D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47me Année. Mercredi 2 Mars 1864. A0 4.843.
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LE PROPAGATEUR
PRIX DE L'A BONN EMEUT.
POUR Y PRES FR. 6.00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
REVUE POLITIQUE.
D'après une dépêche de Copenhague, des dis
sentiments assez gra.es auraient éclaté parmi les
conseillers du roi, A propos de la ligne de conduite
!i sni.re dans le conflit a.ec l'Allemagne, et il
serait question d'une crise ministérielle. Comme
Innjoi rs les uns se sont prononcés pour des con
cessions, les autres pour la coniinuatiou d'une
«igotirense résistance, f.e ministre des affaires
étrangères, M. de Quaade, a donné sa démission.
Une dépêche arri.ée de Flensbourg tend
rejeter des doutes sur la résolution prise par les
deux grandes pnisssances allemandes de ne point
marcher en a.anl dans le Jutland. D'après cette
dépèche, leur résolution serait subordonnée
l'engagement b prendre par le Danemark de ne
point tenter d'attaque sur la frontière qui sépare le
Schleswig du Jutland. Un ordre de Berlin, atteodu
au quartier-général, de.rail décider si, définitive
ment, les troupes alliées prendraient position sur
la frontière do JotlanJ oo poursuivraient leurs
opérations militaires.
L'action militaire dans le Schleswig demeure
complètement suspendue, tant du côté de Diippel
qu'à Kolding. L'ardeur des troupes prussiennes
paraît s'être quelque peu calmée depuis les engage
ments qui ont eu lieu sous Diippel, et l'a.ant-
garde du matéchal VVrangel teste statiouoaire
Kolding.
Mais les préparatifs se continuent, et peodant
que des renforts arri.eot aux armées alliées, la
marine danoise prend position dans le détroit de
Fehmano, pour y statiooner et placer le Holstein,
soos ses feox, comme une autre partie de l'escadre
tient le Schleswig sous ses batteries.
Nous avons déjà fait mention, des bruits relatifs
au prélendn projet d'abdication de la reine Victo
ria. La Caietle de Cobourg dément, son tour,
ces rumeurs elle assure que la Reine se porte a
merveille et prend ia part la plus active tant aux
affaires de l'Etat qu'à celles de sa famille.
Les nouvelles de Pologne jettent de l'inquiétude
Vienne et Berlin; on redoote nue explosion
poor le printemps prochain, surtout dans les par
ties de l'ancieo royaume épargnées jusqu'à présent
par le mouvement. La Gallicie vient d'être mise
en e'tat de siège.
Une nouvelle crise vient d'éclater b Madrid.
L essai d'uo ministère extra-parlementaire n'a pas
réussi, oo parait vouloir essayer d'un ministère
mixte.
On aouonçait b New-York la proclamation,
poor le 32 février, de l'abolition de l'esclavage
dans toits les Etats de l'Union.
Une correspondance de New-Yotk, insérée au
Moniteur, constate on redoublement d'activité et
d'ardeur dans le Sud.
-
,M. DE MONTALEïBERT ET LES JOURNAUX LIBÉRAUX.
Affirmer ce qu'on ignore, affirmer ce
que l'on sait être faux. Cela s'appelle
mentir.
Affirmer que quelqu'un a été condamné
par les tribunaux quand on n'en sait rien
ou quand on sait le contraire. Cela s'ap
pelle calomnier.
Propager par la presse le mensonge et
la calomnie contre un homme digne de
tous les respects, et cela en vue de nuire
des adversaires politiques et de bénificier
de celle calomnie, c'est là un acte qui
soulève la conscience publique.
Et c'est l'acte commis par les journaux
libéraux annonçant en grands caractères
que M. de Monlalembert est condamné
par le Pape.
Nous donnons cette calomnie le dé
menti le plus formel. Il est faux que M. de
Monlalembert soit condamné par le Cape, il
est faux que ses doctrines et son magnifique
discours du Congrès de Matines soient con
damnés ou sur le point de Cêlre. Tout cela est
faux. Cela est faux! voilà la seule réponse
que méritent ceux qui prennent pour
maxime, le conseil de Voltaire Mentez,
meniez toujours il en restera quelque
chose.
LIBÉRAL ET CLÉRICAL.
