68e témoin, Jacques Merlevede, 33 ans,
domestique de ferme Vlamertinghe.
Ce témoin travaillait avec Rousselle et
Kestelyn aux champs de Koene, pendant la
lui a fait pari, comme sa sœur, de ses soupçons
sur Kestelyo et de sa conviction que le pistolet
n'avait jamais été jeté dacs la mare, parce que les
enfants de Kestelyo Taraient offert en vente ses
propres enfants. La femme Vandevoorde déclarait
cependant qu'elle ne ferait point part de ses soup
çons la justice, de craiote d'incendie.
La femme Vandevoorde, rappelée, déclare en
core qu'elle n'a point qualifié les enfants de Kes
telyo de fils d'assassio. Elle s'est bornée a dire
qu'ils avaient les regards d'assassin.
D. N'avez-vous pas dit Sidonie Kiele, comme
Clemence Kiele, que la mare était gelée et qu'on
pistolet u'avait pu y être placé, partie daos l'eau et
partie au - dessus de ta glace? -- R. Je ue sais plus,
il y a si longtemps.
D. Pourquoi n'ajouliez-vons aucune foi la
trouvaille du pistolet? -- R. Parce que les enfants
disaient que leur mère l'avait trouvé sur la rue.
Virginie Brunee! est rappelée.
ilI. Cavocat général. Vous avez été b la mare
pour puiser de l'eau? -- R. Oui.
D. En avez-vous rapporté? -- R. Non, le puits
était gelé.
D.Sansaucuneonverlure?—-R.Sansla moindre.
Amélie Vandevoorde. Ma fille a dit qu'elle a
vu uue légète fissure dans la glace, mais insuffisante
pour y puiser de l'eau.
D. De quelle largeur était la fissure? -- R. Elle
av ril la dimension de la paume de la main.
M° Maertens. Pourquoi n'a-t on pas fait venir
la fille de Vandevoorde/' -- R. Elle est accouchée
depuis quatre ou cinq jours, elle est chétive et
malade.
60* téninin, Jacques Pinet, 60 ans, ouvrier
agricole, 3 Vlaruerltnghe.
Le témoin, dont la déposition est très verbeuse,
déclare que Kestelyn lui a dit que le jour du crime,
dans la matinée, il avait coupé un bâton dans les
bois. Cette déclaration parut très-suspecte au té
moin, parce qu'elle déméritait i'asserlion de Keste
lyn que le 8 décembre il n'était point sorti de chez
lui avant uue heure.
Le témoin apprend "a la cour que la femme
Amélie Vandevoorde est la sœur de la femme de
l'accusé Kestelyn.
D. Comment eut lieu votre conversation avec
Kestelyn? -- R. J'étais malade, je me promenais
et c'est ainsi que j'arrivai dans un champ que
fumait Kesielyo.
D. Etiez vous seul avec lui? -- R. Oui et non.
D'autres ouvriers travaillaient avec Kestelyo, mais
hors de la portée de la voix.
D. Ces ouvriers pouvaient vous voir? R.
Parfaitement.
D. Kestelyn vous a-t-il dit dans quelle partie
du bots il a coupé un bâton? -- R. C'était, dit-il,
daos les environs de la ferme de Salouié. Il se
félicitait de n'être p«s revenu par le même chemin,
parce que des soupçons auraient pu planer sur lui.
D. Quelle impression a produite sur vous cette
conversation? -- R. En rentrant, j'ai dit ma
femme Ou ue m'ôleia pas de l'esprit que Kes
telyn eu sait long sur le meurtre des Salomé.
L'accusé Kestelyo uie avoir parlé du crime avec
le témoin Pinet.
D. (Au témoin.) N'avez-vous fait aucune dé
marche par suite de cette impression? -- R. Je suis
letourné chez Kestelyo, il m'a rapporté de nouveau
ta circonstance du bâtou coupé, et il m'a dit que
daLs I après midi il est revenu au même endroit
pour couper une fourche de bois et il m'a exprimé
la conviction que les meurtriers seraient découverts.
L accusèKestelyn. Je n'ai parlé qu'à ma belle-
sœur de I affaire de la fourche de bois.
M. I avocat général. C'est un propos très-im
portant. D antres témoins en déposeront.
Le témoin. J ai tencontré un jour la belle-sœur
de Kestelyn et elle me dit Il est question de nous
faire venir tous les deux Bruges, au sujet de la
fourche dont Kestelyn vous a parlé aussi bien
qu'à moi.
