Pourquoi dos adversaires abandonnent- ils aujourd'hui une doctrine si simple et si rationnelle, qui a été longtemps appliquée sans contestation sous l'égide de l'autorité Supérieure? Il faut que, dans le cimetière de toutes les communes, il y ait un emplacement convenable et digne réservé l'inhumation de ceux qui ne professent aucun des cultes reconnus par l'Etal, et qui ne sont reven diqués par les représentants d'aucun de ces cultes. L'autorité communale déterminera cet emplacement dans les communes où elle est propriétaire du cimetière; elle s'entendra cet effet avec les fabriques d'Eglise, dans les localités où celles ci sont propriétaires du lieu de sépulture. Dès lors les droits de tous seront respectés; la liberté des cultes et la liberté de conscience seront sauvegardées. Mais, disent nos adversaires, on pour- rait voir des hommes d'honneur et de probité, des modèles de toutes les vertus civiques, jetés pour toujours, par la volonté ou la vengeance d'un prêtre, dans un coin noté d'infamie. Nous protestons contre de pareilles li cences de pensée et de parole. Personne ne demande pour les dissidents un coin noté d'infamie. Il appartient l'autorité com munale d'établir leur usage remplace ment le plus convenable; un cimetière tnéme complètement distinct. Pourquoi donc ne l'élablit-elle pas? Les membres des administrations com munales ignorent ils que le curé ne peut refuser la sépulture ecclésiastiqneque pour des motifs graves spécifiés dans les lois de l'Egliseet que le recours l'Evéque reste ouvert la famille, si elle croit que le curé s'est trompé dans l'application des règles canoniques? Nous refusons de traiter comme calho- liques, dit Mgr l'archevêque de Paris, ceux-là seulement qui ne le sont pas au moment de leur mort, ou parce qu'ils sont nés et ont toujours vécu horsdu sein de l'Eglise, ou qu'ils ont abjuré leur foi, soit par des erreurs soit par des actes qui équivalent des apostasies. Celte apos- tasie est elle suffisante? Non, il faut qu'elle soit notoire, qu'elle ne puisse être renduedouteuseparaucunecirconslance atténuante. Celle notoriété suffit elle? Non encore; il faut qu'elle existe au moment de la mortet qu'avanteet instant suprême il n'y ail aucun signe de repentir. Si quelqu'une de ces conditions manque, le prêtre accorde son ministère aux mourants et ne refuse pas aux morts les prières publiques et solennelles. Si au contraire des signes notoires du refus de se soumettre aux lois de la religion catholique sont réunis au moment où un b individu expire, le prêtre refuse de irai- ter comme catholique celui qui a refusé constamment de se reconnaître comme tel. Il ne prononce pas un analhème; il ne le provoque point; il s'abtient, et il doit s'abstenir. Nous le demandons tout homme de bonne foi, dans celle loi de l'Eglise y a t-il place pour la volonté arbitraire ou pour la vengeance d'un prêtre? Ils sont bien coupa bles ces hommes qui, revêtus d'un caractère officiel ou non. cherchentà égarerl'opinion de ceux qui n'ont pas les connaissances spéciales suffisantes pour juger par eux- mêmes, et qui saisissent avec empressement toutes les occasions pour diminuer dans les âmes le tespect dû au Sacerdoce. CONFÉRENCE DE PÈRE ONCLA.IR. La conférence donnée jeudi 18 b l'église de S'- Marlin a complètement justifié ce que l'on nous avait annoncé du père Ouclair. L'assistance était nombreuse, les hommes ap partenant aui classes intelligentes de notre ville étaieot en grande majorité. Ils ont pu constater comme nous, la haute et ferme éloquence du cé lèbre prédicateur, l'élévation de ses idées, sa virile tendresse quand il parle de la charité. C'est bien lh le laogage qu'il convient de faire entendre a l'es prit sceptique de notre temps, k la raison faussée, au jugement perverti des hommes du monde. Il faut, hélas! leur rappeler que c'est le christianisme seol qui possède la solution du problème de la misère, que lui seol, depuis dix huit siècles a con stamment prouvé par les principes et par les faits qu'eu dehors de la charité il n'y a rien de fécoud, iett d'efficace, rieu de durable. C'était un thème naturellement indiqué pour uoe conférence pro voquée par la Société de S'-Vincent de Paul, que nous remercions de cette bonne fortune. Je suis pauvre et dans les travaux depuis ma jeunesse. Celte parole du psalmiste, ce cri de l'humauilé depuis la pietnière chute, a servi de point de départ b l'émineut orateur. La pauvreté est bieo ancienne! Qu'ont fait con tre elle le paganisme, le rationalisme, le judaïsme même L'inégalité naturelle, nécessaire, qui existe entre les fortunes comme entre les facultés bomaines est un fait primordial qui a préoccupé toutes les sociétés. Sous le lègue du paganisme la sociéié vivait dans uu état de guerre permanent, guerre de celui qui possédait coutre celui qui ue possédait pas. Il n'existe pas dans l'histoire le moiudre vestige de législation qui remédie k cet état de choses. Ecraser le pauvre, l'effacer du sol, le museler, l'enfermer comme ud animal malfaisant, étaient, ainsi que l'a dit éuergiquemeol le piédicateur, les seuls expédients découverts par la sagesse païenne. Aussi les guerres sociales étaieot terribles et fté- queotes. Et le rationalisme de nos jours, qui a posé de nouveau, si témérairement la question qu'a-t-il fait, qu'a - t-il trouvé? 