Les lettres de Russie assurent que la
nouvelle de la mort du prince héritier y a
produit une sensation des plus doulou
reuses. Le czaréwitch était aimé, et de
grandes espérances se fondaient sur la
douceur de son caractère et sa vraie
bienveillance.
Le deuil du grand-duc doit être porté
six mois en Russie, trois mois en grand
deuil et trois mois en petit.
L'Empereur est parti ce matin, huit
heures et demie, pour son voyage d'Al
gérie. Le prince impérial a conduit Sa
Majesté jusqu'à la gare de Lyon. L'Impé
ratrice a accompagné l'Empereur jusqu'à
Fontainebleau.
L'absence de l'Empereur sera, dit on,
moins longue qu'on ne l'avait cru d'abord.
Contrairement ce qui a été annon
cé par la Patrie, l'Empereur, avant son
départ, a décidé que S. M. l'Impératrice
serait investie pendant son absence des
pouvoirs d'Impératrice-Régente. (France.)
La première représentation de l'Afri
caine a eu lieu vendredi soir en présence
d'une foule immense renfermant tout ce
que Paris contient de plus élevé dans les
sciences et les arts. Le monde officiel au
complet était présent et l'Empereur qui
avait retardé son voyage pour l'Algérie
afin d'assister la première représentation,
est resté jusqu'à la fin de la pièce. Le
succès a été superbe; l'œuvre restera im
mortelle comme le nom de son auteur.
Une nouvelle qui est très-répandue
dans certains salons officiels de Paris, c'est
qu'une tentative criminelle aurait eu lieu
contre l'impératrice Charlotte aux portes
de Mexico. La jeune et pieuse princesse
avait l'habitude de se rendre certains
jours un sanctuaire renommé situé une
petite distance de la capitale. Il y a deux
semaines, comme elle allait son pèleri
nage ordinaire, un mendiant auquel elle
faisait régulièrement l'aumône voulut
empêcher la voiture de continuer en criant
de rebrousser chemin et en cherchant
arrêter lui-même les chevaux. Ce men
diant, qu un sentiment de reconnaissance
guidait sans doute, fut écarté, et la voiture
passa; mais un peu plus loin, un détour
de la route, plusieurs coups de feu reten
tirent et la calèche impériale fut criblée
de balles, sans qu'heureusement la jeune
souveraine reçut la moindre atteinte.
Un Anglais de vingt-cinq trente
ans, le crêpe au chapeau et tout de noir
habillé, se présentait dans un café de Pa-
1 is, et s adressant la dame du comptoir,
il lui dit, avec le flegme et l'accent britan
nique
Mille pardons, médème, n'auriez-vous
pas v 11 une grande andouille comme moâ
Un éclat de rire homérique partit aussi
tôt de tous les coins de la salle.
La dame de comptoir était décontenan
cée, quand un client complaisant mil un
terme son embarras.
Le blond fils d Albion avait tout simple
ment voulu demander si l'on n'avait pas
vu un grand jeune homme en deuil, comme
lui, qui il avait donné rendez-vous dans
cét établissement.
On écrit de Cannes, le 26 avril, au
Journal de Nice Hier, vers huit heures
du matin, M"* Louise .Ménard, fille de l'in
génieur en chef du Rhône, et sa cousine
M"* Lucy'Forey, se baignaient sur la plage,
vers le boulevard de la Croisette, par une
mer très-agitée. Bravant la violence des
vagues, le deux jeunes filles s'étaient avan
cées 50 ou 60 mètres de terre, lorsque
leurs forces vinrent défaillir. Aux cris
de détresse de leur tante, qui les surveillait
du rivage, les sieurs Bord et Dupont, jar
diniers niçois, employés Cannes, s'élan
cèrent l'eau sans prendre le temps de se
dévêtir, et parvinrent retirer M"* Forey,
au moment où une vague allait l'englou
tir; mais ils ne purent trouver tout de suite
M"' Ménard, qui avait déjà disparu, étant
plus avant au large. Bord plongea de nou
veau, et cette fois il saisit la malheureuse
enfant, mais il ne put ramener qu'un ca
davre. La submersion avait été complète.
Exécution de Leducq. Nos lecteurs
se rappellentles horribles détailsdu drame
qui s'est accompli dans le courant du mois
de novembre dernier. Un père dénaturé
avait noyé ses deux enfants. Leducq, con
damné la peine de mort par la cour
d'assises du Pas-de-Calais, a subi sa peine
capitale samedi Boulogne-sur-Mer.
Voici une petite histoire morale qui
semble appartenir au genre merveilleux,
et qui pourtant n'est ni un conte de fées,
ni un conte arabe, car c'est un compte de
Barème.
