D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
49me Année.
No 5,071
La déclaration qu'a dû faire aujourd'hui
la Diète germanique peut être un pas nou
veau vers la rupture on sait qu'à la de:
mande de la Saxe la Diète peut d'une pari
inviter la Prusse se conformer l'art, 11
du pacte fédéral, donc soumettre son dif
férend son arbitrage et de l'autre inviter
la Saxe continuer d armer pour tenir son
armée la disposition des ordres de l'as
semblée.
Si cette double résolution ou l'une d'elles
seulement est prise Francfort dans l'un
et l'autre sens, c'est Berlin désormais que
se pronoucera le mot suprêmecelui qui
doit rouvrir pour l'Europe une série de
bouleversements sociaux e,t d'irjpombi'a-
bles catastrophes.
Or, les nouvelles qui nous arrivent de
Berlin n'ont rien de rassurant. Elles nous
montrent le pouvoir et l'influence de M.
de Bismark plus reconnus que jamais. Il a
rencontré sur son chemin un jeune démo
crate, un fanatique, qui voulait l'assassiner,
M. de Bismark a fait acte de force et de
présence d'esprit; il a désarmé son. assassin
et s'est offert aussitôt après au roi Guillaume
avec une recomma,nd^l|qp de pluscelle
qui, aux yeux d'un homme religieux com
me l'est le roi de Prusse s'attache celui
que paraît couvrir la protection divine
lorsqu'elle veut assurer le succès d'une
mission.
Le roi de Prusse est pénétré de cette
idée, dit-on la (pission est partagée entre
M. de Bismarlt et lui La tçql^ijve d'assas
sinat n'est qu'un signe de plus qui présage
le succès.
Autour du Roi, nous écrit-on de cette
LE PETIT BUCHERON.
capitale, il y a de l'hésitation la vue des
événements que tout le monde pressent
mais l'assurapce du Roi, son entraînement
vers la guerre semblent grandir il n'y a
plus qu'une défaillance subite de l'Autriche
qui pourrait sauver l'Allemagne de ce
commun désastre. On en est tellement
convaincu dans toute la Prusse, que soit
par découragement, soit par revirement
d'idée tenant d'autres causes, le parti de
ja paix se sent paralysé. Ainsi la Chambre
de commerce de Trêves qui devait faire
une démarche semblable celle qu'a faite
la chambre de Berlin, a renoncé son
projet. Elle juge que la représentation est
inutile et peut être mal interprétée.
Enfin reste Vienne où l'irritation est
grande, moins encore cause des préten
tions de la Prusse spr les deux duchés de
l'Elbe., que pour le copcert qui s'est établi
entre la Prusse et l'Italie, concert d'où il
résulte qu'on veut tout la fois humilier
l'Autriche ert Allemagne et en Italie, lui
enlever du même coup une province et la
prééminence en Allemagne que les traités
de 1813 lui reconnaissent et qu'elle exerce
depuis cinquante ans.
Pour l'Autriche, c'est une question d'être
ou de ne pas être; et voilà pourquoi ses
armements se font dans/ des proportions
qui dépassent de beaucoup celles de 1839.
L'Autriche veut mettre 130 mille hommes
dans son quadrilatère italien et opposer
dans le même temps <400 mille hommes en
Allemagne l'armée prussienne. A ces
400,000 hommes il faut ajouter les troupes
de la confédération germanique (jes cal
culs quj reposent peut être sur des espé
rances exagérées portent ces troupes
130,000 hommes. On voudrait essayer de
rendre la lutte tout a la fois courte et
décisive. Tout le monde s'accorde recon
naître que l'Autriche débute dans cette
guerre avec une armée tout autre que celle
qui fit la campagne de 1839 ej, qui cepen
dant la fit avec honneur.
L'empereur des Français parleàAuxerre;
les, bourses répondent et nops dispensent
de bien longs commentaires. Nous com
mençons comprendre et les défiances
de l'Autriche et les hardiesses de la Prusse
comme celles de l'Italie,
M. Rouber avait dit
La politique de la France sera toujours:
La paix, une neutralité loyale; toute
liberté d'action. Nous voudrions bien
demander ce ministre comment on peut
vouloir la paix et délester les traités de
1813; ou bien encore comment il est pos
sible de donner pour base la politique
de la France la neutralité et le changement
de l'état territorial déterminé par ces trai
tés que l'on déteste.
Le Corps législatif de France avait
beaucoup applaudi les paroles de M. Rou-
her. Que dira-t-il maintenant du pro
gramme d'Auxerre Nous l'ignorons.
Quant aux petits Etats, ils feront bien
de se rappeler souvent ces, paroles (je M.
