D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 4S"U' Année. Samedi 29 Octobre 1864. N<> 4,912. prix de l/abonflemeat. revee politiqee. l'espoir de la révolution U PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. -• CONSTITUTION BEIGE. FOUR. YPRES FR. 6,00 PAR AN. HORS VILLE 7,50 Les derniers paquebots arrivés appor tent des nouvelles intéressantes decontrées lointaines. Deux opinions existent encore sur les destinées fuluresduMexique. Pèsà présent, il n'y en a plus qu'nne sur l'empereur Maximilien et l'impératrice Charlotte. L'un et l'autre sont des modèles de courage et d'activité; malheureusement, si le peuple dont ils ont le gouvernement peut être cité comme un modèle de quelque chose, ce n'est qu'à la supériorité de l'indolence qu'il a droit. Au Mexique, on a cette règle de conduite qu'il faut toujours remettre au lendemain tout ce qu'il est possible de ne pas faire le jour même. Donc, rein ne se fait. Si l'armée française n'était là pour communiquer aux opérations millitaires l'activité qui seule peut conduire un dénouaient, plusieurs provinces, aujour d'hui tranquilles, seraient livrées ou au brigandage, ou a l'insurrection. Les juaris- tes, Juarés lui-même, sont découragés, en fuite et gagnant les frontières; mais cette pacification est-elle délinitiveou seulemeut temporaire? Ici le doute commence. Pour certains peuples, le travail est une fatigue, le désordre un besoin. La nalion mexicai ne appartient-elle celte partie déchue de la race humaine? Nous devons bien ardem ment souhaiter qu'il n'en soit pas ainsi et que l'empereur Maximilien ait la gloire de fonder un magnilique empire et de recon stituer une société prospère qui aspire grandir. Par l'ardeur qu'il emploie, il mérite de trouver dans cette œuvre des auxiliaire sdévoués et nombreux. Aux Etats Unis, lorsque le paquebot qui vient d'apporter en Angleterre les nou velles les plus récentes, quittait New-York, le 13 octobre, trois États du Nord, l'Ohio, i'Indiana, la Pennsylvanie, avaient élu la veille leurs représentants dans le congrès fédéral, et l'on attendait avec une très- vive anxiété le dépouillement du scrutin, car les deux partis étaient d'accord pour reconnaître que l'élection du président, qui doit avoir lieu en novembre, se trouve résumé d'avance dans le choix que ces trois Etats ont dû faire. Pour l'Ohio et I'Indiana l'opinion générale New-York était, au départ du paquebot, que le parti républicain avait eu l'avantage, mais que les démocrates l'emportaient dans la Pennsylvanie. L'Etat de Pennsylvanie ba lançant lui seul pour l'importance les deux autres États, chaque parti était dis posé chanter victoire. Les uns et les autres voyaient déjà dans ce résultat une raison pour redoubler d'ardeur; mais l'ar deur en pareil cas peut devenir excessive, dangereuse. Les démocrates sont dès présent imbus de cette idée que leurs ad versaires recourront des moyens dé loyaux, parce qu'ils veulent tout prix rester maîtres du champ de bataille et voilà pourquoi l'on commence craindre que l'élection présidentielle ne puisse pas s'accomplir sans de très-grandset peut-être d'irrémédiables désordres. Granl est re venu de Washington Petersbnrg. Le f;énéral Lee, son indomptable antagoniste, 'a attaqué dans ses retranchements et l'a forcé de reculer de quelques pas; mais ce n'est pas là un véritable succès. Le combat qui doit clore cette mémorable campagne d'une manière ou de l'autre n'est pas encore livré. L'Espagne et le Pérou se préparent une guerre dont les conséquences sont difficiles prévoir. Depuis jeudi soir, l'empereur des Fran çais est Nice; beaucoup de gens persistent rattacher l'entrevue des deux empereurs la politique générale. ET LE DEVOIR DES CATHOLIQUES. La Révolution se croit la veille de triompher en Italie; ses hommes d'Etat, ses diplomates, ses journalistes, ses con spirateurs de tout rang et Je tout pays, se livrent aux transports d'une joie féroce. La Papauté se meurt! la Papauté est morte! Voilà le cri sinistre