D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47ine Annéo. Samedi 20 Murs 1864. iV 4,850,
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BOXE.
PRIX l)E l/ABOA il EJ1ENT.
POUR Y PRES FR 6.00 PAR AN.
HORS VILLE 7,oO
REVUE POLITIQUE.
Dès que le bon, l'Iionoêie public coniioence
s'émouToir de symptômes qui font pressentir
quelque nnotean craquement politique ou social,
il ue manque pas de jour liant qui prennent la parole
pour le (assurer. Leur langage produit toujours son
etfel sur uoe partie de la multitude.
Voici, comme exemple Garibaldi qui rentre en
scène, il anine en Angleterre on lui fait des ova
tions, on ouvre des meetings. Tout aussitôt les jour
naux cnmplaisanlsdisetil Ce n'est rieo, il n'y a que
les gens simples que s'effrayent. Garibaldi n'a
quitté son île de Caprera que pour admirer les
iostituiinns de l'Angleterre et revoir ses anciens
amis. Quoi de plus naturel Le monde intelligent
trouve cela tout simple; or, vous êtes, vous u'est-ce
pas, du monde intelligent
Et des dernières élections de Paris, que faut-il
en penser? objectera sans doute l'honnête mais
crédule poblic. Les élections de Paris sont une
réparation et nullement une agression, a Ces der
niers mots sont la réponse des journaux complai
sants, réduite en termes d'aphorisme. Cela clot la
discussion; et par U, pour un graud nombre, le fait
le plus grave et le plus menaçant perd tout carac
tère.
Il y a les rapports a voués d'un membre du gou-
veruerueul anglais avecMazzini qui pourraient bleu
avoir un côté sinistre. Aussi n'a-t-ori pas manqué,
au premier abord, de chercher des explications plus
ou moins rassurantes. Ce dernier iucident ue nous
paraît pas encore vidé nous avous dit, dès le prin
cipe, qu'il était désiiné avoir des suites.
L'événement semble vouloir nous donner raison.
De Paris, avant-hier, les coirespoudauces font
meuiioo de pièces nouvelles qui paraîtront pro
chainement dans les journaux anglais, mais que le
gouvememenl français fournira. Eu face de ces
pièces, dit on, il oe sera pas permis M. Siaosfeld
de se soustraire une sorte d'évidence par de sim
ples dénégations. Le parti conservateur reprendrait
l'attaque la rentrée du parlement. Cette cause et
qlusieurs autres aidant, le ministère de lord Pal-
merstoo se trouverait en grand péril.
Oo ue croit plus aux fanfaronnades prussiennes.
On avait écrit de Berlin que les clefs de Doffel
seraient remises au roi Guillaume le 32 ntars, jour
de son anniversaire. On a écrit depuis qoe le roi
Guillaume n avait pas voulu que son anniversaire
fur nia- qné par aucune eff.isiou de sang. C'est pour
ce rnr.nf «ans doute que Duffel a été caoonoé et
bombardé le 23 et 24, mais n'a pas été pris.
L'opinion la plus accréditée, pour le moment,
est qu'après le langage tenu dans le Slortbing
on, wégieo. par le roi Charles XV, tes secour, qu'i,
s'est montré disposé fournir au Danemark ne
penveot être loin.
Oo considère empereur Napoléon comme étant
obligé, par suite de la dernière manifestation élec
torale, de faire qaelqoe chose, soit poar combattre
le mouvement t'iutéiieur, swl pour le satisfaire
dans sa politique extérieure.
On a reçu do Mexique des nouvelles favorables
l'archiduc Maxiuiilien. Sautait», plusteuis te-
prises, président de la république mexicaine, et
qui vivait depuis sept ans 4 Saint I bornas, se rend
la Ver a Ci uz, où il attend l'empereur Maximilten
pour faire acte d'adhésion la nouvelle forme de
gouvernement. Il a rédigé, dit-on, un manifeste a
la natioo mexicaine, dans lequel il I engage a se
rattacher, comme lui, au trôpe du nouveau souve
rain, qui doit êire le salut de tcus.
LA LIBERTÉ COMME A IPKIiS.
Qui pourrait redire la régime odieux
qu'inaugura dans notre pays le ministère
uiai novembre? Ce ne fui qu'un large et
vaste système de vexations et d'injustices.
