D'TPBES.
47me Année. Samedi 17 Octobre 1S68. A0 4.S04.
REVUE POLITIQUE.
Y pues, 15 Octobre 1803.
Monsieur le Rédacteur,
Personne ici n'ignore que Samedi pro
chain la justice de Monsieur Frère, fera
vendre publiquement les meubles des anges
tulélaires de nos familles pauvres, des
héroïques sœurs de l'école Lamotte, pour
en payer un impôt que ces Filles de la
Charité ne peuvent payer elles-mêmes.
Quoique cet acte, qui excite, dans tout
cœur généreux les plus pénibles émotions,
sera fait accompli au moment où votre
journal se distribuera en ville, je viens
cependant vous prier d'y publier ces quel
ques lignes, qui prouveront une fois de
plus si nos admirables sœurs devaient bien
s'attendre voir récompenser leur noble
dévouement par une saisie au nom de la
Justice. Elles vous diront un mot de la
distribution des prix qui s'est faite aujour
d'hui aux enfants de l'école que les Sœurs
Eamolle dirigent avec un dévouement sans
égal.
A 2 heures de l'après-midi plus de trois
centsenfants pauvres attendaient en silence
l'heureux moment où le travail diligent et
la bonne conduite de deux ans leur feraient
décerner une nouvelle récompense. Mon
sieur le curé de S'-Pierre présidait la
cérémonie ses côtés étaient assises des
Dames et des demoiselles dont le seul nom
est synonyme de Charité, et que la dislance
des rangs n'empêchait cependant pas de
caresser des enfants pauvres el de leur
adresser des paroles aussi aimables que
celles auxquelles lesont accoutumées leurs
maîtresses. Le clergé de la ville presque
tout enlier relevait par sa présence la
modeste solennité. Les prix et les encou
ragements abondaient la doctrine chré
tienne, la bonne conduite, l'écriture, la
lecture, les différents genres d'ouvrages
manuels, tout avait ses palmes. Qui donc
avait mis les bonnes sœurs même de
donner leurs jeunes protégées de si
larges récompenses? Leurs propres fonds?
Mais, comme M le curé de S'-Pierre l'a si
bien fait comprendre aux enfants dans
une courte mais chaleureuse allocution
qu'il leur adressa, ces bonnes religieuses
ont de l'abnégation, du zèle et du dévoue
ment prodiguer; mais elles dont trop
souvent la charité doit couvrir la table,
elles, qui trop souvent des mains étran
gères mais généreuses doivent fournir des
habillements, ne pouvaient puiser leur
propre caisse l'argent nécessité, je dirai
sans crainte d'exagérer, par un millier de
vêtements distribuer. Encore une fois,
quel ange est descendu chez elles pour y
déposer ces prix? La ville où il y a trois
ans, on vendit leurs meubles sur la place
publique? Eh bien, oui, la ville, non point
représentée ici par les gens de la loi, mais
par des Dames généreuses qui trouvent
leur bonheur partager avec leurs sem
blables nécessiteux l'abondance que le
Seigneur leur a répartie, employer leurs
mains et leur temps la confection de
vêtements qui couvriront la nudité du
pauvre et lui prodiguer ces paroles
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Un décret impérial rendu sur la proposition du
ministre de la maison «le l'Empereur porte que les
obsèques de M. Killaul' seront célébrés aux frais du
trésor public. C'ect un hommage rendo au talent
fin ministre, a l'éloquence de l'orateur et aux
grandes qualités de l'homme pri.é.
Les renseignements sur le conseil des ministres
tenu le i5 a Londres, et que des correspondances
disent a.oir été consacré fa l'examen de la question
polonaise, sout encore attendus. Le cabinet anglais
aurait, dit-on, arrê'é l'attitude qu'il doit prendre
par suite de la téponse île la Russie du 7 septembre
et de l'accueil fait fa Paris el fa Vienne fa des pro
positions émauées directement du Foreign Office.
On s'attend généralement fa Londres, disent ces
correspondances, fa la reconnaissance par la France
et l'Angleterre des Polonais comme belligé'ants;
mais le gouvernement britannique serait décidé fa
ne pas aller pins loin quant fa piésent.
Le gouvernement russe vient de commencer la
mise fa exécution de son projet d'incorporation
complète de la Pologne fa la Russie. Une décision
impériale détache In palatinat d'Angnstovvo et le
district de Lomia dn royaume de Pologne. Ces
provinces seront placées sous le commandement
du général MooiawiefF. Le cabinet de Saint-
Pétersbonrg déchire donc lui même les traités de
1815dont le gouvernement anglais prépare l'an
nulation.
On connaît toutes les atrocités commises depuis
quelque temps fa Varsovie par le général de Berg.
