D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47me Année. Samedi 2 Janvier 1864. iV> 4,826.
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Nous croyons avec Montesquieu, Guizoï
et Lacordaire avec tous les grands génies
politiques moderoes que le but dernier de
toute organisation sociale est de garantir
l'homme l'exercice libre de ses facultés.
Car la société existe pour l'individu et non
l'individu pour la société. Nous croyons
que le progrès de la civilisation consiste
dans celui de la liberté, dans le remplace*
meut graduel de la force brutale par la
force morale, dans la diminution des
moyens de contrainte et dans l'augmenta
tion des lumières, de la moralité et de
l'assentiment.
La Constitution Belge, celte arebe sacrée
de la liberté, est venue réaliser cette doc
trine. Cette loi du législateur est venue lui
dire: c Vous ne toucherez pas ce qu'il y
a de plus sacré dans la nature humaine,
ou du moins vous n'y toucherez que
dans certaines limites. Moi je suis le
dogme législatif, avant de vous livrer
cette arme redoutable qui s'appelle la
coaction législative, je veux stipuler en
faveur de la liberté. Car il y a quelque
chose devant laquelle la loi doit toujours
s'incliner, c'est la dignité humaine. Il
faut laisser l'ordre moral l'action libre
des idées, il n'y a là place ni pour
l'huissier ni pour le gendarme.
C'est de cette pensée, qui est le principe
constitutionnel lui-même, que découlent
ces libertés précieuses, qui font l'honneur
et la force des citoyens dans les pays
libres et qu'on a si justement appelées
publiques, parce qu'elles sont le bien de
tous et qu'elles sont placées par la Consti
tution au dessus des atteintes de la loi,
qui ne devient que trop souvent un moyen
d'oppression dans les mains des partis.
Le doctrinarisuie dans l'opposition avait
inscrit ces idées généreuses sur son drapeau
et avait séduit par ce programme un grand
nombre d'intelligences nobles et élevées,
qui ont fait sa force et son prestige
Mais les actes du libéralisme au pouvoir
sont venus démentir ses doctrines. Il est
désormais évident pour tout le monde que
ce parti, qui avait réclamé le pouvoir au
nom du principe de la liberté, ne s'en est
servi que pour opprimer la liberté. Il a
renié son drapeau au moment de l'action,
ce drapeau sous les plis sacrés duquel il,
était monté au Capilole. Les esprits sin
cères qui s'étaient laissés éblouir par ce,
mirage de principes, comprennent main
tenant que ce programme n'était qu'-une,
comédie. L'histoire parlementaire et la
gestion administrative de ces dernières
années sont venues leur apprendre que
leur bonne fui a été surprise. Ils ont vu
leurs principes, qu'ils croyaient avoir con
fiés en des mains sûres, violés dans les lois
et les arrêtés royaux, insultés la tribune
et dans la presse par ces mêmes hommes
qui s'en étaient proclamés les défenseurs.
Bien plus, ils ont vu la liberté trahie et
violentée se réfugier dans le camp catho
lique et y trouver des voix éloquentes
pour la défendre et la vengerk
Le pays comprend maintenant que la
cupidité, l'ambition et l'impiété ont été
les seuls mobiles de ce parti, qui se sert
de tous les principes et n'en sert aucun.
La logique, celte justice de l'histoire, est
venue le condamner au nom de ses pro
pres principes et n'a rencontré derrière
les idées dont il se parait quedes passions.
La prédiction célèbre se réalise vous
vous appuyez sur les passions et vous périrez
par elles. Le libéralisme s'en va, il se
suicide, il est parjure la liberté. Que
conclure de tous ces faits politiques? C'est
qu'il est désormais évident que les termes
de la question, sur laquelle reposait la
division des esprits, oui perdu leur signi
fication. Désormais libéralisme et liberté
sont des mots qui hurlent de se trouver
ensemble. La transformation des partis
s'accomplit. Les amis de la liberté et du
progrès ne sont plus dans le camp libéral.
Non, la liberté s'est trouvée mal l'aise
dans cette atmosphère de passions, elle
s'est réfugiée chez ses défenseurs naturels,
dans le camp catholique et s'est placée là
sous la sauvegarde de la fol, de la moralité
et du dévouement. Donc, nous qui nous
appelons catholiques en face des ennemis
de l'Église, conservateurs en face de la révo
lution et de l'émeute, nous nous appelons
encore maintenant chrétiens en face de
ceux qui nient le Christ et amis de ta liberté
en face des pontifes de la force, des apolo-
gises du Dieu Etat, du Dieu-Laïque et des
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQijtf. - CONSÎîTlTfON UELOFi
REVUE POLITIQUE.