La semaine dernière un monsieur se
présente dans les bureaux de l'une des
grandes compagnies d'assurances sur la
vie, Paris Je viens d'être parrain, dit-
il, et je voudrais assurer mon filleul la
jouissance d'une rente de vingt mille
francs de vingt trente ans, et, partir de
sa trentième année, un capital d'un mil
lion. Quelle somme dois je déposer?
L'employéouvrit de grands yeux Mon
sieur lui dit-il, ce cas ne s'est pas encore
préseuté. Les calculs d'une pareille assu
rance n'existent pas. Je vous demande un
délai de vingt quatre heures.
Le lendemainle généreux parrain re
vient dans les bureaux
Eh bien! demanda-l il, l'employé,
avez-vous fait votre calcul? Oui, mon
sieur c'est deux cent cinquante mille fr.
Très-bien Voici.
Et le monsieur ouvrit le plus naturelle
ment du monde un gros portefeuille, d'où
il tira deux cents cinquante billets de
mille francs. Heureux filleul! et que la
paternité spirituelle est une belle chose,
On signale la Uevue de Saint-Pons
deux cas de longévité remarquables .M.
Lamarque, âgé de cent neuf ans neuf mois,
vient de mourir Anglès (Tarn). M. La
marque, depuis plusieurs années, était
atteint de douleurs rhumatismales qui le
faisaient cruellement souffrir.
Etienne Mouret, métayer la Blanque,
commune de Soulié est mort, lui aussi,
dans un âge très-avancé: il avait cent
quatre ans cinq mois C'est une attaque
d'apoplexie qui l'a emporté avant-hier. Il
n'avait jamais été malade; et n'était atteint
j d'aucune infirmité. Se levant régulière
ment tous les matins quatre heures il
préparait lui-même son déjeuner, qui con
sistait invariablement en une soupe l'ail
il allait ensuite visiter la paille et les bes
tiaux, et, si le temps le permettait, il
menait paître le troupeau dans un bois
dépendant de la métairie
On écrit de Londres que ces jours der
niers la Reine recevait, toutes les deux ou
trois heures, une dépêche de Bruxelles,
l'informant de l'état du Roi Léopold une
communication télégraphique directe avait
été établie dans ce but, sur l'ordre de la
Reine, entre Osborne et Laeken. L'inquié
tude de la Reine était telle qu'elle avait
recommandé qu'on la réveillât pendant la
nuit chaque fois qu'il arriverait une dé
pêche de Bruxelles.
Les adresses exprimant des senti
ments de douleur et d'indignation causés
par l'assassinat de M. Lincoln ont été adop
tées unanimement par la Chambre des
communes et celle des lords.
AiWÉRIQEE.
On écrit de New-York (viâ Roche's
Point), 19 avril, Y Agence l]avas
Les funérailles du président Lincoln ont
lieu aujourd'hui midi Washington avec
la plus imposante solennité. La population
doit s'assembler dans toutes les églises et
dans toute l'étendue du pays, celte même
heure. Les restes mortels de l'ex président
resteront exposés au Capilole avec une
garde d'honneur. Ils seroul ensuite trans
portés en grande pompe, par New-York et
Philadelphie, jusqu'à Springfield (Illinois),
où le corps doit être enseveli.
Le deuil est universel partout dans les
Etals du Nord les édifices publics et les
résidences particulières sont tendus de
noir.
Le maire de la ville de New-York, M.
Gunther, a recommandé que ce jour, de
même que celui de jeudi, qui ont été dési
gnés par le gouverneur Fenlon pour être
observés comme jours de deuil national
au lieu d'actions de grâces pour les récen
tes victoires du Nord, soient consacrés aux
regrets et la prière.
Des ordres ont été donnés par les diffé
rents départements du gouvernement,
recommandant aux officiers de porter les
insignes du deuil militaire pendant six
mois.
L'ordre le plus parfait continue régner
dans tous les Etats du Nord.
M. Lafayetle Forster succède la vice-
présidence.
M. Seward se trouve beaucoup mieux;
il a pu rester levé quelque temps hier.
L'état de son fils Frédéric s'est également
amélioré; il a repris connaissance.
Plusieurs autres arrestations ont été
faites Washington, et entre autres un
certain nombre des employés du théâtre
Ford, où s'est accompli le meurtre du
Président.
Différentes personnes ont été arrêtées
également Baltimore et la forteresse
Monroe. L'une d'elles a avoïté faîre'parTie
FRANCE.
Paris, 29 a»ril.
ANGLETERRE.