D'YPRES.
Mercredi 13 Mai I8GS. i\° 4,759.
4©",e Année.
REVUE POLITIQUE.
Un télégramme apprend que le Saint-
Père a quitté Home avant hier au soir 5
heures, se rendant Velletri et Froji-
none. Sa Sainteté sera de retour dans la
ville éternelle le 20 de ce mois. Le service
d'honneur a été fait, au moment du départ
de l'auguste pontife, par les troupes fran
çaises et pontificales.
L'insurrection se maintient toujours
dans le royaume de Pologneets'il faut
en croire une dépêche de Cracovieelle
prendrait dans la province de Volhynie
des proportions considérables. Les der
nières nouvelles mentionnent divers enga
gements où les insurgés auraient été vain
queurs. Cependant une dépêche de Varsovie
mande que la bande de Jezioranski, après
une défaite éprouvée dans la journée du 8,
aurait été forcée de se réfugier en Gatlicie.
D'après une correspondance de Cracovie,
Jezioranski aurait battu complètement les
Russes deux jours auparavant.
On annonce Cracovie l'arrivée du
directeur de la police de Varsovie. Les ef
forts des autorités russes pour la décou
verte des membres du Comité central
révolutionnaire restent impuissants. La
Gazette du Weser met ce sujetdans la
bouche du général Berg, un mot qui dit
bien l'état des esprits dans la capitale du
royaume polonais Cet officier s'était pro
mis de découvrir le Comité Eh bien!
qu'avez-vous fait? lui demanda quinze
jours après le grand duc Constantin; vous
n'avez pas été plus heureux que nous. -
Pardon, répondit le général, j'ai découvert
qu'en dehors de V. A. I. et moi, tout le
monde ici appartient au Comité!
Nous lisons dans une correspondance
de Berlin que le roi s'est opposé lui-même
la proclamation de l'état de siège dans le
duché de Posen. Il paraît au reste que les
autorités militaires agissent comme s'il
était proclamé.
La discussion générale sur le projet de
loi relatif l'organisation militaire conti
nue la Chambre des députés de Berlin
avec la même vivacité. Samedi, le ministre
de la guerre, en défendant le projet a rap
pelé que l'organisation actuelle était
1 œuvredu Roi. Il a rejeté sur la Cham
bre la responsabilité de ce qui pouvait
arriver si elle empêchait l'achèvement de
cette œuvre salutaire. Quand vous
entendrez les chaînes de la domination
étrangère, s'est il écrié, alors vous vous
repentirez. Un député, M. le baron
^r6t, a répondu que, pour prévenir ce
danger, il suffirait de tenir éveille dans le
peuple prussien l'esprit qui l'animait de
1808 1815.
La séance d'avant hier a été très ora
geuse; M. de Hoon ayant dit que la décla
ration de M. Sybels était une prétention
insoutenable, a été interrompu par M le
président. Une discussion s'estalors engagé
entre MM. BockumDolffs et de Hoon sur
le droit du président. Le président s'est
couvert, et la séance a été suspendue
pendant une heure. Lorsque les débats ont
été repris, M. de Roon était absent et les
ministres ont annoncé qu'ils ne pouvaient
assister la séance de ce jour. C'est un
fait grave.
Deux nombres seulement, deux nombres
empruntés la statistique du brigandage
depuis le 1" janvier 1865, suffiront pour
faire apprécier la valeur des éloges que
lord Palmerston et M. Gladstone ont dé
cernés l'administration piémonlaise dans
le royaume de Naples. Les voici tels que
nous les fournit la correspondance turi-
noise du Journal des Débats t morts en com
battant, 71; fusillés, 170! Ainsi les fusillades
ont fait, qu'on nous pardonne celte expres
sion, une fois et demie plus de besogne que
les combats! Les soldats de Victor Emma
nuel ont tué une fois et demie plus de
brigands désarmés, prisonniers, blessés,
que de brigands en armes! Voilà la guerre
du Piémont contre les Napolitains! et voilà
aussi sa justice, son humanité! C'est, pour
rappeler l'expression du général Bixio, le
régime de sang qu'ont exalté les ministres
anglais!
L'Ost Deutsche Post assure que si la
question polonaise n'entre pas d'ici au 18
juin dans une voie plus calme, elle jouera
un rôle assez important au sein du Reichs-
rath dès les premières séances de celle
assemblée. Les députés de la Gallicie se
proposent d'entamer la discussion de cette
question sous différentes formes.
