D'YPRES
40,lie Année.
Samedi 3 Janvier 1863.
No 4.722.
L'empereur Napoléon a reçu avant-
hier aux Tuileries les félicitations du
corps diplomatique et des corps con
stitués de l'Etat C'est Mgr Chigi,
nonce du Saint-Père, qui a parlé au
nom du corps diplomatique. Le Temps
dit que S. M. a répondu aux paroles
qui lui étaient adressées par le repré
sentant du Saint-Siège qu'il avait le
ferme espoir de voir se maintenir
la paix pendant l'année qui com-
mence. Cette déclaration impé
riale eut été accueillie partout avee
sympathie, car n a besoin de paix et
de sécurité; mais le Moniteur donne
une autre version de la réponse de S.
M. D'après l'analiseque transmet le
télégraphe de la mention qui est
faite au journal officiel de la réception
aux Tuileries du corps diplomatique,
l'Empereur a remercié les représen
tants des puissances étrangères de
leurs vieux et de leurs hommages et
il a ajouté Je suis heureux de me
voir entouré des représentants de
toutes les puissances. Ils peuvent
témoigner de mon désir de vivre
avec elle dans des relations d'amitié
si nécessairosà la sécurité du présent
et de l'avenir On le voit la
version du Moniteur est beaucoup
moins explicite que celle du Temps
àu sujet des assurances de paix Ce
qui n'empêche pas lediscoursimpérial
d'être fort pacifique.
Le roi galant homme n'a point
fait de promesses au sujet de la ques
tion de Rome dans ses discours du
premier de l'an. Il s'est borné parler
de confiance, de concorde et re
gretter que 1862 n'ait point vu s'ac
complir les a vaux de la nation Sa
vieille ritournelle n'a point fait défaut.
S. M. a dit la députation de la cham
bre des députés Ayez confiance
en moi comme j'ai confiance en
vous
Le Saint-Père, en recevant les of
ficiers français le 1er de l'an, a pro-
n< ncé un long discours dans lequel
il a exprimé la confiance que le Pié
mont repenti tomberait aux pieds du
Saint-Siège, comme Jacob était tombé
aux pieds de l'ange, l'après avoir
combattu toute une nuit sans le
connaître.
11 paraît que le cabinet piémontais
veut rivaliser de zèle avec la com
mission parlementaire pour la ré
pression du brigandage. M. Peruzzi,
en effet, vient d'adresser ses préfets
quatre circulaires, ni plus ni moins,
et M. Pisanelli, une aux procureurs
du roi. La première circulaire com
mande aux agents du ministre de
signalera l'autorité centrale les con-
sens municipaux qui sont soupçonnes
de complicité avec les brigands, ou
de tiédeur dans l'exécution des mesu
res de répression. La seconde a pour
objet de préparer la réorganisation
ou la dissolution desgardesnationales
suspectes; et la troisième de substi
tuer aux syndics des commissaires
spéciaux de police qui devront agir
sous les ordes des délégués placés dans
les chefs-lieux d'arrondissement. On
avait pensé d'abord charger de la
police les magistrats; mais malgré le
travail d'épuration que M Rattazzi a
accompli, il y a quelques mois
peine, les juges inspirent peu de
confiance au cabinet de Turin, 11 faut
les surveiller. C'est pour organiser
cetls surveillance qu'a été écrite la
circulaire de M. Pisanelli. Tout cela
forme un ensemble de précautions
fort savant et fort ingénieux sans
doute mais tout cela a un grand tort;
c'est de montrer combien les popula-
ti ms sont hostiles l'annexion, puis
que ni le gouvernement unitaire, ni
l'autorité centrale de Naples 11e peu
vent compter sur les juges, sur les
conseils municipaux et sur les gardes
nationales. Les circulaire de MM.
Peruzzi et Pisanelli sont, qu'on nous
permette celte expression, la morale
du plébiscite.
On écrit de Londres que, le 24
décembre, il s'est produit, au théâtre
de Dublin, une manifestation patri
otique qui prouve l'antipathie de la
population contre les Anglais. A la fin
d'une pantomine, on a déployé, pour
l'intelligence de l'action, le drapeau
national anglais, (union jack), et ce
drapeau a été accueilli parles sifflets
de la salle entière. Les spectateurs
ont demandé le drapeau vert d'Irlan
de et l'enlèvement du drapeau an
glais Pour éviter des troubles san
glants, on a dû les satisfaire Le
drapeau irlandais a été accueilli avec
des applaudissements frénétiques qui
ont duré un quart d'heure.
La situation reste la mètne en
Grèce. La cession des îles Ioniennes
se recule de plus en plus; chaque
jour semble la subordonner une
condition nouvelle C'était d'abord le
maintien de la forme monarchique,
prix du choix d'un prince agréable
a l'Angleterre. Il s'agirait aujour
d'hui de la cession préalable par la
Turquie d'une bande de territoire en
Epire faisant face aux sept îles, et
c'est cette affaire que se rattacherait
la mission de M. Elliot Constanti-
nople. La nouvelle est au moins dou
teuse, tant elle s'accorde peu avec
l'intention connue de l'Angleterre de
faire respecter l'intégrité de l'empire
ottoman, intégrité laquelle elle por
terait ainsi elle-même la première
atteinte.
Un a des nouvelles de New-York
du tg décembre. Aucun événement
nouveau no s'est passé sur le Kappa-
hannock, depuis l'affaire de Frede-
ricksburg et la retraite des fédéraux.
Les confédérés s'étaient bornés jus
que-là rapprocher leurs avant-
postes et les porter sur les bords du
fleuve. D'après les bruits répandus,
l'armée de Lee n'aurait perdu dans la
rude bataille qu'elle a eu soutenir
dans ses retranchements derrière
Fredcricksburg que 5oo hommes
tués et 2,5oo blessés, tandis que les
pertes des fédéraux s'élèveraient
17,000 morts et blessés. Ce dernier
chiffre paraît être fort exagéré. A
Paris, dans les cercles favorables au
Sud, on u'estime pas plus de 7,000
hommes le total des hommes mis
hors de combat de l'armée unioniste.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Nous avons été mal informés en disant
dans notre Nécrologie du 27 décembre
que le deuil était conduit uniquement par
M. le baron de Giey. Il était en même
temps conduit par M. le sénateur Cassiers
et par M. Cotleau, conseiller la Cour
Impériale de Douai, tous les deux beaux-
frères du défunt.
Nous aimons d'ajouter qu'un des aïeux
de M. le vicomte de Patin était ministre et
conseiller intime de Sa .Majesté l'Impéra
trice Marie Thérèse, et président de la
Flandre pendant un quart de siècle. Il est
l'auteur de l'ouvrage en latin sur le droit
des mers, travail que, dans sa qualité
d'ambassadeur de Sa Majesté l'Impératrice,
pour défendre la liberté de l'Escaut
dans les négociations du malencontreux
traité des barrières, il avait été dans
l'occasion d'étudier.
Ce remarquable travail quoiqu'en 2
gros volumes in 8", a été traduit d'abord
en allemand, et en français, eusuile en
plusieurs autres 'angues.