linuer payer ce qui nous offense, ce qui
nous outrage, ce qui nous répugne.
Voilà votre logique, voilà votre dévoue
ment. (Extr. de la Patrie.)
La question romaine est remise sur le
tapis. Il n'y avait plus rien qui pût occuper
les esprits en France, ils auraient été ca
pables de songer aux difficultés intérieures,
la libertés qu'ils n'ont pas, aux institu
tions qui leur font défaut, et vite, on a
exhumé la question qui a le privilège d'ex
citer l'attention générale. Il ne faut pas
que la France réfléchisse sa propre situ
ation cela pourrait nuire au marasme
officiel qu'on lui a inoculé.
On s'en est donc pris Rome, la victime
et le cauchemar élernel des Césars anciens
et modernes. Comme toujours, on a dis
posé d'elle, pour elle et sans elle. Qu'avait-
on, du reste, besoin de la consulter? 11
s'agissait, il est vrai, de son sort, de celui
de la catholicité; il s'agissait du point de
savoir qui des deux, le voleur ou le volé,
aurait raison, il falait décider entre l'ini
quité et la justice mais il faut si peu de
courage pour s'attacher ou du moins
apaiser les méchants; les bons ne sont pas
craindre: ils ne se serviront, eux, jamais,
ni du poignard ni de bomhes-Orsini.
D'ailleurs, les usurpateurs se trouvent si
mal dans les domaines volés; un ver ron
geur s'attache tout ce qu'ils font, la
gangrène affecte les services publics, la
concussion, le vol, le gaspillage jettent
leurs finances en désarroi: le trésor est un
autre tonneau des Danaïdes, et si on n'al
lège pas le machine, elle doit sauter.
Il y avait là plus qu'il ne fallait pour
déterminer Napoléon III secourir le pié-
montisme aux abois, et la convention du
15 septembre a été conclue.
L'Italie, porte l'art. 1, s'engage ne
pas attaquer le territoire actuel du Saint-
Père et empêcher, même par la force,
toute allaquevenant de l'extérieur contre
ledit territoire. Il n'y a pas d'Etat
autre que le Piémont dont le Saint-Père
ait redouter les attaques; donc, en ce qui
concerne tous les autres gouvernements
constitués, Pie IX peut être tranquille.
Restent les bandes mazzinniennes ou gari-
baldiennes qui pourraient chercher
envahir les Etals pontificaux; maisjusqu'ici
le Piémont, et le Piémont seul, a fomenté
et encouragé les attaques de ces bandes
c'est lui qui les a enrôlées, armées et
guidées.
Mais suppossons un instant que le Pié
mont réprime les tentatives des bandes
révolutionnaires contre le territoire actuel
du Saint-Père, renoncera-t-il également
fomenter des séditions Rome et ailleurs?
Relirera-til aux conspirateurs qui se
trouvent dans les Etats romains la solde
qu'il leur paie et l'appui qu'd leur prodi
gue? Cessera t-il ses menées qui souvent
se manifestent par l'assassinat ou par
l'incendié? Ah! pour le croire, il faut bien
mal connaître ce qu'on appelle le gouver
nement piémontais; il ne faut ne tenir
aucun compte des horribles actions au
milieu desquelles il a été pris la main
dans le sac et les pieds dans le sang. Oui,
l'attaque extérieure pourra être réprimée
pour rire mais celle partie de l'intérieur
sera sérieuse; puis quand elle aura pris un
corps, et quand les troupes pontificales
voudront rétablir l'ordre, il se trouvera
bien quelq'un pour dire l'un ou l'autre
Cialdini Faites vitec'est dire Re
nouvelez le masacre de Castelfidardo!
Ce sera la sanction donnée l'art. 5 de
la convention, d'après lequel le Saint-Siège
peut organiser son entière convenance
une armée, pourvu que celle force ne
puisse dégénérer en moyen d'attaque
contre le gouvernement italien. Le
juge de cette stipulation qui sera-t il? Le
Pape? Oh! non. Ce serait par trop clérical.
Assurément le Piémont, et on connaît la
loyauté de son gouvernement, que l'histoi
re, bon droit assimille ce que le 18°
siècle a produit de plus vil, de plus mé
prisable.
Mais, dira-t-on, la France n'est-elle point
là? La France, depuis 1852, a plus d'une
fois laissé protester sa signature et
Villafranca comme Zurich, comme
Rome, son papier diplomatique n'est plus
admis l'escompte officiel.
Voici les témoins qui ont voix au
chapitre
La promesse de ne point attaquer le
territoire pontifical, ne détruit ni ne diminue,
selon fious, les droits et les aspirations de
la nation, Ce sont les ministres de
Victor-Emmanuel qui lui disent cela dans
un document officiel, et Sa Majesté pié-
montaise a garde de les deraentir.
