nous devons signaler celle de la fabrique de Borie.
Deux estrades, avec un ridean formé de briques
tabulaires, avaient été improvisées et contenaient
environ cinq cents personnes. Trois pylônes ornées
de trophées et de bannières, supportaient l'inscrip
tion Jmperatori Imperatorum, qui a eu le
privilège d'attirer l'attention de l'Empereur et
mêtne, assure-t-on, de le faire sourire.
Au moment où le cortège arrivait sor la place
où s'élève la statue du prince Eugène, l'Empereur
s'est arrêté quelques instaots pour considérer l'œu
vre provisoire de M. Dumonl, qu'on avait dégagée
de ses voiles au moment du passage de S. M.
Eo arrivant sur la place du Trône, l'Empereur
a mis pied II terre, et a pris place sons la tente
dressée en avant de l'arc-de-triomphe et faisant
face aux plateaux sur lesquels avaient été disposés
les sièges réservés aux invités. Pas une place n'était
restée vide, et les dames y figuraient en très-grand
nombre.
Les députations de la garde nationale, des
anciens militaires de l'Ecole polytechnique, de
l'Ecole de S'-Cyr et de l'armée étaieot placées dans
l'enceinte.
a M. le préfet de la Seine a prononcé un long
discours dans lequel il a rappelé les travaux exécu
tés dans ces derniers temps et montié leur corréla
tion.
a M. Dunas, sénateor, président du conseil
muoicipal, a pris ensuite la parole. Il a exprimé, au
nom du conseil, le vœu que la taxe du pain
fût maintenue.
L'Empereur, sans s'expliquer sur la question
générale, a dit que, dans sa pensée, la compensation
devait être maintenue; puis, après avoir exprimé
combien il était sensible au souvenir que la popu
lation conservait pour les siens, il a dit qu'il ne
voulait pas que les noms des grandes voies fussent
données exclusivement aux membres de sa famille;
qu'il conservait au boulevard qu'on inaugurait le
nom du prioce Eugèoe, cet enfant de Paris, aide de
camp de Hoche, type de la fidélité et de l'honneur;
mais qu'il souhaitait que le boulevard, auquel on
avait donné le nom de boulevard de la reine-
Hortense, reçut celui de Richard Leooir, le célèbre
manufacturier du faubourg Saint-Antoine.
Des acclamations enthousiastes ont signalé la
fin do discours de S. M.
C'était une scène vraiment émouvante; les
dames agitaient leurs mouchoirs, les hommes leuts
chapeaox.
u L'Empereur est remonté b cheval, après avoir
examiné les magnifiques travaux définitifs déjb
exécutés pour l'embellissement de la place du
Trône et ceux qui ne sont encore que provisoires,
mais qui pourront devenir définitifs.
A quatre heures moins un quart, LL. MM.
rentraient aux Tuileries, au milieu des cris de:
Vive l'Empereur! Five l'Impératrice! Le
préfet de police, b cheval, marchait eo tête du
cortège, autour duquel la foule se pressait avec
enthousiasme, a
On lit dans le Mémorial d'Amiens
Mardi dernier, 3 décembre, M. le comte
Henri de L... se promenant dans les bois d'Henen-
conrt, tira un coup de fusil au milieu d'une baude
innombrable de corbeaux; il en tomba un gris
magnifique appelé corneille mantelée.
Ce malheureux corbeau portait au cou, sur la
poitrine et sous les plumes, uue petite cassolette en
argent doré, osée par le frottement, et attachée
avec un bout de cuir bien conservé. Cette petite
cassolette, en forme de livre, représentant d'un
côté deox cœurs enflammés et de l'autre une croix
au milieu de traits lumineux, s'ouvre et contient
nu tont petit papier brun, huilé, sur lequel on lit
très-facilement cette inscription
Yfagram est mon nom, car je suis né le 6
juillet 1809. On m'a gardé trois ans en cage
après, la liberté m'a été donnée, - Douai, 18 x a.
