D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 49me Annce. Samedi 13 Janvier 1866. No 5,038. REVUE POLITIQUE. On nous écrit de Bruxelles, dit YEscaut, que, dès sa rentrée, la Chambre votera la loi abolissant les droits de barrière et qu'elle sera transmise au Sénat en temps utile pour être rendue exécutoire le 1" février prochain la grande satisfaction de l'industrie et de l'agriculture. Une correspondance particulière de Madrid, en date du 9, fait connaître que M. de Mérode est arrivé ce jour là Madrid pour notifier la reine d'Espagne l'avéne- ment au trône de Léopold II. Le duc d'Ursel a été reçu par l'empereur d'Autriche et lui a remis une lettre auto graphe du roi des Belges, par laquelle Léopold II remercie l'Empereur des té- raoignagesde sympathie donné l'occasion de la mort de son père, et de sa nomination comme chef du même régiment que Sa Majesté Léopold 1". Le duc est ravi de l'accueil qu'il a reçu et des paroles de l'Empereur. Il a été invité la table im périale avec le comte d'Ursel et le prince de Chimay. Voici le discours prononcé, par Monsieur le lieutenant colonel pensionné Stroobant de Ruescas sur la tombe de Monsieur le chevalier de Stuers. On vient de vous dire le sang froid, l'é nergie, la bravoure, les hauts faits d'armes de Lambert de Stuers, dans les rangs de la grande armée, et dans les moments diffici les qui ont précédé et suivi la débâcle im périale. Permettez-moi, Messieurs, avant denous séparer, avant que cette tombe se referme, de rappeler vos souvenirs des faits moins anciens, dont nous avons été témoins; et qui, pour être moins éclatants, ne sont peut être pas moins honorables pour celui dont nous déplorons la peite. Lambert de Stuers, en combattant dans les rangs des armées Françaises, croyait combattre, et combattait en effet, pour sa patrie, réunie violemment l'Empire. Or, ce qui distin guait avant tout le Chevalier de Stuers, c'était l'amour de la patrie; c'était surtout, et avant tout, la fidélité au drapeau, le respect de la foi jurée. Ce respect, Messi eurs, première et noble qualité du soldat; de Stuers, doué d'une âme fortement trempée, le poussa jusqu'au fanatisme. Vous l'avez vu, Messieurs, rester fidèle Napoléon dans les revers comme dans la gloire. Mais les traités de 1815 avaient rétabli l'unité des anciennes provinces Belgiqbes. Le Chevalier de Stuers comprit qu'il ne pouvait rester au service d'un pays qui lui était devenu étranger. Il sollicita et obtint la permission de rentrer dans ses foyers pour conserver sa noble épée au service de son Pays et de son Roi. Le 17 Juin 1817, il fut nommé Lieute nant-Colonel Commandant le 33* Bataillon de la Milice Nationale, plus tard 16* Afdee- ling. La paix qui régnait enfin dans nos contrées ne permit de Stuers de se dis tinguer que par les vertus qui rendent l'officier recommandable en temps de paix: l'amour du devoir, l'observance dç la dis cipline, exacte, rigide, les qualités qui distinguent l'homme de bienle bon citoyen. Mais enfin, arrive la grande date de 1830, date immortelle qui ouvre une ère nou velle pour la Belgique, mais qui doit met tre aux prises les deux qualités qui bril laient surtout dans le chevalier de Stuers; je veux dire le patriotisme et la fidélité au serment! Nos phalanges civiques sont par tout victorieuses, l'ennemi est refoulé. De brillantes propositions sont faites au com mandant de la 16' Afdeeling, un avance ment rapide, une nouvelle et brillante carrière s'ouvre devant lui. Mais il a prêté serment de fidélité au roi Guillaume, il aime sa patrie, il lui est dévoué, mais on serment retient son épée. Ce serment, le trahira t-il? Tirera-t il le glaive contre celui qu'il a juré de défendre? Terrible perplexité! Messieurs. Aimer son pays, et se 6entir rivé un pouvoir désormais étranger Il refuse les honorables propo silions du Gouvernement Provisoire. Il reste fidèle au serment qui l'enchaîne. Et lorsque l'émeute gronde dans nos rues, lorsque la multitude égarée envahit son foyer, il s'enveloppe dans les plis du dra peau qu'il a juré de défendre; il enlève son