ITALIE. GRÈGE. mort de cette amie 'a celle dont l'imaginatioD était si cruellement frappée. A partir de ce jour, sa fiè«re disparut, et la ma lade revint b la vie. Elle passa même fort gaiement son été; malheureusement, l'autre jour, quand elle rentra Paris, la première personne qu'elle reo- contra fut la jeune femme qu'elle croyait morte. D'abord elle eut peur, pensant voir un revenant, puis sa terreur changea d'objet. Aussi rentra-t-elle au logis tremblant de tous ses membres si bien que le soir même la fièvre avait reparu. La famille jeta les hauts ctis. Le mari se mit d'abord en fu reur, puis il finit par où il aurait dû commencer, c'esl-b-dire par raisonner sa femme. Ma chère enfant, lui dit-il, toute cete histoire de mort ressemble'à notre histoire du fatal dîner. Toute la première partie de i'auoée était la seule daogereose, puisque c'est seulement dans la pre mière partie du repas que nous sommes restés treize. Nous avons été quatorze bu second service. Or, comme le mois d'octobre peut compter pour la fin du second service de l'année, tu dois te regarder hors de cause. La jeune femme se prit b sourire en entendant ce raisonnement, puis peu peu elle songea qu'il pouvait être juste. Aussi le soir même, elle se' trouva mieux portante; mais le médecin craignant une rechute amenée par son imagination faible, engagea son mari b la faire voyager jusqu'au jour de l'an pour la distraire. Et ils viennent de partir pour Nice d'où elle reviendra aux étrennes. On écrit de Turin, le 29 octobre, b VUnion Tous les journaux s'occupent ce matin de la situation où vont se trouver les députés après les derniers événements, et presque tous semblent entretenir peu d'espoir que le gouvernement soit assez fort pour rallier une majorité capable de le souteuir. Le programme même du gouvernement doit subir un changement. Le ministère ne peut plus se présenter devant le Parlement comme il s'est présenté b son avènement. La question de Rome, cette fois, loi lie les mains; il ne peut même plus dite aux Italiens Nous irons b Rome d'accotd avec la France. Cet accord ne paraîtras exister pour le moment, et il n'y a pas de proba bilités bien avérées qu'il puisse exister dans quel ques jours. Le ministère ne pourrait pas apporter au Parlement une résolution quelconque de la question qui l'intéresse le plus. On doit s'attendre b ce que beaucoup de députés pressent le cabinet Rattazzi, de manière b le jeter dans quelque impasse d'où il ne puisse sortir sans se mettre dans une position de plus en plus éqoivoqoe envers la France. La question de la capitale renaîtra cette fois et les diverses nuances de la chambre, b quelques exceptions près, se réuniront pour formuler une proposition a laquelle le ministère ne pourra adhé rer. I! s'en suivra peut-être des séances fort orageuses, et peut-être aussi le ministère ponr essayer la dernière ancre de sauvetage, arrivera-t-il b une dissolution des. chambres, ce qui paraît le plus certain. Vient ensuite la question financière, tout aussi redoutable que la question politique. Il est impos sible que le Parlement puisse s'occuper du budget. Pour celni de l'année coorante, il u'y a plus rien b dire. Ce soDt 4oi millions de déficit avoués par le tniuistre des finances lui-même, et celui de 1863 présente déjh eu prévision un autre découvert de 35o millions. Les lois de finances, la vente des biens doma niaux, les douanes, tout est arriéré, et l'emprunt reste le seul moyen de faire face b une situation des plus graves. Avec cette perspective, si le ministère est forcé de dissoudre les chambre, il est b craindre que les électeurs, surtout dans les provinces méri dionales, ne prennent leur revanche en renvoyant tous les députés que le ministère voudrait exclure du parlement. C'est lb le plus grand danger de la situation, car