D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47me Année.
yo 4,844.
LE PBOPAGATEUB
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELLE.
PRIX DE I/A BONN FUIENT.
POUR YPRES FR OOO PAR AN.
MOUS VILLE 7.50
REVEE POEITIQEE.
L'unique piéoccupaiioo du moment est 'a mise
en état de siège de ia Gallicie, que M. le comte
Meodorf,gouverneur de cette province,! fait suivre
d'une ordonnance qui prescrit un désarmement
général.
Cette mesure a donné lieu eu France, de la part
de certains journaux, a une grave accusation contre
l'Autriche. Niant les dangers qui l'auraient moti
vée, ils prétendent que le gouvernement aulnchieo
a invoqué des périls imaginaires, pour masquer une
intrigue politique et nue alliance défensive et
offensive avec la Russie et la Piusse. Il n'avait lieu
A craindre, disent-ils, d'une iusuriectioo; la révo
lution respectait la Gallicie par égard pour la
facilité de recrutement et d'orgauisatioD qu'y trou
vait l'insurrectioo polonaise, et le gouvernement
uatioual de Varsovie u'a jamais songé a y exciter
no soolèvemeut. C'est un prétexte que le cabinet
de Vienne a mis en avant, pour tenir les engage
ments qu'il a pris de concourir A étouffer le mouve
ment polonais, eu retour du concours qu'il s'assu
rait de la part des anciens copartageaots de la
Pologne, dans le cas où une guerre éclaterait eo
Italie ou sur le Rhin.
La presse française et la presse biitanoique font
courir le bruit d'one reconstitution de la Sainte-
AHiance. Le manifeste de l'empereur François-
Joseph s'est pourtant expliqué d'une façon très-
claire, selon nous, sur les motifs qui l'ont engagé
A prendre cette mesure. La sympathie du gouver
nement autrichien pour la malheureuse Pologue,
sympathie qui s'est manifestée il y a peu de temps
encore, a dû céder le pas devant la nécessité de
maintenir l'intégrité de l'empire, et l'impossibilité
de séparer la Gallicie de la monarchie autrichienne.
Le voyage du roi Léopold A Londres donne lieu
A une foule de commentaires, parmi lesquels le
moins curieux n'est certes pas le suivant Oo pré
tend que le roi des Belges se serait décidé A passer
la Manche sur les iustances du gouvernement
britannique, qui voudrait le décider A accepter le
rôle d'arbitre dans la question dauo-allemande.
Sou arbitrage reodu, ou l'imposerait au Danemark;
qoaot A la Prusse, on calcule qu'elle n'oserait pas
s'en écarter et continuer la poursuite de ses desseins
ambitieox. L'invraisemblance de cette nouvelle
saute aux yeux.
La Correspondance générale dément les pré
paratifs militaires de l'Autriche dans la Vénétie;
eo revanche, ceux du gouvernement piémontais
sont parfaitement confirmés. Une instruction du
ministre de la guerre d'Italie porte que, A partir
du i" mars, toute la garnison de Milan devra être
continuellement exercée au tir. Il résulte d'un
tableau publié par le Moniteur de Bologne que
l'armée italienne se compose actuellement de
4o4,ooo hommes, savoir 12,000 carabiniers
royaux; 3o,ooo bersaglieri 275,000 hommes
d'infanterie; i4,ooo hommes de cavalerie; 3o,000
hommes d'artillerie; i5,ooo hommes du génie, du
traio des équipages et de l'intendance.
Les dernières correspondances de New-York, du
18, parlent de la crainte qui régnait A Washington
d'avoir A subir une attaque de la part du général
confédéré Lee.
LES CATHOLIQUES ET LA CONSTITUTION.
Le Monde de I'aris a publié un article
rempli d'appréciations erronées sur les
libres institutions de la Belgique, sur les
principes que représentent nos partis, sur
le caractère de nos luttes et sur les intérêts
des catholiques belges. Cette accumulation
d'erreurs devait nécessairement recom
mander cet article toute la presse libé
rale. Aussi tous les journaux du parti
doctrinaire, grands et petits, depuis Indé
pendance jusqu'aux plus obscurs organes
«le la secte maçonnique en province, ont
endossé la responsabilité des erreurs du
journal étranger aux catholiques Belges.
El chose ridicule, si elle n'était odieuse, ils
on t signalé ce jugement erroné d'une feuille
étrangère sans autorité aucune pour nous,
comme s'il y avait là la promulgation d'une
décision de l'autorité suprême de l'Eglise,
condamnant et la Constitution Belge, tous
les catholiques qui l'ont faite, la prati
quent et la défendent avec uue fidélité
inaltérable depuis 1830.