Une lettre adressée au Messager du Midi
donne des détails sur le séjour de six chefs arabes b
Compiègne
Depuis leur arrivée au château ces cheikssont
l'objet de l'attention et de l'empressement général.
Tous les six sont magnifiques de distinction et de
gravité. Leur sobriété est exemplaire. Ils mangeot
peu et ne boivent que de l'eauce sont de vrais
croyants.
Le matin b g heures, après leur prière qu'ils
font séparément, ils prennent une tasse de café an
lait; a midi, ils déjeunent dans leurs appartements,
et leur déjeuner, d'une grande frugalité, est ter
miné par une tasse de café b l'eau. Ponr leur ren
dre la vie du château plus agréable, on a ouvert des
portes de communication d'un appartemeot b
l'aotre.
Le soir, en se rendant b table, ils se tiennent
par la main comme des enfants. On place devant
chacun d'eux un sucrier, une cuillère b café et une
carafe d'eau. Ils mangent b l'anglaise, la fourchette
de la main gaucheet en ne touchant aux fruits
qu'avec la fourchette; ils les pèlent ainsi avec une
grande dextérité.
Ce sont, comme on l'a déjb dit, des hommes
magnifiques. Le plus âgé, dont la barbe est toote
grise, a un regard voilé qui donne b sa physionomie
nn air de timidité qui contraste avec la mâle ex
pression de ses frères. Les aotres sont beaocoop
plus jeunes. Ils ont en général des mains de femme
tant elles sont petites et blanches.
Quatre de ces chefs sont commandeurs de la
Légion d'Honneur les deux autres sont officiers
de l'ordre. Les premiers portent leur cordon en
sautoir au-dessons d'un chapelet b grains d'ambre.
Deux d'entre eux parleot très bien le français
deux autres le comprennent, ils disent quelques
mots; les deux autres ne le parlent pas du tout. En
somme, ils ont beaucoup de succès b Compiègne.
a Les cheiks ont paru prendre un vif plaisir b la
chasse b courre qui a eu lieu samedi en leur hon
neur. Montés sur des chevaux arabes, choisis parmi
les plus beaux du régiment des cbasseors de la
garde, ils se sont élancés b la poursuite du cerf avec
une telle ardeur qu'on moment on a pu croire
qu'ils allaient le prendre b la course, comme ils le
font au désert des gazelles ou des autruches; les
chevaux, entraînés par leurs cavaliers, dévoraient
l'espace ils ont montré un fond et une vitesse
dont on ne les croyait pas capables au régiment.
ITALIE.
On écrit de Rome, le 29 novembre, b la
Gazette de France
Le prince et la princesse de Prusse resteront ici
quelques jours encore, bien qu'un incident fort
désagréable ait troublé leur séjour. Voici le fait
Jeudi soir, le prince recevait du monde b
dîner; dans la matinée, M. de Caunitz, le ministre
de Prusse b Rome, chez lequel habite le prince, fit
savoir b celui-ci qo'élant un peu indisposé, il
priait S. A. R. de loi permettre de ne pas assister
au dîner. L'heure arrivée, les princes et les nom
breux invités, parmi lesquels se trouvaient le
général et la comtesse de Montebello, se mirent b
table. Le repas était presqu'b la fin, quand tout b
coup la porte s'ouvre, et arrive M. de Caunitz,
suivi d'un domestique qui faisait des efforts inutiles
pour le retenir.
On comprit tout b coup que le ministre avait
été atteiot d'un accès de folie. Vous répétez les
choses désagréables qui se passèrent alors, serait
inutile; il est facile de vous en faire une idée.
Pourtant, le prince réussit b faire rentrer de bonne
grâce M. de Caunitz dans son appartement, d'où on
le transporta chez sa belle-sœur, Mm° la duchesse
Gaetani, la présence des princes b l'ambassade ne
pouvant se concilier avec les soins réclamés par
l'état de l'illustre malade. Malheureusement, je ne
pois vous signaler aucone amélioration; !a folie est
toujours persistante.