On a des nouvelles de la Vera Cruz du
16 avril. Les Français ont pris le fort
Jarvier faisant partie du système défensif
de Puebla. Ils se sont également emparés
de la Plaza de Armas. Les Mexicains ne
tiennent plus que les forts de Guadelupe
et de Loretto.
PROPAGATEUR
l!
Le Moniteor de la gauche avancée, le Bulletin
du Dimanche, publie uo article sur la question de
la spoliation des bourses d'études. Nous extrayons
ce qui suit de cet article
a On cous a dit souvent qu'en politique, comme
en guerre, la discipline est uoe des conditions
nécessaires do succès; qu'il fallait savoir, au besoin,
faire plier ses convictions personnelles poor ce pas
gêner les allores de la politique avec laquelle on
marche eu général en communauté d'idées.
a Sans nous dissimuler la force de ce raisonne
ment, doos avouoos, eo toute humilité, être peo
préparés k cette discipline automatique. Malgré
nous et k notre ioso, nous sommes entraînés k
POI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
rompre les rangs, chaque fuis que nos convictions
intimes se trouvent froissées, chaque fois que,
comme dans la grave question qui s'agite eu ce
moment, nous voyons les principes sacrifiés k des
coosidératioLS personnelles ou k des intérêts de
parti.
Nous répudiotis donc de toutes nos forces la
poli ique cauteleuse exposée ces jours derniers k la
tribune nationale et qui consiste k vanter les bien
faits de la liberté et k la répudier dès qu'on peut
craindre que ses adversaires puissent k leur tour
eu proGler.
Nous ne voulons pas, nous a -t-on dit k plu—
sieurs reprises, que la ville de Bruxelles soit
a autorisée k accepter le legs de M. Veihaegen,
parce que nous craignons que, plus tard, des
libéralités du même genre ne soient faites k la
ville de Louvain et que l'Université catholique
n'en profite. Cepeodaol, ajoute-1 ou, nous nous
o arrangerons eo famille, de telle manière que
l'Université de Bruxelles n'y perdra rien.
Us se trompent étrangement ceux Ik qui
tiennent ou pareil langage, s'ils croient servir ainsi
la cause libérale et les iutérêtsdeleurs commettants.
Pour qo'uo parti soit fort et respecté, il faot
avant tout qu'il soit juste, même envers ses adver
saires, et vous ne pouvez, par une tactique quel
conque, gratifier la ville de Bruxelles do legs
Veihaegen, sans qu'k l'instant même vous ne vous
engagiez k adopter le même principe k l'égard des
autres communes et même de la ville de Louvaio,
cela dût-il profiter k l'Université catholique.
a Poursuivez donc votre tâche jusqu'ao bout.
Et si vous avez aussi peur que vous le dites de la
personnification civile accordée aux communes en
matière d'enseignement, n'bésitez pas, pratiquez
fermement les doctrines développées dans le rapport
de la section centrale; allez plus loin, dites que la
commune n'a pas qualité pour recevoir des libéra
lités en matière d'enseignemeraent, et envoyez en
possession du legs de M. Verhsegen, ses héritiers
naturels.
a Cela sera, croyez-nous, plus honnête et moins
daogereux pour l'avenir; car si voos éludez la loi k
votre profit aojourd'bui, vons n'aurez pas le droit
de vous plaindre lorsque, plus tard, ves adversaires
au pouvoir eo abuseront k leur tour.
Voilk une leçon de moralité politique dont le
ministère et la majorité ministérielle ne profiteront
pas, mais qui les atteint en pleine poitrioe. MM.
Van Humbeeck, Goblet et Guillery feront bien de
méditer l'article do Bulletin du Dimanche. Ils
pourront y puiser des leçons de dignité, d'indé
pendance et de véritable équité politique. Il serait
impossible de flétrir avec plos de fermeté la con
duite de ces hommes qni ont toojoors k la bouche
les mots de liberté, et qui, cependant, mettent de
misérables questions de parti an-dessus des qoestioos
de priocipej et s'iugéoieot k trouver des expédients
pour escamoter la liberté k leur profit.
La discussion gâoérale dn projet de lei spolia
teur des bourses d'études a été close samedi d'k le
Chambre des représentants. Deux amendements
ont été présentés.
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