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va une famille composée d'une femme
d'un certain âge déjà, et de trois enfants,
qui semblaient livrés au plus grand dénii-
ment.
Ah, monsieur, lui dit la pauvre mère,
en voyant entrer l'étranger c'est la Provi
dence qui vous envoie. Nous n'avons pas
mangé depuis hier, et mon mari, un vieux
soldat de l'armée d'Afrique, est là sur un
lit de douleur, attendant chaque instant
le moment de la mort. C'est un terrible
maladie que le typhus, monsieur, et le
médecin a dit qu'à moins d'une crise heu
reuse, mon mari ne passerait pas la jour
née.
Votre mari a servi en Afrique, de
manda le monsieur la rosace, visiblement
ému?
Oui, monsieur, répondit la pauvre
femme, dans le régiment des zouaves,
l'époque où le général de Lamoriciére en
était le colonel. Il a les meilleurs certifi
cats, et il a même été décoré de la médaille
millitaire pour sa belle conduite au com
bat de la Mousaia. Son chef l'aimait
beaucoup, c'est qu'aussi son chef savait se
faire aimer de ses soldats. Quel homme
que le général de Lamoriciére, me répèle
souvent mon mari! c'est un lion, qui se
jouait des balles comme nous nous jouons
des feuides qui tombent des arbres.
Le nom de votre mari, s'écria impé
tueusement l'inconnu, son nom, son nom.
Alfred Blondeau, riposta la pauvre
afiligée.
Alfred Blondeau..., un zouave...,
conduisez-moi près de lui, je veux le voir
l'instant.
Et l'inconnu se précipita au chevet du
malade. Celui-ci le reconnut; il releva
vivement la tète, ses yeux brillèrent d'un
éclat extraordinaire et il s'écria d'une voix
vibrante
Merci, mon Dieu, oh merci! j'aurais
pu voir mon colonel avant de mourir. Je
savais bien que ce bonheur ne m'aurait
pas été refusé.
Courage et confiance au Ciel, dit le
noble visiteur. Dieu vous guérira; je prie
rai pour vous, et le Ciel exaucera mes
prières.
Puis, après avoir embrassé le moribond,
il se retira pour cacher ses larmes qu'il
ne pouvait retenir.
Après avoir passé quelques instants
encore au sein de la pauvre famille,
l'étranger partit en lui annonçant qu'elle
pouvait désormais compter sur un prolec
teur qui ne les abondonnerait pas.
Le lendemain, en effet, la malheureuse
mère recevait une bourse pleine d'or, et,
quelques temps après, son mari, qui était
parfaitement guéri, obtenait, dans un des
principaux établissements industriels de la
Bretagne, un emploi qui le mettait désor
mais, lui et sa famille, l'abri du besoin.
Nos lecteurs ont reconnu l'homme
charitable qui venait de répandre tant de
consolations dans la chaumière de pauvre,
c'était le général de Lamoriciére.
Qu'on nous permette de citer encore
un trait du héros. Qui n'aime se ressou
venir et parler de celle grande figure?..
Voici en quels termes Mgr. Dupanloup,
dans son oraison funèbre, merveille d elo
quence qui ne périra pas, raconte un des
épisodes les plus dramatiques de la vie du
glorieux général
Appelé au mois de juin par son ancien
lieutenant, le général Cavaignac, la dé
fense de la liberté et de l'ordre public
menacés par la barbarie, on vit Lamori
ciére lancer ses gardes mobiles, comme
autrefois ses zouaves, l'attaque des barri
cades. Il avait l'air de se jouer au milieu
des dangers, et donnait confiance tout le
monde par son entrain.
Si quelquefois, en face de ces forts
crénelés, et des feux qui partaient de
toutes parts, et sous lesquels tombèrent
successivement en trois jours tant de gé
néraux, la troupe, étonnée, semblait
hésiter un moment, Lamoriciére, après
avoir abrité ses soldats et les braves gardes
nationaux le long des murs et des portes
cochères, lui, au milieu de la rue, exposé
tous les coups, calme sur son cheval,
s'avançait lentement quelques pas d'une
barricade et revenait de même en disant!
«Vous voyez bien que ce n'est pas difficile!
Une décharge abat son cheval; il se relève,
rainasse tranquillement son cigare, saute
sur un autre cheval, en disant gaiement
ses soldats Petit bonhomme vit encore!»
et un représentant montagnard qui lui
faisait un banal compliment sur son cou
rage Du courage! répond brusquement
Lamoriciére; allons donc! Tenez, avouez
que vos gens ne savent pas tirer!
Et toutefois, je tiens, de témoins ocu
laires que la mâle physionomie du général
avait, ce jour là, une expression particu
lière.
