On lit dans YÊcho de Bruxelles du 19 c*
sous le tilre de Correspondance particulière
de /'Écho de Bkuxell.es.
mes, et tio gaiçoo de treize ans. Les faits mis
leur charge sont trois meurtres, deux commis a
Vlamertinghe et un a Stadeu; ensuite tiennent
une quarantaine de tols, la plupait accompagnés
de circonstances aggravantes.
Ou aura une idée de l'étendoe de cette affaire
quaod on pense que l'acte d'accusation qui est im
primé occupe cinquante-trois pages.
Voici les noms des accusés: 1" Charles - Louis
Castelejn, 42 ans, né Elverdinghe, demeurant a
Vlamertinghe, reconnu comme le capitaine de la
baude; 2* Henri Désiré Vermeersch, 54 ans, né et
demeurant !i Vlamertinghe; 5* Henri Joseph
Lahousse, 23 ans, né b Reninghelst, demeurant
Vlamertinglie; 4* Lncie Colette Doise, 3o ans,
née Westoutre et demeurant b Vlamertinghe;
5® E*ariste Van der Sype, i5 ans, né et domicilié
h Staden; 6* Pierre De Sodt, 4o ans, né et demeu
rant Staden; y* Jean-Baptiste Lepouttre, 44 ans,
né et domicilié Staden; 8' Marie Thérèse De
Gryse, 4t ans, née et demeurant b Staden; g'
Charles-Louis Van de Voorde, 23 ans, né et
domicilié Vlamertinghe, et to" Virginie Eeck-
hout, 36 aus, épouse de Charles-Louis Casteleyn,
le premier accusé, née et domiciliée b Vlamertinghe.
Bruges, >8 décembre 1862.
Vous avez sans doute publié les noms des accu
sés formant, d'après les charges qui pèsent sur
enx, une association de malfaiteurs dont le procès
s'ouvrira, detaot cotre cour d'assises, mardi 23
décembre prochain. J'ai reçu communication de
l'acte d'accusatioD. Ce document, qui émane de
M. l'avocat général près la cour d'appel de Gand,
est trop volumineux pour être reproduit en entier.
Il est rédigé en flamand. Je me bornerai b analyser
les faits secondaires de cet acte judiciaire, et m'é
tendrai sur les circonstances dramatiquesémou
vantes, horribles, qui placeront notre prochaine
session des assises au rang des causes les plus célè
bres du pays.
Les dix accusés sont prévenus des crimes et
délits prévus par les articles 2g5, 296, 3o2, 3o4,
379, 381, 384 et 386, n" 1 et 3, 5g, 60, 62 et
63 dn Code pénal.
La série des crimes soumis b l'appréciation du
jury de la Flandre occidentale s'ouvre par une
prévention de double assassinai perpétré b Renin
ghelst, le dimanche 8 septembre 1861.
Accusés Charles Kesselyn, Henri-Désiré Ver
meersch, Henri Lahousse, et, par une singulière
coïocidence l'homonyme de la victime d'une er
reur judiciaire dont le nom a eu un si grand reten
tissement aux dernières assises du déparlement de
la Somme, Lucie-Colette Doize, femme de Désiré
Vermeersch.
Le 8 décembre 1861, dans l'après-midi, le bruit
se répandit b Reninghelst qu'tm horrible événe
ment s'était passée dans le village. Dapuis long
temps, les époux François Salomé et Marie-Thé-
lèse Debruyne occupaient une ferme de la commune,
et, depuis 8 années, ils avaient recueilli chez eux
Théophile Salouié, neveu de François, sur lequel
l'oucle et la taole veillaient avec une vive sollici
tude. Ce jeune homme avait b peine i3 ans b
l'époque du crime épouvantable qu'il importe de
narrer en détail. La femme Salomé et son neveu
Théophile s'étaient rendus le matin b la messe b
Vlamertinghe. A neuf heures, ils étaient de retour'
et, b neuf heures et demie, Salomé se rendit b son
tour b l'église de Reuinghelst, distante de la ferme
de trois quarts de lieue, dans l'intention d'assister
a la grand'messe qui commence b dix heures et
demie et finit, habituellement avant midi.
