D'TPRES
47m0 Année.
i\o 4,800.
REVUE POLITIQUE.
Il y a lieu de remarquer le silence gardé
par la presse anglaise sur l'envoi S'-
Pétersbourg de la Note du comte Russell.
Malgré ce silence, il n'y a plus douter,
toutefois, de l'étrange démarche faite par
le cabinet de Saint-James; la nouvelle en
est donnée la fois par des correspon
dances particulières de Londres et par les
journaux de Paris, de Vienne et de Berlin.
D'après le Mémorial diplomatique, la
Note du comte Russell aurait été rédigée
en conseil des ministres, sur l'initiative de
lord Palmerston qui avait désavoué l'envoi
de la première Note conçue dans le sens
du discours de Blairgowrie. Les collègues
du comte Russell auraient considéré le
langage tenu Blairgowrie comme l'ex
pression d'une opinion personnelle, et
ils n'ont pas voulu avoir la responsabilité
d'une démarche officielle faite en dehors
d'eux. Le secrétaire d'Etat des affaires
étrangères s'est donc retracté, mais sa
rétractation a diplomatiquement moins
d'importance qu'au point de vue politique,
en ce sens que le cabinet de Saint-Péters
bourg n'avait pas eu connaissance de la
première Note adressée lord Napier.
Le gouvernement autrichien ne se hâte
ra l-il pas de suivre l'exemple de l'Angle
terre, et de dégager son tour sa politique
des complications éventuelles de la ques
tion polonaise? Rien n'est plus probable.
Nous devons cependant mentionner les
doutes qu'expriment cet égard des lettres
de Vienne. Si, d'un côté, on affirme que le
comte de Rechberg s'est prononcé de plus
en plus, dans ces derniers temps, contre
l'alliance française, chaleureusement pré
conisée'par le prince de Metternich, de
l'autre, on annonce comme certain que
PÈLERINAGE DUNE POLONAISE
il Jjtil
l'ambassadeur de l'Autriche près la cour
des Tuileries arrivera Paris avec des
instructions très précises qui auraient été
arrachées M. de Rechberg par l'opinion
publique. M. de Metternich serait chargé,
dit on, de déclarer que la cour de Vienne
est disposée s'entendre avec les puis
sances occidentales, par une convention
obligatoire, sur le but et la portée des
démarches éventuelles faire S'-Féters-
bourg.
Des lettres de Varsovie disent que M.
Kutskowski, le président du Crédit foncier,
qui a été arrêté dans une des dernières
razzias, a été conduit Saint Pétersbourg
pour y être jugé. Les autorités russes pré
tendent qu'il était le chef révolutionnaire
de la ville et membre influent du gouver
nement provisoire.
Il paraît que c'est sur les instances des
consuls de France et d'Angleterre que le
général de Berg a suspendu l'effet des
rigoureuses mesures prises contre le consul
général de Saxe, M. Lesser. Les remon
trances des consuls ont été transmises
Saint-Pétersbourg d'où l'ordre est venu de
tout suspendre, en même temps que l'avis
du retrait de Vexequatur k M. Lesser.
S'il est un pays en Europe où les inci
dents les plus bizarres et les plus imprévus
se succèdent avec une rapidité étonnante,
c'est la Hesse-Cassel. La Chambre des
députés, convoquée pour entendre la lec
ture du décret de clôture, attendant pendant
cinq heures et inutilement l'arrivée du
message; l'Électeur assistant une repré
sentation théâtrale et refusant de signer le
message que ses ministres lui avaient
soumis; les ministres envoyant leur dé
mission dans la loge du souverain; enfin,
solution du différend et envoi du message,
onze heures du soir, aux députés toujours
assemblés, mais sans la formule de bien-
veillattce qui termine ordinairement ces
documents voilà ce qui s'est passé diman
che Cassel.
Le roi des Hellènes, ce que nous
apprend un télégramme, est arrivé, le 51
octobre, Athènes. S. M. a assisté au le
Deum avec les représentants des puissances
étrangères; la population lui a fait un
accueil des plus sympathiques.
Les dernières dépêches reçues de New-
York, qui vont jusqu'au 21 octobre, appor
tent des nouvelles d'une assez haute im
portance. Les consuls anglais auraient été
expulsés par Jefferson Davisetlesjournaux
du Sud se montreraient très mécontents du
discours de lord Bussell Blairgowrie.
On annonce officiellement que la perte
des fédéraux Cbickamanga a été de
16,000 tués, blessés et prisonniers, et de
30 canons. Les confédérés s'avancent en
force considérable dans le Kentucky. Le
général Lee a quitté Manapas. Le général
(Jrant a été nommé au commandement de
toutes les armées occidentales. L'armée de
Meade a reculé devant le corps de Ilill et
d'Ewcll jusque sur les lignes de défense de
Washington.
Le général Rosencranz a été privé de son
commandement. Le gouvernement de
New-York a fait un appel aux volontaires.
La cour de justice suprême de la même
ville a déclaré que le président Lincoln
n'avait pas le pouvoir d'ordonner des
arrestations sans jugement.
PROPABATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Qu'il ne visite pas la Palestine, celui qui ne
cherche dans les voyages que de vains plaisirs ou
des distractions; mais surtout qu'il s'abstienne de
visiter Jérusalem, celui qui n'a point l'âme enve
loppée de tristesse et le cœur abreuvé depuis long
temps d'une profonde amertume. Au contraire, les
malheureux, les affligés se trouvent lâ dans leur
élément; et s'ils ont le bonheur de croire en ce
bieu qui s'est fait homme ahu de pouvoir conoaitre
la douleur, il est presque impossible qu'ils n'échap
pent point aux augoisses de l'âme au milieu des
quelles ils se débattent. Ils éprouveront ce qui
arrive aux personnes atteintes d'ophthalmie elles
tout incapables de recevoir de vives impressions de
la lumière, sans ressentir une violente douleur
'cors pupilles malades; elles oui besoin, pour se
procurer la guérisou, de commencer par s'enfermer
daus des appartements bien clos, où ne pénètre
lu un pâle rayon de jour travers de discrètes
jalousies. Toutefois, dans cette ténébreuse retraite,
l(urs yeux se fortifient peu peu et finissent par
recouvrer entièrement la faculté de voir. C'est,
dans l'ordre moral, un résultat analogue que j'ai
'ttoeillinioi-mêmede mon pèlerinage Jérusalem,
et que j'ai vu également recueillir par d'autres qui
étaient veuus demander h la ville sainte les conso
lations que j'y demandais comme eux. L'histoire
de la plupart de ces pèlerins était bien touchante,
sans parler de ceux qui se renfermaient dans leur
silencieuse douleur, comme dans un asile sacré,
dont ils ue permettaient ni la sympathie ni la
charité de franchir le seuil. Mais, parmi mes com
pagnons, je remarquai tout d'abord uue noble
dame polonaise, qui, peine âgée de vingt-quatre
ans, avait déjà souffert tout ce que le tendre cœur
d'une femme peut souffrir de plus cruel.
Sou seul aspect m'avait inspiré la plus sincère et
la plus respectueuse pitié; mais il avait eu outre
exercé sur moi je ne sais quelle attraction mysté
rieuse et irrésistible, dont je subisais volontiers
l'empire. Peut-être, je l'avoue, s'y mêlait-il uo
certain égoïsme on souffre moins, en effet,
mesure qu'on s'occupe davantage des souffrances
des autres; et dans ce sens, il est toujours vrai que
l'abnégation, l'oubli de soi, le dévouement au
proebaiu est le secret infaillible du peu de bonheur
auquel l'homme peut aspirer ici-bas.
Quoi qu'il en soit, je dus longtemps me borner
h déposer sur le tombeau du Sauveur les vœux
ardents que je formais dans mon âme pour la noble
dame dout ma pensée ceignait le beao front d'une
auréole sacrée, celle du malheur et de la vertu.
J'avais été recommandé par un ami un savant
ACTE OFFICIEL.
Par arrêté royal du 3o octobreM. E. de
Goltal, docteur en droit, docteur spécial eo droit
moderne de l'université de Gand, est nommé juge
au tribunal de instance séant a Fumes, en
remplacement de M. Denecker, appelé un autre
siège. M. de Gottai remplira, jusqu'au i5 octobre
1865, les fonctions déjugé d'instruction près ledit
tribunal.
et pienx missionnaire, qui habitait la Casa Nuova,
et dont l'âge, les éludes et les goûts se rappro
chaient des ruieos, je passait tous les jours avec lui
quelques heures dans la bibliothèque du couvent; et
dans la soirée nous allions souvent nous livrer de
religieux entretiens autour de la vallée de Josaphat
ou en d'autres lieux vers lesquels nous attiraient
tant de souvenirs ou taDt de mélancoliques pen
sées. Mais la discrétion m'avait toujours empêché
de lui adresser sur le compte de la dame polonaise
des questions précises. Un jour, pourtant, que
nous avions visite ensemble de tombeau des Rois,
nous dous disposions rentrer dans Jérusalem par
la porte de Bétbléem, quand nous entendîmes tout
coup retentir derrière nous le bruit de quelques
chevaux. C'étaient deux dames européennes, deox
voyageuses qui arrivaient, accompagnées d'un
vieux drogtuao. Elles atteignirent la porte avant
nous, et nous les vîmes descendre de cheval, s'as
seoir sur uo petit pan de mur et ôter, avec une
scrupuleuse modestie, lenrs bas et leurs brodequins
d'étoffe noire. L'une des deux pèlerines paraissait
robuste, mais avait une expression de physionomie
assez vulgaire; l'autre vous charmait par la délica
tesse de ses traits et la grâce de ses maoières, mais
elle paraissait souffrante et déjà exténuée. Tontes
deux portaient le même costume une robe noire,
ni élégante dî négligée; un chapeau blanc avec un
voile de mousseline blanche, pour se garantir du