Le Journal des Débats en donne on long récit,
qu'il fait précéder de ces lignes: Il y a qnelqne
chose de plus odieux peut-être que les violences
qui s'accomplissent en Pologne, c'est le soin que
qrend l'antorité rosse pour donner fa ce régime, où
l'aibitraire est la seule loi, une apparence de
légalité. Eu terminant, le Journal des Débats dit
qu'il y aurait au moins plus de pudeor de la part
des autorités russes fa déclarer tout simplement
Varsovie en étal pe<maiient de ville prise d'assaut.
On écrit de Varsovie que la nouvelle de la
nomination de Mieroslawski an poste de général
organisateur des forces militaires fa l'étranger se
confirme. Cette nomination étuaue du gonverne-
meut national secret. Elle se rapporte au ebange-
■ueut opéré au seiu même do gouvernement, dont
plusieurs représentants du parti avancé font aujour-
d bui partie. Cela ne veut pas dire pourtant que le
gouvernement soit en brouille avec le parti modéré.
Le gouvernement recherche an contraire les mem
bres de l'aristocratie pour les charger de missions
importantes.
Le Nord a publié uoe dépêche de Pélersbourg
démentant la protestatiou russe contre les proces
sions ordonnées fa Rome eu faveur de la Pologne.
Une lettre de Rome dit que le gouvernement
moscovite n'a pas envoyé, en effet, une protesta
it) formelle, mais il est positif que le baron
de MeyendorfF, premier secrétaire de l'ambassade
"Jsse chargé d'affaires par intérim en l'absence de
Kisseleff, s'est présenté an cardinal Antonelli,
réclamé contre les paroles prononcées par le
Pape en faveur de la Pologne. De plus, il est
certain que le cardinal Antonelli a répondu que les
prières et les processions ordonnées par le Pape ne
pouvaient devenir une question diplomatique.
Aussi M. de Kisseleff, de retour fa Rome, a-1 il fait
nne visite au caidinal Antonelli sans lui dire
un seul mot de cette affaire. Cet habile diplomate a
de plus blâaié le bai on Meyeodorff d'avoir réclamé
contre le mandement du cardinal vicaire. Nouvelle
preuve de la facilité avec laquelle la Russie sait
reculer, chaque fois qu'elle prévoit ou rencontre
de la résistance.
f
L'Ost Deutsche Posl publie nu remarquable
article sur l'attitude de l'Autriche en face des
démarches que l'Angleterre et la France ont faites
pour l'engager fa prendre part fa une démonstration
commune envers la Russie. Après avoir montré que
la situation est difficile, que toutes les voies sont
également périlleuses et qu'en outre elles ne
mèneraient pas au but, ce journal en vient con-
clnre que l'Autriche ne saurait accédei fa la propo
sition d'annuler les traités de 1815; qu'elle ne
saurait davantage la repousser sansencoui ir certains
daugers; qu'elle ne pourrait pas uou plus faire
guerre en commun avec la France. D'un autre
côté, elle ne doit, eu aucun cas, abandonner
l'alliance avec les puissances occidentales. Apiès
avoir passé en revue toutes ces éventualités, la
feuille viennoise finit par conseiller la réunion d'uu
congrès dont les décisions seraient exécutées par
l'Autriche, au nom de l'Europe, dans le cas où la
Russie ne voudrait point s'y soumettre.
Le mouvement électoral eu Prusse est tonjoors
des plus animés. Le parti progressiste ne poursuit
qu'un seul but la réélection des anciens députés,
avec exception des libéraux modérés qui devront
être remplacés par des hommes plus énergiques.
Sans doute, ce résultat sera obtenu, et les plus
austères parmi les progressistes se trouveront satis
faits. Est-ce fa dire que de pareilles électious met
tront fin fa la crise et ramèueront l'accord entre les
grands pouvoirs de l'Etat, eutre le peuple et le
roi Nul ne le croit; et c'est Ifa ce qui rend tout fa
fait inexplicable la conduite de certains chefs de
file dont les opinions dynastiques ne fout pas l'objet
d'un doute.
La réforme fédérale en Allemagne s'embrouille
tous les jours davantage. Les projets de l'Autriche
ont été rejetés par la Presse, qui, fa son tour, voit
ses propositions reponssées par l'Autriche. Voici
maintenant le Nationalverein qui proteste contre
tous les projets, les siens exceptés. On mande de
Berlin que les membres de cette association se sont
réunis et ont voté fa l'unanimité une résolution qui
a désapprouvé le rapport au roi de M. de Bismaik
sur la question allemande. La réuuion a enveloppé
dans la même condamnation el le projet de réforme
outiichien et la proposition du ministère prussien,
tendant fa donner on veto fa la Prusse el fa l'Autriche
dans la question de guerre et de paix. Comme 00
voit, il s'en faut de beaucoup que le concert soit
établi de l'autre côté du Rhin.
L'ouverture de la session parlementaire appro
che. On assure qu'elle sera faite par le Roi, dont
la santé se consolide toos les jours.