qui a été scellé par M. le ministre de la
justice, assisté de M. Ilerry bourgmestre
de Laeken.
INAUGURATION DU ROI.
La journée du 17 décembre restera une
date mémorable dans l'histoire de la Bel
gique.
Hien ne saurait donner une idée de la
foule immense qui remplissait les rues de
la capitale, on voyait se presser des flots
de population. Dans les quartiers que le
cortège a traversés les rues étaient litté
ralement pavées de tètes humaines. Et
partout une même pensée battait dans les
cœurs, une pensée d'amour pour le nou
veau souverain qui vient de monter sur le
trône. Nous le disons avec orgueil jamais
notre nationalité n'a été affirmée d'une
manière plus imposante et plus unanime.
Suivant le programme, la famille royale
a quitté le château de Laeken 10 heures.
Le dépari de la Heine a précédé celui du
Hoi. Sur tout ce long parcours, qui s'étend
depuis le château de Laeken jusqu'au
Palais de la Nation la marche de Sa Ma
jesté a été une suite non interrompue d'o
vations. El quelles ovations! Ou eut dit
que les acclamations de la Belgique tout
entière sortaient de ces milliers de poitri
nes qui se pressaient jusque contre les
chevaux de la voilure royale.
Le cortège de la Heine se composait de
trois voitures, précédés et suivis d'un es
cadron du régiment des guides. Dans la
première voilure se trouvait Sa Majesté et
ses augustes enfants LL. AA. HR. le comte
de Hainaul et les princesses Louise Marie
et Stéphanie; les deux autres voitures
étaient occupées par les dames d'honneur
et les personnes de la suite de la Heine.
Après avoir été complimenté par les au
torités communales de Laeken, Sa Majesté
est entrée en ville par l'ancienne porte
d'Anvers. Ce fut un moment solennel; l'air
retentit d'immenses acclamations, les tam
bours battaient aux champs pendant que
dans le lointain on entendait le canon dont
la voix venait se mêler aux joyeuses cla
meurs de la foule. Ici, de nouveaux com
pliments de hien venue adressés par le
bourgmestre de Bruxelles.
Le cortège royal entra ensuite dans cette
bonne ville de Bruxelles si impatiente de
lui prodiguer les protestations de son
amour et de son dévouement. Quel spec
tacle!... De toutes parts s'élèvent les hour
ras prolongés qui se répèlent de rue en
rue, de maison en maison comme le bruit
des flots d'une mer orageuse. De toutes
parts, dans les rues, aux fenêtres et jusque
sur les toits des maisons on voit s'agiter
les bras, les mouchoirs, les chapeaux; les
baïonnettes de la garde civiquequi for
mait la haie sur toute l'étendue du par
cours, sont ornées de bouquets et de co
cardes tricolores; des corps de la milice
citoyenne, comme de ceux du peuple,
s'échappent les cris mille fois répétés de
Vive le Hoi! Vive la Heine! De toutes les
fenêtres partent d'innombrables bouquets,
de manière que la voilure de Sa Majesté
était littéralement jonchée de fleurs. De la
place de la Monnaie la rue de la Made
leine et la rue Royale, partout le même
élan, les mêmes acclamations.
Mais tien ne saurait donner une idée de
l'enthousiasme qui a éclaté au Balais de la
Nation l'arrivée de Sa Majesté. La Chain
bre tout entière s'est levée comme un seul
homme et ses applaudissements se soul
prolongés pendant plusieurs minutes.
Le Loi a quitté le château de Laeken un
peu après le départ de la Reine et s'est
arrêté quelques instants l'hôtel de M.
Ilerry, bourgmestre de la commune, qui,
après avoir offert le vin d'honneur Sa
Majesté, a prononcé un discours.
Sa Majesté a répondu par les plus affa
bles paroles, puis elle est remontée che
val et le cortège royal a pris le chemin de
la capitale.
La garde civique cheval et deux esca
drons de guides avec les officiers généraux
ouvraient la marche; Sa Majesté avait ses
côtés S A. R. le comte de Flandre, et S.
A. E l'archiduc Joseph frère de la Reine
Marie-Antoinette.
A la limite de la commune de Laeken le
bourgmestre de la comraunedeMolenbeek-
S1 Jean, M. de Cock, la tête de son con
seil communala harangué son tour le
Roi. La réponse de Sa Majesté a été ac
cueillie avec un redoublement de vivats,
de cris de Vive le Hoi! Vive Léopold 11
Nous renonçons décrire la réception
qui attendait le Roi l'ancienne porte de
Laeken où le bourgmestre de Bruxelles,
accompagné de tout le conseil communal,
a souhaité la bienvenue Sa Majesté.
Il est impossible de décrire l'enthou
siasme qui s'est emparé de la foule sur
toute l'étendue du tra,el qu'a parcouru Sa
Majesté pour se rendre la Chambre.
C'était du délire; le peuple, la garde civi
que et l'armée remplissaient l'air de formi
dables acclamations. Ce spectacle était
vraiment grandiose; les accords des musi
ques militaires qui jouent la Brabançonne
aiusi que le bruit des tambours qui bat
taient aux champs étaient étouffés par les
cris de la foule. La baie, comme nous
l'avons dit plus haut, était formée par la
garde civique; au lur et mesure que le
Hoi s'avançait, des tonnerres de hourras
selevaient de celle muraille vivante. Lo
Hoi était profondément ému. Ne sachant
comment répondre tant d'acclamations,
il a été obligé de marcher constamment
le visage tourné du côté de la haie aliu de
pouvoir saluer la milice citoyenne.
