D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
47me Année.
POUR Y PRES FR 6.00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
Nous publions cet article l'adresse du
Progrès qui, l'occasion de l'appel interjeté
contre le premier acquittement de ce saint
religieux, reprocha aux journaux catholi
ques de s'être félicité de celte première
réhabilitation de l'innocence calomniée, et
continua pour sa part vouloir le faire
traiter comme coupable. La haine de la
religion et du prêtre forcera-t-elle le Pro
grès après avoir accrédité la calomnie
faire la réhabilitation? Tout ce que nous
en pensons, c'est qu'à sa place tout honnête
homme se serait déjà exécuté, se faisant
un devoir de réparer sa faute.
Un journal de Gand annonce que, dans
sa séance du samedi, 4 juin, la dépulaliôn
permanente delà Flandre orientale a pro
noncé la radiation de 74 /aux électeurs
maintenus sur la liste électorale par le
Collège échevinal de Gand, malgré les
réclamations réitérées du parti conserva
teur. On se rappellequec'est l'occasion
de cette affaire que nous avons dû flétrir
la mauvaise foi et ensuite la quintuple mau
vaise foi du Progrès.
(£ue fait la Police?
A l'occasion de la fête des dentellières
et des ruhanniers, peu près pendant huit
jours, notre ville a été le théâtre d'orgies
et de débauches qui doivent désoler tout
honnête homme. Qui n'a rencontré de ces
bandes composées d'hommes et de femmes
vociférant les chansons les plus obscènes?
Qui n'a eu son repos troublé par les chants,
les vociféralionset les querelles nocturnes?
Qui n'a vu ces femmes déguisées en hom
mes, et ces hommes déguisés en femmes
au mépris de l'honnêteté et des mœurs
publiques?
La police est-elle donc abolie sous l'ad
ministration libérale de la ville d'Ypres?
Nous prolestons contre cet impardonna
ble oubli des devoirs de l'autorité.
L'autorité qui laisse ainsi se propager
l'immoralité et le désordre, qui favorise
par son abstention le gaspillage des res
sources, des forces et de l'honneur de
notre classe ouvrière, n'est-elle pas large
ment responsable de la démoralisation
générale?
Si l'administration continue négliger
ainsi les premiers de ses devoirs, bientôt
chaque fête de métier tous les autres
métiers seront entraînés dans le tourbillon
de la débauche cette fête des dentellières
rappelle de plus en plus les ignomi
nieuses saturnales du paganisme.
Dans sa séance du 3 juin, M. Frère a
refait son discours de mai 1857. C'était un
appel la violence de la rue, une charge
fond contre les jésuites, le tout l'occa
sion du programme de M. Dechamps! Il a
terminé en disant que l'avènement au pou
voir d'un ministère catholique, dans les
circonstances où nous sommes, serait un
danger pour le pays!
S'il en est ainsi, pourquoi donc sommait-
il les catholiques de prendre le pouvoir?
Comment se fait-il que le pouvoir leur ait
été refusé, précisément cause des ten
dances trop libérales de leur programme?
DécidémentM. Frère est un habile
comédien. Naguère il invitait les catholi
ques prendre le pouvoir, mais, avec le
seul programme que la calomnie a inventé
dans le but de les rendra impopulairei;
J\° 4,872.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
PRIX DE I* A BONN FUIENT.
REVEE POLITIQUE.
D'après une correspondance de Paris, il y aura
de nombreuses difficultés de détail dans le règle
ment définitif de la question danoise.
Le prince Frédéric est en grand désaccord avec
la Prusse.
L'Aogleterre vent stipuler des conditions que
l'Allemagne repousse.
Le principe de l'arrangement est tootefois
admis.
Pour le Danemark, d'après uue correspondance
de Copenhague, du 6 juin, la fio de la guerre sera
le commencement d'embarras intérieurs sérieux.
Pourquoi donc la confiance ne se rétablit-elle
pas, comme par eocbantement? Pourquoi l'inquié
tude du monde financiertoujours comme par le
passé, se trahit-elle par des bourses agitées et des
cours iocertaios pour la plupart des valeurs publi
ques? Parce qu'on trouve qu'au lieu d'agir de
concert, comme on l'avait espéré, les gouverne
ments de France et d'Angleterre s'épieo! et son
gent surtout k se neutraliser.
L'Allemagne se souviendra quelque jour du
précédent qu'elles posé, en invoquant le principe
des nationalités. De quelque côté qu'on se tourne,
aucune des parties qui ont pris part ces négocia
tions ne pourra se tenir pour satisfaite, pas même
le prince Frédéric d'Augustenbourgqui n'aura
pas la sagesse de s'étonner du succès qu'il vient
d'obtenir, mais qui, avant tout, se plaindra du
lambeau de territoire qu'on paraît disposé h laisser
au Danemark, k titre de consolation.