I.e télégraphe a apporté de Rome line noovelle
impôt ta ii if. jour de la Nuë1, le Pape, après
a>oir reçu, comme d'hahitnile, les félicitations
anntielles îles cardinaux, a pintiotifté mie allocution
dans laquelle, Hpiès a.oir rappelé les Itiompbes
des papes persécutés, il et prime U confiance que
l'Eglise recentrera ses possessions usurpées, eu
faisant preute de fermeté, de constance et de
prudence.
En recevait! les fonction imites, le Pape a déclaré
qu'il s'attendait a de gi;ms événements pour
l'année prochaine, tnais il t imité ses auditeuis îr
ne p«s s'en émoutoir, l'Eglise devant toujours
triompher. Qui pourrait ne pas admoer cette aiti-
tude caluie et inëbianlable du lo f -le la catholicité,
au milieu des épreuves et des pénis qui l'entou
rent
C'est toujoins la questiou <lu Sihleswig ilolstein
qui occupe le premier plan sur la scène politique.
Nous avons mentionner aujourd'hui on uouteau
changeiueul qui s'est opéië Copenhague, dans
l'état des affaires dano alleuiamles. I.a crise minis
térielle u'est pas terminée, et, dans la soirée du 38,
le Roi a accepté la démission du ministère Hall.
Un membre du cabinet, M M.nna.l, ministre des
cultes,a été chargé de s'adjoindre d'autres collè
gues.
Mais il est douteux que i'avéuement d'un nou
veau cabinet puisse amener une modification dans
les intentions politiques du Roi. Le désaveu des
commissaires fédéraux au s»)»-! des manifestai ions
en faveur du duc d'Angusieiihnoig se trouve, en
effet,sinhuliereiuentatténué fiai une démonstration
faite Kiel. Un séoateur, M. Thomson, a procla
mé dans cette ville la souveraineté du prétendant.
On apprend aussi que les coin miss aires ont ordonné
la suspension des autorités municipales de Ploen.
Ces deux faits nous semblent «e concilier difficile
ment avec les décisions de la Diète.
Ce qui est plus grave, d'ailleurs, c'est la propo
sition austro prussienne. On assure de Francfoit
qu'elle sera votée par la Diète, 'et que les prépara
tifs pour l'occupation dans le Schleswig seront
immédiats.
Daos cette occorence, les o i*ei tures conciliantes
de l'Angleterre n'ont guèie chance d'aboutir. Ces
ouvertures tendent positivement aujourd'hui la
réunion d'uue conférence laquelle prendraient
part les signataires du pror cole de Loodtes de
i85a et les représentants de la Diète. Mais l'An-
gleterfe se refuse faire elle même les invitations
h la conférence. I.e Danemark aurait eu prendre
l'initiative.
Pendant que ces propositions s'échangent entre
les divers cabinets, les manifestations popolaires
suivent leurs coors dans le Holstein. Ou maodede
Kiel que les magistrats de cette ville ont proclamé
haut du balcon de l'hôtel - de-ville le doc
Frédéric comme souverain légitime des duchés. Le
prince en personne est arrivé Kiel dans l'après-
midi et il y a été accueilli avec le plus grand
enthousiasme. Il va s'occuper de constituer sou
gouvernement.
Ainsi la situation l'aggrave de plus en plus
et tout Concourt h rendre un conflit inévitable. Des
meetings se léunisseut en Suède et en Norwège
pour engager le gouvernement de Stockholm
prêter son concours au Dauemaïk.
Une correspondance de Beilin annonce en ter
mes mystérieux que si les choses restent au point
où elles sont, le 1" janvier i864 marquera uu
revirement des plus giaves dans la politique de la
Prusse. Ce revirement seiait l'abandon du traité
de Londres, que la Piusse ne défend plus que
faiblemeut. La même correspondance ajoute qoe la
France n'a pas adhéré au projet de médiation du
Foreigu Office, et que, précédemment, uue propo
sition semblable, émauée de la Russie, avait été
rejetée par les puissances allemandes comme impli
quant uu droit d'ioierveotiou qui n'appartiendrait
pas aux puissances européennes dans noe questiou
purement fédérale.
Cette attitude s'accorde parfaitement avec la
coirespoudance échangée entre le duc d'Augusteu-
bourg et l'Empereur des Français.
LES TRAITRES A LA LIBERTÉ.