santé qu'elle est ridicule. Quand Pie IX gouverne l'Eglise, lorsque tant d'illustres et de pieux évêques occupent les sièges de France; quand le Père Bavignan et le Père Lacordaire sont peine descendus de la chaire; que le Père Félix y est encore; que le Père (Jratry lient la plume, et lorsqu'il y a quelques années peine, le cardinal Wiseman écrivait son livre sur l'accord de la Science et de la Religion révélée, il est absurde de venir nous dire qu'il faut faire une révolution dans l'Eglise pour la récon cilier avec la société moderne, et qu'un prêtre interdit se chargera d'être le régu lateur de celte réforme. L'auleur du Maudit est le sergent Boichot du Sacerdoce, le premier ne réformera pas plus l'Eglise que le second n'a réformé l'armée. Un des lieux communs sur lesquels s'étendent le plus souvent les feuilles libé- râlres. celui qui résume en quelque sorte tous les autres, consiste signaler les pré tendus empiétements de l'autorité ecclé siastique sur le pouvoir civil. C'est le che val de bataille des libéraux de toutes les nuances, depuis les doctrinaires (les vieux) jusqu'aux avancés (les jeunes), depuis les plus finauds jusqu'aux plus compromet tants Le clergé, disent-ils sur tous les tons, est avide d'influence et de richesse, il cherche dominer sur la société en plongeant les masses dans l'ignorance et la misère; il faut conjurer les dangers qui de toutes parts menacent le pouvoir civil, il faut incessamment le défendre et le maintenir dans son intégrité. Que des badauds se laissent prendre ces phrases décevantes, nous le croyons peine, car elles ne peuvent que faire haus ser les épaules quiconque a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Le clergé dépouillerait le pouvoir civil! le clergé empiéterait sur le pouvoir civil! Eh! ne saute-t-il pas aux yeux que, depuis la grande révolution française, c'est le pouvoir civil qui n'a cessé et ne cesse de spolier le clergé et d'empiéter sur le do maine de l'autorité religieuse. Catholiques libéraux, nous comprenons notre époque et nous ne regrettons pas le passé; ce que nous voulons c'est que le pouvoir civil, qui s'est émancipé en 89, ne réagisse point aujourd'hui et n'impose pas l'autorité ecclésiastique une tutelle dont elle n'a que faire et qui ne saurait que l'amoindrir. On parle de spoliation et d'empiéte ment! Qu'est-ce donc que le pouvoir civil et de quoi et comment pourrait-on le dé pouiller? Le pouvoir civil,ce sontquelques Messieurs, c'est quelquefois un Monsieur, qui se met la tête de la société, non pas pour la former quand elle est l'état d'enfance, mais pour la diriger quand elle a passé par toutes les phases de son déve loppement. L'autorité ecclésiastique pénè tre dans les origines des nations; elle adou cit les peuples jeunes et vigoureux par l'instruction, elle relève les peuples vieux et dégradés en leur inculquant l'amour de la vertu; elle invente, elle crée, elle fonde ces institutions qui répondent tous les besoins et soulagent toutes les misères de l'humanité. Qui donc a jeté les bases de ces admira bles institutions de charité, qui, sous les dénominations d'Hospices et de Bureaux de Bienfaisance se trouvent réunies entre les mains du pouvoir civil? Qui les a organi sées, qoi les a dotées? Sont ce des libéraux, des doctrinaires, des adorateurs du Dieu- Etat, des fauteurs de pouvoir civil? Non certes, ce sont des catholiques fervents et fortunés, qui, cédant aux inspirations de la religion et de leur conscience, ont con fié une partie de leurs biens l'autorité ecclésiastique pour l'employer dans le but chrétien qu'ils indiquaient. Et si le pou voir civil est. aujourd'hui, en possession de ces immenses ressources, c'est parce qu'il en a dépouillé l'autorité religieuse, sous prétexte d'en régulariser et centraliser l'administration Malheureusement les in tentions des fondateurs et des donateurs sont devenues lettres mortes et les liches- ses consacrées aux misères humaines ser vent avant tout d'instrument politique entre les mains des plus roués partisans du pouvoir civil, des plus retors statolâtres. Chose étonnante! Le pouvoir civil, ce résumé de l'intelligence humaine, ce Phé nix, n'a pas même trouvé ce qu'il y a de plus civil au monde, nous voulons dire l'état civil des citoyens. Depuis 1789 seule ment le pouvoir civil, dans sa sollicitude pour la société civile, a réfléchi qu'après tout il était de son devoir de tenir les re gistres de l'état-civil. Ce n'était pas trop tôt, mais il n'y avait rien gagner! Ah! il faut bien en convenir, la Religion seule dompte la barbarie, les premières sociétés sont des sociétés religieuses, et le pouvoir civil ne vient qu'à la suite. L'au torité religieuse construit la maison, la décore et la meuble; le pouvoir civil s'y installe, et de force en cas de besoin; puis il en chasse les propriétaires et les loca taires et leurs agents et leurs serviteurs. Ainsi des administrations des Hospices et des Bureaux de Bienfaisance il ne s'y rencontre plus aucun catholique! Mais le sentiment chrétien est inépuisable et c'est par la création de nouvelles œuvres qu'il répond de nouvelles spoliations. AVIS IMPORTANT» IE POUVOIR CIVIL ET LES DOLÉANCES. Des journaox conservateurs ont annoocé, la sein.'iiue dernière, que des manœuvres ministérielles tendaient a la fabrication d'un très-grand nombre de faux électeurs,au moyen desquels mai-novembre auraittâchéderécupérer le pouvoir qui lui échappe. Les reoseiguerueots de nos confrères provenaient de bonne source, et