FRANCE.
NOUVELLES DIVERSES.
S. A. K. M"* la princesse Louise-Marie-
Amëlie, fille aînée de LL. AA. RR. et I. le
duc et la duchesse de Brabant, accomplit,
aujourd'hui, sa septième année. Cette
princesse est née au palais de Bruxelles le
18 février 1858.
Lundi dernier, quatre Frères de la
Charité se sont embarqués Osteude pour
Montréal. C'est la demande de .Mgr.
l'évèque de diocèse de Montréal qu'ils se
rendent celle destination.
Au sujet des boisements en Belgique,
nous rappellerons que les deux Flandres,
de Bruges Gand, d'Ypres par Warehgem
Audenarde, de Lokeren vers Slekene,
S1 Nicolas et Hazendoeck étaient couvertes,
il n'y a que vingt trente ans, de sapiniè
res, qui ont fait place aujourd'hui aux
céréales aux terres arables. Les mar
chands de bois du llainaut, de Liégs, de
Poperinghe, d'Alost, des frontières fran
çaises doivent aujoud'hui s'approvisionner
dans la Campine. Malheusement beaucoup
de sapinières mal séparées mal soignées,
entretenues avec trop de parcimonie n'y
ont presqu'aucune valeur et ne rendent
qu'un faible revenu aux propriétaires,
tandis que des renseignements sûrs nous
prouvent que les sapinières faites dans de
bonnes conditions out randu vingt-cinq
ans, depuis trois ans. plus de deux mille
cinq cent francs, soit au delà de cent francs
l'an, par hectare, ce qui n'est pas le cas
pour bien des terres arables.
lia été procédé samedi l'adjudica
tion publique de l'entreprise des travaux
de pavage de la troisième et dernière sec
tion de la route de Poperinghe par Renin-
ghelst Westoutre, la route d'Ypres vers
Bailleul par Locre, s'élendant depuis la
place de Westoutre jusqu'à la route
d'Ypres vers Bailleul.
Ont soumissionné MM. Philippe Tac-
quenier, entrepreneur Lessinnes, francs
59,990 Van de Broele, entrepreneur
Ypres, fr. 63,863.
On écrit de Courtrai, 12 février
L'épouse de M. l'avocat Verriest, de
notre ville, s'est heureusement accouchée
aujourd'hui de trois jumeaux du sexe
masculin. L'état de la mère et des enfants
est satisfaisant.
On parle beaucoup dans les salons
bruxellois de l'entrée de Mademoiselle
Muller, la fille du représentant liégeois, au
couvent. Le père n'a point voulut qu'elle
devînt religieuse en Belgique. Elle prend
donc le voile en France.
Depuis quelques semaines 26 notni-
nationsdans l'Ordre de Léopold ontencore
été signées et expédiées, sans qu'elles aieut
paru au Moniteur.
La lecture de la Paix vient d'être
iléralivement défendue aux officiers et
soldats. L'entrée des casernes et des camp
est interdite ce journal dont les numéros
ne sont pas remis leur adresse MM. les
officiers ot soldats peuvent réfuter la Paix
verbalement et par écrit, mais sans la lire.
Comment se fait il que les ennemis de
la censure ecclésiastique aiment tant la
censure militaire et que les encycliques de
M. Chazal soient approuvés par les adver
saires de l'Encyclique du Pape
Ouverture de la session législative.
DISCOURS PRONONCÉ PAR S, II. L'EMPEREUR.
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les de'pute's,
A l'époque de votre dernière rénoion, j'espé-
rais voir aplanir par un congrès les difficultés qui
menaçaient le repos de l'Europe; il eo a été autre
ment je le regrette, car l'épée tranche souvent les
questions sans les résoudre, et la seule base d'une
paix dorable est la satisfaction donnée par l'accord
des souverains aux véritables intérêts des peuples.
Eo présence du conflit qui a sorgi sur les
bords de la Baltique, mon gouvernement, partagé
eotre ses sympathies pour le Danemark et son bon
vouloir pour l'Allemagne, a observé la plus stricte
Deuiralité. Appelé, dans une conférence, émettre
son avis, il s'est borné a faire valoir le principe des
nationalités et le droit des populations d être con
sultées sur leur sort. Notre langage conforme b
l'attitude réservée que nous entendions garder, a
été modéré et amical envers les deux parties.
