Audience du 4 avril. f,'audience est ouverte k 8 heures 45 miuoles. M- le président. L'audience est reprise, M. l'avocat général. Pourquoi cacheriez-vous cela? -- Vous avez bien dit avoir d'aboi d épargué Kestelyn par peur. sou de l'argent. R- Cela o'est pas vrai, c'est on autre joor qu'il a entendu tioter quelques pièces de moonaie. D. Vous avez déjk été enfermé pour vol. -- R. J'ai été condamné k j5 jours pour maraudage, rien de plos. D. A quelle distance demeurez-vous de la maison d'Assez. -- R A un quart de lieoe. D. Quand Jeanne Cockujt est elle venue chez vous pour la dernière fois. -- R. Le 17 mars. Je l'ai été chercher pour laver et repasser, et c'est alors que ruon fils, encore couché, a entendu sonner de l'argent. C'étaient quel ques centimes qui devaient servir k acheter du beurre. D. Quelle heure était il. -- R. Quatre heures du matin. Je m'étais trompé sur l'heure en allant chercher la femme Cor.knyt. Je croyais qu'il était beaucoup plus tard. D. Il faisait encore nuit. -- R. Oui, il faisait nuit au moment de ma soi lie de chez moi et il faisait encore nuit quand je suis revenue avec Jeanne Cockuyt. M. l'avocat général. Vous prétendez que c'est alors que votre fils a entendu sonner de l'argent et que cet argent était une minime somme de monnaie destinée a l'achat de provisions de ménage. -- R. Oui, c'est ainsi. Arrivé chez moi avec Jeaune Cockuyt, j'ai allumé du feu et j'ai placé sur la table 63 cent- pour du beurre, 5 cent, pour du sel et 8 cent, pour du fil, (L'audience, levée a i|2 h., est remise demain 8 112 h.) M. l'avocat général demande pour la femme Pioet l'autorisation de se tetiier. -- Accordé, M. le président. Kestelyn vous avez été déooncé en premier lieu par Oesot, qui avait d'abord dé- claié ne pas connaître sou complice, mais qui a avoué depuis qu'il s'était tu de peur de vos meoaces de nioil en» et s tout révélateur. J'ai omis de vous dire cela hier. L'accusé Kestelyn. Dite et prouver sont deux, monsieur le président. M' Coppieters. D'après la décision d'hier, Gouhé doit se retirer, MMaerlens. Je ne m'oppose pas k la présence de Goubé l'audience. Cependant, je dois faire remarquer qu'il sera encore entendu sur ce propos qu'Evaiisie lui a tenu en prison <1 Je vous ferai conoaltre où se trouve l'argent volé chez Assez. M te président. Que Goubé se relire avec les autres témoins désignés hier. Ce sera plus simple. M. le juge d'instruction, le maréchal des logis Brixis et le gardien Goubé se retirent, 90' témoin, Thérèse Mortier, a5 ans,servante Staden. La nuit du meicredi des Ceodres de l'année dernière, du 5 au 6 mars, j'euteudis crier mou maître. Je me levai en criant u Que se pisse-l-il? Au mouieut même, du homme entra et me frappa a>ec on morceau de bois. Je demandai grâce Laissez moi, pour l'amour de Dieu, criai-je, je De dirai jamais rien -- Eb bien, dit l'homme, on vous laissera la vie si vous me dites où est la lampe et l'argent. -- La lampe, dis-je, est sur la table de la cuisine, l'argent dans la chambre d'Assez. i> L'homme alors me recoucha daos mou lit et il quitta ma chambre. Après son départ, je me sauvai par la fenêtre chez le voisin. D. Quelle heure était-il? -- R. Une heure du malio euviroo. D. L'homme avait nne lumière? R. En entrant chez moi, oui, mais i! la souffla aussitôt. Je ne pus voir soo visage la lumière. D. Frappait il avec ses mains? R. Non, avec du bois, uo bâton, je oe saurais bieo dire. D. Frappait-il fort? -- R. Oui, comme pour me tuer. Le sang m'aveuglait. D. Cest en implorant merci que vous avez eu la vie sauve? R. Oui, et sur