D'YPRES.
46me Année.
No 4,700.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
La nomination de M. Drouyn de Lhuys,
comme ministre des affaires étrangères en
France, est, il est facile de le comprendre, l'ob
jet des commentaires les plus contradictoires
dans la presse parisienne. La France est dans la
jubilation. Elle dit que l'avènement de cet
homme d'État loin d'indiquer que la politi
que de l'Empereur est changée, constate de la
façon la plus éclatante qu'elle est maintenue.
C'est la politique de la lettre impériale du 10
mai, qui s'affirme de nouveau avec une réso
lution décisive. Cette politique n'a jamais été
clairement expliquée. Il serait bon de la définir
et d'en préciser les tendances et la portée. Le
Pape mailre chez lui est une formule qui
n'a pas de sens, si elle n'a pas pour but de res
tituer au Saint Siège les odieuses spoliations
dont il a été victime de la part du Piémont.
Or, la France, par son aphorisme pompeux
maître chez lui, entend que le Saint Père
doit se contenter de ce que le Piémont n'a pas
pu lui enlever. C'est ce que nous ne pouvons
admettre. Pour juger M. Drouyn de Lhuys, il
faut attendre ses actes. Mais, quant présent,
nous dirons que, pour l'Italie, pour la France,
pour l'Europe, il n'y a de possible, d'honora
ble et de sur que la restauration complète de
l'autorité pontificale dans l'intégrité de ses
domainesque le rétablissement des princes
légitimes rapportant leurs peuples la paix,
l'ordre et la liberté, que iindépendance de la
Péninsule garantie par un lien fédéralif dont
l'Europe donnerait la sanction.
C'est la quatrième fois depuis 1848. que M.
Drouyn de Lhuys occupe le poste auquel il
vient d'être appelé par l'Empereur, et ses an
técédents politiquescomme les circonstances
dans lesquelles il est appelé de nouveau aux
affaires, semblent donner sa nomination une
signification toute particulière au point de vue
des affaires italiennes. M. Drouyn de Lhuys a
été le premier ministre des affaires étrangères
du président de la République, et tout le monde
se souvient de la chaleur avec laquelle il a
défendu alors en celle qualité l'expédition de
Rome.
Le Moniteur universel vient de publier des
décrets impériaux nommant le maréchal Can-
robert au grand commandement militaire de
Lyon, laissé vacant par la mort du maréchal
de Castellane. Le nouveau commandant de
Lyon est remplacé Nancy par son collègue le
maréchal duc de Magenta.
Il paraît que M. Raltazzi ne croit pas avoir
Reu d'être satisfait de tous ses collègues. Son
organe officieux en effet, le Cittadiuo d'Asti, dé
clare net que le ministère, tel qu'il est constitué,
n'est pas capable de se concilier la confiance
publique et de dominer la situation avec une
autorité incontestée. Nous ne croyons pas,
dit il avoir besoin de désigner les éléments
qui concourent l'affaiblir et le discréditer.
L'opinion publique qui, dans une circonstance
récentea laissé éclater si ouvertement ses
répugnances et ses désirs, les a signalés de telle
manière qu'il n'est pas possible de s'y tromper.
Nous nous bornerons donc affirmer que, si
Raltazzi veut reconstituer une majorité solide
et sure, il faut d'abord qu'il reconstitue son
propre cabinet. Le conseil peut être bon
mais est-il bien aisé de le suivre? Notons
seulement que, suivant le Dirillo, les ministres
auxquels le Ciltadino fait allusion sont MM.
Pepoli, Deprelis, Persano et Durando.
Peut-être M. Raltazzi attend il, pour pren
dre un parti, le résultat de la démarche dont il
a chargé M. Nigra auprès du gouvernement
français. Le correspondant de Turin de /'Uni
vers croit que le premier ministre de Victor-
Emmanuel demande avec instance qu'on lui
livre Rome. Est ce bien sérieusement?
En Angleterre, les meetings garibaldiens se
poursuivent, mais ils sont tellement tombés
dans la déconsidération publique que c'est
peine si les Journaux en font une mention som
maire. Liverpool en a eu deux pour sa part,
où. Gavazzi a harangué trois quatre mille
truands, comme les appelle une feuille anglaise.
Eu juin 1863, par uue coïncidence qui ne se
produit que très-rareuieut, tandis que les électeurs
de ciuq provinces (Anvers, Brabaut, Flandre
occidentale, Luxembourg et Nauiurj pourvoiront
au renouvellement de la moitié de la Chambre des
représeutauls, le Sénat devra être également renou
velé par moitié dans les quatre aunes provinces.
Le corps électoral tout entier aura donc b se
proooncer, et son jugement s'étendra la fois aux
deux Chambres. C'est un cas qui ne s'est pas
préseuté depuis la dissolution des deux assemblées,
b la suite de la réforme électorale de 1848.
