CHRONIQUE LOCALE.
L'EXCLUSION DE M. BANCEL ET LES Rl'VEl'RS.
Soyons l'écho de la rumeur publique.
Il court en ville diverses rumeurs sur les
causes qui ont déterminé, un peu tard il
est vrai, notre collège écbevinal fermer
les portes de l'Hôtel-de-Ville l'illustre
rhéteur Bancel.
Ëancel est connu, nous l'avons fait con-
naître par ses œuvres antichrétiennes
antisociales et révolutionnaires.
Les jeunes libéraux s'indignent de son
exclusion, nous nous en réjouissons et les
vieux libéraux n'en sont pas fâchés.
Mais qui fut le plus surpris de cette
éviction? Ce fut Bancel lui-même. Il s'était
si bien revêtu de la peau de mouton, il
semblait avoir si bien et si beau montré
patte blanche que bel et bien il croyait
qu'on lui tirerait toujours le loquet. Il
s'était trompé quand le loup veut jouer
l'agneau, il est encore loup, quand il croit
lécher la main, sa dent aiguë perche et
déchire. Voici donc comment, dit-on, Ban
cel joua de malheur.
Première rumeur. Bancel exilé de Fran
ce, pour ses doctrines subversives, n'aime
pas le gouvernement de son pays. Il s'est
donc amusé ici lancer des pointes
l'Empereur, faire des déclamations con
tre Louis-Napoléon en particulier et le
despotisme en général.
Les despotes d'Ypres firent naturelle
ment la moue; mais ce n'était rien; ils se
disaientquand on se nomme libéral, on
serait tyran qu'on pourrait ne pas se croire
haïssable.
Mais voici le hic! Le maladroit Bancel!
Il ne savait pas que le fils du grand Patron
du Conseil communal avait mérité, l'ex
position de Lille, l'étoile de la Légion
d'honneur! Le malheureux!! il pouvait
faire perdre celle bonne aubaine notre
grande famille patricienne! Bancel avait
donc compté sans son hôte. Le cas était
pendable. Un clérical eut été fustigé, roulé,
dépecé; Bancel ne fut que congédié; nous
l'en félicitons.
Cette première rumeur s'est levée du
camp des jeunes. Est-elle une grosse
malice? Est elle pure vérité? Nous ne
jurons de rien.
Tout ce que nous savons c'est que
d'abord un fonctionnaire s'est servi avec
empressement de sa réception officielle du
jour de l'an pour prolester contre le lan
gage inconsidéré de M. Bancel l'endroit
de Sa Majesté l'Empereur des Français, et
ensuite que ce fonctionnaire vient en effet
d'être gracieusement décoré de la Légion
d'honneur.
Seconde rumeur. La première s'était
levée du camp des jeunes, celle-ci est sortie
de la citadelle des vieux.
Un gros libéral serait arrivé tout essouf
flé de son village, chez son ami le commis
saire, pour attester le ciel qu'il ne pouvait
plus répoudre de ses électeurs si on lais
sait un homme comme Bancel prêcher
l'Hôlel-de Ville. Comment l'hypocrisie en
temps d'élection serait-elle encore possi
ble, quand l'Hôtel-de-Ville même on
dresse une tribune un réfugié français
dont les publications impies et socialistes
viennent d'être dévoilées au public?
Nos vieux libéraux trouvèrent que cet
officieux avait raison; nous le trouvons
aussi après avoir patronné Bancel, parler
encore de dévouement notre sainte reli
gion, cela devient impossible.
Encore une fois Bancel devait être exclu.
Mais de jeunes libéraux, nés quelque
peu malins, font remarquer que la version
des vieux ne contredit pas la leur. Bien au
contraire, car l'officieux aussi s'est illustré
parmi les herbes et les animaux, et il est
d'avis qu'un bout de ruban français sa
boutonnière ne siérait pas plus mal qu'à
celle de son protecteur.
Pourquoi Bancel devait-il venir compro
mettre leurs chances et leurs espérances
communes?
Ici encore, il est permis de trouver que
le gros ami n'avait pas tout fait tort.
Jusque là nous n'avions entendu que de
méchantes rumeurs, quand subitement
nous apprîmes que ces mêmes libéraux ou
d'autres, si malicieux pour les leurs,
étaient d'une bienveillance charmante
notre égard il nous revînt qu'ils attri
buaient auxclameursdu Propagateur l'évic
tion de Bancel que le Conseil communal a
finalement prononcée.
Grandissime est notre reconnaissance
pour la gracieuseté de ces Messieurs; nous
sommes extrêmement flattés de l'encoura
gement inespéré qu'ils nous donnent.
Mais qu'il nous soit permis de faire une
observation notre tour ce qu'on appelle
nos clameurs était réellement le cri de la
conscience publique indignée.
Si l'on a obéi au cri de la conscience, on
a bien fait, et on n'en a pas rougir. Pour-
qoui ne pas en convenir franchement?
Pourquoi ne pas faire tomber toutes les
rumeurs taquines?
Bancel est évincé, cela est clair et incon
testé. Pourquoi est-il évincé? Voilà le point
obscur. Que ne s'en explique-t-on? Nous
aimons croire que le Conseil communal
ne pourrait qu'y gagner en considération.
Jusqu'ici nous n'entendons les libéraux
donner pour celte éviction que des raisons
mesquines ou houleuses. Nous nous éton
nons de ne pas avoir entendu encore un
seul libéral donner cette question une
réponse qui soit une réparation pour nos
autorités. Pourquoi ne dit on pas La re-
ligion de notre Collège échevinal avait
été surprise; mieux renseigné, il a
compris qu'il ne pouvait sans indignité
et trahison élever une chaire en l'Hôtel-
de-Ville un homme que ses enseigne-
raents subversifs et antisociaux ont fait
bannir de sa patrie, un homme qui
paie son hospitalité la Belgique, en
y prêchant l'abolition des dogmes chré-
tiens, une guerre éternelle l'Eglise,
voire même le nivellement des fortunes!
