D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 48,ne Année. No 4,900. M PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION' BELGE. PRIX I»E I.'ABONiTI EB1 EUT. POUR Y PRES FR. G,00 PAR AIN. HORS VILLE 7,50 REVEE POLITIQEE. L'empereur des Français a en ce mo ment tant de ménagements garder l'intérieur comme l'extérieur, qu'il im porte d'éloigner de lui tout ce qu'une solution trop brusque pourrait avoir d'ef frayant ou d'inquiétant. Celte situation est commune tous les souverains. Partout, les mêmes soins, les mêmes efforts se remarquent non pour hâter mais pour ajourner les solutions. Chaque souverain se préoccupe avant tout d'éviter ce qui peut l'engager et le compromettre dans des événements dont il redoutel'explosion. Le roi Guillaume de Prusse, aidé de M de Bismark, est le seul qui ait cru pouvoir s'écarter de cette règle de conduite, et au premier abord sa hardiesse semble avoir réussi. Mais que de difficultés lui restent encore écarter, que d'obstacles vaincre, avant qu'on ne puisse crier au succès! L'empereur Alexandre de Russie paraît vouloir imiter la conduite de l'empereur des Français; il est résolu de ne pas se mêler aux querelles des Allemands. Il se dit que le moyen le plus sûr de vaincre la révolution ne doit pas consister lui four nir de nouveaux griefs. C'est la raison pour laquelle la plupart des prganes offi ciels de la publicité, en Russie, affirment de plus en plus nettement que leur gou vernement n'a contracté aucune espèce d'alliance pas plus avec la Prusse et l'Au triche qu'avec la France ou l'Angleterre. La politique de chacun pour soi est l'ordre du jour, L'Autriche a pu, pendant un moment, penser le contraire. On a vu son souverain tenter avec la Prusse et la Russie uu rap prochement qui ne s'est pas opéré. La Russie a fait semblant de ne pas la com prendre. La Prusse lui a donné des es pérances qui ne se réaliseront pas. Pour l'Autriche, la guerre qu'elle a faite dans les duchés, de concert avec l'armée prus sienne ne pourra jamais être qu'une dé ception. Les préoccupations du gouvernement autrichien, commencent se tourner de nouveau du côté de la Hongrie. L'empe reur François Joseph projette une visite quelques unes des villes principales de ce royaume; la Diète hongroise sera de nou veau convoquée; mais l'on s'attend que tous ces efforts viendront se briser comme par le passé devant la puissance d'inertie opposée par la population. Les Hongrois ne veulent pas descendre au rang de pro vince autrichienne et, pour conserver leur autonomie, ils commencent par repousser toute proposition ayant pour but de les engager venir prendre part aux délibéra tions du Reischsrath, Vienne. A Madrid, la Reine vient de faire ap peler le maréchal O'Donnell. ENCORE LE CONGRÈS DE MA LINES» Le Congrès de Malines a fort occupé et occupe encore la presse de toute nuance. Hier même les révolutionnaires redou blaient d'invectives et les officieux tout émus essayaient de donner le change son sujet. C'est bon signe et c'est justice. Rien ne nous honore comme certaines injures et rien nenous salisfaitcomme cer taines appréhensions. Au grand jour de la publicité, nous ne demandons qu'à être connus, appréciés, discutés. Los malveil lants nous attaqueront jusqu'à la médi sance et jusqu'àlacalomnie; lesindifférents estimeront que nous troublons leur fausse quiétude Qu'importe? L'opinion publique nous verra et nous jugera, et les honnêtes gens nous accorderont de plus vives, de plus précieuses sympathies! Nous ne de mandons pas d'autre profit. D'ailleurs ce qui s'est dit et ce qui s'est fait Malines eslou va être entre les mains de tout le monde. Ou ne travestit pas, on ne confisque pas, on n'anéantit pas les dis cours, les votes, les acclamations d'une as semblée de cinq mille hommes, librement tenue sur une terre libre et hospitalière et composée de personnes qui, l'heure qu'il est, répandent dans toutes les parties du monde le récit