D'YPRES
47me Année.
ATo 4,787.
YPRES.
LE PROPAGATEUR
FOI CATIIOLIQL'E. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
En ce moment l'attention se porte presque ex-
elnsiveinent sur la réouion de princes provoquéeb
Francfort par l'empereur d'Autriche. C'est avant-
hier qu'a eu lieu la première assemblée des souve
rains, sous la présidence de François-Joseph.
L'Empereur a ouvert la séance par un discours
exposant les besoins de l'Allemagne et les moyens
de les satisfaire. Ces propositions, au dire d'un
télégramme, ont été bien accueillies. La seconde et
probablement deruièreséance a eu lieu aujourd'hui.
Après le départ des souverains, les ministres
qui les ont accompagnés Francfort régleront les
détails et dresseront un protocole soumettre aux
Chambres législatives des divers Etats confédérés.
La Prosse sera invitée h y adhérer.
Les journaux allemands consacrent presque tous
des articles au Congrès de Francfort, soit pour le
combattre, soit pour l'approuver.
Les correspondances de Berlin n'ont pas de
nouvelles, mais elles enregistrent tous les bruits
qui circulent en ce momeot, et dont voici, sinon
les plus vraisemblables, du moins les plus accré
dités abdication du Roi; retraite de M. de Bismark;
sortie de la Prusse de la Confédération; entrevue
du roi de Prusse et de l'empereur Napoléon h
Bade; entrevue du roi de Prusse et des princes de
Bade, d'Oldenbourg, etc., au lendemain de la
conférence de Francfort; enfin appel de Guillaume
I" aux souverains réunis h Francfort.
Ou répand aussi h Berliu le bruit d'une entrevue
h Bade de l'empereur d'Autriche et de l'empereur
des Français.
Des lettres de Varsovie mentionnent un ordre
du jour adressé par un délégué du gouvernement
natioual pour inviter les habitants h ne faire
aucune manifestation dans la journée du 12 août,
anniversaire de l'union de la Lithuanie avec la
Pologoe. Cette proclamation, qui a été écoutée, se
termine par le vœu qu'aucune nouvelle victime
n'aille, eu cette journée historique, augmenter le
nombre des martyrs qui ont trouvé la mort dans
les tortures et les tourmeots de la citadelle.
Les nouvelles de Paris d'avant-hier au soir
annoncent le départ de l'Empereur pour le camp
de Cbâlons.
Le journal la France annonce que le Corps
législatif se réunira le 6 novembre.
Le Courrier du Dimanche annonce, d'après
des informations qu'il a reçues de Londres, que,
le 1" août, a été signé dans cette ville, par les
teprésentants d'Angleterre, de France, de Russie,
d'Autriche et de Prusse, un protocole spécialement
relatif aux îles Ioniennes. Aux termes de cet acte,
les cinq cours signataires de l'acte du 5 octobre
'3i5 déclarent consentir h ce que l'Angleterre
renonce h son protectorat et prenne des mesures
nécessaires pour l'union des îles Ioniennes au
royaume de Grèce. Quand le pays lui-même se
sera prononcé dans ce sens, un traité sera signé, h
«qu'on assure, pour régulariser le nouvel état de
eboses.
Le différend de l'Angleterre et du Japon paraît
prendre une tournure toute pacifique. Le gouver
nement d'Yeddo a consenti h payer une indemnité
de 4o,ooo dollars pour l'assassinat de Richardson.
Le 29 juin, on croyait tellement, h Hong Kong, h
un arrangement h l'amiable, que le commerce avait
repris et que toutes les inquiétudes étaient presque
complètement dissipées.
FÊTES DE MALIN ES.
On noos écrit de Malioes, 16 août
La série de nos fêtes s'est ouverte hier, i5 août,
jour de l'Assomption. Plus particulièrement con
sacrée aux grandes solenoités religieuses, celte
première journée a offert un caractère tout sprécial.
Déjà la veille de nombreux étrangers étaient
arrivés dans nos murs, et chaque convoi du chemin
de fer en a amené encore d'énormes contingents,
en même temps que par toutes les voies de com
munication nous arrivaient les populations des
campagnes.
La procession jubilaire de Notre-Dame d'Hans-
wyk est sortie h trois heures et demie, et a parcouru
son itinéraire h travers une foule compacte et
recueillie. S. Em. le cardinal archevêque officiait,
entourée de tout le clergé. Il D'y a eu qu'one voix
sur la splendeur et la parfaite ordonnance de cette
magnifique procession; mais on voit rarement des
choses aussi imposantes que la bénédiction donnée
devant le reposoir de la Grand'Place. Le cortège
entier formant devant l'aotel «tn immense carré,
avec les bannières au fond, notre vénérable prélat
élevant le saint Sacrement au-dessus de ces milliers
de têtes inclinées, les chants d'église s'éievaot
graves et majestueux, les fanfares et les clairons,
les tambours battant aux champs et les cloches
sonnées toute volée, toutes ces choses s'harmoni
saient en un ensemble saisissant et bieD fait ponr
produire sur l'âme une profonde impression.