L'office le. lui ce, Salomé, après un court entre
lieu dans le cimetière avec sou beau-frèie, alla
solder deux mois d'école dûs pour compte de sou
neveu, resta chez le maître d'école une demi-
heure environ, et reofra chez lui vers une heure.
La porte de la ferme était simplement fermée au
loquet; b peine Salomé en eut-il franchi le seuil
qu'il aperçut sou neveu Théophile étendu dans
une mare de sang épouvanté de ce spectacle, eu
proie aux plus cruels pressentiments, il. pénétra
aussitôt dans la cbambie b coucher où le cadavre
de sa femme baignait dans le sang. Éperdu, léni
fié, Salomé courut chez ses voisius, les enfants
Batroo, eu criant au secours. Frauçois Barroo ac
compagna Salomé et vit les iufortunées victimes
dont les horribles plaies révélaient éloquemment
la rage et la fureur des assassins.
Sur les prières de Salomé, François Barroo se
rendit au bureau de police et, le même jour une
descente de justice eut lieu b Reninghelst. Le pro
cureur du roi et le juge d'instruction se hâtèrent
de réunir les premiers éléments de l'information
et, dès le lendemain les docteurs Lagrange et
Poupartd'Ypres, procédèrent b l'examen des
cadavres.
De leur rapport il résulte que la femme Salomé
et le jeune Théophile furent assassiués de la façou
la plus épouvantable. La femme fut frappée avec
une sarbacane en fer et son neveo b l'aide d'une
faucile servant, dans le ménage, b découper le pain.
Les deux instromeots de mort avaient été aban
donnés dans la demeure de Salomé, l'un dans la
chambre a coucher, près du cadavre de Marie De
bruyne l'autre sur la table, dans la cuisine. Ils
étaient maculés de sang; les deux médecins décou
vrirent, adhérant b la sarabacane, un long cheveu
gris très fin; b la faucile collaient d'autres cheveux
de la ouaoce de ceux de Théophile.
lulerrogé par le juge d'iuslruciioD, Salomé dé
clara au premier abord qu'il o'avail pu constater
d'autre vol que celui d'un pistolet et d'une blouse
de toile bleue placés dans la chambre commune,
plus un dautalon bleuâtre et un gilet de drap noir,
b rayures de colon, enlevés de son coffre. Plus tard,
il ajouta qu'ayul fait le relevé des receltes réalisées
depuis quelques mois, il croyait, d'après son calcul,
qu'uoe somme de cent et soixante francs et 96 c.
avait été dérobée. Il dit aussi qu'après le meutire,
il avait trouvé, dans sou coffreune somme de
deux cents francs, une autre somme de quatre cela
vingt-deux francs, chacune dans une bourse sépa
rée, et, de plus, une troisième somme de dix-huit
francs renfermée daus une petite boîte. Ceci me
fait croire, disait Salomé, que ma femme aurait
pu renfermer d'autres sommes dans d'autres
a sacs ou dans d'autres petites boîtes. Tout l'ar-
geut n'étant pas réuni b la même place, il n'est
pas surprenantle temps leur faisant défaut
pour leurs recherchesque les assassins se
soient retirésenemporlaut uu seul sac d'argent.»
Pendant la matinée où s'accomplit le double
assassinat, on avait aperçu deux mendiants rôdant
dans les environs de la ferme. Les premiers soup
çons tombèrent sur eux; mais il fut bientôt
reconnu, par une instruction minutieuse, qu'ils
étaient complètement innocents du crime qu'on
leur avait d'abord imputé. Des véritables assassins,
on ne trouvait point de trace, et on commençait b
craindre qu'ils ne restassent impunis, quand, dans
les premjers jours du mois d'avril, l'affaire prit un
tout autre cours.