si M. Rattazzi vient b échouer dans les élections, ou ne sait pas jusqu'où peut aller le gouvernement si 00 ne l'arrête pas par un coup d'Etat semblable b celui de la Prusse. Et cependant c'est bien M. Rattazzi qui veut courir celte chance, et les hom mes qui pourraient le remplacer dans ce moment et peut-être gouverner avec cette chambre, aimeut mieux se tenir l'écart, effrayés qu'ils sout des difficultés nombreuses de la situaliou. Le Temps a euvoyé un pèlerin b la Spezzia. Nous n'avons pas besoin de dire que ce pèlertu professe uue ardente dévotion pour Garibaldi. Néanmoins, il ne croit pas que sou culte le dispense de sincérité, et c'est eu cela qu'il diffère de la plupart des correspondants des feuilles piéuiou taises. Du lécu de M. Jules Amigues, il résulte que, autour même de l'ancieune prison de Garibaldi et de sou hôtel d'aujourd'hui, la population reste dans uue complète indifférence pour le héros. Le correspondant raconte aiust sou arrivée au Variguauo Comme je cherchais ma route pour y parvenir b traveis uu dedale de haies, de plantations et de bioussailles, je m'arrêtai devant un paysan qui bêchait uu petit coiu de teire. J'étais b mi-côte de la colliue, et le panorama du golfe commençait b s'élaigir sous mes yeux. Je voulus avoir quelques reuseiguemeuts sur certains détails du paysage De cette hauteur, le Variguauo ne se présentait pas sous uu autre aspect que de la plage. C'est bien la le Variguauo? demandai-je au paysan. Je ne sais pas, monsieur, me répondit-il; je crois que oui Je pensai que son doute ne portait que sur le nom. Mais c'est bien la prison de Garibaldi, insis tai-je. Il paraît qu'il est là répliqua le paysan. Mais on le transporte aujourd'hui en ville, contiuuai-je. Ah! fit-il. El il se remit b sou travail. Je pris ce paysan pour guide et le fit causer encore. Il n'était ui abruti ni hostile b Garibaldi. 11 était indifférent, tien de plus. Ce n'était pas la première fois que j'avais b constater cette atonie du seutimeut populaire italien, coutre laquelle la voix même de Garibaldi s'est trouvée parfois impuissante. Toute l'histoire d'Aspromoute, tout le secret des triomphes de M. Rattazzi est dans les quelques paroles dece paysau. Douloureusement frappé de ce spectacle de l'indifférence publique, le correspondant s'écrie Que c'était chose amère et désespérante b voir, tous ses yeux sans larmes! Voici maintenant dequelle manière Garibaldi fut accueilli b la Spezzia, ville dont la population est d'environ douze mille âmes Quelle était l'attitude de la population? La population elle n'y était pas. Des dépêches on des correspondances trop zélées diront peut-être qu'il y avait ib une foule immense et enthousiaste; car bien des gens croiraient faite tort aux gloires qui leur sout chères, s'ils avouaient qu'elles puissent être méconuues ou payées d'ingratitude. La vérité est qu'il y avait sur le môle, au moment du débar quement de Garibaldi, trois cents personnes peut- être, et j'exagère piobablemeut. Sur ce nombre, moitié environ étaient des ouvriers du port, char pentiers ou tailleurs de pierre, qui avaient pour un iustant suspendu leur travail; le reste était composé de passants, de promeneurs, de désoeuvrés; uue cinquantaine de personnes étaient venues tout expiés. Il n'y eu eût certainement pas plus que ce nombre qui se découvrirent au moment où passa, du chaland sur la jetée, la litière de Garibaldi. Pas un cri ne fut poussé. Telle est la réception qui attendait sur la terre libre italienne celui qui vient d'être tenu deux mois captif, et qui peut-être va mourir pour avoir voulu faire libre cette terre tout eutière! Est-ce donc que ce peuple a le pressentiment que ce glo rieux mutilé lui est désormais inutile? On écrit de Turin, le 5o octobre, b VUnion f La consultation des médecins appelés b la Spez zia, pour donner leur avis sur la blessure de Garibaldi, a eu lieu hier. On a constaté, après gMBa?