D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
49me Année.
Samedi 27 Janvier 1866.
N° 5,042.
revue politique.
LA PRESOMPTION
La Chambre des représentants a adopté
mercredi, après discussion et l'unanimité
des 71 membres présents, le projet de loi
qui apporte des modifications au code d'in
struction criminelle et la loi sur la garde
civique.
Voici les dispositions que contient le
projet de loi déposé par M. le ministre de
l'intérieur pour prévenir l'invasion de la
peste bovine
Article premier. Le gouvernement est
autorisé prescrire, par arrêté royal, les
mesures que la crainte de l'invasion ou
l'existence de maladies épizootiques peut
rendre nécessaires, tant dans l'intérieur du
pays que sur les frontières, en ce qui con
cerne les relations de commerce avec l'é
tranger.
Art. 2. Un règlement déterminera les
conditions et le taux des indemnités qui
pourraient être accordées aux détenteurs
d'animaux malades ou suspects dont l'a-
batage serait ordonné.
Art. 3. Les infractions aux dispositions
prises en vertu de l'art. 1er seront punies
d'un emprisonnement de trois mois deux
ans et d'une amende de cent francs mille
francs, soit cumulativement, soit séparé
ment.
Art. 4. S'il existe des circonstances
atténuantes, les peines d'emprisonnement
et d'amende pourront être réduites celles
de police.
Nous croyons utile de rappeler que l'art.
3 de l'arrêté ministériel du il août dernier
a fixé, dans toutes les provinces, la clôture
de la chasse partir du 31 de ce mois, sauf
celle au gibier d'eau et de passage dans les
marais et le long des fleuves et rivières, qui
restera ouverte jusqu'au 1" mai exclusive
ment et celle courre cheval et sans
armes feu) qui est permise jusqu'au 15
avril exclusivement^ (Moniteur.)
L'appel fait nos compatriotes en faveur
de la défense du Saint Siège ne pouvait
manquer de susciter parmi nous de nom
breux dévouements. Nous apprenons, en
effet, que beaucoup de jeunes gens venant
des diverses parties du pays, principale
ment des Flandres, se sont déjà présentés
au comité central d'enrôlement établi
Bruxelles et qu'ils ont été dirigés sur Rome.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
Les premiers travaux du Sénat et du Corps
Igisiatif, en France, n'ont pas amené d'incidents
ignés d'attention.
Un membre de l'opposition, souvent cité dans
e Corps législatif, M. Glais-Bizoio, qui avait an-
jooeé l'intention de contester au nouveau président,
e comte Walewski,ledroitde présider l'assemblée,
ivant que ses pouvoirs ne fassent vérifiés, a reculé
devant sa tentative.
I Ce que nous n'avioos pu dire encore d'une ma-
ière jusqu'il présent, oous pouvons le faire anjour-
d'ui Les journaux anglais se montrent, en général,
favorables au discours impérial, noo parce qu'ils
peosenl que l'empereur Napoléon rappelle ses
troupes au plus vite ils croieot, au contraire, qu'il
ne peut convenablement le faire qu'après avoir
alFeitni l'empeteur Maxituilieu contre les agrès*
sions possibles de l'étranger mais ces journaux ne
peuvent admettre que les Américains, avec des
finances obérées, des Etats A reconstruire, uu
commerce b raoimer, puissent, sans que personne
les provoque, se jeter dans une guerre avec la
France. A cette occasion, le Daily Telegraph
rappelle ce qui se passa aux Etats-Unis b la suite
de l'enlèvement, par le capitaioe Wilkes, des
deux envoyés confédérés ii bord du Trenl. D'une
voix uoanime, les Américains disaient leur gou
vernement Ne les rendez pas; et M. Seward, au
contraire,signala l'ordre de les relâcher pour éviter
«ne grande guerre avec l'Angleterre.
Aujourd'hui, d'un bout b l'autre des Etats-Uois,
il y a des meetings et l'on n'entend qu'un cri
Balayons les Français, les Autrichiens et les Belges
qui sont au Mexique; puis, malgré ce cri, le gou
vernement congédie vingt régiments de son armée
il fait fermer un bureau dans lequel un général
Crawford recrutait des volontaires pour Juarez.
Mais oo insiste en faisant cette remarque que,
dans le courant de décembre dernier, M. Séward,
OU LE DANGER DE SE FIER A SOI-MÊME.
Suite. Voir notre numéro de meroredi dernier.
Savez-vous bien Léonie, loi dit-il nn jonr avec
la familiarité qu'autorisait son âge et son intimité
avec M. de Balinvi'.le, savez-vous que voos devenez
la terreur de nos élégantes et de nos pauvres
jeunes gens? En vérité, ils seraient fort b plaindre
si toutes les femmes immitaient l'austérité de vos
goûts et de vos manières? L'intérieur des famil
les et la société en général ne pourraient, je crois,
«'y gagner. Cela est possible, mais réformer
'ordre social il faut convenir que c'est, pour
ne jeune fille de vingt ans, un plan aussi vaste que
ardi. Cependant le monde est si perverti
roiriez-vous que ces hommes mondains appelés
haque jour au bonheur d'assister b vos cours de
morale, ces femmes étourdies auxquelles vous
ffrez de si sages exemples, oot l'ingratitude de
ommer pruderie et affectation, de si saines leçons.