Dans le raidi de l'Europe, l'action de la France
devait s'exercer plus résolument. J'ai voulu rendre
possible la sololion d'on difficile problème. La
convention du i5 septembre, dégagée d'interpré
tations passionnées, consacre deux grands princi
pes l'affermissement du nouveau royaume d'Italie
et l'indépendance do Saint-Siège. L'état provisoire
et précaire qui excitait tantd'alarmesva disparaître.
Ce ne sont plus les membres épars de la patrie
italienne cherchant b se rattacher par de faibles
liens b un petit État situé au pied des Alpes, c'est
un grand pays qui, s'élevant au-dessusdes préjugés
locaux et méprisant des excitations irréfléchies,
transporte hardiment au cœur de la Péninsule sa
capitale, et la place au milieu des Apennins,
comme dar>3 une citadelle imprenable.
Par cet acte de patriotisme, l'Italie se constitue
définitivement et se réconcilie en même temps avec
la catholicité; elle s'engage a respecter l'indépen-
daoce do Saint Siège, b protéger les frontières des
Etats romains, et nous permet ainsi de retirer nos
troupes. Le territoire pontifical, efficacement ga
ranti, se trouve placé sous la sauvegarde d'un traité
qui lie solennellement les deux gouvernements.
La convention n'est donc pas une arme de guerre,
mais une œuvre de paix et de couciliation.
Au Mexique, le nouveau trône se consolide, le
pays se pacifie ses iiumeoses ressources se déve
loppent, heureux effet de la valeur de nos soldats,
du bou sens de la population mexicaine, de l'intel
ligence et de l'énergie du souverain!
Au Japon notre marine, unie a celle de l'An
gleterre, de la Hollande et des Etats-Unis, a donné
une nouvelle preuve de ce qu'elle sait faite.
En Afrique, une insurrection subite est venue
troubler la sécurité de nos possessions et montrer
combien certaioes tribus sont encore ignorantes et
de notre force et de uos intentions bienveillantes.
C'est an moment où, par un esprit de généreuse
justice, la France assurait la propriété do sol b la
population arabe, où, par des mesures libérales,
nous tâchions de faire comprendre b ce peuple
abusé que, loin de l'opprimer, nous voulions l'appe
ler aux bienfaits de la civilisation c'est b ce mo
ment, dis je, qu'égarés par le fanatisme religieux,
les Arabes voisins du déseit ont levé l'étendard de
la révolte.
Malgré les difficultés des lieux et la rigoenr de
la saisou, notre armée, conduite avec habileté, a eu
bientôt raison de l'insurrection, et après le com
bat, aucune répression sanglante, aucune sévérité
inutile u'a atristé la victoire. Le zèle du chef ex
périmenté placé b la tête de l'Algérie, l'unité du
commandement rétablie, la coustatation des géné
reux desseins de la France, tout couconrra, je
l'espère, préveoir le retour de semblables dé
sordres.
Aiosi toutes nos expéditions touchent b leur
fin nos troupes de terre ont évacué la Chine; la
marine suffit b maintenir nos établissements de
Cochincbttie notre armée d'Afrique va être ré
duite; celle du Mexique rentre déjà en France; la
garnison de Rome reviendra bientôt, et, en fer
mant le temple de la guerre, nous pourrons avec
fierté inscrire sur on nouvel arc de triomphe ces
mots A la gloire des armées françaises, pour
les victoires remportées en Europe, en Asie, en
Afrique et en Amérique.
Livrons-nous sans inquiétude aox travaux de
la paix. L'intervalle des sessions est employé b re
chercher les moyens d'augmenter le bien-être
moral et matériel du peuple, et toute idée utile et
naie est sûre d'être accueillie par moi et adoptée
par vous. Examinous donc ensemble les mesures
propres b accroître la prospérité de l'empire.