Par la mort de M. Dautrebande, c'est M.
Rodenbacb qui devient doyen d'âge de la Chambre
des représentants. Mais comme la cécité de l'hono
rable député de Roulers ne lui permet malheureu
sement pas de prendre la présidence provisoire,
elle écherra, pense-1-on, b M. Van Bockel.
ACTE OFFICIEL.
Par arrêté royal du i5 octobre, le collège élec
toral de l'arrondissement de Huy est convoqué pour
le 6 novembre prochain, b dix heures du matin, b
l'effet d'élire un représentant en remplacement de
M. Dautrebande, décédé.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
La cour de cassation de France vient de décider
que la violation de tombeaux et la violation de
sépulture forment deux délits distincts, eu égard
aux objets différents auxquels le fait s'applique.
Quant aux exhumations, elles sont expressément
prohibées par la loi; elle ne deviennent licites que
lorsqu'elles son! autorisées conformément aux lois
et règlements.
Celui-là commet le délit de violation de sépul
ture, qui extrait du cercueil où il est renfermé un
cadavre, pour rejeter ledit cadavre dans ia terre.
NOUVELLES DIVERSES.
Lundi dr a eu lien la réception solennelle b
Bruges de M. L. Delasceocerie1" prix, dit de
Rome, au coucours d'achiteclure, b Anvers, de M.
J. Naerl, second prix dans le même concours et de
M. Ad. Meynne, lauréat en droit moderne, dans le
concours universitaire. Celte réception s'est faite
avec toute la solennité et tout l'éclat que Bruges
déployé eu ces circonstances qui se reuouvellent
souvent.
On écrit d'Ostende, le 14 octobre Encore
un sinistre maritime b sigoaler qui prive la marine
marchande belge d'un de ses plus beaux navires.
Le brick belge Diamant, du port d'Ostende,
commandé par le capitaine Bryssinck, et ayant b
bord un chargement de manufactures pris b Liver
pool, était parti, vers le milieu de cette année, de
ce dernier port pour la Havane.
Outre l'équipage, il y avait a bord du Dia
mant M. François Hoed, fils de l'armateur, M.
Isidore De Cock, Ostendais établi b Ghistelles, et
un paysan flamand.
Dans la nuit du 6 au 7 septembre dernier, le
navire étant arrivé b la la hauteur d'Haïti, une
forte voie d'eau se déclara. Tout le monde se mit
aux pompes et travailla sans relâche jusque dans la
soirée du 7.
Mais tous les efforts furent impuissants b com
battre l'élément destructeur. L'eau gagnait sur les
travailleurs. On dut en toute hâte apprêter les
deux embarcations qu'il y avait b bord, les rnettie
b la mer et s'y réfugier. A huit heures, le Diamant
disparut dans les flots.
L'équipage et les passagers ont été ballottés
par les vagues pendant trente-six heures. Ils ont
passé deux nuits affreuses et une journée pleiue
d'angoisse sans découvrir une seule voile.
Enfinle 10 septembre, b huit heures du ma
tin, ils ont réussi b atterrir b San- Domingo.
Le capitaine Bryssinck, M. De Cock, et l'ou
vrier flamand sont partis de la pour Boston, a bord
d'une goélette anglaise. M. Hoed fils et l'équipage
du Diamant sont restés b San - Domingo. Le
Diamant était assuré sur la Place d'Anvers.
La compagnie concessionnaire du chemin de
fer direct de Tournai b Lille prraît disposée pous
ser les travaux de construction de cette ligne avec
la plus grande activité. Les ingénieurs se sont
rendus plusieurs fois sur les lieux et les perches
indiquant la direction de la nouvelle voie sont déjà
placées sur le territoire des communes de Froyen-
nes et Blandaiu, près de Tournay.
La commission centrale des secours pour les
ouvriers cotouuiers sans travail de Gand, qui s'est
constituée b Anvers, a fait parvenir, par l'obli
geante entremise de M. A. Herry, administrateur
de la Banque nationale, b M. le président du co
mité d'assistance du Cercle commercial et indus
triel, une somme de vingt ciuq mille francs.
Les statisticiens ne peuvent manquer de voter
des remercîtnents un missionnaire de Joe Smith
qui vient de leur fournir sur les Mormons une
statistique de la polygamie qui parait b l'abri de
toute contestation et qui n'a d'autre défaut que de
se rapporter b une date un peu ancienne, l'année
i858. Mais le recensement dont l'apôtre des
Mormons donne le résultat n'en est que plus sur.
On a donc trouvé 3607 ru a 1 is polygames 387
avec 7 femmes ou plus, y3o avec 5, 1100 avec 4,
i4oo avec plus d'une femme mais moins que qua
tre cela fait honneur aux progrès du XIXe siècle,