M. l'avocat général. Souvent elle refose de
parler, et parfois, par contre, elle parle spontané
ment.
(L'audience, suspendue une heure cinq minâ
tes, est reprise uoe heure 20 minutes.)
20" témoin, Marie - Thérèse Corn illiesans
profession, 53 ans, pensionnaire de l'hospice a
Vlamerlinghe. La petite Eméreuce Vermeerscb,
entrant ou jour dans la cuisiue de l'hospice,
Vlamerlinghe, s'adressa une autre pensionnaire
qui avait uial aux dents et lui dit Qu'avez vous,
mère Jeanne? vous ressemblez un assassin.
Comment, répondit la malade, auriez-vois déjà
vu un assassin? Oui, chez moi,car mon père en
est un, répliqua Eméreoce.
21'témoiu, Jeanne Vercamer, veuve Koor-
naest, 77 ans, pensionnaire l'hospice des vieillards
Vlamerlinghe.
C'est çe témoin qu'Eiuérence Vermeersch
a tenu le propos rapporté par le témoin piécédent.
Sur la demande do jury, le garde chasse Mahieu
est rappelé.
D. A quel jour avez-vous visité le poils dans
lequel a été trouvé le pistolet. R. Dans l'après-
midi du jour de la prétendue trouvaille. La glace
était intacte. On n'avait pu y puiser de l'eau depuis
plusieurs jours.
D. Quel temps faisait-il? R. Un superbe
temps de gelée.
O. La glace était épaisse? R. A pouvoir
aisément supporter le poids d'un homme.
M. le préaident. Ce n'est pas contesté. La
femme a brisé son sabot sur la glace.
Le témoin. L'effort eût brisé le pistolet avant de
briser la glace.
M' Maerlens. Mais si le glace a été brisée
autour du pistolet, le pistolet serait endommagé?
Le témoin. La glace était intacte.
La femme Keslelyn. J'ai pris le pistolet pour la
cassette d'une pipe. J'ai brisé la glace tout autour
pour le prendre iotact. (Avec colère:) Le
garde-chasse est un vilain menteur. Faites-le taire,
s'il vous piaît, vous ferez bien, M. le président.
(Rires dans l'auditoire.)
22e témoin, Rosalie Beuns52 ans, femme
Moukerhey, fermière Vlamerlinghe.
La femme Vermeersch est venue prendre du lait
chez moi le dimanche du crime. Elle devait passer
par la demeure de Salomé. Elle venait tous les
dimanches dans la matinée faire sa provision
de lait. Elle ne parla nullement du meurtre.
Quand, le jeudi d'ensuite, elle revint chez moi, elle
lue dit que te dimanche auparavant, en venant
chez moi, elle avait vu la femme Salomé sur
le seuil de sa porte et l'enfant courant dans
le jardin, ayant la main uoe trappe pour
prendre les oiseaux.
Cette trappe figure parmi les pièces conviction.
Salomé la reconnaît.
M, le président (au témoin.) A la distaoce où se
trouve le chemin de votre maison, aurait-on
pu distinguer la trappe? R. Le chemin passe
moins de 3o pas du corps de logis.
23* témoin, François Lcxjie, 46 ans, menuisier
h Vlamerlinghe. Le 8 décembre 1861, vers onze
heures, j'ai vu Vermeersch qui se dirigeait, le long
du bois, vers la demeure de son père. Il était
environ onze heures du matio.
L'accusé Vermeersch. Quand je suis arrivé
chez mon père, il était onze heures moins un
quart.
Le témoin. Après avoir vu Vermeersch, je suis
rentré chez moi, j'ai prépaté le dîner, je sois sorti
ensuite et j'ai rencontré Jean Barroo.
24* témoin, Marie-Thérèse Merlevede, 4o
ans, femme Ange Logie, journalière Vlamer
linghe. Ce témoin a vu dans le bois, le 8
décembre 1861, entre onze heures et midi, deux
individus qu'elle ne pot reconnaître et qui cher
chaient se cacher, se rendant vers la ferme de
Salomé. Le témoin raconte encore qu'en mars
1862, elle soignait la femme Lahousse, malade
d'une fausse couche. Cette femme s'adressant son
mari, loi dit «Ah! malheureux, pourquoi avez-
vous fait cela? vous serez cause de ma mort et de la
perte de mes enfants.