Kestelyn. Oo se trompe. Je n'ai point parlé de
la fourche Pinet. J'ai dit seulement ma belle-
sœur que j en avais cherché une, mais que je n'eu
avais pas trouvé dans le bois.
D. (A Kestelyn.) Pourquoi n'avez-vous jamais
parlé de cette circonstance? -- R. Je n'y étais pas
forcé.
/V. le président. Eh bien! il est impossible,
d'après l'emploi constaté de votre temps daos
l'après midi du crime, que vous vous soyez alors
livré une pareille recherche.
M' Maertens. Le témoin doit nous dire qaelle
heure de la matiuée Kestelyn aurait été couper son
bâton daos le bois.
M. le président. Il a déclaré que c'était daos la
matinée, et cela nous suffit. Kestelyn veot établir
un alibi pour la matinée du 9 décembre et la dépo
sition du témoin détruit cet alibi.
61e témoin, Marie- Thérèse Dulhoit, femme
du précédent.
D. Votre âge? R. Je l'ai dit Ypres. Depuis,
je l'ai oublié. [On rit.]
D. Répétez la formule du serment Je jure de
dire la vérité [le témoin répète], toute la vérité?
- R. [Avec une grande animation], certainement,
monsieur, je ne suis pas venue ici pour mentir.
[On rit.]
Le témoin rapporte toute la déposition de son
mari.
6ar témoin,Âmelie Fankimmle,69803, veuve
Lonf, journalière Vlamertirighe.
Le témoin déclare, par ouï dire d'Amélie Eetk-
hout, que Kestelyn, pendaui la matiuée du crime,
est allé d'après sa propre déclaration, couper un
bâton dans le bois.
M° Maertens. Kestelyn aurait-il dit qu'il avait
coupé le bâton ou simplement qu'il était sorti dans
cette iutention? -- R. Il aurait dit, d'après Amélie
Eeckhnut, qu'il était sorti pour couper un bâton.
65' témoio, François fPillemel, 4o ans, ou
vrier agricole h Vlamertinghe.
Le témoin a entendu Kestelyn dire h Amélie
Eeckhout, qu'étant sorti pour couper un bâton, il
avait vu beaucoup de monde se rendre chez Salomé,
et qu'ayant suivi la foule, il avait vu les victimes
d'une des fenêtres de la ferme.
D. [A Kestelyn.] Etes-vous entré dans la ferme
de Salomé? -- R. J'y suis entré.
Le témoin. Je ue lui ai rieu entendu dire de
semblable. U m'a affiimé avoir tout vu par la
fenêtre.
64* témoin, Louis Six, 39 aus, ouvrier agricole
h Vlamertinghe.
Il a entendu l'enfant de Kestelyo dire h son
père que sa mère avait trouvé un pistolet. Kestelyu
a dit aussitôt que si sa femme n'en avait pas parlé,
il aurait gardé le pistolet; mais, puisqu'il en était
autrement, qu'il le rapporterait le lendemaio au
bourgmestre.
D. Kestelyn a-t-il dit que c'était le pistolet
volé chez Salomé? R. Non; mais il a dit que
c'était peut-être celui-lâ.
65 témoin, Henri Monteré3o ans, cultivateur
Vlamertinghe.
La défense deinaude l'éloigoement de Mahieu
pendant l'audition de ce témoin.
Mahieu se retire.
Le témoio s'est rendu avec Kestelyo daos la
ferme de Salomé, après le crime. L'accusé a de
mandé au témoin ce qui provoquait une si grande
afflueuce.
D. Qui est entré la premier chez Salomé? R.
Charles Waryo en Kestelyo ensuite. Je marchais
le dernier.
D. Avez-vons entendu Kestelyn dire que la
femme Salomé avait été assommée et non pas
égorgée? -- R. Oui.
D. Quand a-t-il dit cela? R. Après notre
départ.
D. Avez-vous vu le cadavre de la femme? --
R. Non, celui de Théophile seulement.
66' témoin, Charles (Varyn, 30 aus,cultivateur
Vlamertinghe.