I faut qu'elle soit bien sûre, disent-ils, de n'avoir
amais besoin pour son compte de l'indulgence
'autrui, car quiconque fronde impitoyablement
les travers de la société oe doit pas s'attendre b lui
inspirer plus d'égards ni de ménagemeos.
Il me semble, Monsieur, répondit assez sèchement
Léonie (qoi lui avait déjb prouvé qu'elle n'aimait
pas les leçons), que je ne m'informais pas du juge
ment que le monde porte de moi? Celui de ma
consience me suffit; et qoant a l'opiniou de mesurais
le ministre des affaires étrangères i Washington,
écrivait b M. Bigelow, son chargé d'affaires b Paris,
qu'il oe pouvait répondre de la continuation des
bons rapports de la république américaine avec la
France que pour autant que la France rappellerait
prompiemeot son armée du Mexique.
Heureusementtoute l'émotion produite en
Espagne par l'échauffourée de Prim paraît se
calmer. S'il y a encore du patriotisme en ce pays,
et nous espérons qu'il ne manque pas, le maréchal
O'Donnell va lui donner l'occasion de se produire
dans des circonstances où il pourra relever le dra
peau espagnol qu'on s'efforce d'abaisser.
On s'attend, en Prosse, b qoelque incident par
lementaire qoi mettrait aox prises te ministère et la
majorité de la Chambre des dépotés. C'est la ques
tion de l'annexion du Laoenbourg qui va en fournir
l'occasioo. Le ministère repousse très-nettement
l'immixtioo de la Chambre dans une affaire qui,
dit-il, fait partie,exclusivement de la prérogative
royale. La Chambre, au contraire, entend qu'on ne
puisse rien changer aux frontières du royaume sans
la consulter.
«mis... Ceci me regarde, interrompit le Comte
avec uu ton plus grave. Eh bien! Léonie, mon
opioion b moi, c'est que celle qui ne s'occupe qu'b
réformer oo blâmer les autres ne voit pas les
dangers qoi la menacentet qu'enfin la meilleure
tête de viogt ans, est bien près de faire une sottise.
Léonie répondit avec unegalté affectée qui dissi
mulait mal le dépit que loi faisaient ressentir ces
observations; on aurait pn les croire dictées par un
esprit prophétique, et elles avaient exprimé seule
ment la sollicitude de l'amitié.
Peu de temps après cette conversationun
certain chevalier de Valrive, joueur, abîmé de
dettes et obligé de quitter Bordeaux pour éviter les
poursuites actives de ses créanciers, eut occasioo de
rencontrer mademoiselle de Baliu v il le, d'apprendre
qu'elle était fille unique, et que son père possédait
de grands biens b S' Doroingue, indépendamment
de l'héritage qu'une tante avait légué b Léonie
persoonellement. Avec l'adresse particulière aox
aveoturiers, il parvjut b se faire présenter dans
quelques sociétés où allait Léonie, et avec la même
finesse (car une situation désespérée développe les
ressources de l'esprit), il eut bientôt découvert les
côtés faibles de son caractère, et sur tout son
orgueil excessif; il en profita de manière b être
admis peu de temps après chez madame Musson.
Ayant facilement observé combien la basse flatterie
de cette dernière pourrait servir ses projets, ce fut
par elle qu'il fit parvenir b Léonie tontes les
insinuations qu'il jugeait capables de prendre de
l'empire sur son esprit. Par exemple, ce fut par sa
cousine que Léonie apprit qu'il ne connaissait pas
de femme qui lui fût supérieure, et que l'admira
tion qu'elle lui inspirait était mélaogée d'un tel
respect, qu'il n'avait encore osé la lui exprimer.
L'attention de Léonie fut fixée par le plaisir
d'avoir été l'objet d'one distinction et d'une réserve
si flatteuse; elle permit b madame Musson de lui
répéter les aveux du jeune hommequi s'accusait
d'avoir passé uoe jeunesse oisive et dissipée, et
dont maintenant il regrettait sincèrement l'emploi.
Entraînée par no foi orgueil, Léouie dicta d'abord
b sa cousine quelques avis reçus avec autant de
soumission que de reconnaissance; pois elle finit
par sermoner elle-même ou disciple plus pervers
qu'elle ne le supposait, et qui se détournait pour
sourire du succès de ses artifices. Nous ne suivrons
pas Léonie dans la fausse route où l'entraînait sa
présomption, ni dans les progrès que le fourbe
Valrive parvint b faire dans sou esprit, mais il nous
suffira d'apprendre b nos lecteurs que six mois
s'élaot écoulés, Valrîve osa aspirer b la main de
mademoiselle de Balinville. Celle-ci loin de s'of
fenser d'one semblable proposition, qui lorsque
l'approbation paternelle ne la précède pas est
toujoors incouvenaate et déplacée, avoua b sa
cousine, qui le répéta ingénument b celui que cela
intéressait, que M. deValrive oe loi déplaisait pas.
Elle écrivit sur le-champ b son père en lui faisant
parvernir la demande du chevalier, et lorsque
celui-ci témoigna sur la réponse autant d'inquié
tude que d'impatience, pour cette fois, du moins,
il n'altéia pas la vérité.
[Pour être continué.)