D'YPRES 45*"^ Année. Mercredi 1« Juillet 1808. iV 4,773. EXÉCUTION CAPITALE. LE PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. REVUE POLITIQUE. L'empereur Napoléon, après a»oir présidé le conseil des ministres, est retourné avant-hier j Fontainebleau. Le gouvernement russe est toujonrs préoccupé de la répulsion que soulè.ent partout en Europe les atles odieux de ses généraux eu Pologne. C'est pourquoi il fait démentir chaque jour par son complaisant télégraphe tous les actes de barbarie qu'on reproche k la répression do soulè.eroeot polonais. Mais il a beau faire, on ne le croit pas. Ces démentis s'accordent bien plus avec les néces sités créées an gouvernement russe par les dernières démarches des puissances qu'avec la «érité des faits. Tuiiies les correspondances prêtent, en effet, an gouvernement russe l'intention d'écraser immédia tement le mouvement national, pour opposer un apaisement provisoire de la Pologne aux réclama tions diplomatiques de l'Europe. Ce projet étant plus facile k imaginer qu'k réaliser, les autorités procèdent d'abord par voie de dénégation. Elles nient l'insurrection en attendant qu'elles la dorup- teot. Mais pour que ce système réussit, il faudrait tout au moins que les assertions contenues, par eiemple, dans les télégrammes officiels fussent •ccniiipagnées de preuves et de détai's, ce qui manque absolument; il faudrait que les acres et les proclamations des agents moscovites répondissent on peu plus k ce prétendu affaiblissement des forces naiionales; il faudraii enfin que ces acres et ces proclaruaiions ne démontrassent pas sans cesse que U population reste l'ennemie déclarée du pouvoir despotique qui pèse sur elle, et subit encore toutes les to' tores que lui inflige ce pouvoir. Que le gouvernement russe le sache bien, ses démentis ne surprendront la bonne foi de personne, eo Europe! S'il s'agir pour lui de se vanter d'avoir, avec une armée de plus de 300 mille hommes, vaincu des volontaires tnal équipés et mal armés, que cette gloire lui soit laissée La Pologne ne revendique pas l'honneur de lutter, avec les cosa ques, par le pillage et l'iucendie. Mais si, devint les ambassadeurs de la France, de l'Angleterre et de l'Autriche, le prince Gortschakoff projette d'affirmer que l'iosurreclion est domptée, que les populations sont soumises, que l'ordre enfin règne V Varsovie, qu'il renonce k faire accepter ces mensonges Toute la Pologne ensanglantée et ruinée, toute l'Europe émue des massacres et des veogeanceseiercées, protesteront hautement contre 00 prétendu triomphe qui serait la négation da patriotisme de toot ou peuple martyr La lecture do compte rendu des séances de la Chambre des dépurés de Vienne nous apprend que le sentiment qui domine au sein de celte Chambre, dans la question de la Pologne, est la conservation des frontières actuelles de l'Autriche. L'amende ment introduit dans le paragraphe sut les affaires polonaises porte textuellement que le gouverne ment autrichien doit défendre les intéiè>t engagés, d'une façon qui ne pn s se ou ne doive mettre eu question l'intégrité de l'Autriche. M. le comte de Rechberg s'est complètement Jbtienq, dans U discussion, de parler toit du conflit polonais, soit de l'alliance diplomatique avec l'Angleterre et la France. Le prince Ferdinand de Danemark, héritier de la coororrne, oncle du roi régnant Frédéric VII, et âgé d'environ 70 ans, est mort subitement avant- hier malin, h neuf heures. Le prince Christian, père du jeune roi de Grèce, devient héritier direct. L'Union constitutionnelle et conservatrice de l'arroridissemeol de l.nnvain s'est réunie diman che dernier afin de s'occuper du monument h ériger )t la mémoire vénérée de VI. Van Bockel, ancien boorgmestre de Louvain et membre de la Chambre des représentants, pour perpétuer le souvenir des services rendus, par ce graud citoyen et ardent patriote de i83o, h la cause de l'ordre, de la religion et de la patrie, Uo comité pour organiser la souscription s'est constitué et se compose déjk de placeurs personnes influenies de différentes provincrs. Des séuaieurs et des représentants de la nation odI bien voulu nous faire parvenir leur acceptation en termes ou oe peut plus flatteurs pour la cause catholique et nationale, et pour le graud citoyen dont nous pleurons tous la perte. Nous ferous connaître plus tard la coiuposirioo de ce comité. M. Van Bockel a rendu d'immenses services au pays et sa ville natale. Nous connaissons assez la Belgique catholique pour piédue que l'appel des couseï vateuis pour le mouumeut h ériger k sa méiuoite trouvera dans tout le pays uu sympathique écho, et que chacuu, saus disiiuctioo de parti, voudra contribuer par soo offiaude h l'érection d'uu monument destiné h perpétuer le