ALLEMAGNE.
On écrit deCassel au Nouvelliste de Hamboug
La princesse de Hohenlohe, fille du prince
électeur, dont le mari est allé en Amérique sans
payer ses dettes, qui se montent b des sommes
très-considérables, a été assignée devant le tribu
nal de la ville libre de Francfortainsi que sou
frère, second fils dn prince électenr. La princesse
a signé pour 800,000 florins de billetsque son
mari a mis eo circulation; le frère de la princesse
a garanti pour 80,000 florins de ces billets par
l'appositioo de sa signature.
PRESSE.
Le gouvernement prussien vient de prendre des
mesures, dont l'opiuion publique s'est profondé
ment émue. Il vient de décréter que désormais les
sociétés de tir national (Schiitzeovereioe) ne pour
ront se former ni se réunir sans l'autorisation
préalable de la justice; il convient d'ajouter que
ceci oe s'applique pas aux sociétés anciennes, mais
seulement b celles de l'avenir. Cependant, si l'on
considère que cette ordonnance de police est basée
sor la loi qui régit le port d'armes, l'on peut croire
qu'elle compromettra singulièrement l'existence de
toutes les sociétés de tir, anciennes et nouvelles.
Comme uoe épée de Damoclès, la dissolution
restera toujours suspendue sur leurs têtes.
Les sociétés qui se forment se fondent d'ailleurs
immédiatement dans l'Association générale, et il est
évident que la suspicion et la menace s'adressent b
l'institution tout entière.
Il oe s'agit donc pas ici d'une mesure de sûr été,
et de police, mais d'une mesure politique, dont les
motifs inavoués pourraient bien avoir leurs racines
daos certains discours prononcés au sein de la
detnière réunion de Francfort. Il suffit pour s'en
convaiocre, de rapprocher la nouvelle ordonnance
de certaios articles de la Gazette de la Croix.
Cette feuille ne s'est-elle pas efforcée de jeter le
ridicole sur les sociétés de tir? N'a-t-elle pas
poursuivi de ses quolibets et même de ses injures,
le duc de Cobourg-Gotha? N'a-t-elle point poussé
l'inconvenaoce jusqu'b poser cette question le
grade de général prussien est-il compatible avec le
titre de Roi du Tir?
S'il faut en croire, d'ailleurs, certains bruits
très-accrédilés, l'on oe s'arrêterait pas en aussi bean
chemin. Les réunions gymnastiques et musicales ne
tarderaient pas b être regardées comme des réunions
politiques, et soumises an contrôle de la police.
Où s'arrêtera le gooveroement prussien dans
cette course rétrograde? Quelle est l'influence, qui
pèse sur lui, et qui le précipite vers des dangers
faciles b prévoir? A quel mot d'ordre obéit-il?
Quels que soient les sentiments personnels du roi,
l'on oe saurait admettre que des ministres assument
sur leur tête une semblable responsabilité unique
ment pour complaire au souverain.
L'avenir nous dévoilera le mot de cette étrange
énigme, mais jamais la politique n'a été plus fertile
qu'b notre époque en mystères, eo contradictions
et en singuliers rapprochements.
L'on se souvient que l'électeur de Hesse-Cassel
avait interdit aux sociétés de tir de l'Electoral de
se rendre b la réunion de Francfort; l'ou se sou
vient que cette prohibition ne fot levée que sous la
pression des menaces de la Prusse.
Et c'est aujourd'hui la Prusse qui frappe les
sociétés de tir? La Prusse, qui a prétendu et
qui prétend encore donner b l'électeur de Hesse-
Cassel des leçons de libéralisme et de l'égalité
constitutionnelle. En vérité, ça serait plaisant, si ça
n'était pas aussi sérieux et aussi grave.
(L'Europe.)