Thiers: Si vous avez un tçrritpjro fertile
et que vous spyez dans, le vpi^jqage dç
quelque puissant souverqjn, a(i malheur,
malheur vous Les petits Etats sont
avertis.
Dans sa séance de samedi dernier, le
Sénat s'est ajourné au mardi 22 de ce mois
après avoir adopté l'unanimité des meiq-
bres présents 1° le projet de loi qui pro-
LE PROPAGATEUR
>"1111 MM I- l| J'III JMI1IHII ,"1111111
REVUE POLITIQUE.
I.
LA FAMILLE DU BUCHERON.
La nuit s'avançait, et une pauvre femme sor
tant d'une de ces riches et vertes forêts qui avoi-
sineut les Apennins, marchait courbée sous un
fardeau de branches coupées, en suivant un sentier
fleuri qui conduisait a Corregge, jolie petite ville h
quelques lieues de Modène; au bout du sentier
était une humble chaumière devant laquelle elle
s arrêta elle déposa son fardeau la porte, et
entra,
C est toi, Marietta dit une voix d'homme.
Oui, Allegri, dit Marietta, je ,iens du château
de Gatubara, tapporter S la maïquise ses mouchoirs
brodés...
Et tu as passés par la fbiét pour voir si notre fils
travaillait, répondit Allegri, et ne l'ayant pas
trouvé, tu as coupe loi même du bois, Marietta,
et m l'as poité sur tes épaules... Ne dis pas non,
femme; ton pas lent, toi dont la marche est
légère ordinairement, j ai bien reconnu que In
étais chargée., hélas
Chut, dit U femme, écoutant, j'entends la voix
3e mon frère, qu'il ne sache pas les justes motifs
de plaintes que nous avous contre Antonio. Bon-
j ur, Laurent, dit-elle affectant un air de gaieté
qui contrastait péuibUmeut avec sou visage pâle et
abattu, et eu tendaot la main un gros homme,
petit, la figure joviale, et le nez assez enluminé
pour prouver qu'il ne dédaignait pas le jus de raisin
mis en bouteille.
Bonjour, sorella mia, dit surent serrant cordia
lement la main de sa sœnr, tu es pâlote aujour
d'hui, qu'as tu puis, sans attendre de réponse, il
s'avança vers on mauvais grabat, sur lequel gisait
un homme jeune encore, mais dont tous les traits
altérés trahissaient le chagrin et les privations de
toute espèce. Comment va la jambe, Alleg't? de
manda-1 il s'adressaut cet homme.
Pas mieux, beau-frère, répondit Allegri, pas
mieux, ce qui veut dire plus mal...
De la patience... Allegri... interrompit la douce
voix de Marietta.
Ah j'en ai de la patience, Marietta, répondit
Allegri, j'en ai alitant qu'un homme peut en con
tenir, ruais dire que depuis huit mois... il ne faut
pas hocher la tête, Laurent... depuis huit mois...
je dis bien., le 17 octobre de l'an passé... l'année
i5o8 n'a pas été heureuse pour moi, i'aonée t5og
est a moitié, et ne l'est pas davantage... laisse- moi
dooe parler, femme, ça soulage uu malade de se
plaindre, et quand il u'a pas d'autre soulagement,
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
- m m 0 1
1 1 - -
il lui est bieu permis de se procorer celui ci... oui,
je le répèle, l'année i5o8 u'a pas été heureuse
pour moi, elle a commencé par un mal d'yeux qui
a prisé ma pauvre femme, ei qui la empêchée de
travailler...
Près de deux mois... uiuimura Marie'ta voix
basse.
Puis, acheva Allegri, comme je le disais, ce 17
novembre... un jeudi... je m'en souviendrai long
temps, j'avais fini mon ouvrage je m'en revenais
en chaulant, et lestement... une idée me prend...
que c'est le lendemain jour de lessive... que
Marietta aura besoin de plus de bois, crac, je re
tourne la forêt, j'en coupe le double, je pliais
sous !e faix, mais qu'importe... je peux marcher...
au détour du senlier... j'eolends chanter... c'est la
voix de Marietta... tu sais comme j'aime l'enten
dre chatiter, Laurent
Je n'ai pas chanté depuis... mnrmnra encore la
pauvre bûcheronne avec un sentiment de tristesse
ineffable.
Sans remarquer cette interruption, AHe»ri
reprit Elle chantait cette tyrolienne... tu sais,
Laurent, qni commence ainsi Sons tes 'ores
cils noirs... h je double le pas pour aller a la ren
contre de Marietta, et lui entendre pousser ce cri
de joie, qu'elle jette depuis bientôt dix sept ans,
quauJ elle m'aperçoit l'iuiprowste je double