Parmi les questions qui, pour beaucoup d'es
prits disposés k s'inquiéter, forment nn point noir
h l'borixon, se trouve la situation du Bey de Tunis.
Assiégé par l'insurrection victorieuse, ce Bey qui
ne sait peut-être pas qoe le Danemark d'« pas
beaucoup a s'applaudir de l'appui de l'Angleterre,
s'endort dans les plis du drapeau anglais; mais ce
drapeau se déployera-t-il le jour où il faudra ré
pondre au canon qui enfoncera les portes de sa
capitale? Ou est maintenant habitué k douter de
l'énergie de 1'ADgleterre. On ne recule pas impu
nément deux fois, en un an, sur le terrain, comme
l'a fait lord Palmerston, dans la question de la
Pologne d'abord et eDSuitedans celle du Danemark.
Une lettre de Bncharest du 3 juin ne représente
pas la position du prioce Cooza comme bieD tran
quillisante. Ayant déjk au nord l'hostilité de la
Russie, s'il doit rencontrer au midi celle de la Tur
quie le prince s'apercevra bientôt que ses amis
sont bien loin. D'après cette correspondance, la
Porte a ioformé le prioce Couza qu'elle regarde ses
ionovatious comme arbitraires et contraires anx
stipnlations des traités. Dans sa lettre qoi remonte
ao 2i mai et qoi a surtout motivé le départ do
prince pourConstantioople,la Porte aurait prison
langage où se mêle la bienveillance k l'antorité do
supérieur Vous avez excédé vos pouvoirs, y
serait-il dit; mais vous connaissez, prince, les sen
timents de sollicitude qui animent le Saltan pour
toos ses sojets; nous tâcherons de résoodre les diffi
cultés. Le prioce Cooza acceptera-t-il le langage
k cause de la promesse?
LE R. P. HUTGHENS.
Le R. P. Huygens a pu quitier la Cour d'appel
de Gand comme il avail quitté le tribunal de Ter-
monde, honoré, réhabilité, dans la séréoité de sa
conscience d'honnête homme et de prêtre, uvec le
prestige, nous allions presque dire avec l'auréole,
de l'inoocence vengée. Rieu ne lui a été épargné
cependant. Sa vie tout entière a été scrutée dans ses
plus secrets replis; les procès-verbaux ont succédé
aux procès-verbaux, les interrogatoires aux iuter-
rogatoires; il s'est trouvé eu l'ace d'accusateurs
habiles, énergiques, qui tous deux, avant d'entrer
dans la magistrature, oui fait dans la presse libérale
leurs premières armes coutre les Jésuites et ne se
souvienneut que trop bien de leur ancien métier.
Cette habilité, cette persistance, celte animation
sont venues se briser contre l'irrésistible évidence
de la vérité. Il s'est trouvé que cet homme dont ou
vonlait faire un monstre d'impudicilé, était la
réserve et la simplicité même; il s'est trouvé que ce
prêtre dont on voulait faire uu infâme était le
modèle du sacerdoce; il s'est trouvé que ce reli
gieux qu'on dépeiguait comme une brute insatiable
de luxure était testé fidèle aux pures traditions et
aux giauds exemples de saiut Louis de Gouzague
et de saiot-Slauislas Kotska!
Oui! nous sommes leutés de bénir le Ciel qui a
permis cette solennelle et pénible épreuve. Ou a vu
se dérouler devaut la justice la vie d'un jésuite; ou
a vu quels trésors de zèle de dévouement, d'abné
gation se trouvaient cachés dans une de ces exis
tences si souvent calomniées et méconnues. Qu'est
donc le R. P. Huyghens? Vingt témoins l'ont dit,
la ville d'Alost tout entière serait venue le dire,
c'est le guide des ouvriers, l'ami des pauvtes, le
consolateur des malades, le visible ange gardien de
tous ceux qui luttent, de tons ceux qui souffrent, de
tous ceux qui pleurent. On était tenté vraiment,
en écoutaut k la Cour d'appel, cette longue suite
de témoignages si précis, si concluants, si honora
bles, on était tenté de se demander si la vertu était
devenue un crime et de quel bienfait, de quelle
action généreuse ce prévenu d'un nouveau genre
avait k répondre devant la justice
Aussi, noos avons bâte de le dire, la réparation
obtenue par le R. P. Hoyghens a été complète et
splendide.
UN PARTI PRIVILÉGIÉ.