D'YPRES
46"* Année.
Mercredi 15 Avril 1803.
I\o 4,751.
OCTJ?. B'ASSISSS
DE LA FLANDRE-OCCIDENTALE.
Suite de l'audience du ZI mars.
M. l'avocat général. Où cooduit le sentier qoi
borde le puits? R. Au chemin de fer.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIfJl'E. - CONSTITITION BELGE.
Dimanche dernierb 11 heures du matina eu
lieu, b la Salle Bleue de l'Hôtel-de-Ville, une
bien intéressante cérémonie. MM. le bourgmestre,
les écbe.ins, les conseillers communaox et les mem
bres do cooseil des prud'hommes y étaient réunis a
l'occasion de la remise a faire de l'insigne honori
fique accordé par arrê'é royal, pour longs et loyaux
services, aux sieurs Joseph, contre-maître chez M.
Barbier-Mulier; Claeys, ou.rier rubanier chez M.
Depoorter Roffiaen, et Laby, ouvrier peintre chez
MM. De Clercq frères Bien des persoones notables
assistaient b celte fête, eutre autres les patrons des
décorés, suivis de presque tous leurs ouvriers, de
manière que la Salle était bien remplie. M. le
bourgmestre, après a»oir donné lecture de l'arrêté
royal qui institue ces récompenses, a fait, en lan
gue flamande, une allocution touchante dans
laquelle il a surtout loué la probité, le zèle, l'acti
vité, la moralité exemplaire et le génie industriel de
ces respectables ouvriers, dont le premier, le sieur
Joseph, a l'honneur de siéger comme membre au
conseil des prud'hommes. Le premier magistrat de
la ville a applaudi ensuite la bienveillante sollici
tude de l'Etat qui sait apprécier et récompenser le
mérite jusque dans les rangs les moins élevés de la
société. Il a bien montré, dans cette circonstance,
que sou cœur parlait par sa bouche, car il a lui-
même attaché la décoration il la boutonnière des
trois héros de la fête, et les a ensuite embrassés
avec effusion aux applaudissements de tous les
assistants. Eu répétant les mêmes marques d'ami iè,
de sympathie b l'égard de leurs ouvriers, MM. les
patrons semblaient se sentir eux-mêmes fiers de
celle distinction, que conséquemment ils doiveut
approuver entièrement en juges compétents des
titres, du chef desquels elle a été accordée. A 6 i/a
heures do soir une sérénade a été donnée en
l'honneur des nouveaux décorés par la musique
des Pompiers. Cette fête ne peut manquer de
laisser un agréable souvenir dans le cœur de tous
ceux qui en ont été témoins on y trouve un beau
stimulant pour tous les confrères de ceux dont ou
honore et récompense le mérite. Les idées se por
tent alors comme naturellement sur les mesures
déjb prises et celles b prendre encore pour instruire,
pour moraliser la classe ouvrière et la relever ainsi
b ses propres yeux, pour établir, eo un mot, une
heureuse harmonie eutre le maître et l'ouvrier.
AFFAIRE DE LA BANDE ROL'GE.
M. l'avocat général. Vous o'avez pas mis
d obstacle b ce qu'il fût passé ootre aux débats,
nonobstant l'absence des témoins empêchés. -- R.
Oui, mais sous toute réserve.
Le témoin Mabieu est rappelé.
D. C'est bien le jour de la découverte do pistolet
que vous avez été visiter la mare? R. Oui, dans
l'après midi.
D. La femme Kestelyn vous accompagnait
R. Non, mais je me suis rendu chez elle, et elle s'est
servie de mou propre pistolet pour m'expliquer la
place de la trouvaille et la position du pistolet
eogagé dans la glace.
La femme Keste/yn (avec grande indigoation).
Il en a meoti. (On rit.)
M Maertens. Cette femme a un accent de
sincérité qui produit de l'impression sur moi.
La femme Kestelyn. Il m a promis des pommes
de terre si je voulais avouer que j'avais mangé de
la viande le dimanche 8 décembre? -- R. C'est
faux.
M' Maertens. Quaod le témoin a fait cette
investigatioo, était - il déjà investi d'un mandat?
R. Non, j'étais simple curieux.
M. le président. Vous étiez plus que cela, vous
étiez garde forestier, officier de police.
Le témoin Brixis est rappelé. Vous avez été
chargé d'une visite domiciliaire chez Kestelyn?
R. Oui, mais superficielle, les témoins m'ayant
déclaré que Kestelyn n'était pas sorti de la rnatiuée
et qu'ils l'avaient vu employé au travail d'uue cage
b lapins. Tout d'un coup, spontanément, le pe'it
Aenri, fils de Kestelyn, nt'a dit que, depuis dix
heures jusqu'à midi, il avait été chargé par sa mère
de frapper sur des planches pour faire croire que
soo père travaillait.
D. Comment devait-il frapper? R. Avec
son pied.
Kestelyn. Le bruit d'un talon ne produit pas le
bruit du marteau.
Le témoin Brixis. Les voisins y ont été
trompés.
M. le chef du jury. Où était la cage b lapins?
R. Dans uoe des pièces de l'habitatiou.
D. Y avait-il beaucoup de lapius dans cette
cage? R. Une trentaine.
Kestelyn. Ah! l'homme, je vous tieos! (On rit.)
Je n'avais que onze lapins, orre mère et 10 petits.