L'accusé Lahousse nie le fait. Sa femme étant
malade,croyant sa fin prochaine, lui a simplement
recommandé de ne pasla priver de prières, quelque
dommage matériel qu'il pût en résulter pour lui et
les enfants survivants.
Le témoin. Il n'est point question de cela,
monsieur le président. La femme Lahousse a dit ce
que je viens de rapporter. Le mari pleurait.
L'accusé. Je pleurais, mais de douleur de voir
ma femme malade.
Un juré. Le méoage de Lahousse n était-il
point troublé par de fréqueutes querelles?
M. Le président. Lahousse accusait sa femme
d'eotreteoir des relations avec Keslelyn.
M. l'avocat général. Qui a requis vos soins
pour la femme Lahousse? -- R. Nathalie Ver
meersch. Elle m'a dit que sa mère était malade et
sa soeur accouchée.
M'Soenens. La femme Lahousse croyait mourir
des suites de ses couches. C'est pourquoi elle disait
que son mari serait cause de sa mort et de celle de
son enfant. Telle est l'explication qu'elle m'a
donnée.
25' témoin, LéopoldRousselle, 20 ans, domes
tique Vlamertinghe.
J'étais chez le père de Vermeersch le dimanche
8 décembre, vers trois heures de l'api ès- raidi.
D. Avez-vous vu D. Vermeersch en compagnie
d'un nommé Verstraete? -- R. Non.
L'accusé Vermeersch. J'y étais, et c'est là que
j'ai entendu raconter le crime de la matiuée.
L'audience est levée 2 heures 45 minutes.
Audience du 27 mars.
L'audience est ouverte 10 heures i5 minutes.
26e témoin, Louis Roose, 29 ans, journalier
Brielen.
Je suis ouvrier chez Merlevede, et Vermeersch
travaillait avec moi. Le dimanche 8 décembre, en
rentrant vers l'heure du souper, je trouvai D.
Vermeerscb table. Il ne fut pas question du crime.
D. Eh bien, Vermeersch, que direz-vous de cette
déposition? R. Le téraoiu se trompe. J'ai parlé
de ce que je savais, devant tout le moode, pendant
que nous étioos tous assis autour du feu, je
m'adressai particulièrement a la fermière.
M. l'avocat général. Eh bien! Vermeersch je
vais vous mettre l'aise. Qui, d'après vous, a pu
emeudre ce que vous disiez la fermière? -- R. Le
berger m'a fait une observation au sujet de mon
récit.
D. Comment expliquez-vous que le témoin ici
présent n'ait rieu entendu?-- R. Il ne veut pas en
convenir, voilà tout ce je pois supposer.
M' Soenens. Le piésent témoin peut certifier
que l'accusé a déclaré le lendemain avoir vu courir
beaucoup de monde.
M. l'avocat général. Il l'a caché l'audience.
(Au témoin.)Qu'a dit Vermeerscble iendemaio,
pendant le déjeûuer, quand le fermier a parlé du
crime? -- R. Vermeersch a dit qu'il ne savait rien
de cette affaire.
27° témoio, Ch. L. Merlevede, 47 ans, fermier
Brielen.
Le dimanche soir, j'ai appris au cabaiêt de
Saint Pierre qu'un double meurtre avait été
commis Reuiughelst. A mon retour, je ne pus en
parler, tout le moude était couché. Le lendemain,
j'interrogeai Vermeersch. C'est étrange que je
n'en sache rieo, me dit-il, je suis voisin des
Salomé. Cependant je ne suis pas surp is, parce
que j'ai vu passer beaucoup de gens qui cou-
raient dans cette direction. Et vous n'êtes pas
allé voir? demaodai-je. Je n'y ai pas songé,
me dit-il.
D. Eh bien! Vermeersch? R. Je répète que
le dimanche soir j'ai raconté la fermière ce que
j'avais appris.
D. Mais citez une autre personne qae la pre
mière? -- R. Je les cite tous; ils ne veulent pas
parler, ils veulent me nuire.
D. Avez-vous eu vous plaindre de Vermeersch
R. Jamais. Puis-je me retirer, M. le président?
J'occope une grande exploitation, tous mes domes
tiques sont ici; ma femme est seule la ferme avec
sept petits enfants.