Voici une anecdote dont tout Paris
est en train de rire M. X... un de nos plus
riches banquiers, possède dans la grande
banlieue une magnifique propriété dans
laquelle, pour se reposer, il va passer ses
dimanches d'été et d'automne. Le malheur
de ces maisons de campagne situées près
de la capitale c'est de voir, chaque fois
qu'il fait beau, une nuée de parasites s'a
battre sur elles, pour dévaster le jardin et
vider les buffets.
Souffrant depuis près d'un inois, M. X...
eut désiré avoir quelques dimanches lui
seul, mais, malgré les demi-mots, les
intimes firent semblant de ne pas compren
dre et continuèrent l'étourdir de leurs
cris. Il jura de s'en venger.
Dimanche dernier la réunion était plus
nombreusequejamais. L'Amphytrion avait
le visage souriant, la lèvre narquoise, les
yeux pétillants de malice. Il était enjoué,
charmant, gracieux pour tous ce point
qu'il fit servir une heure plus tôt que de
coutume le dîner. Le dîner fut superbe,
mais le dessert surtout fut splendide. Trois
piles de biscuits mignons, appétissants,
s'étageaieut en pyramides sur la table. Le
Champagne fut apporté et les biscuits, dé
clarés délicieux, disparurent en un instant.
Après le dessert vint le café, puis les ciga
res et enfin deux heures environ s'écoulè
rent avec rapidité.
Tout coup cinq ou six convives qui se
regardaient avec inquiétude sautèrent sur
leurs chaises, pâlirent, se levèrent et sor
tirent précipitamment. Un éclair de malice
jaillit de l'œil du banquier qui continua
une conversation ébauchée avec un jear G
homme, chez lequel il remarquait des
traces d'inquiétude. Ce deruier, faisant
mine de s'éloignerfut retenumais
n'écoutant rien s'élança vers la porte et
partit, suivi par d'autres. En un quart
d'heure le salon fut vide. M. X... se mit
rire d'un rire inextinguible. Le malin
banquier, pour se débarrasser des impor
tuns qui l'obsédaient, leur avait fait servir
pour dessertdes biscuits purgatifs de J.
Garoz, et tous avaient été purgés sans
ressentir aucun des symptômes avant,
coureurs ordinaires. A cette heure, M. X...
est débarrassé et jouit en paix de sa liberté.
Une dépêche télégraphique parvenue
Bruxelles vient d'annoncer l'incendie du
château de la famille De La Coste, près de
Diest.
Un amis de feu M. le duc Pierre-
Denis Pasquier, racontait dernièrement
l'anecdote qui suit Vers la fin de sa vie,
le duc était devenu aux trois quarts aveu
gle et moitié sourd. Cependant il aimait
toujours le monde et continuait donner
dîner. Lorsqu'il s'agissait de faire les
invitations, son secrétaire prenait un gros
livre contenant les noms de toutes les
personnes avec lesquelles le duc se trou
vait en relation. Il lisait les noms haute
voix, et M. Pasquier l'arrêtait ceux des
gens qu'il désirait inviter.
Un jour tous deux se livraient ce petit
travail. M. Viennel? lisait le secrétaire.
Oui! répondit le duc. M. le marquis
de Boissy? Oui.
En ce moment un domestique ouvrit la
porte et introduisit un visiteur, qu'il an
nonça M. Durand!... Le vieux duc
n'avait pas entendu le bruit de la porte et
n'avait pas vu les nouveaux venus. Il crut
que le secrétaire continuait sa lecture.—
M. Durand, répondit-il, Non! non! pas
celui-là; il est trop bête!... M. Durand
était au milieu du salon. Impossible de s'en
aller. Il salua. Le duc l'aperçut enfiD...
Tiens! dit-il en souriant, vous voilà!
Justement, nous parlions de vous...
Nous nous plaignons de l'excentricité
de nos modes féminines. Combien peu
extravagantes elles sont cependant quand
on les compare celles qui tendent s'é
tablir aujourd'hui en Amérique. Le Cour
rier des Etats Unis prétend qu'on ne flirlt
plus aujourd'hui New York que le revol
ver dans la poche, et chacune de ces char
mantes misses qui se promènent avec de
longues boucles blondes inondant leurs
épaules ont dans les plis de leurs crinoli
nes de gracieux bijoux six coups au ser
vice de leur cœur. Il y a présentement des
armuriers qui font de grosses fortunes avec
celle spécialité, et cela, non seulement
pour la consommation des jeunes N'mv*
Yorkaisesmais pour l'armement des
fiancées de toute l'Union.
La chose est devenue alarmante, ce
point qu'a Chicago une pétition, signee
par un grand nombre de citoyens honora
bles, a été présentée aux autorités pour le»
inviter aviser contre l'invasion de celt<-
raode inquiétante.
Il n'est pas rare de voir dans les rue»
hashionables deux jeunes misses 3}'an"