Le régime constitutionnel est, sans
contredit, le meilleur des gouvernements
lorsqu'il est pratiqué avec franchise et
loyauté, mais il conduirait l'anarchie
comme la république ou la révolution
comme la royauté absolue, si l'intrigue et
la duplicité réussissaient substituer leurs
manœuvres passionnées et souterraines au
jeu régulier de ses institutions.
Si l'union qui nous avait sauvés en
1830, si les traditions du Congrès national
s'étaient soutenues, nous eussions vu se
développer, dans une législation modèle,
les germes féconds de liberté et d'activité
qui se trouvent déposés dans cette Consti
tution que nous envient tant de peuples.
Mais non, le souffle de la division règne
depuis 25 ans sur la Belgique. Oui, depuis
25 ans, des hommes haineux et vindicatifs
dont les idées étroites avaient été repous
sées par la grande majorité du Congrès
national des hommescupidesetamhilieux
qui n'hésitaient pas poursuivre la fortune
et les honneurs au dépens des droits et des
intérêts du peuple belge, sont parvenus
transporter du domaine de la conscience
dans le domaine politique la question des
croyances religieuses et confondre ainsi
tout d'abord deux ordres de choses que la
Constitution avait soigneusement et pru
demment distingués.
Quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse,
le classement des citoyens en catholiques
et libéraux est un mensonge, et la situation
actuelle de la Belgique en est la preuve.
Le pays compte, en effet, cinq millions
d'habitants parmi lesquels il n'y en a que
cinq cent mille qui n'appartiennent pas
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELLE.
la religion catholique, et il produirait une
Chambre de Représentants où le prétendu
parti libéral aurait une voix de majorité!
Au point de vue de la religion, sans
doute, il y a d'une part les catholiques, et
de l'autre tous ceux qui ne le sont pas; au
point de vue politique, la forme du gou
vernement étant admise, il ne saurait y
avoir que des conservateurs et des pro
gressistes; des hommes prudents qui veu
lent le développement régulier de tous les
principes constitutionnels et des hommes
impatients qui aspirent aux innovations
irréfléchies et dangereuses, lesquelles ex
poseraient la Constitution elle même faire
naufrage au milieu des passions déchaînées.
Il est hors de doute que, dans notre
pays, les conservateurs politiques sont en
immense majorité. C'est en brouillant les
idées par une confusion de mots et de
choses, que l'on a poussé la Belgique dans
l'impasse du libéral et du clérical, que l'on
a divisé en deux camps ennemis, non-
seulement les membres d'une même nation,
mais encore jusqu'aux membres d'une
même famille. C'est ainsi que l'on a vu
naître cette situation politique embarras
sante une Chambre sans majorité, un
ministère donnant sa démission, une moi
tié de la Chambre ne voulant pas que le
ministère doctrinaire soit remplacé autre
ment que par un ministère catholique,
l'autre moitié de la Chambre ne pouvant
fournir des hommes nouveaux qu'à des
conditions que la Couronne ne semble pas
accepter.
Et ceux qui, depuis 25 ans, la suite de
ce M. Devaux, que le corps électoral vient
de congédier, se sont évertués fausser nos
lois et nos institutions, enrayer la ma
chine constitutionnelle, ceux qui, non
contents du pouvoir temporel ont essayé
et consommé toutes espèces d'empiéte
ments sur le pouvoir spirituel; ceux qui
voudraient dépouiller l'Église catholique
et ses ministres; ceux qui se sont arrogé
tous les emplois, tous les honneurs, toutes
les dignités, même celles venant de l'étran
ger, et ont calomnié, persécuté et repoussé
de tous les postes les catholiques, osent
leur dire aujourd'hui vous avez fait la
situation, vous devez en subir les con
séquences et accepter le pouvoir? c'est
cumuler l'insolence et l'hypocrisie.
Les catholiques n'ont pas fait la situa
tion elle a été provoquée par les longues
injustices, les incessantes violences des
libéraux.
Les libéraux ne désirent pas que les
catholiques acceptent le pouvoir, si ce
n'est pour les renverser au moyen d'une
émeute organisée par les solidaires.
Les libéraux préfèrent garder le pou
voir. Ils en sont beaucoup plus friands que
les catholiques et cela se conçoit. Ceux-ci
ne l'ont jamais exercé que dans l'intérêt
de tous; ceux là ne l'ont jamais exercé que
pour eux et les leurs.
Les libéraux ne sortent du ministère
qu'afin d'y rentrer.