M. le président. Nous statuerons demain.
28e témoin, Charles- Louis Vandermeersch,
charretier chez M. Merlevede, fermier Brielen.
Le soir du 8 décembre, l'accusé se retira avec
moi l'heure du coucher. Il me raconta qu'on
cripie avait été commis a proximité de sa demeure.
Je lui demandai s'il avait vu quelque chose; il me
répondit quM avait vu courir beaocoup de monde,
mais qu'il n'avait pas, en ce moment, le temps
d'accompagner les curieux.
D. Vermeersch a-t-il raconté la même chose
avant l'heure du coucher? R. Non, monsieur le
président.
D. Eh bien! Vermeersch? R. J'ai parlé
devant la fermière et devant les autres domestiques.
D. (Au témoin.) Quand, dans l'écurie, il vous a
parlé d'un meurtre commis Reuiughelst, a-t-il
désigné les victimes? -- R. Non, ii ne les a
nommées que le dimanche suivant.
D. Eh bien! Vermeersch? -- R. Tous les
témoins s'enteudent pour mentir.
D. (Au témoio.) Quand, par la suite, vous
parliez du meurtre avec Vermeersch, avait-il la
contenance embarrassée? -- R. Je ne l'ai jamais
remarqué. Cependant, il m'a déclaré positivement
un jour qu'il ne voulait plus entendre parler de
cette affaire.
L'accusé Vermeersch. Vous êtes un grand
menteur.
Le témoin. Je suis venu ici pour dire la vérité
et non pour mentir.
M. l'avocat général. N'êtes-vous pas allé un
soir chez le père Vermeersch, accompagné de
Désiré? R. Oui, j'ai demandé au père s'il
euleudait encore parler du meurtre, et il oie
répondit Rien absolument. De là nous som
mes allés chez D. Vermeersch. Je posa la même
question la femme Vermeerscb. Elle me répondit
de très-mauvaise humeur qu'elle ne s'occupait pas
de cette affaire.
D. Qn'est-il arrivé un jour que des gendarmes
passaient devant la ferme? R. J'appelais Ver
meersch et loi dis eo riant Les gendarmes viennent
vous prendre! A ces mots il tressaillit et accourut
sur le seuil de l'écurie et pousa un grand soupir de
soulagement eo voyant que les gendarmes s'étaient
éloignés daDS la direction de Saiui-Pierie.
Le fermier Merlevede est autorisé partir avec
ses domestiques.
29e témoio, Julie Debleu, épouse Logie, 5î
ans, fermière Vlamerlinghe.
Le jour du crime la femme Lahousse est venue
chez moi, vers dix heures et demie, pour acheter do
lait. Le lendemain, elle revint chez moi et je lui
parlai du ciiue Venez vous aussi pour me cooper
le cou? lui demaudai je. Elle perdit coutenauce. Je
coutiouai: Deux personnes oui été assassinées hier
en plein joui; ne le savez-vous pas? Non, dit elle,
nous demeurons dans les bois et nous ne savons rieo.
Depuis ma citation, la femme Lahousse m'a
demandé de déclarer qu'elle était chez moi dix
heures et demie et non onze heures.
00e témoin, Eugénie Verbeke, femme Gouwy,
62 ans, journalière Vlamerlinghe.
D. Connaissez vous les accusés? Keslelyn sourit
au témoio. Le témoin sourit soo tour Oui, je
les connais tous, monsieur.
M. le président Keslelyn). Votre position est
assez grave pour vous inspirer d'autres peosées que
celle de sourire aux témoins.
(Aux jurés.) Messieurs, le témoin est cité pour
donner des renseignements sur l'itinéraire suivi par
Lahousse le jour du crime.
J'étais devant ma porte, dit-elje, je vis arriver
Lahousse, tantôt courant, tautôt marchant d'uu boo
pas. Il était onze heures et demie.
M. le président. Lahousse prétend qu'il était
ouze heures seulement. (Au témoio.) Vers quelle
direction se rendait l'accusé Lahousse? R. Vers
la ferme des enfants Knockaert.
D. Eh bieD, Lahousse? R. Cette femme se
'trompe ou ment. Je ne courais pas, il n'était pas
onze heures et demie; je marchais, en fumant, de
tnou pas accoutumé. A la distaDceoù se trouve le
seutierde la maison decettefemme,ilest impossible
de reconnaître quelqu'un.