Voici l'excellente réponse que le Courrier
de Bruxelles a faite l'article du Monde.
Les catholiques belles se sont toujours
distingués par la sincérité de leur attache
ment la Constitution, et ils n'ont pas
s'en repentir, car c'est par elle qu'ils ont
conservé leurs libertés et surtout la plus
précieuse de toutes, la liberté religieuse.
La Constitution ne nous a pas fait perdre
l'unité de croyance, que nous n'avions pas
plus en 1830 qu'aujourd'hui; elle nous a,
au contraire, puissamment aidés con
server nos populations, en grande majo
rité catholiques, l'inestimable trésor de la
foi de nos pères.
Depuis 1830, les catholiques n'ont jamais
eu besoin du pouvoir; ils ont eu. au con
traire, toujours besoin de la liberté, et la
liberté ne les a jamais trahis. Quand ils
ont eu se plaindre, ce n'est pas parce que
la liberté avait été respectée, c'est, au
contraire, parce qu'elle avait été violée.
Elle n'a jamais été violée qu'à leur détri
ment elle a toujours été appliquée leur
profit.
Aussi ont-ils parfaitement le droit de se
dire les vrais, les seuls libéraux, car chez
leursadversairesle libéralisme n'est qu'une
enseigne trompeuse, le masque de l'opres-
sion, un mensonge greffé sur une iniquité!
Ceux que le Monde, contrairement la
logique, appelle du nom de libéraux, il
devrait les appeler comme nous les appe
lons nous mêmes des faux libéraux; leur
reconnaître bénévolement le nom qu'ils
usurpentc'est les aider en imposer
la foule et se faire passer pour les vrais
défenseurs de la liberté.
Nous ne discutons pas ici des doctrines;
nous ne faisons ni de la théologie ni de la
métaphysique; nous constatons simple
ment des faits, et ces faits nous défions qui
que ce soit de les contester.
Le Monde se trompe évidemment sur les
principes que représentent n< s partis et
sur le caractère des luttes que nous soute
nons.
Voilà pourquoi il nous reproche, nous,
catholiques belges, d'adopter les principes
et de passer dans le camp de nos adver
saires, alors que nous ne faisons que
défendre les principes que nous avons
toujours défendus et que nos adversaires
n'ont pas cessé de combattre par leurs
doctrines et par leurs actes.
Comment aurions nous peur de passer
pour des absolutistes, alors que tous les
échos du pays retentissent depuis plus de
quinze ans de nos discours contre la cen
tralisation, contre les abus de l'enseigne
ment officiel, de la charité légale, eu un
mol, contre tous les empiétements du
pouvoir sur le domaine de la liberté
iudividuelleoucorporative? Nous devrions
plutôt craindre de passer pour trop libé
raux, et l'article du Monde en est lui même
la preuve.
Le Monde n'est pas plus exact quand il
affirme que, dans les circonstances actuel
les, les catholiques 11e se croient pas en état
de reprendre la direction des affaires
publiques C'est là le langage des journaux
soi-disant libéraux; ce n'est pas celui des
organes de noire opinion. Si le parti con
servateur a refusé le pouvoir qui lui était
offert, ce n'est pas par impuissance, c'est
par patriotisme, afin de donner aux pas
sions politiques le temps de se calmer
et d'épargner au pays les agitations d'une
nouvelle crise électorale.
Les catholiques ont foi dans l'avenir;
leur triomphe prochain n'est pas douteux,
et il sera d'autant plus glorieux, d'autant
plus durable, qu'on n'y trouvera pas la
moindre trace de violence et de surprise.
Que si quelque esprit chagrin ou impatient
taxe leur modération de pusillanimité, ils
peuvent dédaigner ces critiques, et atten
dre leur justification de l'avenir le calme
sied bien la force.
Sans doute, 'a lutte n'est pas terminée,
et même après la victoire il nous faudra
combattre encore; mais la vie de l'homme
est elle autre chose qu'un combat per
pétuel?
Les catholiques belges n'ont pas cherché
se soustraire cette uécessilé, et ils
n'ont pas lieu de s'en repentir, surtout
quand ils se comparent leurs voisins.
Que les catholiques français parviennent
se faire dans, leur pays une position
supérieure ou seulement égale celle que
nous occupons en Belgique, et alors peut-
être le Monde sera t-il plus fondé nous
proposer son système comme préférable
au nôtre.
Pour nous, nous ne voulons imposer
personne l'éloge de nos institutions, mais
uous nous croirions toujours obligés,
comme catholiques et comme citoyens, de
les défendre contre quiconque les atta
quera.