enfant, et, suivi de sa compagne, il aban donne sa demeure la dévastation, sort par une porte dérobée et s'en va, avec on stoïcisme antique, remettre la bannière celui, qui seul pouvait le relever de ses serments. Libre dès lors, il offre son bras sa patrie. Voilà Messieurs, ce que fut comme soldat, l'homme éminent dont nous allons confier la froide dépouille la terre. Rentré dans la vie privéeentouré de l'estime de tous, le chevalier de Stuers fit partie de plusieurs administrations publi ques. Partout et toujours, il se distingue par un solide amour du bien. Ses idées, lorsqu'il les avait approfondies, lorsqu'il les avait passées au creuset de la raison, il apportait les défendre, toute la fermeté, toute l'énergie qu'il avait déployée dans une autre carrière. On pouvait ne pas être toujours de son opinionmais on devait toujours rendre hommage la sincérité et la loyauté de ses convictions. Et maintenantMessieurs que j'ai fait passer devant vous la dernière partie de la carrière du colonel de Stuers avec toute la sincéritéla franchise d'un soldat par lant d'un soldatil ne me reste qu'à vous dire que celui qui n'est plus, supporta la terrible épreuve dn passage du temps l'é'ernité, avec le courage et la foi du chrétien. Et maintenant, de Stuers, qu'après une longue et honorable carrière, tu as reçu, sans aucun doute, la récompense que Dieu accorde ceux qui se sont montrés esclave du devoir, abaisse du haut des rieux ton regard sur la terre, vois les regrets de tes nombreux amis, la douleur de ta noble compagne, de les enfants et jouis pleine ment d'une impérissable félicité. Pour nousnous garderons religieuse ment ta mémoire. Adieu Adieu Ypres, le 10 janvier 1866. YPRES. Nous ne reviendrons plus sur le discours de M. Dalmotte. Les erreurs, involontaire ment commises, se trouvant rectifiées par leur suppression même. (Voir notre dr n°.) Par arrêté royal du 30 décembre, il est fait remise, en tant qu'il n'y ail pas eu récidive,des peines prononcées en vertu de l'article 93 de la loi du 8 mai 1848, sur la garde civique. M. De Ven, curé Ouckene (FI. occ.) y est décédé le 7 janvier, l'âge de 65 ans. M. Pierre De Geest, conseiller pro- éA LE PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. Noos n'avons par continuation, sur les événe- neots d'Espagne, qoe des suppositions et des hypothèses. Nous prions nos lecteurs de ne pas s'en fatiguer. Depuis dis-huit uiois, faisoos-nous autre chose pour les événements du Mexique D'après les nouvelles de Madrid du g, le maré chal Concha,qui était sorti le 5 de la capitale avec le général Zavala et était allé barrer Pritn le passage qu'on lui supposait l'intention de chercher pour descendre vers l'Andalousie, y est rentré le 9. En le voyant beaucoup plus tôt qu'on ne l'at tendait, il est permis de croire que des conjectures un peu moins rassurantes que celles des jours pré cédents ont circulé. Le danger pour le gouvernement espagnol est dans la défection des troupes sur la fidélité des quelles il compte et qui se tourneraient contre lui au moment de l'action. Nous signalons le danger sans admettre encore qu'il se soit déclaté. Les progressistes espagools oe trouvent malheureuse ment h l'étranger, dans les feuilles prétendument libérales, qoe trop de sympathie; nous ne voulons pas grossir le nombre des niais qui s'imagioent déjà que l'Espagne, gouvernée par Prim et quelques progressistes d-e la même nuance, trouverait un bien-être et un repos qu'elle appelle vainement depuis cinquante ans. L'Espagoesouffre du mauvaisétaidesesfinances; ce n'est pasPrim, avec la révolution en croupe der rière lui, qui guérira ce pays d'un mal invétéré. Eclialie, le nouveau ministère, oe s'étaot pas trouvé suffisamment préparé paraître devant la Chambre, a réclamé on ajournement jusqu'au as. Mordini, le chef de la gauche, prétend pouvoir rétablir l'équilibre daos les finances, sans réduire l'armée; il se regarde déjà comme le futur chef de l'administration. Messieurs, actes officiels. nécrologie.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1866 | | pagina 1