de leurs actes. On ne sup prime pas des harangues comme celle de M4' Dupanloup, qui sera distribuée cent mille exemplaires, ou celles du P. Félix qui se traduisent dans toutes les langues de l'Europe. Enfin les résolutions de l'im mense assemblée s'impriment et elles sont de nature subir sans crainte l'épreuve des amis comme des adversaires. o Frappe, mais écoute, pouvons nous doncdirecomme Thémistocle Eurybiade, et nous sommes sûrs de convaincre les plus rebelles. Par exemple, ce qui défie toute descrip tion, c'est l'enthousiasme dont le congrès a fait preuve pour l'Église, pour Notre Seigneur Jésus-Christ, pour son auguste Vicaire ici-bas, il faut avoir assisté ces triplessalvesd'applaudissements, cescris répétés qui tonnaient comme la foudre chaque fois que la voix d'un orateur répé tait ces noms sacrés. L'élan était irrésis tible; ils'échappaitdu fond ducœurcomme la protestation d'une fidélité qui ne se peut jamais ni lasser ni satisfaire. D'importantes décisions en faveur du a Denier de saint Pierre et de grandes œuvres pour la défense des droits du siège apostolique, ont été la conséquence de ces unanimes témoignages d'attachement et de soumission la cause du Pontife-Roi; et sous ee rapport, comme les chrétiens savent que la pratique doit suivre la bonne volonté, les efforts du Congrès seront fé conds. Ils ne le seront pas moins dans les di verses branches de l'activité religieuse et charitable, dans l'enseignement, dans l'é conomie sociale, dans les arts. Les ques tions lesplusgraves delà liberté religieuse, les droits, les intérêts, les propriétés des associations et communautés; la liberté de l'aumône; le régime des cimetières; le pa tronage des classes élevées sur les classes inférieures; la tutelle des enfants et des femmes dans l'industrie; le compagnon nage chrétien; la réforme pénitentiaire pour l'amélioration des condamnés; le progrès de l'enseignement libre et de l'en seignement populaire; les destinées de l'art; les développements de la musique sacrée; le logement des pauvres et des ouvriers; la diffusion des bonnes lectures; l'emploi et la propagation de la presse au service de la vérité; voilà, en résumé, les objets sur lesquels s'est portée la sollici tude du Congrès, et ce ne sont point là, ce semble, des affaires de peu de consé quence. Qu'on veuille seulement les rapprocher des sujets divers qui se débattent dans les réunions des économistes ou des libres penseurs et qu'on dise de quel côté est la vraie intelligence des nécessités sociales, le sincère amour du progrès légitime, le service désintéressé de la civilisation? Maintenant j'ose ajouter que ce qui est résulté de plus précieux encore de l'as semblée de Malines, c'est le lien le plus resserré des ames dans la cordiale adhé sion I unité. Cette unité dans le néces saire, comme l'a exposée avec tant d'au torité et de talent le P. Félix, cette unité qui laisse la liberté dans le douteux, et qui impose la charité en toutes cho ses; cette unité, elle n'est que dans l'É glise, elle n'est que dans l'obéissance tendre et inviolable envers le Souverain-Pontife, organe infaillible de la vérité. Laissant chacun sa nationalité, ses lois, sa patrie, son génie, celte vaste unité embrasse et rassemble toutes les contrées, tous les temps et tous les peuples. Elle s'accomode de toutes les formes d'Étals ou de constitutions, pourvu que ces États et ces constitutions respectent la liberté de l'Eglise et la dignité de l'humanité, et elle se sert de tous les moyens pacifiques et licites pour arriver son but, le salut des âmes. La persécution ne l'effraie pas, et elle triomphe de la protection elle a raison des bourreaux qui veulent la tuer, comme des tyrans qui veulent l'asservir, et si elle rencontre la neutralité et la li berté, elle saura vaincre l'une et user de 1 autre pour sauver le monde et rendre gloire Dieu.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1864 | | pagina 1