Durant les six années que les doctrinaires
occupèrent le pouvoir, leur politique s'in
spira 'le l'esprit le plus étroit et le plus
cynique, et la nalionbclgefut littéralement
divisée en deux grandes castes; il y avait
les citoyens! il y avait les ilotes! Aux
premiers seuls appartenaient le mérite, les
dignités et les honneuts, eux revenaient
les privilèges, pour eux seuls s'ouvraient
les caisses de l'Etal c'était ceux qui,
ployant uue échine ilexible et brûlant un
complaisant encens devant les idoles du
jour, parvenaient conformer leurs pen-
sées, leurs paroles et leurs actes aux vo
lontés despotiques des maîtres, et met
taient au prix des faveurs le sacrifice de
leur dignité, l'abdication de leur libre ar
bitre. Ils étaient moins hommes, mais ils
étaient esclaves récompensés, valets grati
fiés, et ils se sentaient heureux!! Aux
autres étaient réservés les relus et les mé
comptes, l'exclusion de toute participation
au gouvernement, et la déchéance de
presque tous di oils civiques; c'était la genl
laillahle et corvéable merciexhérédée
de tout talent et tle toute faveur, qu'il était
bon pour son aveuglement et son obsti
nation, de décréter de mort politique on
l'avait frappée en masse d'un irrévocable
ostracisme!
Oui, voilà le beau régime dont nous dota
le libéralisme, ce zélateur de la tolérance,
ce fervent apôtre de la liberté d'examen.
Voilà le grand pas qu'il fit faire notre
libre Belgique un pas en arrière vers
l'époque la plus malheureuse de Lacédé-
mone; voilà le progrès dont il peut tirer
vanité il consiste nous avoir infusé les
institutions des Hindous, en leur copiant
les parias.
Mais ces temps détestables ne sont plus!
Il n'en reste que le douloureux souvenir,
et qu'une ignominieuse flétrissure pour
ceux qui nous les ont ménagés. Ce qui de
vait durer éternellement dans la pensée de
nos oppresseurs, s'est trouvé évanoui un
beau malin, quand a reparu le soleil de la
vraie liberté, dont l'action vivifiante a dé
chiré et percé l'atmosphère nébuleuse
qu'infectait le doctrinarisme et qui suffo
quait notre belle patrie. Deus nobis hœc
otia fecil! Rendons en grâces la Provi
dence et lit sagesse inielli jente de notre
population! Félicitons en particulièrement
notre intéressant district d'Ypres, lequel,
plus que tout autre, fut éprouvé par les
duretés du temps Ici. plus que partout
ailleurs, sévit avec acharnement ce sys
tème de haineuse persécution que nous
venons d'esquisser; nulle part, mieux
qu'ici, il ne s'appliqua avec toute sa logi
que, il ne s'étala dans toute sa crudilé et
dans tout son cynisme. Notre arrondisse
ment est devenu proverbial sous ce rap
port; il symbolise en Belgique la perfection
tle la servitude; celle servitude existe sur
toute la ligne, elle pèse sur toutes les
classes, mais elle n'est complète que chez
ceux dont les consciences se sont laissé
enchaîner par d'indignes bienfaits, obte
nus par I intrigue et payés par la plus ab
jecte soumission.
Récapituler ici toutes les nominations
de favoritisme qui ont scandalisé notre
ville et affligé le bon sens de ses habitants,
serait chose difficile et peut être oiseuse.
Nous n'essayerons pas de le faire aujour
d'hui, mats nous nous promettons bien d'y
revenir en temps et lieu Nous tâcherons
de démontrer alors, tous nos repus
et satisfaits qu'ils.ont insulté la morale
en faisant consacrer daus leurs personnes
d'odieux passe droits de l'inexpérience et
de l'impériiie sur le talent réel et le mérite
éprouvé; et aux instigateurs et exécu
teurs de ces basses œuvres qu'il est
certaines règles de la pudeur qu'il convient
de ne jamais violer; qu'il est une catégorie
de services que ne reconnaissent pas inème
ceux qu'ils ont obligés; nous entendons les
services inspirés par l'égoïsme ambitieux
de celui qui les rend, plus que par le zèle
et le dévouement pour celui qui les reçoit;
et qu'enfin, s'il est incontestablement vrai
que les qualités du cœur persuadent et
attachent, il est de vérité non moins géné
rale et non moins contestée quecesqualilés
ne peuvent jamais se prostituer l'iniquité,
et que l'on ne se fait bonhomme parfait
qu'au prix de demeurer juste.
INEPTIE ET LACHETÉ.
Les lignes qui précèdent nous ont été
inspirées par un incroyable article qui a
paru dernièrement dans un des journaux
libéraux de celle ville, dans le journal
gages, cela s'entend, il n'y a que lui pour
écrire des choses dont l'absurdité le dispute
la niaiserie, et il est démontré depuis
longtemps qu'il n'a reçu pour tâche
que d'être agréable ses patrons et de se
moquer de son public. Nous avons donc lu
dans la feuille mercenaire que, loin que les
catholiques aient le moindre grief arti
culer, au point de vue de la justice, contre
la conduite de nos ministres pendant qu'il»
occupèrent le pouvoir, il n'y a pour se
plaindre et récriminer légitimement qOê
les libéraux seuls, dont les justes droits
ont été trop souvent méconnus et sacrifiés
par le respect trop scrupuleux pour une
impartialité qui n'était pas toujours eu
cause.