ma promesse que je ne parlerais pas. D. Etes-vous tambée? -- R. Du premier coup. D. Comment avez-voos été réveillée?R. Par le râle de mon maître. Ou le frappait déjà. M. le président. Vous entendez, Desot. Vous étiez trois, au moins. L'un frappait la servaote, l'autre assommait le fermier, vous étiez daos la cuisioe. Quel est donc le troisième? Ce n'était ni vous ni Lepontre, que la femme connaissait. C'était doue Kestelyo? Kestelyn (avec colère). Kestelyn n'y et vit pas. M. le président. Levez-vous, Kestelyn. Etait-ce lui, Thérèse Mortier? -- R. L'homme avait cette taille, ces cheveoz, mais il était plus pâle. M. le président. Kestelyn est plus pâle quel quefois. Nous l'avons vos l'audience pâlir visible ment. Kestelyn. C'était de colère. M. le président. Vous blêmissez chaque fois que la passion vous domine. Eh bieu, Desot, vous étiez trois? -- R. Oui, trois. D. Etait-ce Lepoulre? (Evariste rit.) N'essayez dooe pas de nier plus longtemps? Desot. Ce devait être lui. Lepoulre. Non, ce n'était pas moi. Que gagne- rais-je a nier? M. le président. Etrange question vous savez parfaitement k quelles fins vous mentez. Lepoulre. Les votsios certifieront que je n'ai jamais eu aucun rapport avec Desot. Jamais je n'avais vu Assez. Kestelyn. Où Desot a-t-il fait ma connaissance? M. l'avocat général. Nous vous expliquetous cela eu temps utile. M. Deltour, juré. De sot ne chetche-t-il pas sauver Lepoutte par colère coolre Kestelyn qui n'a point partagé l'argent volé avec ses complices? Desot. Je ue saurais dire ce qui me pousserait en faveur de Lepoulre. Desot. Oui, monsieur, par peur. Kestelyn. J'étais en prison. M. l'avocat général- On en sort. Z?esot, vous aviez uo autre motif poar ne pas nommer Kestelyn? -- R. Oui, je ne le nommais pas, patee que j'avais l'espoir, eu le ménageant, de recevoir ma part de l'argeul déposé entre ses maius. M. le président. ZJesot, faites nous l'histoire de vos relations avec Kestelyn. -- R. Je l'ai vu pour la première fois Yptes, dans uu cabaret-cave, la Trompette. M. le président. L'hôte de ce cabaret a dû reconnaître qu'il ue connaissait ni vousui Kestelyo. Desot. C'est possible, mais c'est bien daos le cabaret de la Trompette que j'ai fait connaissance de Kestelyn. Kestelyn. Ce n'est pas vrai. Je ue connais pas cette cave. Je oe sais pas où est la Trompette. M. le président. Comment alors se fait-il qu'Evariste vous ait nommé dès le premier iuterio- gatoire. Kestelyn. C'est bieo simple. C'était préparé d'avauce a Ypres. Evariste était caché dans le cabinet du procureur du roi. Celui-ci a demandé Kestelyn, combien gagniez vous chez Koeoe? C'est ainsi qu'Evariste a appris inoo nom, a connu ma figure et a pu s'écrier k coup sûr Voilà Kestelyn. M. l'avocat général. Non, uoo, ce n'est pas vrai. Evariste vous avait désigné sous le nom de Charles et sous le nom de Kestelyn; mais il déclarait qu'il oe saurait pas vous reconnaître, et voilà pourquoi la confrontation a eu lieu. M. le président. Votre système, Kestelyn, ne peut résister une secoude l'examen. Si De sot et Evariste ue vous coouaissaieot pas, ils n'auraient pu vous nommer. D. De sot, quand avez-vous comploté le crime avec Kestelyn? Desot. Uu dimanche soir, nous fumions près du feu, chez la mère d'Evariste. M. le président. Est-ce vrai, Evariste. R. Oui. Kestelyn. Oui, oui, c'est facile dire. Vous disiez, il y a quelques jours, que Vous soogiez h Yotte âme. Si vous eo aviez souci, vous oe charge riez pas un inooeeni d'un crime épouvantable. Évariste. Quand j'ai été confronté avec Keste lyo, M. le procureur du