Êvariste. J'entendais souvent parler d'on cer tain Jean [ffarmes) et j'en ai conclu que ce devait être celui Ib. (L'audience est suspendue a une heure et reprise b une heure et demie.) Interrogatoire de la femme Vanderzype. M. le président. Faites entrer Marie-The'rèse Degryze, femme Vanderzype. Les huissiers parviennent b grand'peine b écarter la foule pour faire entrer l'accusée qui était isolée dans la salle du Franc. M. le président. Vous êtes bien Marie-Thérèse Degryze, femme Vaoderzype. R. Oui, monsieur. D. Vous demeurez b Stadeo? R. Oui. D. Votre mari est un ramoneur souvent absent, travaillant habituellement en France? R. Oui. D. Pendant l'absence de votre mari vous viviez avec Desot? R. Desot demeurait chez nous, il vivait effectivement avec nous, monsieur. D. Racontez-nous ce qui s'est passé chez vous le soir avant le mercredi des Cendres. R. Le soir du mercredi des Cendres? D. Oui, ce soir-lb, ne faites pas l'étonnée, que s'est-il passé chez vous? Rien du tout. Nous nous sommes couchés b 8 heures. D. Kestelyn est venu chez vous? R. Je ne connais pas cet homme. D. Lepootre est venu chez vous? Je ne con nais pas de Lepoulre. D. Vous avez cependant un frère marié dans le village R. J'ai trois frères b Staden. D. Un de vos frères est marié avec une fille Lepoutre? R. Oui, mais je ne sais pas si la femme de mon frère est de la famille du Lepoutre qui est ici. D. Cependant Desot et Evariste déclarent que Kestelyn est venu chez vous le mercredi soir, 5 mars.R. (Avec surprise.) Evariste dit cela? M. le président. Il dit cela. L'accusée lance un regard terrible b son fils. Evariste soutient ce regard sans trembler. Si Desot Evariste disent cela, reprend l'accusée, ce sont des menteurs. D. Pourquoi mentiraient-ils? R. Je ne sais que dire. Je suis bien surprise. Ils mentent pour me nuire. D. Vous croyez sans doute qu'ils ont démenti leurs premiers aveux, il n'en est rien. Bref, vous avez travaillé chez Assez? R. Oui, souvent. D. Mais vous avez été mécontente de ce qu'b la fin de sa vie il ne vous employait plus? R. Nullement, il n'avait pas de travail pour tout le monde, cet homme. Quand i! lui manquait une servante, c'était toujours moi qu'il venait chercher. D. Couchiez-vous chez Assez? R. Jamais. Je ne pouvais pas, j'avais mes chèvres et ma maison b soigner. D. Ainsi Kestelyn n'est pas venu chez vous? Je n'ai jamais entendu le nom de cet homme avant d'aller b Ypres. D. Evariste et Desot déclarent le contraire. R. Faites-le leur donc dire devant moi, monsieur, il me semble que je pourrais bien les entendre. Ce sera curieux. D. Tout b l'henre vous aurez cette satisfaction. Vous faisiez le guet pendant que les autres pillaient et tuaient? R. Comment, ils ont dit cela! C'est un bien gros mensonge. D. Ils n'ont aucun intérêt b mentir, mais vous avez intérêt b le faire. Seulement, vous ne nous convaincrez pas. La femme Degryze. Dire cela de moi, d'une femme paisible qui n'oserait sortir le soir avec des hommes et encore moins pour aller tuer Jamais je n'ai laissé sortir mon enfant le soir. M. le président. Allons, Desot, racontez b la femme Degryze ce qui s'est passé. P. Desot recommence le récit de ses aveux. La femme Degryze lui lance un regard terrible et l'interrompt: Voulez-vous bien vons taire, vilain menteur? (Rires prolongés.) M. le président. De pareilles manifestations sont iodécentes. Si elles se renouvelaient eocore, je ferais vider la salle. L'accusée. M. le président, faites les taire, dous voyez bien que ce sont des menteurs; ils ont vu plaisir b mentir. On le voit b leur figure. Ils