qu'ils répèlent sur tous les tons depuis que la convention du 15 septembre est connue en Europe. La victime qui leur est promise n'est autre que le pouvoir temporel du Pape, ce pou voir douze fois séculaire, qui a résisté déjà tant d'orages et qui, s'il faut en croire les apparences, est aujourd'hui plus menacé que jamais. Tout annonce que nous tou chons une crise suprême. Nous voyons en effet tous les journaux conservateurs tous les représentants les plus autorisés de l'opinion catholique, tous les défenseurs les plus éminents du Saint- Siège exprimer unanimement les appré hensions les plus vives au sujet de la convention du 15 septembre. Si mainte nant nous considérons cet acte en lui- même, nous sentons redoubler nos défian ces, parce qu'il fait complètement abstrac tion des principesengagésdans la question. Ces arrangements n'offrent aucune répa ration pour le passé, aucune garantie sérieuse pour l'avenir; ils ont le caractère d'un expédient et ne contiennent pas les éléments d'une véritable solution. Enfin ils ont été négociés sans la participation du Pape, qui est cependant le principal inté ressé. Ne parlons pas d'une réconciliation entre Victor-Emmanuel et le Pape; ne soyons pas dupes de ceux qui voudraient rejeter sur le Souverain Pontife la respon sabilité d'une situation qu'il n'a pas faite, et, au lieu de nous complaire dans des illusions dangereusesinterrogeons les faits. Le gouvernement temporel du Pape pourra-t-il subsister après l'évacuation de Rome par les Français? Toute la question est là. Une feuille impérialiste prétend que ceux qui en doutent font injure au gouver nement pontifical, eq supposant qu'il est condamné par la volonté-des populations. Mais ce journal oublie que, si la majorité de la population romaine est attachée Pie I\, ainsi qu'elle l'a prouvé en l^nt de circonstances, ce sont les minorités tur bulentes et audacieuses qui gouvernent d'ordinaire, et aujourd'hui plusque jamais, en Italie. De plus, le Pape est dans une situation qui n'a pas sa pareille; il a contre lui tous les ennemis de la religion tous les impies qui sont en Europe, tous les membres des sociétés secrètes, tous les révolutionnaires, qui savent que le catho licisme est le plus grand obstacle l'ac complissement de leursdesseins subversifs. Que veut-on que le Saint-Père fasse en présencede celte conspiration cosmopolite, avec une armée de 20 raille hommes en supposant que ce chiffre ne paraisse pas excessif Victor-Emmanuelqu'on en laisse juge? On n'attaquera pas le Pape du dehors mais on minera son pouvoir par ces manœuvres souterraines qui sont familières aux disciples et aux successeurs des Machiavel et des Cavour. Quelques personnes prétendent que de sages réformes désarmeraient cette oppo sition. Erreur profonde! Ce que veut la Révolution, ce n'est pas que Rome se ré forme, mais qu'elle se livre au Piémont. Certes, le Pape et les Romains, laissés eux-mêmes, s'entendraient facilement. Le gouvernement pontifical n'a rien de con traire aux intérêts ni au vœu des Romains; le départ du Pape serait considéré par eux comme une calamité, et Pie IX, de son côté, n'est pas capable de refuser ses sujets quoi que ce soit qui puisse contri buer les rendre meilleurs et plus heu reux. L'accord serait donc parfait entre eux, sans les difficultés et les malentendus suscités par les convoitises étrangères. C'est cette situation, bien connue des révolutionnaires, qui excite en ce moment leurs plus vives espérances. Nous ne savons jusqu'à quel point la Providence permettra aux ennemis de la Papauté de réaliser 1< ur programme; il se peut que le délai de deux ans soit plus fatal au Piémont qu'au gouvernement pon tifical; il se peut qu'avant l'expiration de ce terme, la politique de Victor Emma nuel ait sombré sur les écueils dont sa route est semée; il se peut aussi que des événements imprévus viennent annuler la

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Le Propagateur (1818-1871) | 1864 | | pagina 1