Après ces messieurs, voici venir le mar
quis de Pepoli, un des négociateurs du 15
septembre. Pour lui, qu'est ce que cette
convention? Ecoulez, il va vous le dire
C'est un acte qui bbise le dernier lien qui
Oh! nous ne demandons pas le témoig
nage des organes de la révolution rouge;
non il est inutile, nous avons celui des
compères de cette horrible mystification,
et il nous suffit.
Mais ne nous désolons pas: ayons, au
contraire plus de confiance que jamais. Le
Saint-Siège est debout, et Dieu veille. Ses
ennemis lui ont assigné deux années. Deux
années!! Faut il tant de temps Celui qui
peut tout pour confondre ses assaillants
ouverts ou hypocrites? Moins qu'une se
conde lui suffit. Il passera, et ils ne seront
plus, et son Eglise suivra sa marche glori
euse parmi les ruines, la seule chose qu'avec
leurs mauvaises actions les Césars moder
nes laisseront après eux. (Patrie.)
Une feuille protestante de la Suisse,
Y Observateur du Léman, cite le fait suivant
Une jeune orphéline du canton de
Neuchàtel avait été placée, comme appren
tie dans un magasin. Elle se nommait
Eugénie Berthollet. Sa maîtresse, M"'
Granjean, avait auprès d elle deux ouvriè
res, Albertine Dalmen et Charlotte Collier.
Ces trois demoiselles étaient darbystes.
Le darbysme est une secte religieuse dont
la règle de foi est l'inspiration soudaine et
imprévue de l'Esprit-Saint.
a Celui-ci est censé se manifester
chaque particulier, en toute circonstance
de la vie, par une impulsion spéciale. Les
membres entre eux se nomment o saints, d
C'est Genève que résidèrent d'abord
M l Granjean et ses ouvrières; c'est là que
commença le long martyre de l'orphéline.
Elle était soumise des privations de
nourriture incroyables; elle était victime
de coups'de pied, de soufflets et de coups
de bâton journaliers.
On la condamnait un seul repas qui
était plus frugal que celui du dernier in
digent une soupe et un morceau de
pain pour se nourrir, un verre d'eau
pour se désaltérer. Quelquefois, exté
nuée de fatigue et de privation, elle tom
bait terre; pour la ranimer, on lui jetait
encore des pots d'eau glacée. Si une
plaintearrachée par la douleur sortait de sa
bouche, pour la punir, on la remplissait
de poivre, et on la bâillonnait avec un
linge tordu et trempé dans l'eau. Enfin,
il n'est pas de torture que cette odieuse
maîtresse n'ait fait souffrir son apprentie,
qu'elle osait appeler, suivant le langage
de la secte, sa sœur en Jésus-Christ
rédempteur.
Un jour, la pauvre martyre, n'en pou
vant plus, parvint s'évader; mais sa
cruelle maîtresse la poursuivit et l'attei
gnit. Elle dut expier sa tentative par un
redoublement de souffrances. Elle fut en
fermée dans un grenier et laissée sans
nourriture. Des voisins charitables firent
parvenir cette malheureuse prisonnière
quelques aliments au moment où elle allait
succomber dans les horreurs de la faim.
Cette tyrannie dura huit ans.
Enfin Dieu devait mettre un terme
tant de secrètes cruautés. L'orphéline
s'échappe des mains de ses bourreaux. Où
aller? A qui demander un abri contre les
colères venir? Elle arrive Vervey,
traîne jusqu'à la borne du chemin son
corps misérable et défait, et se laisse
tomber évanouie sur le sol? C'était un
soir d hiver. Un agent de police l'interroge,
elle peut peine articuler quelques mots.
Votre domicile? Je n'en ai point.
Où allez-vous? Je ne sais. En
quel lieu voulez-vous qu'on vous conduise?
Chez M. le curé catholique. Le con
naissez-vous? Non; mais il est un vrai
ministre de Dieu, et il ne repoussera pas
une malheureuse abandonnée.
En effet, la jeune martyre fut recueil
lie et soignée par le curé catholique de
Vervey.
Quels pouvaient être les motifs de cette
cruelle persécution?
Eugénie Berthollet aurait eu une mère
catholique. Elle se rappelait peut être les
prières catholiques faites sur les genoux
de sa mère; elle se souvenait de certaines
prédications qu'elle avait entendues dans
une église; elle en parlait quelquefois,
mauifestait le désir d'entendre la parole
divine tombant d'une chaire catholique.
LA CONVENTION FRANCO-PIÉMONTAISE.
RATTACHAIT ENCORE LA FlIAACE AUX ENNEMIS
de l'Italie.
d Au milieu de l'hiver, dit-elle, on la
condamnait se lever quatre heures du
matin. Si parfois la lassitude et les mau
vais traitements lui faisaient prolonser
son sommeil au delà de l'heure matinale,
on la réveillait en lui versant o des pots
d'eau froide sur la tête, on jetait ses vête-
ments sur une terrasse pour l'obliger
d'aller toute nue les chercher.