—■^gggaeeggBa avoir sondé les profondeurs de la plaie, que la balle est encore logée dans le cou de-pied; mais qu'attendu l'état de souffrance du malade, il n'était pas prudent d'ententer l'extraction. On a donc ajourné encore cette opération. Voici le texte du décret qui proclame la déché ance do roi Otbon Les maux de la patrie ont cessé. Toutes les provinces de la capitale, s'unissant avec l'armée, y oot mis un terme. Est déclaré et décrété, comme décisionn com- munedelaoatiouhelléniquetootentièrece qui soit: Le règne d'Othon est aboli. La régence d'Amélie est abolie. Un gouvernement provisoire est établi pour gouverner l'Etat jusqu'à la convocation de l'Assem blée nationale; il est formé des citoyens suivants Démélrius Bulgaris président; Constantin Canaris; Bénizélos Rhouphos. Une Assemblée constituante est immédiate ment convoquée pour l'organisation de l'Etat et le choix d'un souverain. Vive la nation! Vive la patrie! Fait b Athènes, le 11 [23 octobre de l'an de grâce 1862. Voici la proclamation adressée b la nation par le gouverpement provisoire ROYAUME DE GRÈCE. Le gouvernement provisoire aux Grecs. Concitoyens, Un système politique avilissant pour la dignité nationale, et destructeur de toute moralité, un système de gouvernement sans respect pour les lois de l'État et les consciences des citoyens, ne cessait d'amasser contre loi les sentiments de la nation grecque et de la pousser b la révolte. A cause de cela, il y a peu de temps, la plopart des éparchies ont entrepris ce grand œuvre, et déjb presque toutes les éparchies de l'Etat soulevées ont déposé les autorités soutenues par la noble et généreuse armée, elles ont établi des administra tions locales. La même nécessité et les mêmes souffrances ont amené celte nuit le soulèvement du peuple de la capitale, qui, montrant un patriotisme égal b celui du peuple des éparchies, a réclamé l'aboli tion de l'ordre de choses établi; l'armée, fidèle dépositaire du dépôt de la fidélité aux serments et de l'observation des lois que la nation loi a confié, digne do nom de pilier de la Grèce, dont elle est décorée, a soutenu l'entreprise du peuple, et ainsi, par leur action commune, a été aboli l'ordre de choses existant par la proclamation de la déchéance de celui qui était assis sur le trône de la Grèce et de l'abolition des droits de son épouse b la vice-royauté; enfin a été nommé un gouver nement provisoire composé de D. C. Boulgaris, présideut, K. Kanari et Roufos, assesseors. Le président du nouveau gouvernement a, en conséquence, nommé un ministère, composé de T. Mayna, aux finances; Th.-A. Zaïmis, b l'intérieur; A. Comoodouros, b la justice; D. Mavromichalis, b la guerre; E. Delivorgi, b l'instruction publique; D. Ralliphrona, b la marine; B. Nicolopoulos, aux cultes; D. Diamantopoulos, b l'extérieur; Le maudat que le gouvernement provisoire a reçu du peuple et de l'armée est de conserver l'institution monarchique constitutionnelle de témoigner toujours le respect légitime et la recon naissance de la Grèce pour les grandt-s puissances protectrices; de conserver et entretenir des relations amicales et pacifiques avec tous les gouvernements; de convoquer au plus tôt l'Assemblée nationale, et de maintenir pendant ce temps l'ordre et la tran quillité, en se conformant aux lois de l'Etat. Ce devoir nous l'accomplirons, messieurs, avec loyauté et ardeur, prêts b déposer l'autorité entie les mains de l'Assemblée nationale. Cependant, pour l'accomplissement de ce grand et saint œuvre, il faut que tous conservent intact leur patriotisme nous faisons donc appel b votre

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Le Propagateur (1818-1871) | 1862 | | pagina 3