J ai été chez Salomé le jour du crime, h une
heure et demie. Nous étious quatre le fils Mou-
keré, Kestelyo, moo frère et moi. Je suis entré le
premier, Kestelyn me suivait. Il n'a pénétré dans
la maison que d'une distance de deux pas. Nous
u'avoos, ni l'uo ni l'autre, vu le cadavre de la
femmeSalomé. En apercevant Théophile, Kestelyo
s'est écrié que c'était une mort cruelle et qu'il ne
concevait pas qu'il existât au monde des hommes
capables de commettre un pareil crime.
Le témoin marchait le dernier en sortant de la
ferme. Il n'a pas entendu les réflexioos de Keste
lyo. Aucun des quatre, sa connaissance, n'a
regardé par la fenêtre.
Mahieu est rappelé.
D. Vous avez déclaré que Kestelyn, en entrant
dans sa ferme de Salomé, s'est écrié Cette femme
n'a pas été assassinée, mais bien assommée.
Il rappelle aussi que les témoins précédents n'ont
pu voir le cadavre de la femme, et il en conclut
que Kestelyn Ta vu bien moins encore.
M. l'avocat général. Que résulte t il maintenant
de celte confrontation?
La défense. Que Mahieu s'est trompé, en disant
que Kestelyo verrait le troisième et qu'il a tenu le
propos en présence du cadavre de la femme. Kes
telyo, cela est constaté maintenant, n'a parlé qu'en
sortant de la ferme.
67° témoin, 53 ans, propriétaire do cabarêt la
Patente, Vlamertinghe.
Kestelyn jouait aux cartes chez moi, le 9 décem
bre, entre deux et trois heures. Le garde-chasse est
entré, Kesielyo lui a racooté le crime. Mahieu
a exprimé l'opinion que le crime avait eu pour
objet le vol. Kastelyn s'est écrié: Un voleur
n'est pas un assassin. J'ai été un voleur aussi, et
a je ne ferais pas mal une grenouille.
La conversation prit un autre tour, sans cepen
dant changer d'objet. Qui, disait-on, aurait pu
commettrece meurtre épouvantable? Qui? répliqua
Kestelyn. On ue peut en douter. Ou a remarqué
que Salomé n'était nullement troublé.
Un instaut, après Kestelyu a payé son compte.
Je dois m'en aller d'ici,disait il,ou jecommettrais
quelque acte de folie.
D. Pourquoi disait-il cela? -- R. Parce qu'il
était fuiieux de la remarque de Mahieu, qu'un
voleur est un assassin.
D. Kestelyn était troublé? -- R. Il ne l'était pas
avant la remarque de Mabieu.
D. Kestelyu venait souveol chez vous? -- Je l'ai
vu deux ou trois fois.
D. N'a-t-il pas été question d'une lutte de
vitesse entre Mahieu et Kestelyn? -- R. Si, mais
en paroles seulement. Mahieu disait qu'il devait
agile pour remplir ses fonctions. Je répliquai
que Kestelyn était, mon avis, beaucoup plus agile
que lui, parce qu'il était eu état de parcourir 'a la
course trois lieues et demie eu quatre-vingt-dix
minutes. Kestelyu eu convint.
Kestelyn. Je n'ai jamais pensé que savoir bien
courir est on crime.
M. le président. Nous verrons plus tard le
parti que vous retiriez de votre agilité.
D. En quelle monnaie Kestelyn a-t-il payé sa
consommation? -- R. Je ne me le rappelle plus.
Kestelyn. J'ai payé avec des sous.
Le témoin Mahieu,rappelé, déclare positivement
que Kestelyn a nié que le vol eût été le mobile du
crime, paice que, disait-il, un voleur n'est jamais
un assassin. Il affirme, en outre, que Louis Haze-
brouck a entendu tous les propos.
Kestelyn. Celui-ci ne vous contredira pas, c'est
un de vos amis.
L'audience est suspendue midi et reprise 'a
une heure.
Le témoin Six, rappelé, déclare que Kestelyn lui
a fait part de ses soupçons sur Salomé.
Pinet, rappelé, rapporte que les domestiques
Rousselle et Merlevede ont été témoins de sa
conversation avec Kestelyn.
Rousselle, interrogé, répond qu'effectivement il
assistait, mais de loin, 'a conversation qui eut lieu
entre Pinet et Kestelyn.
D. Voos entendez, Kestelyn? Vous avez assuré
cependant que vousconvaincriez Pinet de mensonge
et que les deux domestiques de Koene affirmeraient
qu'ils ne vous ont pas vu causer avec Pinet.