
acier non ouvré; 96,689 kil. acier ouvré; 9,744
tonneaux de charbon; 693,356 kil. cuivre brut
1,029,284 machines et mécaniques.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Londres, 20 août. On mande de New-
York, en date du 12, b VOffice Reuter
Un combat acharné a eu lieu dans une vallée de
la Virginie.
Les confédérés, sous le commandement du géné
ral Jackson, ayant passé le Rapide, le général Pope
a envoyé, pour les arrêter, deux coi ps d'armée
fédéraux.
Un combat très-sérieux s'engagea près de Cédar
Mountain, et dura toute le journée.
Les fédéraux ont dû se retirer leur infanterie a
gravement souffert; ils out perdu deux cauons.
Les forces confédérées pouvaieot se monter
20,000 hommes: les fédéraux n'en avaient que
7,000.
Dbds la nuit, les confédérés se sont retirés,
repassant le Rapide, vers Orange-Court-House,
poursuivis par les fédéraux. Ou croit que, dans
cette occasion, les confédérés ont fait des pertes
considérables.
La fièvre jaune règne b Key West.
L'ordre relatif b la conscription cause noe vive
agitation, principalement parmi les citoyens natu
ralisés.
Un grand nombre cherche b s'échapper, mais les
frontières et les côtes sont strictement surveillées.
Rome, 19 août. M. de Lavalette a en hier
une audience du Pape. Il a donné b Sa Sainteté
l'assurance, au nom de l'Empereur, que non-seu
lement la France ne permettrait jamais une invasion
du territoire pontifical actuel, mais encore qu'elle
en garantissait l'intégrité,b quelque prix que ce fût.