A I entrée de la i ue Népomucèue, un
incideul des plus touchants a arrêté pen
dant quelques instants le cortège. Là se
trouvait une dépulation de Helges habi
tant Paris. Nos compatriotes étaient venus
expressément Bruxelles pour saluer
notre nouveau souverain. A la vue du Hoi,
ils se sont découverts et ont crié l'unis
son Vive le Hoi! Vive la Belgique! peudaul
que le corps de musique des guides qui
avait suspendu sa marche, jouait la Bra
bançonne.
Le trajet du Hoi jusqu'à la Chambre a
clé une véritable marche triomphale. Par
tout l'élan patriotique était le même; mais
rien ne saurait dépeindre l'enthousiasme
qui a éclaté la Chambre lorsque le Hoi,
entouré de la famille royale et des princes
étrangers, a prononcé le discours suivant
Messieurs,
La Helgique a, comme moi, perdu un
père. L'hommage si unanime que la na-
lion rend sa mémoire répond dignement
au sentiment qu'elle lui a voué pendant
sa vie. J'en suis aussi louché que leçon-
naissant. L'Europe elle même n'est pas
restée indifférante ce deuil les souve-
rains et les princes étrangers ont voulu
prendre pai l aux derniers honneurs que
s nous rendons Celui qu'ils avaient placé
si haut dans leur confiance et dans leur
amitié. Ln mon nom et au noin de la
Helgique, je les en remercie. (Applaudis-
semenls enthousiastes.)
Succédant aujourd'hui un père si
honoré de son vivant, si regretté après
sa mortmon premier engagement
devant les élus de la nation, est de suivre
religieusement les préceptes et les exenj-
pies que Sa sagesse m'a légués (applau-
dissemenis), de ne jamais oublier quels
devoirs m'impose ce précieux héritage.
(Nouveaux applaudissements
Si je ne promets la Belgique ni un
grand règnecomme celui qui a fondé
son indépendanteni un grand roi
comme celui que nous pleurons, je lui
promets du moins un roi Belge de cœur
et d'âme (explosion d'applaudissements
enthousiastes), dont la vie entière lui
appartient.
Premier roi des Belges a qui la Belgi-
que ail donné le jour, je me suis, depuis
mon enfance, associé toutes les patrio-
tiques émotions de mon pays. Comme
lui, j'ai suivi avec bonheur le développe-
ment national qui féconde dans son sein
toutes les sources de force et de prospé-
rité. Comme luij'aime ces grandes
institutions qui garantissent l'ordre en
même temps que la liberté, et sont la
base la plus solide du trône. Dans ma
pensée, l'avenir de la Belgique s'est ton-
jours confondu avec le mien, et toujours
je l'ai considéré avec celte confiance
qu'inspire le droit d'une nation libre,
honnête et courageuse, qui veut son in-
dépendance, qui a su la conquérir, et
s'en montrer digne, qui saura la garder.
(Applaudissements enthousiastes et très-répé-
lés de vive le 1101! vive la keixe!
Je n'ai point oublié, messieurs, les
b marques de bienveillance que j'ai reçues
l'éjjoque de ma majorité, quand je suis
venu m'associer vos travaux législatifs,
etquelques mois après, lors démon
mariage avec une princesse qui partage
tous mes sentiments pour le pays et les
b inspire nos enfants. (Toute l'assemblée
se lève avec enthousiasme et les bravos les
plus bruyants éclatent.
b 11 in'a été doux de reconnaître, dans
ces manifestations spontanées, l'accord
unanime des populations. De mon côté,
je n'ai jamais fait de dislincliou entre les
Belges (Applaudissements Tous dévoués
leur patrie je les confonds dans une
affection commune. (Applaudissements.)
Ma mission constitutionnelle me range
en dehors des luttes d'opinions, laissant
au pays lui-même décider entre elles.
Je désire vivement que leurs dissidences
b soient toujours lempéiées par cet esprit
de fraternité nationale qui réunit, en ce
moment, autour du même drapeau tous
les enfants de la famille belge!
b Messieurs, pendant les trente cinq
dernières années, la Belgique a vu s'ac-
complir des choses qui, dans un pays de
l'étendue du nôtre, ont rarement été réa-,
b lisées par une seule génération. Mais
l'édifice dont le Congrès a jeté les fonde-
b ments peut s'élever et s'élèvera encore.
Mon sympathique concours est assuré
b tous ceux qui dévoueront cette œuvre
leur intelligence et leur travail.
b C'est en persistant dans cette voie d'ac-
tiviléel de progrès que la Belgique aller-
mira de plus eu plus ses institutions au
dedans, et qu'au dehors elle conservera
celle estime dont les puissances garantes
d de son indépendante et les autres Etals
étrangers n'ont cessé de lui donner et lui
b renouvellentaujourd'hui encore, le
b bienveillant témoignage. (Applaudisse
ments.)
b Ln moulant sur le trône, mon père
b disait aux Belges Mon cœur ne connaît
1 b d'autre ambition que celle de vous voir