roi ne l'a pas nommé, il a dit L'homme, que gagniez-vous chez Koene. Kestelyn. Mensonge. M' Maerlens. Le témoin pourrait-il nous dite si le meurtrier avait uo accent étranger. Le témoin. Je n'ai point reconnu d'accent étraoger. Kestelyn. Mon acceot est celui de Coortrai. Les gens de Staden parlent comme Poperingbe. Il y a une différence du jour la nuit. MBiebuyck. Combien d'intervalles'est-il passé entre le réveil du témoin et l'invasion du bandit dans la chambre. -- R. En entendant le râle du maître, je me sais levée et j'ai crié Qui est Ik. J'ai vu, par la porte ouverte, de la lumière dans la niaisou. J'ai passé mon jupon, et au même instant l'homme est entré. D. Le même homme n'aurait-il pas en le temps de frapper Assez et de venir ensuite dans la chambrede la fille. R. Entre mon cri et l'arrivée de l'homme, il ne s'est pas passé uoe minute. C'était suffisant,cependant, pour donner l'assassin de mon maître le temps d'accourir Vers moi. D. Combien de temps s'est il écoulé entre le départ de l'homme et Votre fuite. R. Uu demi- quart d'heure. M. te chef du jury. Avez Vous Vu une femme faire le guet autour de la maison. -- R. Nrn, mais j'ai oublié de dire que deux hommes sont entrés dans ma chambre. Pendant que l'un me frappait, l'autre écartait le petit chien du fermier qui cher chait toujours k s'élaocer sur moi pour me défendre. D. Qui était cet homme, /Jesot. -- R. Moi, mousieur. D. Vous ê>es donc entré dans la chambre de la servante. -- R, Non, j'étais sur l'escalier. Le témoin. Mes pieds, en effet, touchaient l'escalier. M. le président. Lepootre était alors dans la chambre d'Assez. DesotOui, monsieur. Lepoulre. Jamais M. le président. Le chieo s'est enfui, cela a été dit. Est ce vous qui l'avez fait fuir, Evariste. R. Non, il s'est enfui de lui-même. Desot. Je lui avais donné un coup avec la main pour le faire fuir. M. le juge d'instruction est rappelé. Il raconte qu'ayant fait venir Kestelyn daus soo cabinet, sans le nommer, eo présence d'Evariste, celui-ci lui a dit après le départ de l'accusé Cet homme est Kestelyn, M. le juge d'instruction rapporte encore qu'avant sa révélation actée, Evariste a désigné Kestelyn par son nom dans un entretien qu'il eut avec le gardien Goubé. M' Maerlens. Il me paraît tout simple, de la manière dont la confrontation a eu lieu, qu'Eva riste ait nommé Kestelyo M. le juge demande COQ naissez Vous Kestelyo. El au même instant il fait entrer Kestelyn. M. le juge d'instruction. Do tout. J'ai fait entrer Kestelyn sans aucune insinuation préalable. Evariste l'a nommé tout spontanément, comme il l'avait désigoé déjà au gardien Goubé. Kestely n. Beaucoup de coqoineries ont eu lieu Ypres par l'eotremise de ce Charles. Quant au jnge d'instruction, qu'a t il fait. Il a caché Evariste derrière une armoire, et quand je suis eotré, il m'a apostophé eo disant Kestelyn, combien gagniez- vous chez Koene. M. le juge d'instruction. L'enfant n'était pas caché et, devant lui, je n'ai pas nommé Kestelyn. Kestelyn. Il m'a nommé! M. le président. Expliquez vous votre tour, Evariste. Évariste. Je n'étais pas caché. M. le juge a demandé d'abord k Kestelyn Coooaissez-Vous ce garçon. Il a répondu dod. Après son départ, M. le joge m'a dit k mon tour Le recoooaissez- vous. J'ai répondu Oui, c'est l'homme, c'est Kestelyn. Uoe discussion fort vive s'élève entre la tléfeose, M. le président et M. l'avocat général sur la ques tion de savoir si M. le juge a nommé ou n'a pas nommé Kestelyn pendant la confrontation.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1863 | | pagina 3