rient, les vilains. D. Reconnaissez-vous la casquette d Êvariste? R. Ce n'est pas b lui, c'est la casquette d un des assassins, cela. D. Vous dites vrai et vous devriez persévérer b dire de telles vérités. Votre position pourrait s'améliorer par la fraucbise? Si c'était vrai, je le dirais, et je dénoncerais moi-même les coupables si je les connaissais. Si c'était mou propre fils, je le traînerais devant vous. D. Desot vivait avec vous? R. Ah! je vous comprends, des misérables disent cela. Mais com ment pouvez-vous écouter de pareils mensonges? Moi, je dis: Uu seul Dieu, un seul mari, et pas deux, trois ou quatre. D. Votre inari disait qu'b peine au logis, vous le mettiez b la porte ou que Desot l'y mettait? R. (D'un ton oastllard.) Allons donc! Est-ce que cet homiue oserait dire cela? Faites le venir et demaudez-lui qui l'a soigné peodanl sa maladie de trois semaines. D. Il ose le dire, et votre fils dit lui-même que Desot était le vrai maître chez vous? R. Allons, allons, cela fait pitié. Ils ont perdu l'esprit. D. Evariste était uo bon enfant, cependant? R. oui, tant qu'il est resté avec moi. Mais je ne sais ce que l'on en a fait depuis qu'il m'a quitté. Si vous aviez un bon chien et qu'oc l'éloignât de vous pendant quinze mois, il aboierait après vous b votre approche. Êvariste fait de même. D. Depuis quand, Desot, babiliez-vous avec la femme Vanderzype? R. A plusieurs intervalles depuis dix ans. D. Ainsi vous persistez b nier, femme Vander zype? R. Aucun de nous trois n'est sorti cette nuit-lb. Je l'ai dit, je le maintiens. Interrogatoire de Kestelyn. D. Avez-vous commis le crime de Staden? R. Non. Je De sais pas ce qu'on me veut en me chargeant de cette affaire-lb. D. Quelle est la distance de chez vous b Staden? R. Je n'en sais rieu. D. Desot et Evariste déclarent que vous avez commis le crime de commun accord avec eux? R. Ce n'est pas vrai, je ne connais pas ces gens-lb. D. Est-ce vous qui avez fait uoe brèche daos le toit du malheureux Assez? R. Non, je ne sais pas où est le toit de cet homme. D. Est-ce vous qui avez hissé Êvariste sur le toit et qui l'avez fait passer par l'ouverture? -- R. Non, je ne connais d'ouverture dans aucuD toit. D. Evariste vous a ouvert la porte de derrière cependant? R. Cela ne me regarde pas. Je n'ai rien b démêler daDS cette affaire. Je puis prouver mon alibi. D. Desot et Evariste disent que vous avez frappé la servante d'Assez? -- R. (D'un air de triomphe.) Est-ce que la servante m'a reconnu? D. Ils disent qne vous lui avez demandé où était la lampe et l'argent? -- R. Ils peuvent dire ce qui leur plaît. Moi, je nie. Je suis aussi croyable qu'eux. D. Us disent que vous avez pris ce maillet et que vous vous en êtes servi pour tuer Assez? -- R. Je n'ai jamais vu ce marteau et je n'ai jamais tué, si ce n'est une seule fois, et c'était un chien. D. Evariste a dit qu'en portant le coup de'grâce 1 vous vous êtes écrié Tiens, voilb pour toi Tu ne tromperas plus les paovres gens! R. Je n'ai jamais rien fait et rieu dit de pareil. D. Ils disent que vous avez enlevé un sac d'argent. R. Cela n'est pas vrai. Je voudrais en avoir un. D. Ils disent que la femme Degryze est venue vous dire qu'il était temps de fuir, parce que la servante s'était échappée? -- R. Je ne connais pas la femme Degryze. Vous n'avez pas besoio de me raconter toutes ces histoires, cela ne me regarde pas. J'ai assez de mes propres affaires. D. Qu'avez vous fait peodant la nuit du mercredi des Cendres? R. J'ai dormi, je suis resté chez moi pendant toute la nuit avec ma femme et ue. enfants. D. Et le lendemain