La dévotion h la Vierge d'Hanswyk se manifeste
d'uoe manière remarquable et tonebaute. Notre
belle petite église, ches-d'œuvre de Fayd'herbe,
est ornée avec beaucoup de richesse et de goût;
elle ne désemplit pas depuis l'aube du jonr jusqu'à
la nuit et suffit h peine h contenir les pèlerins dont
le flot s'y renouvelle sans cesse.
Une illumination brillante, générale et toute
spontanée a terminé la première journée des fêles.
Notre ville est transformée on ne voit partout
que décorations de rues et une profusion de dra
peaux. L'arc de triomphe de la Grand'Place excite
l'admiration générale. C'est une œuvre d'art qui
date de trois siècles et qui frappe surtout par ses
effets de perspective. De dimensions colossales, il
cache tout le bâtiment de la halle, avec ses tou
relles.
Aujourd'hui ont lieu la réception des gardes
civiques pour le tir h la cible, l'ouverture des
expositions et de belles fêtes musicales.
Les miliciens du 11' de ligne, qui ont été rece
voir l'instruction au camp de Beverloo, sont revenus
vendredi d' h Ypres, et ont été reçus avec le
cérémonial ordinaire.
La procession annuelle de l'église de Saint-
Jacques est sortie samedi dr, h 5 h. de l'après-midi,
h l'occasion de la fête de l'Assomption, et a suivi
son itinéraire accoutumé au milieu d'une foule
compacte et par un temps superbe.
Les divers groupes qui composaient le cortège
religieux se faisaient remarquer par l'éclat des
ornements et la richesse des costumes. L'ensemble
de la procession présentait un aspect magnifique.
Le T.-S. Sacrement était porté par S. G. Mgr
Moris, évêqtte de l'île de Saint-Maurice.
Il y a quelques joors, on célébrait la fête
patronale d'une femme attachée b la troupe du
prestidigitateur Philippe. A cette occnsion, la fille
de cette femme a offert a sa mère une robe de la
valeur de quarante francs qu'elle avait achetée au
moyen des économies qu'elle avait réalisées dans
cette intention.
Dimanche d*, la Société des anciens Frères
d'Armes du premier Empire français a assisté un
banquet donné en son local b l'estaminet VAigle
d'Or, b l'occasion du 94° anniversaire de la nais
sance de Napoléon I".
Dimanche dr vers 2 h. de l'après-midi, on cruel
événement a produit b la station du chemin de fer
une douloureuse émotion. Le train pour Courtrai
venait de se mettre en marche,lorsqu'un Monsieur,
en retard et craignant sans doute de manquer
le coDvoi, sauta sar le marchepied d'un char-b-
banc et se cramponna b la barre espérant de pou
voir entrer en voiture b l'instar du garde-convoi.
Mais ne pouvant se maintenir dans la position où
il se trouvait, il pirouetta sur lui-même et alla
donner de la tête sur les rails. Les roues écrasèrent
la tête du roalhenreux qui fut tué sur le coup.
Quel hideux spectacle s'offrit alors aux regards
des assistants stupéfaits! Lb, devant eux, gisait,
baigné dans le sang, un cadavre horriblement
mutilé. La partie supérieure de la tête, du crâne
aox yeux, était littéralement coupée et toute cette
partie se trouvait écrasée et comme collée an
chapeau aplati de la victime. L'œil gauche restait
iotact; l'œil droit descendait sur la joue. L'infor
tuné avait en outre reçu au bras et b la jambe de
fortes contusions.
La victime de cet accident est inconnue b Ypres.
Ceux qui ont vu ce malheureux avant l'événement
racontent qu'il paraissait être un homme b la fleur
de l'âge, ayaot une belle physionomie. Voici b peu
près son signalement Taille moyenne, cheveux
noirs, paletot et pantalon noirs, un gilet piquet
blanc, chemise fine, bottes fines. Il avait une
montre eu or avec 00e grosse chaîoe du même
métal. (Après l'accidentla montre marquait
encore). L'infortuné ne portait sur loi aucun
indice par lequel on aurait pu le reconnaître;
seulement b l'intérieur d'nne bague en or qu'il
portait eu doigt étaient gravées les initiales S. A.
Il était muni d'un porte-monnaie contenant envi
ron 35 fr. Avant d'aller b la station, il aurait dit
qu'il devait se rendre b Courtrai.
Il a été transporté b l'hôpital. L'on suppose
généralement que c'était un Monsieur des environs
d'Ypres.
On n'a pu jusqu'à ce jour, malgré toutes les in
formations, savoir qui c'est. On l'aenterré ce matin.