souveuir des services rendus au pays par ce graud citoyen. [Moniteur de Louvain.) Hier, h 5 h. de l'api es midi, le Corps d'officiers du bataillon et «Je la demi batterie d'ariillerie de la gaide civique d'Ypret a procédé h l'election d'uu Major en templaceuieut de M. Vau deu liogaerde, major démissionnaire. L'ancien titulaire a éié réélu. U faut espérer que M. Vau deu Bogaeide, cédant enfiu aux ptes- santés tustiuces qui lui oui été faites, couseutira h teprendie le commandement de la milice citoyenue yproise, délicates fonctions qu'il a remplies k l'en- nèieapprobairou de tout gaide bien pensant et sio- cèremeut attaché h celte belle institution qui confie aux soldats citoyeus la noble mission de veiller eu en de besoin, au maintien de l'ordre et des lois, h la conservation de l'indépendance nationale et de l'intégrité du territoire. Depuis quelques jours le bruit était géoéraln- meut tépaudu que la Clémence Royale venait de statuer sur le recours en grâce formé par les condamnés ayant fait partie de la faroeose Bande rouge. Le Roi, disait-on, avait commué la peina capitale h laquelle ils avaient été condamnés en travaux forcés a perpéiuité. Cependant, il y avait doute quant au sort réservé a Kas>elyn, répnré le chef de la bande. La persistance que niellait la foule h se rendre aux diverses stations du chemin de fer qui se trouvent sur le railway de Bruges k Ypies, pour voir passer le condamné Kastelyo laissait supposer que Kastelyn seul éiait excepté de le Clémence Royale.Cette supposition s'est confi mée; car no ariêté royal,en date du 34 juin, avait décidé que pour ce condamné la justice aurait libre roots. En effet, hier, a neuf heures du matin, M. le Procureur du Roi do tribunal d'Ypres, recevait avis que l'exécution devait avoir lieu le lendemain, h 7 heures rln marin, sor la pleine d'exercice, dite Plaint d'Amour. A cinq heures de l'après midi, arrivaient, de Bruxelles, par chemin de fer, dans une tapissière de l'administration, le bideox appa reil de la Guillotine. L'exécuteur et ses aides accompagnaient l'iostroment du sopplice. Hier soir, dès 9 heures, UDe foule immense occupait les abords de la station du chemin de fer, pour voir descendie de convoi Kastelyn. Le sifflet annonce l'arrivée du traio et on indescriptible mouvement se déclare dans la foule. Le convoi s'anète ei Kastelyn, accompagné de M. I'aum6nier Plateau, et escoité de gendarmes, descend pâle, défait, les marches du waggoo. Prende garde, se dit-il h lui même, eo desceodant, que tu ne te casse» lr» jambe» avant de mourir! On fait entier le condamné dans la charrette, en com pagnie de gendarmes, des geodarniesl'eotoureni et le convoi se dirige vers la prison; mais bien souvent il doit ralentir sa marche; laot la foule est compacte et se presse k s'étouffer. La noit, Kastelyo cède aux pieuses exhortations des respectables ecclésiastiques k qui avait été confiée la triste mission d'assisteraux derniers instants du condamné k mort; ces dignes prêtres le eoojoreot de suivre leurs conseils et Kastelyn promet de s'y soumettre complètement; il leur demande eDsoitr de pouvoir parler sur l'échafaud; ils lui disent que non et Kastelyn, fidèle a sa promesse, renonce k l'inten tion qu'il vient de lenr manifester. A 4 heures do matin, il témoigne le désir de voir ses enfants et cette satisfaction lui est aussitôt donnée; quelle scène navrante se passe alors, la Nature chez Kaste* lyn reprend toot son empire en voyant devant loi son fi<s k peine âgé de six ans, et on petit enfant qu'on porte encore snr le bras; l'émotion saisit ce père, et cet homme indifférent et dur comme l'airain, verse des torrents de larmes, et il embrasse avec effusion ses enfants. Il veot voir soo fils aidé, mais on allègue un prétexte. Kastelyn ignorait que ce fils veoait d'être enfermé dans une maison de réforme. Enfin, le moment de la séparation est arrivé, le condamné fait de tooehaots adieox k ses enfants, il les embrasse cl les embrasse de nonveso et il les engage k bien prier pour lui. Enfin les enfants sont conduits au cabarêt le Lion Hoir cù ils reçoivent des coeurs compatissants, une énorme quantité de monnaie. La guillotine avait été élevée celte nuit. Dèt 4 heures plus de cinq cents personnes stationnaient devant l'instrument do sopplice. A 6 heures, U troupe de ligne s'y trouvait rangée eo carré. Le bruit que l'exécutioo aurait lieu aujourd'hui avait été répaudu dès hier, k 9 heures, dans toutes les directions Aussi ce matin dès 3 h. voyait-os passer par toutes les rues uue foule énorme; on en jugera, quand ol saura qu'on évalue k plus de trois miHe,le nombre tJ« personnes qui sont passées par

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Le Propagateur (1818-1871) | 1863 | | pagina 1