Le Conseil communal a jugé maintenant
Bancel sur ses œuvres non plus sur les
recommandations de ses amis les portes
de l'Hôtelde-Ville sont irrévocablement
fermées lui et ses pareils. 11 y était
entré frauduleusementil en est exclu
justement
Dans les négociations relatives la crise minis
térielle, M. Dechamps aurait dit ou personnage
dont tout le nioude connaît les attaques officielles
a La loi sur les bourses d'études n'est pas uue
difficulté radicale; la loi sera volée ou ne sera pas
votée par le Séoat; ne faites pas de l'adoption de
cette loi par le Sénat une question de cabinet;
laissez faire le Sénat. Or, daos cette pensée
toute personnelle de M. Dechainps, le ministre usé
et décrépit voulait voir un abandon de l'hostilité
de la droite la loi de spoliation; mais M. Dechamps,
tout en refusant M. Rogier le droit de l'inter
peller sur ce qu'il a appelé des cancans, l'a bien
vite détrompé et a déclaré qoe, si le parti catholi
que arrivait au pouvoir, le retrait de la loi sur les
bourses d'études ferait partie de son programme.
M. Dechamps a répondu M. Rogier, et dévoi
lant la tactique ministérielle,il loi a dit: Vous
voulez semer le désaccord entre nous; voos n'y
réussirez pas.
Le Journal de Bruxelles dit propos de la
séance de jeudi
Hier et aujourd'hui, MM. de Theux et Dechamps
ont formellement déclaré, en effet, que la droite
était prête accepter le pouvoir, si toutes les
combinaisons qu'elle avait conseillées et préco
nisées, par patriotisme et dans Cintérêt du
calme, étaient épuisées. Ces combinaisons ont-
elles été tentées et soot-elles toutes époisées? S'il
faut s'en rapporter au langage de MM. Orts, de
Brooikere et Pirmez, il n'y a pas de combinaison
possible, du côté de la gauche modérée ou exaltée,
en dehors du cabinet actuel. Donc, c'est la droite
que revient de droit le pouvoir, puisqu'elle est
disposée a l'accepter. M. Frère, en répondant hier
uue interpellation de M. Orts, sur la question de
savoir si le ministère démissionnaire maintenant
haut et ferme son drapeau et sou programme
politique, a répondu résolument, nous l'avons déjà
du Soyez tranquille!
Et maintenant, que va dire de la situation la
presse doctrinaire, qui s'est si véhémentement
élevée contre la droite, lorsque la droite refusait le
pouvoir par abnégation et par patriotisme, abné
gation et patriotisme dont les libéraux ne nous ont
jamais donné d'exemple; aujourd'hui que la droite
accepte résolument et courageusement le fardeau
du pouvoir, parleront ils encore de peur et
d'impuissance? On bien, chantant la palinodie,
vont-ils exciter ie cabinet, se cramponner ses
portefeuilles Thaï is de question.
Il y a quelque temps, nous avons prémuni
le public contre une très mauvaise farce que tra
maient MM. les ministres dans le but de se faire
admettre de nouveaucomme indispensables au salut
de la Belgique. Cette iutrtgue ou farce, comme on
voudra l'appeler, consiste déployer on grand
appareil militaire sous prétexte de faire croire des
éventualités graves.
C'est dans ce but que M. Chazal, ministre de la
guerre, vient de donner des ordres pour compléter
les cadres de l'armée et se tenir prêts a tout événe
ment. C'est le Journal d'Anvers, ordinairement
très bien informé en ce qui concerne l'armée, qui
nous apporte celte nouvelle.
Le pays sifflera cette comédie, peu propre
le réconcilier avec ceux qui gaspillent la plus
grande partie de l'argent des contribuables eu
bastions et en dépenses militaires inutiles.
[Patrie.)
La Chambre des représentants a adopté avant-
hier la proposition, présentée avant-hier par M.
Orts, de voter deux nouveaux sixièmes, a valoir
sur le budget de la justice poor l'exercice 1864;
seulement, sur une motion de M. le comte de
Theux, cette disposition sera étendue aux trois
autres budgets de cette année qui ne sont pas
encore volés. Le boreau a été chargé de présenter
on projet de loi, dans ce sens, après avoir consulté
le gouvernement sur les chiffres des crédits provi
soires.
Ou écrit de Douvres, jeudi
Hier, a cinq heures après-midi, Sa Majesté le
roi des Belges a débarqué sur la jetée de Douvres.
11 était accompagné du comte de Moerkerke et
d'uue suite peu oombreuse. Un brouillard épais a
régné pendant toute la traversée.
Sa Majesté a été reçue au débarqué par une
garde d'bonneor formée du 78' des highlanders.
Elle était attendue par M. Van de Weyer, son
ministre plénipotentiaire près la cour de Saint-
Jcmes, par lord Cremorne et lord Poosooby arrivés
de Londres tout exprès, et qui l'ont accompagné
jusqu'à IHôtel de Lord ffarden où l'on avait
fait des préparatifs pour qu'elle pût y passer la
nuit.
Ce matin, le Roi quittera Donvres 1 o beores
et demie par un train spécial et arrivera Windsor
1 heure a5 minutes. Des appartements magnifi
ques ont été préparés d'avance daos la Tour
d'York pour recevoir le roi Léopotd et sa suite.