Le mercredi 11 décembre 1861, Léopold Soe-
nen, colporteur b Vlamertinghe s'était rendu dans
la demeure de Désiré Vermeersch pour y offrir sa
marchandise et Ib, uoe conversation s'établit entre
Lucie Doize, femme Vermeersch, et lui, sur le crime
perpétré trois jours auparavant. Il est vraiment
éirange, disait Soeneo, qu'il n'a été pris dans la
maison de Solomé ni argent, ui effets c'est ainsi,
a du moins, que je l'ai ouï dire. 0 La femme Ver-
meersch répondit aussitôt Non, en effet, il q'8
pas été volé d'argent. Au même instant une
jeune enfant de cinq ans et demi, Emerence Ver
meersch, se glissa entre les deux interlocuteurs et
sffi mia, contrairement b l'assertion de sa mère,
qu'un peu d'argent avait été dérobé. La mère b ces
mots rougit et perdit contenance. Soenen rompit
l'eniieiien et s'éloigna.
Dans les premiers jours du mois d'avril, la même
petite fille jouant avec Edouard Barroo, enfant de
douze ans, lui déclara, sur sa demande, que les
auteurs du meurtre de Marie Debruyne et de Thé
ophile Salomé étaient son père, Charles Castelyn,
et Henri Lahousse, sou oncle que Lahousse, après
le meurtre, était porteur d'un mouchoir rouge
sariguiu contenant des effets d'habillement mais
que Vermeersch ayant refusé de recevoir le paquet
dans son logis, Lahousse le transporta dans le bois.
Le 4 avril, Einerence fit la même déclaration b
Loois Mahieu, garde forestier et de chasse elle
ajouta que sa mère avait fait partie de l'expé
dition.
Le juge d'instruction eut immédiatement con
naissance de cette déclaration il fit aussitôt com
paraître Emerence Vet meersch et il en reçut les
révélations qu'oo va lire
C'est mou père, Charles Castelyn, et Lahousse
a qui ont assassiné Théophile et Thérèse Salomé.
ils avaient tous trois du sang aux mains en ren-
trant chez eux, le jour du crime, avant l'heure du
raidi; leurs habits, maculés de sang, furent lavés
par ma mère Kastelyn, pour accomplir le crime,
s'est servi de soo couteau mon père a fait de
même. Les deux couteaux dégoûtaient de sang;
ma mère et Kastelyn en ont lavé la lame. Kaste-
lyo avait beaucoup d'argent sur loi. Cet argent
fut partagé entre lui, tnom père et Lahousse. Ma
mère le mit dans le bahut.
Emerance Vermeersch déclare encore que sa
marraine Nathalie Vermeersch, sa tante
lui défendit deparler de ces faits b personne;
que l'assassinat fut commis un dimanche que
son père, Lahousse et Kastelyn étaient rentrés
vers dix heures du ma îd, au moment même où
sa mère avait mis sur le feu de dîner de la
a famille.
Le juge d'instruction confronta avec l'eufaot
Désiré Vermeersch, Lahousse et Kastelyn, mais
Emerance déclare qu'elle ue reconnaissait que son
oncle Lahousse.
Le 19 septembre, cependant, elle renouvela ses
révélations du i4 avril, b cette différence près que
le juge d'instruction loi ayant demaudé qui était
entré dans la demeure de ses parents pendant la
matinée du crime, elle répondit sans hésiter
Lahousse et mon père; ils étaient porteurs d'une
bourse d'argent.
Désiré Vermeersch, Lucie Doize, sa femme, et
Lahousse furent ariêtés le 11 avril; quant b Keste-
lyn, il était en prison depuis la mi-mars, comme
prévenu d'un assassinat commis b Staden, pendant
la nuit du 5 au 6 mats 1862.
Malgré les affirmations persistantes et si précises
d'Emerance Vermeersch, les prévenus soutinrent
qu'ils n'avaient jamais eu la moindre affaire daos le
nord de Reuinghelst. Quand Désiré Vermeersch
fut confronté avec Emerance, il parut douter que
ce fut son enfant; écrasé par l'évidence, et ne con
sentit b la reconnaître qu'avec de nombreuses
réticences.
Kastelyn est d'avis que jamaisoo ne peut avouer
uu pareil crime. Voici comment il s'est exprimé b
ce sujet. Se trouvant, en janvier demies, avec
Logie, journalier b Vlamertinghe, ils causèrent du
meurtre de Reninghelst. Le coupable, disait
Logie, portera probablement sa tête sur l'écha-
faud en expiation de son ctime. Oui, répon-