soit que les instructions éma nassent de l'administration des finances, soit qu'elles fussent le résultat d'un zèle outré, toujours est-il que, dans certaines localités, ou a fait le relevé des habitants réputés libéiaux et payant peu près le cens électoral. On devait ensuite engager ces habi tants a déclarer soi; l'exercice d'un débit imaginaire, soit une cheminée oo une servante en plus, et ce suicroit de l'impôt eut été payé par le club libéral de l'endroit. En même temps, il fallait lemettre eu pratique les manœuvres qui ont eu lieu, il y a quelques années, dans certaines communes de la Flandre occidentale les électeurs appartenant l'opinion catholique et dont les impositions n'excédaient que de deux ou de trois francs le cens électoral, devaient se voir privés tout coup de leur droit, Il la suite du soiu qu'on aurait pris de diminuer leurs impôts au-dessous du cens fixé par le législateur. Celle double tricherie menée bon port, le triomphe du miuistérialisme devenait facile, et les pavés repreriaieut leur empire. Maintenant que l'iutrigne est conoue, nous exhortons tous oos amis a avoir l'œil ouvert sur la révisioo des listes électorales qui doit avoir lieu du t" au i5 do mois procbaio. De leur vigilance dépend le résultat des futures élections. Au reste, nos alarmes oot lieu d'être qu'on se rappelle avec quelle activité fonctionnait nagoère la fabrique de faux électeurs libéraux Louvaio la Coor de Cassation dut employer plusieurs au diences bannir des listes électorales les intrus qui y avaient pris place. Notre exhortation est d'ailleurs opportone, car le mioislère manœovre de façon rendre cette année-ci une dissolution des Cham bres inévitable. Au milieu de tous les brnits qui circulent au sujet de la crise ministérielle, une seule chose, dit une correspondance de Bruxelles adressée au Nou~ velliste de Verviers, peut être considérée comme vraie en ce moment M. Van Prael, autorisé par les chefs de la droite, a écrit au Roi, renouvelant l'offre par la droite de se charger du pouvoir, si toutes les autres combinaisons étaient aban données par Sa Majesté. A celte lettre, partie déjà depuis plusieurs jnurs, il n'a pas été fait de réponse, ou du moins, jusqu'à la date de jeudi d', aucune réponse n'avait transmise aux chefs de la droite. Suivant celle même correspondance, tout ce que l'on a dit de la composition du futur ministère n'a absolument rien de fondé. NOMINATION ECCLÉSIASTIQUE. Mgr l'Evêque de Bruges a nommé vicaire A Neuve Eglise: M. Deprez, coadjoteur Lan we. CHRONIQUE JUDICIAIRE. Dans son audience de mercredi dernier, le tri bunal correctionnel de Courlrai a prononcé son jugemeut dans l'affaire eu calomnie iutentée par le directeur du pensionnat de Jette lez-Biuxelles contre un habitant de Courlrai. Le calomniateur a été condamné une amende de 5o francs et aux frais du procès. Le fait de tuer on de blesser, dans son enclos, un cbat qui vient ravager vos plates-bandes, dévo- 1er vos oiseaux et étrangler vos lapins, est-il punissable? Telle est la question que le tribunal de simple police de Spa a résolue affirmativement en condamnant trois francs d'amende, le sieur Jules S., rentier Spa, pour avoir tué, d'un coup de fusil et dans son jardin, oo chat appartenant au sieur J..., son voisin. NOUVELLES DIVERSES. Dans les quatre paroisses de la ville, les enfants oot fait, dimanche d'. leur première communion. Ou pense que l'inauguration du monument érigé par la ville de Bruxelles la mémoire des ce Vs d'Eginont et de Hornes aura lieu le b juin prochain, qui sera le 296™' anniversaire de la mort tragique des deux héros. Un accideot qui aurait po amener une véri table catastrophe, est survenu, rue Neuve, Bro- xelles; la maison n° 81, laquelle on venait de faire subir quelques chaugemeuis au rez de-chaussée s'est écroulée avec 00 fracas terrible. La maisou écroulée a entraîné dans sa chute une faible partie de Vhôtel de Saxe laquelle elle était attenante. Les mesures les plus urgentes ont été piises immédiatement sur l'avis des hommes compéteots. La circulation a été interdite devant la maison écroulée peu près en face de la rue de Malioes et presque côté de celle de la Blanchisserie), et l'on faisait tomber les tronçons de la muraille entamée du bâtiment de hôtel de Saxe. Une foule énorme de curieux était réunie pen dant toute la matinée aux abords de la maison écroulée. Contrairement ce qui avait éié dit, aucun ou vrier n'a éprouvé la moindre contusion par suite de l'écroulement de la maison rue Neuve. Six ouvriers se trouvaient présents lors de l'accident, trois maçoos, deux menuisiers et un marbrier. L'un des travailleurs s'étant aperçu qu'il y avait, comme 00 dit, péril en la demeure, que le danger parais sait imminent d'après certains indices, donna l'alar me en criant sauve qui peut La maison veoait de subir uue opération des plos hasardées. Pour en faire one maison de com merce grande vitrine, on avait abattu toute la façade du rez de chaussée pendant que le bâtimeot tout entier était suspendu sur d'énormes élançons. On avait placé d'on bout l'aotre de la façade un immense cintre de fer et de bois surmonté d'où grand arc de voule qoi devait désormais soutenir lui seul l'édifice. L'exécution en pleine rue de ce travail périlleux n'avait pas sans doute échappé h la surveillance de l'autorité compéteote, et il est permis de croire que les dispositions tégleroentaires y avaient été obseriées.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1864 | | pagina 2