La religion et l'instruction publique saut l'ob
jet de mes constantes préoccupations. Toqs les
cultes jouissent d'uue égale liberté, le clergé ca
tholique exerce, même en dehors de son ministère;
une légitime influence; par la loi de l'enseignement
il concourt b l'éducation de la jeunesse, par la loi
électorale il peut entrer daos les conseils publics,
par la Constitution il siège au Sénat.
Mais plus nous l'entourons de considération
et de déférence, plus nous comptons qu'il respec
tera les lois fondamentales de l'Etat. Il est de mon
devoir de maintenir intacts les droits do pouvoir
civil, que, depuis saint Louis, aocuD souverain en
France n'a jamais abandonnés.
Le développement de l'instruction publique
mérite votre sollicitude. Daos le pays du soffrage
uoiversel tout citoyen doit savoir lire et écrire.
Un projet de loi vous sera présenté pour propager
de plus en plus l'instruction primaire.
Je m'efforce tous les ans de diminuer les en
traves qui s'opposent depuis si longtemps en
France b la libre expansion de l'initiative indivi
duelle. Far la loi sur les coalitions votée l'année
dernière, ceux qui travaillent comme aeux qui fout
travailler ont appris b vider entre eux leurs diffé
rends, sans compter toujours sur l'ioterventiou du
gouvernementimpuissant b régler les rapports si
variables entre l'offre et la demande. Aujourd'hui
de nouveaux projets auront pour but de laisser une
liberté plus grande aux associations commerciales
et de dégager la responsabilité toujours illusoire
de l'adroioistratioo. J'ai tenu b détruire tous les
obstacles qui s'opposaient b la création des sociétés
destinées b améliorer la condition des classes ou
vrières. Eu permettant l'établissement de ces
sociétés sans abandonner les garanties de la sécurité
publique, nous faciliterons une utile expérience.
Le Conseil d'Etat a étndié avec soin une loi
qui tend b donner aux conseils municipaux et gé
néraux de plus grandes attributions. Les communes
et les départements seront appelés ainsi traiter
eox-mêmes leurs affaires, qui, décidées sur place,
séroot plus prompteroent résolues.
Cette réforme complétera l'ensemble des dis
positions prises pour simplifier ou supprimer des
règlements minutieux qui compliquaient inutile
ment les rouages de l'administration.
La liberté commerciale, inaugurée par le traité
avec l'Augleterre, s'est étendue b nos relations
avec l'Allemagoe, la Suisse et le royauine-uoi de
Suède et de Norwége. Les mêmes principes de
vaient naturellement s'appliquer b l'industrie des
transports maritimes. Une loi s'étudie pour établir
sur mer la concurrence qui seule excite le progrès.
a Enfin l'achèvement rapide de nos chemins
de fer, de nos canaux, de nos routes, est le com
plément obligé des améliorations commencées.
Nous accomplirous cette année une partie de notre
tâche, en provoquant les entreprises particulières,
ou en affectant aux travaux publics les ressources
de l'État sans compromettre la bonne économie de
nos finances et sans avoir recours au crédit.
La facilité des communications, b l'intérieur
comme a l'extérieur, active les échangesstimule
1 industrie et prévient la trop grande rareté ou la
trop grande abondance des produits, dont les effets
sont nuisibles, four tour, soit au consommateur,
soit au producteur.
Plus ootre marine marchande prendra d'ex
tension, plos les transports seroot faciles, moins on
aura b se plaindre de ces brusques changements
dans le prix des denrées de première nécessité.
C'est ainsi que nous pourrons conjurer le malaise
partiel qui atteint aujourd'hui l'agriculture.
Quelques-uns attribuent celte souffrance mo
mentanée b la suppression de l'échelle mobile; ils
oublient qu'en 185 tlorsqu'elle existait, l'avilisse
ment du prix des céréales était bien plus considé
rable, et que, cette anuée même, les exportations
de blé dépasseot de beaucoup les importations.
C'est ati contraire, grâce a une législation libé-
rale, grâce a 1 impulsion donnée b tous les éléments
de la richesse nationale, que notre commerce exté
rieur, qui en i83i était de deux milliards 6i4
millions de francsmonte anjoord'hoi an chiffre
prodigieux de pins de sept milliards.