M. le président. On dira tout b l'heure ce que
vous avez fait des autres.
D. Qu'a déclaré encore le petit Edouard?
R. Que son père ensanglanté, est rentré par
la feuètre avec un paquet de saucisses et de
côtelettes.
D. Quand a eu lieu la visite domiciliaire R.
Le ruardi.
La femme Kes elyo interpelle avec volubilité le
maréchal-des-logis brixis au sujet des iujouctions
qu'il aurait faites b l'eufaul pour le forcer b porter
des accusations. Le maréchal-des logis ne répond
que par uo mouvement d'épaules.
D. Kestelyn était au logis quand vous avez fait
votre première perquisition? R. Non.
La femme Kestelyn. Le témoin m'a parlé
d'abord du pistolet; il a fait retourner toute la
maison, il m'a ensuite emmenée b Ypres.
M° Soenens. Pourquoi le témoiu n'a-t-il pas
déclaré d'abord ce que loi a dit l'enfant b propos
du travail simulé?
5oe témoin, Sophie Ramon, femme Bossaert,
3i ans.
N'avez-voos pas été chercher de l'eau dans
la mare, la veille de la découverte du pistolet?
R. Oui, vers 4 ou 5 heures.
D. Vous demeurez près de l'a? R. A vingt-
cinq pas.
D. Avez-vous pris de l'eau? R. Non, la glace
était trop épaisse. J'ai appuyé avec mon sceau,
la glace a résisté.
D. Avez-vous remarqué quelque chose sur la
glace? R. Rien du toot.
D. La glace était unie? R. A peu près,
b la place où j'avais fait précédemment un trou, il
y avait one dépression.
D. Demeurez-vous loin de chez Kestelyn?
R. Non, b portée de la voix.
D. Quelle conversation avez-vous surprise ou
jour entre un inconnu et Kestelyn? R. Us
passaient; l'inconnu disait b Kestelyn: Je sois
sous le coup d'une constante terreur. Kestelyn
répondit a Moi, non, je ne craios personne,
et personne ne peut me nuire. (L'accusé sourit.)
D. Que dites-vous de cette déposition, Keste
lyn? R. J'ai dit bien des fois dans ma vie que
je ne craios personne.
D. Avez-vous dit cela vers la fin de décembre
ou le commencement de janvier en passant devant
la maison de cette jeune femme? R. C'est
possible. Je ne me le rappelle pas.
M° Soenens. Le témoin conualt-il Lahousse et
Vermeersch? R. Non.
D. Connaît-il Desot? R. Noo.
D. Regardez bien. R. Je ne le connais pas.
D. Avez voos jamais parlé du meurtre avec la
femme de Kestelyn? R. Non.
D. Le témoin a-t-il frappé sur la glace?R.
Non, je me suis bornée b appuyer.
D. Avez vous piétiné sur la glace? R. Noo,
j'ai simplement posé le pied sur la glace pour avoir
uo point d'appui.
D. Uo autre sentier y aboutissait également?
R. Oui, jusqu'au milieu de l'été dernier.
D. Où conduisait ce grand sentier? R. A la
route pavée.
(L'audience est suspendoe b une heure dix
minutes et reprise b uoe heure et demie.)
M. l'avocat général. Veuillez, je vous prie,
faire citer le bourgmestre de Vlamertinghe en vertu
de votre pouvoir discrétionnaire. Par un heureux
hasard il est présent b l'audience.
Jules Veys, 3g ans, bourgmestre, b Vlamer
tinghe.
D. Certains jours ne sont-ils pas affectés b la
mendicité? R. Tolérée seulement et pendant
trois jours par semaine. Chaque jour a son itiné
raire spécial.
D. Doivent-ils, le vendredi, passer devant la
mare où le pistolet aorait été trouvé? R. Non.
La direction du vendredi est opposée.
La femme Kestelyn. Ce jour-lb, l'ordre des
tournées a été interverti, parce que la tournée du
lundi précédent n'avait pu avoir lieu.
D. Pour quelle cause? R. C'était no jonr
férié.
Etait-ce effectivement an jour férié, M. le
bourgmestre? R. Férié par la coutume, M. le
président.
La femme Kestelyn. Coutume ou non, on ne
donne pas d'aumônes ce jour-lb.
Le témoin. Il n'existe pas de chemin conduisant
aux fermes qoi longe la mare. Il aboutit au chemin
de fer et traverse la propriété do baron de Woel-
mont.
La femme Kestelyn. M. le bourgmestre j'en
tends parler d'un seotier qui n'existe plus. En ce
temps, il conduisait b la ferme Derycke et b d'autres
fermes encore.
5Ie témoin, Virginie Bruyneel, 3i ans,
métayère.
Ce témoin, le jour de la trouvaille du pistolet,
étant allé chercher de l'eau, n'a pu en puiser et a
dû rapporter son sceau vide. Il n'y avait ni bris sur
la glace, ni morceaux détachés. Il était alors quatre
heures de l'après-midi.
D. Etes-vous voisine de Kestelyn? R. Je
demeure b dix minotes de chez lui.
D. Que dites-vous de cette déposition, femme
Kestelyn? R. J'ai dit et je répète que le
pistolet était engagé dans la glace, b une place où
l'on avait précédemment pratiqué un trou.
D. On aurait tout moins constaté des traces de la