malin -- R. Je nie suis levé b 4 heures, au premier sifflement de la locom0ti»e du chemin de fer; j'ai pris du café et je suis pat,j D. Femme Kestelyn, qu'a fait votre mari la Eu;. du mercredi des Cendres? L'accusée -répond que la veille son mari avait acheté et amené b la maison une chèvre, et qu'il n'était pas sorti pendant la nuit. D. Vous avez déclaré devant le juge d'instruction que, vous étant éveillée vers le commencement de la nuit, vous avez vu sortir votre mari; que vous lui avez demandé l'heure, qu'il a répondu quaire heures du matin, et que, vous étant rendormie vous avez été bien surprise, après un long sommeil' de vous réveiller de nouveau au moment précis où sonnaient quatre heures. La femme Kestelyn. Tout cela a été dit par moi, pour n'être pas impliquée dans une affaire que je ne connais pas. Je ne voulais pas quitter mes enfants. J'ai parlé cootre mou gré, comme ou donne sa bourse pour conserver sa vie. M. l'avocat général Est-il vrai que vous vous êtes couchée avec votre mari b huit heures du soir -- R. Oui. D. Est-il vrai que vous vous êtes réveillée pendant la nuit? -- R. Non. D. Est il vrai que votre mari sortait en ce moment en vous disant qu'il était quatre heures? R. Non. D. Est-il vrai que quatre heures n'ont sottoée que longtemps après? -- R. Non, non, non. D. Kestelyn, vous persistez b nier? -- R, Oui, je ne sais pas ce qne l'on me veut. D. Bien! Retournez b votre place. lit-'tF-?.'~Vt<r'1 ictS Interrogatoire de Lepoulre. D. Vous habitez Staden -- R. Oui. D. La fille Lepoutre qui a épousé un Degryze de Stadeu est de votre famille? -- R. Je n'en sais rien, je ne le crois pas. D. Qu'avez vous fait pendant la nuit du mercredi des Cendres de l'année dernière? -- R. Je rue sais couché avec mon enfant dès 8 heures du soir. Je me suis levé vers 4 heures du malin et j'ai fait du feu. D. Quel est l'âge de votre fiis? -- R. Neuf ans. D. Vous vous êtes levé pendant la nuit? R. Seulement pour satisfaire un besoin. Ma voisine m'a cru levé et, quand le lendemain je suis sorti, elle m'a demandé si j'avais .entendu le mauvais temps de la nuit. J'ai dit que oui. J'ai ajouté que j'ai entendu la pluie battre la muraille contre le chevet de mou lit, D. Cette femme a dit que pendant la nuit vous vous êtes levé et que vous êtes sorti; qu'étant rentré, vous étiez ressorti pour fermer vos volets? R. Cette femme ne dit pas vrai. D. Elle a dit que vous lui aviez demandé le matin si elle vous avait entendu pendant la nui'1 - R. C est elle qui m'a parlé au contraire. Elle m'a interrogé, j'ai répondu. D. Vous connaissez la fille Cockuyt R- 0°'» très bien. D. Elle a été servante chez Assez? R- D"1' D. Elle en est sortie parce qu'elle était enceinte de vos œuvres? R. Je ne sais pas si elle était enceinte ou ne l'était pas en ce moment, D. Vous deviez l'épouser? -- R. Oui, ce serait fait depuis longtemps si le juge l'avait permis. D. Elle est venue chez vous la nuit du crime -- R. Non, elfe n'était pas venue chez moi depuis longtemps et même ne serait plus venue, si j® n'avais été la chercher pour laver et pour coudt! plusieurs joor^ après le crime. D. Votre fils a dit le contraire? -- R. Mou filsa menti. 3 D. Il dit aussi que Jeanne Cockuyt a lajé effets ensanglantées? -- R. Mes effets n'ont pas été lavés depuis plus d'un an. Ils n'ont jamais «ie ensanglantés. D. L'enfant a dit que vous aviez mis quelq0- chose daos l'armoire après votre retour, pendant la nuit du crime, et il a entendu au même iustaid

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Le Propagateur (1818-1871) | 1863 | | pagina 2