11 u'y a pas ud mois que le plus réputé, le plus intelligent des rationalistes, M. Jules Siuioo, ve nait confesser b la tribune française l'impuissance où il se tiouvait, apiès douze ans d'études con stantes, d'iodiquer une solution raisonnable. Il préconisait quelques remèdes secondaires, em pruntés b l'idée chrétienne, mais quant b la panacée universelle, annoncée si bioyammeut par les hommes de 48, 00 n'en a plus la moiudre préteo- tion. Triste aveu, quand on pense aux flots de sang qui ont été répandus a cette époque! Doocoi le paganisme égoïste et voluptueux, ni le rationalisme auticatholique n'ouï rieu b nous apprendre sur la pauvreté. Nous les avuus vus b l'œune, ils sont jugés. Eiamiuous ce qu'a fait le christianisme. L'orateur a résumé l'oeuvre du Christ dans la charité eu quatre poiols principaux 1* Le Christ a réhabilité la pauvreté dans les idées eu même temps que dans les faits; 2' Il a fait de la pauvreté une vertu, et même nue vertu nécessaire pour réaliser la perfection évaugélique; b ce litre, il l'a élevée k la dignité d'une institution régulière et privilégiée; 3* Il a fait appel b tous les dévouements, b tous les sacrifices, ou pour mieux dire, il les a tous in spirés. Il a réconcilié les heurecx de la terre avec les déshérités, et n'a pas craint de proclamer ies droits de l'infériorité et les devoirs de la puissance, en plaçant les pauvres sous la tutelle des riches; 4* Il a attaqué la misère daos sa source en mo ralisant les classes souffrantes et a sauvé ainsi la société. tin ytioiumin. ii - 'WvTïa ait eh Les trois premiers points de cette thèse ont été magnifiquement développés. Le Christ naissant pauvre, prenant ses amis, ses apôtres pa'iui les pauvres, fulminant contre le riche sitis cœur et plaçant Lazare le pauvre b la meilleure place du ciel, lavant les pieds de douze pauvies la veille de sa passion, prêchant l'égalité morale, la fraternité universelle, tel a été le tableau saisissant qui nous a été exposé avec une éloquence souveraine. La perpélnaiion de la doclrme do Christ dans l'Église suivi l'égalité sainte établie par la communauté du martyr, dans l'amphithéâtre, l'établissement des vœux de pauvreté, la création des ordres monastiques et hospitaliers, des sœurs de charité, des petites sœuis des pauvres, des crè ches, des asiles de l'enfance, et pour couronner l'œuvre, la fondation des conférences de S'-Vin cent de Paul. Il nous a toujours semblé en effet que l'idée d'enrégimenter sons la bannière de la charité tous les bommes intelligents, quelle que fut leur pro fession, leur fortune, leur opinion, était une des plus grandes qu'ait enfantées le christianisme. Elle est née dans l'âtne noble et sainte d'un pauvre étudiant «le Paris, devenu plus tard une des gloires littéraires de la France. Ozanam disait Nous nous sommes réunis pour nous conserver purs dans la foi catholique et poor la propager par la charité. Vivant dans la Bahylone moderne il avait constaté que de notre temps il ne faut pas moins veiller aux luisèies de l'âme qu'aux misères du corps. Elles sont liées d'une manière"" trop étroite pour ne pas vouloir les guérir en même temps. La création de la société de S'-Vincent de Paul est venue juste eu sou temps, ainsi que toutes les graudes institutions du chiistiauisme. C'est puuiquoi elle a giandi avec une incroyable rapi dité. Elle est onivetselle comme le mal qu'elle est appelée <1 combattre. L'orateur a trouvé de délica tes parolespour la louer On pourrai: b la rigueur, a -1—il dit, savoir combien de sommes elle a i> distribuées, combien de pauvres elle a secourus, mais les plus longues et les plus glorieuses tables de ses statistiques ne sont écrites, ne son! con- nues que dans le ciel. Nous regrettous que notre méuroiie trop peu fidèle ne nous permette pas de citer tous les pas sages les plus importants de ce beau discouis. Quelques uns nous ont frappés davantage. Ainsi b propos des persécutions dirigées dans certains pays contre les établissements de charité de l'Église, il y a eu un mouvement oratoire remar quable. L'Eglise n'a pu se résigner au rôle ioac- a lif qu'on voulait loi imposer; elle ne s'y résignera jamais. Quoil elle est mère, mère du pauvre b surtout, et elle verrait souffrir ses enfants, sans voler b leur secourssans les arracher aox étreintes de la misé e et du péché, sans les serrer b contre son cœur, sans les abreuver même de sou saug Si vous le croyez, vous ne savez pas ce que c'est qu'une mère, vous faites roogir celle qui h vous a porté dans son sein. Mais ce dont nous nous souvenons avec le plos de plaisir c'est de l'hommage rendu aux femmes. Les femmes chrétiennes ont eu la gloire de a prendre l'initiative du mouvement de la charité. Quoi d'étonnant? La fetnuie n'est elle pas plus propre que nous b comprendre les ressources b infinies do cœur dans la charité? N'est-ce pas la b son triomphe, son bonheur N'a-t-elle pas reçu n de la Providence tout ce qu'il faut pour accom- plir le sublime ministère de la coosulation? Uue connaissance plus intime des choses de l'âme, uue native commisération, uoe sympathie irré- sistible pour tout ce qui souffre, un sentiment plus exquis de la dooleut? C'est pour elle sur- tout qu'est vraie celte parole: Souffrir, c'est vivre. Il lui faut quelqu'un b cousoler, des lat- mes b essuyerde grands sacrifices b faire. Alors

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Le Propagateur (1818-1871) | 1864 | | pagina 2